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Passoré : "Faites attention aux démons de la haine !"

Publié le mardi 19 septembre 2006 à 07h57min

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Les rivalités politiques sont déplorables et désastreuses dans la province du Passoré, à en croire un ressortissant de cette partie du Burkina, Pascal R. Koala, qui s’est vu obligé d’avertir, dans les lignes qui suivent, ses frères et soeurs sur les dangers de leurs actes. "Faites beaucoup attention aux vieux démons de la haine qui rôdent toujours !" leur lance-t-il.

C’est avec un peu de peur et beaucoup d’hésitation que je me suis enfin décidé à écrire, non sans crainte, ces lignes sur quelques éléments de la vie politique au Passoré. Tout simplement parce qu’il y a au Faso des provinces où certains responsables politiques n’accepteront à jamais qu’on parle ou qu’on fasse des critiques écrites à leur endroit.

Cependant, il faut quand même, de temps à autre, le faire avec modestie pour qu’ils mettent un peu d’eau dans leur vin. Les législatives de mai 2007 s’approchent inexo- rablement et sont attendues avec anxiété par les différents partis politiques sur le terrain.

En rappel, les municipales du 23 avril 2006, pour le commun des mortels, se sont déroulées sans trop de problèmes. Mais pour les militants avisés de la scène politique à Yako, nous avons frôlé l’affrontement entre deux partis politiques à un moment de la campagne municipale. Remercions Dieu pour nous avoir préservé de cette situation, qu’il continue de nous protéger.

Maintenant qu’une autre échéance approche, que les mêmes rancunes et esprit de vengeance sont latents, nous devons faire beaucoup attention aux vieux démons de la chaine qui rôdent toujours. En cela, notre souhait est que les différents responsables politiques de la province fassent violence sur eux- mêmes et, si possible, s’asseyent autour d’une table de réconciliation pour aplanir les affres et les manquements qui ont eu lieu pendant les municipales.

Que les plus forts politiquement se surpassent et aillent vers les plus faibles, car ce geste ne les diminue en rien sur tous les plans. Nous, nous disons que ces rencontres devront se faire avec l’appui des fils et filles du passoré qui se sont affichés politiquement.

Dans le cas où cela n’est pas possible, que les différents états-majors politiques sensibilisent et choisissent des hommes et des femmes avertis et responsables pour la campagne à venir. Comme un peu partout au Faso, et ici au Passoré, nous avons parfois des analphabètes politiques qui confondent et se permettent tout dans une campagne. Pour eux, faire une campagne, c’est débiter en public des injures et toutes sortes d’insanités, flanquées d’un bon feuilleton bien dosé sur la moralité et la vie sociale de l’adversaire.

Alors que l’on n’a pas besoin de sévir de la sorte contre lui, parce qu’une campagne politique n’est pas une guerre armée. C’est ce qui se passe depuis un certain temps en politique chez nous. Des partis sont même passés maîtres dans l’art de proférer des insanités. Ainsi, personne n’est épargné, ils sont même allés jusqu’à s’anéantir dans le domaine professionnel. Sur ce plan, il n’est pas rare d’entendre ces analphabètes galonnés dire haut et fort à leurs dirigeants provinciaux : "Qu’est-ce que vous attendez là-haut pour le faire enlever de son poste ?" et d’ajouter fièrement que "c’est parce qu’il est bien placé qu’il est contre nous". Qu’ils sont bornés !

"Le Passoré tend à devenir un cas politique"

Si l’on n’y prend garde, le Passoré tend à devenir un cas politique. De ce fait, les cadres et les hommes politiques travaillent à se détruire mutuellement, personne ne lutte en réalité pour le bien réel du Passoré. Les gens sont assoiffés de pouvoir et ont une haine viscérale les uns envers les autres depuis lors. Notre sport de prédilection, c’est faire du mal à son prochain. Les fils et filles du Passoré ne savent pas se soutenir mutuellement, à cause de la politique, quand bien même il y a de bonnes volontés pour le faire. De temps à autre, on saute le champagne quand un des leurs a des problèmes. Souvent, sans regret, on s’exclame tout de go : " Enfin, il est tombé dans un des neuf trous." (1)

Et c’est la joie à travers la ville de Yako dans l’autre camp. De grâce, prenez l’exemple de notre grand voisin du Nord (2) - que j’admire et respecte. Là-bas, les querelles politiques finissent par se taire sans rancune, et le tout réglé à l’amiable avec, en prime, un soutien mutuel ferme entre les belligérants. Toujours est-il que tout finit par s’arranger entre eux, et tout repart de plus bel avec beaucoup d’abnégation. Peut-être allez-vous me dire que ce que je dis sur eux n’est pas vrai. Mais, ce qui est sûr et vrai, ils sont nettement plus "civilisés" que nous en politique. Nous excellons dans la politique politicienne. Inspirons-nous d’eux pour les législatives de mai 2007.

R. Pascal Koala

Notes :

(1) Problème ou difficultés que les Yakolais souhaitent à leurs ennemis

2) Yatenga

Le Pays

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