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Concours professionnels du MEBA : Un instituteur au ministre de la Fonction publique

Publié le mercredi 20 septembre 2006 à 07h58min

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La préoccupation est grande chez cet instituteur de Réo quant à la non-reprise des concours professionnels du MEBA annulés pour cause de fraudes. Il écrit au ministre de la Fonction publique et de la Réforme de l’Etat pour qu’il fasse reprendre ces concours à tous points de vue capitaux.

Comme vous le savez, nous sommes dans l’attente des résultats des concours professionnels de l’enseignement de base. Les jours se succèdent, et cela accroît notre inquiétude. Pour dire vrai, nous passons de mauvaises vacances où l’ombre d’une éventuelle annulation ne fait aucun doute. Mais nous avons peur que les concours ne soient pas repris cette année quand on fait la synthèse de ces deux affirmations :

1 - "l’ampleur de la fraude fait qu’il faut annuler" ;

2 - "le manque de moyens financiers fait qu’on ne peut pas reprendre les concours cette année".

Comme conclusion : plus de concours professionnels cette année dans l’enseignement primaire.

Monsieur le ministre, notre carrière, c’est notre vie. Vous devinez donc que cela nous est cher et, pour rien au monde, nous ne permettrions à autrui de nous détruire impunément. S’il y a fraude, est-ce la faute aux enseignants ? Nous n’y sommes pour rien. Et si les concours ne sont pas repris cette année, combien auront plus de 47 ans, âge limite pour passer les concours professionnels ?

Même s’il y a dérogation, beaucuop seront bouleversés dans leur carrière. Hormis les enseignants, s’il y a annulation, elle viendra saborder le navire du PDDEB déjà pris dans une violente tempête. Ce plan prévoit, au bout de dix ans, d’atteindre un certain nombre d’instituteurs principaux, de conseillers pédagogiques itinérants et d’inspecteurs d’éducation de base. Où irez-vous les recruter pour combler le vide ?

A cause de l’argent, les concours ne seront pas repris. C’est à cause de l’argent qu’on veut introduire les diplômes dans les concours professionnels. Nous ne sommes pas dupes. Le calcul est simple. Avec les conditions actuelles, cette année, ils étaient 5 118 candidats au concours des instituteurs principaux. Imaginez les frais pour les feuilles, le transport, la prise en charge des surveillants et des correcteurs. Peut-être qu’avec l’introduction des diplômes, ils seront 500 ou 800 postulants.

Alors, il y aura moins à dépenser, et l’Etat fera des économies. Nous sommes aussi des Burkinabè, le pays doit dépenser pour nous, nous payons des taxes, et cela se ressent sur nos bulletins de salaire chaque mois. Que vient chercher le bac dans la prestation d’un enseignant ? Il n’y a pas de bac d’aptitude professionnelle dans notre corps ! D’ailleurs, nos maîtres n’avaient pas le bac, mais cela ne les a pas empêchés de former nos gouvernants actuels !

Monsieur le ministre, les enseignants sont aussi nombreux qu’une légion de fourmis rouges, dociles comme le boa et forts comme l’éléphant. Cette force attend que les concours ne soient pas repris pour se manifester. Le pays est déjà éprouvé par la vie chère, la misère et la corruption, n’en rajoutez pas. Nous vous demandons, par cette occasion, de faire composer les candidats dans les chefs-lieux des régions. Cela réduira nos dépenses, nous évitera les soucis des casques de Ouaga et apportera des dividendes à nos commerçants sur place. Je ne doute pas de votre capacité à voir au-delà de cette simple réflexion d’instituteur.

Un instituteur à Réo

Le Pays

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