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Droit de réponse : Cours d’histoire de Demba Fofana à Jonas Hien

Publié le mardi 20 juin 2006 à 08h06min

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Avant une éventuelle rencontre, pour faire plus ample connaissance, Demba Fofana prévient : "Monsieur Hien, attention à certaines insinuations, car nous avons toujours essayé d’être nous-mêmes et constants en privilégiant l’amitié au détriment du politique". Un droit de réponse qui a valeur de curriculum vitae comme pour dire, me voici, tel que je suis.

Monsieur Jonas Hien, votre réaction romantique voire idyllique à ma réponse à Zoodnoma Kafando du 17/05/06 ne me surprend guère, même si sans être méchant vous insinuez entre autres que le pouvoir a pu en être le commanditaire pour les besoins de la cause.

A cet égard, je voudrais vous informer qu’en 2000, alors que j’attendais mon procès contre la SOFITEX depuis deux ans, une certaine presse ivoirienne s’était déchaînée contre Blaise Compaoré à partir d’informations erronées, disponibles aussi sur internet. Révolté, je m’étais rendu à Abidjan pour donner une conférence de presse à l’hôtel Ivoire, pour mieux faire connaître l’homme. J’avais pu effectuer ce déplacement grâce à des amis de l’extérieur (voyage, location de salle, cocktail...) et à l’insu de l’intéressé lui-même et de notre ambassadeur (toujours en poste) en Côte d’Ivoire.

Le lendemain de cette conférence et les jours suivants, la plupart des 12 organes conviés et des invités avaient considérablement revu leurs appréciations sur notre président. Blaise lui-même n’avait découvert ma démarche que dans les journaux reçus d’Abidjan par d’autres voies, avant mon retour. Ce petit rappel parmi N autres du genre a pour seul objectif de montrer qu’on peut suivre et soutenir Blaise ou tout autre homme de valeur, par pure conviction, sans être une marionnette, ni un affamé prêt à tout, comme vous le dites. Il s’agit d’un acte de loyauté et de patriotisme dont lui-même a souvent donné l’exemple.

Des amis et parents avaient souhaité que je ne réagisse pas, mais c’est plus pour informer que pour engager une quelconque polémique. En vous informant un peu, vous auriez su qu’on ne peut pas me faire écrire sur une telle affaire.

Du reste, Monsieur Amadou Simporé de l’ENAREF a déjà répondu sur certains points dans L’Observateur Paalga du 31/05/06, ce qui aurait pu me dispenser d’écrire.

Monsieur Hien, depuis 1978 j’interviens dans la presse et nous avions même, avec deux aînés, feu Moussa Koné, alors Directeur de l’Agence BCEAO Bobo, et Maître Tahirou Ouattara , créé à perte un journal, "Le STADE" (70% sports, autres 30%), animé par deux journalistes : un Camerounais, feu Benoît Voulong, décédé accidentellement à Ouaga à la veille de la CAN 98, et un Burkinabè, toujours à Ouaga Monsieur Berthé.

Comment aurions-nous fait sans la presse pour rétablir certaines vérités, sensibiliser ou nous faire mieux connaître ? Ce serait la catastrophe, surtout chez nous (rumeurs, délations...).

Dispenser les lecteurs de nouvelles émotions

Il serait très intéressant d’évaluer sur une année les contributions de la presse burkinabè dans la résolution de certains problèmes de la société ; ce serait édifiant. Monsieur Hien, sachez qu’il existe également du coté des parents, amis et collaborateurs de Blaise de nombreux témoignages, confidences et déclarations (vrais ou faux) tout aussi émouvants que les vôtres, mais ne faut-il pas dispenser les lecteurs de nouvelles émotions inutiles ?

Je souhaiterais plutôt échanger de vive voix avec vous, comme je l’ai souvent fait avec d’autres acteurs et observateurs importants de la scène nationale. Et, je sais qu’après notre entretien vous mettrez un peu d’eau dans votre vin, comme feu Norbert Zongo en 1996.

