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Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Les élections 2004-2005 sont finies. Les résultats sont clairs et nets. L’élection présidentielle : plus de 80% des votes pour Blaise Compaoré et pour les 12 autres candidats tous ensemble, moins de 18% des suffrages, et aucun candidat n’a atteint les 5% nécessaires pour récupérer sa caution. Les votes nuls étaient de 8,8%, mais cela n’a pas été un signal pour le président.

Les élections municipales : soixante-huit partis y ont participé et 23 partis n’ont même pas eu un seul siège. Le CDP en a eu 72%. Il semble avoir obtenu plus de 90% des mairies. C’est clair et net pour l’extérieur que les élections 2004-2005 étaient démocratiques, que le Burkina Faso a un maître absolu et omnipotent à sa tête et que le CDP est assez majoritaire pour écraser tous les soixante-sept autres partis qui se sont présentés.

On parle de fraudes, mais celles-ci sont tellement marginales que même sans ces fraudes les résultats auraient été à peu près identiques. Tout va bien dans notre pays, mais il semble qu’il y a toujours un ou plusieurs prophètes de malheurs. Je me permets alors de faire quelques remarques.

D’abord, il y a eu énormément de fraudes car, selon Transparency International, l’achat de votes est une fraude politique pure et dure. Dans un pays pauvre, un peu d’argent arrange encore plus facilement les affaires que dans un pays riche.

Malgré tout, le peuple a réagi par rapport à plusieurs personnes : Gilbert Ouédraogo s’est vendu, et il a trahi l’opposition au cours de l’élection présidentielle, mais l’opposition l’a trahi lors des élections municipales : moins de 9% de sièges, et même pas la majorité dans son propre fief, Ouahigouya.

Hermann Yaméogo, avec son UNDD, voulait être président d’un parti et du pays, et pour cela, il avait quitté l’ADF/RDA. Il n’a même pas eu 1% pour la présidentielle et un peu plus de 1% de sièges pour les municipales, en perdant dans son propre fief, Koudougou. Laurent Bado a eu encore 2,7% pour la présidentielle, mais même pas 0,2% des sièges pour les municipales. Ces trois ont eu le salaire de leur comportement.

Une des raisons de la force du CDP est la faiblesse de l’opposition. Il n’y a pas d’opposition. En avril 2003, durant leurs journées de réflexion, l’opposition était au point mort, avec une langue de bois : démocratie pour le peuple, le peuple a confiance, Blaise doit être remplacé ; appel à la société civile, l’unité est la seule possibilité d’assurer l’alternance..., mais chacun pour soi durant les élections.

Chacun veut le pouvoir parce que le pouvoir profite. On peut dire que, dès avril 2003, il n’y avait pas une opposition réelle. Et ce qui devait arriver arriva. Personne n’a eu le minimum de 5% pour récupérer sa caution. On peut affirmer qu’il n ’y a pas une opposition ; il n’y a peut-être que des personnes qui s’opposent à Blaise Compaoré pour prendre sa place. Dans ces conditions, Blaise restera au pouvoir aussi longtemps qu’il le voudra.

Aucune élection ne va le déboulonner. Le peuple a les gouvernants qu’il mérite. Ils font pitié ceux qui parlent d’une prochaine fois, de l’avancée qu’untel a faite, du bon score d’un autre pour la première fois. C’est fini. Aucune élection ne va réaliser l’alternance.

D’ailleurs, les élections municipales ont bien prouvé cette vérité. A Ouaga, durant des années, il y a eu des fraudes avec le lotissement, pas cachées mais ouvertes devant toute la Nation, devant toute la population de Ouagadougou. Résultat : toutes les mairies restent dans la main du CDP !

Des grèves tous les jours, tout le monde semble mécontent des gouvernants, mais le CDP améliore son score et a plus de 90% des communes. Nous sommes dans un pays de parti unique avec un semblant de démocratie. Les leaders des grandes villes le disent clairement : pour choisir les maires, nous attendons les directives d’en haut.

Le Burkina est maintenant une « démocrature » avec un président tout-puissant et un parti qui est seul maître sur le terrain. Tu veux le bien de ta commune et tu as voté pour un candidat qui n’est pas CDP ? Ton maire n’est-il pas CDP ? Ta commune sera punie. Un exemple : en 2007, il est prévu la construction de deux cent cinquante classes d’écoles primaires. Jamais aucun projet n’est exécuté à 100%. Et, « par hasard », c’est dans ta commune avec un maire non CDP qu’il n’y aura pas de classes construites.

Toutes les bagarres à l’intérieur du CDP n’ont pas empêché que ce parti devienne le maître absolu du pays sous le commandement du président Blaise Compaoré. Mais en vérité, seul Allah est le Seigneur tout-puissant.

Que peut faire encore le simple citoyen pour que le Burkina avance ? Consommer burkinabè.

Bonne nouvelle : la souffrance semble souvent insensée, mais souvent elle apprend le chemin de bonheur.

F. BALEMANS

Le Pays

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