En effet, en tant que président du Rotary Club et Directeur général de la SONACEB (Bobo), j’avais initié avec notre groupe rotarien deux concours, grâce à l’appui financier de ce club, d’un sponsor, et, sous la présidence d’honneur d’El Hadj Barro Dianguinaba. Le premier s’intitulait : « Concours local de courtoisie » et mettait en compétition certains établissements de proximité de Bobo : Pharmacies, supermarchés, restaurants, pâtisseries, transports etc., élargis à trois de Ouaga : Sociétés de transports, supermarchés, pâtisseries.

La remise des prix s’était effectuée à la Chambre de commerce de Bobo, en présence de nombreux invités, des autorités administratives et politiques, des opérateurs économiques, sans oublier les responsables et personnels des structures en compétition. Le deuxième : « Le meilleur "Bobolais" dans son secteur d’activité. Etaient concernés : les gendarmes, les pompiers, les sages-femmes, les journalistes (Ouaga + Bobo), les ouvrières de l’industrie et de la SONABEL, etc.

Le RAN Hôtel avait été retenu pour la remise des prix. Les trois premiers des deux concours étaient "primés". Quelques lauréats :
- Sages-femmes : 1re Madame Zallé, épouse de M. Zallé Célestin, ancien Directeur régional BCEAO Bobo ; Journalistes :
- 1er prix : Norbert Zongo de l’Indépendant ;
- 2e prix : Diallo Boureima (L’Observateur paalga) ; Sociétés de transport : 1er prix : STMB ; Ouvrières Industrie SONABEL : 1er prix : SONABEL, une dame du service dépannage ; 2e prix : CITEC, une dame de l’usine 3e prix : SONACEB, une dame de l’usine.

Concernant ce deuxième concours, les trois premiers par activité avaient reçu leurs invitations pour la cérémonie de remise des prix au RAN Hôtel (diplôme et prix en nature). Malheureusement, seul Norbert Zongo n’avait pas confirmé parce que ne voulant pas de mon prix pour diverses raisons. Après plusieurs tentatives vaines et un report de la manifestation, nous avions pu, grâce à une intermédiation, nous rencontrer à l’hôtel Belle vue de Ouaga, avant qu’il ne donne son accord.

Il m’avait dit, entre autres : "Comment un homme de Blaise peut-il me déclarer meilleur journaliste de l’année ; ce n’est pas vrai, ce n’est pas clair, ça sent le piège, l’arnaque, mais on verra, on ira quand même à Bobo," etc.

Il s’y était rendu avec sa petite famille, et tout s’était bien passé ; il était très heureux. Une seule fausse note, son refus de loger au Relax Hôtel de Bobo (lieu réunion hebdomadaire du Rotary) où nous avions réservé des chambres pour tous les lauréats hors Bobo, pour aller dans un petit hôtel qui nous avait coûté moins de 10 000 FCFA pour deux nuits.

(J’ai appris plus tard qu’il mangeait dehors, en face de son hôtel). Depuis cette cérémonie la confiance s’était instaurée entre nous et nos contacts étaient devenus plus faciles. Cet autre exemple parmi d’autres du genre pour montrer qu’on peut relativiser beaucoup de choses si on fait l’effort de se parler, de communiquer et de mieux se connaître, car chacun parle de chacun sans que chacun connaisse vraiment chacun (préjugés, rumeurs...).

Les lauréats avaient été retenus à l’issue d’une enquête par sondage pendant trois mois et portant sur un échantillon de 500 à 1000 personnes, avec le concours d’élèves et d’étudiants que j’avais personnellement suivis en tant qu’initiateur des deux activités.

J’ai tenté d’organiser ces concours à Ouaga sans succès (contexte différent et coût élevé). Or, sans courtoisie, point de tolérance (même dans la circulation), point de solidarité, d’échange, de bonnes relations... en somme point de civisme (vertu du bon citoyen) ; autant de valeurs indispensables dont nous sommes de plus en plus déficitaires.

Concernant mes interventions, rarement complaisantes, elles portent essentiellement sur les questions d’intérêt général (sport, économie, culture...) et rarement sur des dossiers vraiment confidentiels, sinon je n’aurais pas été autant impliqué à des moments cruciaux de l’histoire de notre pays.

Mais au Burkina, dès qu’un sujet est complexe, et un peu délicat, il devient subitement et miraculeusement politique ou frappé du sceau du secret, du confidentiel, pour mieux noyer le poisson (même le choix des ramasseurs de balles en football peut devenir politique) ; on entend souvent : c’est politique, le chef ou le patron a dit que..., ou veut que..., ou souhaite que... (faux 9 fois sur 10). Si refuser cela et s’exprimer librement, franchement et sans calcul comme je l’ai souvent fait, c’est trop parler, alors je parle trop.

Arrêtons enfin le débat

Monsieur Hien, je vous lis souvent avec beaucoup d’intérêt et comme d’habitude et contrairement à Monsieur K.S., vous avez signé votre article, acte responsable que j’apprécie très positivement. Soyez sûr que je ne pourrais jamais banaliser certains événements encore moins la mémoire de ceux qui ont perdu la vie.

Concernant mon épouse, elle aurait marché, selon vous, en tant que membre influent du Collectif contre l’impunité suite à l’affaire Norbert Zongo, avant de créer une association de soutien à Blaise Compaoré. Nous avons l’habitude d’assumer tout ce que nous faisons. L’objectif d’une telle présentation est si évident que je me contenterais de simples éclairages.

En tant que femme et mère, elle fut choquée voire bouleversée par cette fausse affaire SOFlTEX, même si la vérité fut rétablie et les préjudices partiellement réparés (ils ne le seront jamais totalement). Aussi avait-elle moralement besoin d’être soutenue, de communiquer, de se confier aux parents, amis, collaborateurs et même à la presse. Mais elle n’a jamais été membre, encore moins une personne influente du Collectif (n’est-ce pas lui faire trop d’honneur ?). Aurait-elle été crédible et prise au sérieux en tant que Madame Fofana, même si certains couples burkinabé réussissent une telle prouesse ?

Si tous ceux qui ont marché au moins une fois comme elle, pendant cette période à travers tout le pays l’avaient fait contre la personne même de Blaise et non contre les actes odieux et inacceptables commis, Blaise ne serait pas là aujourd’hui, car rien n’aurait pu l’empêcher de partir comme feu le président Maurice Yaméogo, au regard de l’ampleur jamais égalée de ces manifestations.

Mon épouse ne connaît pas les calculs intéressés et complaisants ; en clair, elle ne sait pas tricher (peut-être un handicap de nos jours). Par exemple, elle aurait pu être la dame de compagnie naturelle et tout indiquée, pour diverses raisons, de notre première dame, Chantal Compaoré, dont le combat multiforme est louable (enfant, mère, santé, éducation, etc.). Celle-ci ne lui avait-elle pas demandé, entre autres, à son arrivée au Burkina, de lui trouver son premier cuisinier (significatif).

Donc Monsieur Hien, attention à certaines insinuations, car nous avons toujours essayé d’être nous-mêmes et constants, en privilégiant l’amitié au détriment du politique (chose difficile). L’Association de soutien de mon épouse à Blaise Compaoré était en gestation depuis 1992 et n’a pas été créée selon votre schéma.

Après cet article, je souhaiterais arrêter tout débat dans la presse sur cette affaire sensible que je n’ai pas déclenché, au profit de mes sorties habituelles sur le sport, l’économie, la culture, etc. A ce effet, je vous laisse mes contacts pour une éventuelle rencontre où et quand vous voudrez.

Très sincèrement

Fofana Demba

Bureau : 50 31 13 00 Dom : 50 30 42 59 Portable : 78 85 22 92

Observateur Paalga

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