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Université polytechnique de Bobo : L’ANEB dénonce une "mascarade académique"

Publié le jeudi 13 avril 2006 à 08h03min

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"Halte au bâclage de notre formation et mobilisons-nous pour le respect de nos droits académiques, sociaux et démocratiques !" Tel est le titre initial de cette déclaration de l’Association nationale des étudiants burkinabè (ANEB). L’université polytechnique de Bobo est minée, dit-elle, par des problèmes multiples. Eléments d’explication...

Camarades étudiantes et étudiants,

L’Université Polytechnique de Bobo Dioulasso (UPB), par la volonté de ses autorités d’appliquer à la lettre les programmes d’ajustement structurel (P.A.S), est en constante décomposition depuis quelques années, et le corollaire direct est la violation de nos droits académiques, sociaux et démocratiques.

Ainsi, au plan social, pour assouvir des intérêts mercantilistes déguisés en alibi d’avoir « de fonds propres » pour l’U.P.B, nos autorités légalisent l’exclusion systématique de l’étudiant pauvre de la quête du savoir par la fixation de coûts exorbitants.

En effet, après l’augmentation des frais d’inscription de 100% (de 7500 F CFA à 15000F CFA) et des frais de participation aux tests d’entrée à l’U.P.B de 2900% (de 500FCFA à 15000FCFA), le contingentement des bourses à 500 annuellement (ce qui fait 11,8% de boursiers à l’U.P.B) et l’endettement des étudiants non bénéficiaires de l’aide arrachée de hautes luttes par notre structure, par le prêt FONER avec intérêt de 3% à partir de la troisième année ,nos autorités innovent avec les recrutements parallèles. Les recrutements parallèles qui consistent à recruter des étudiants burkinabè hors tests contre paiement de 350 000FCFA, 580 000F F CFA ou 630 000F CFA selon la filière, par leur caractère mercantiliste parachèvent cette politique d’exclusion du pauvre.

Ces conditions déjà précaires sont exacerbées par le contingentement des plats au Restaurant universitaire (900 plats pour une population de 1500 étudiants environ), plat dont la qualité est fortement décriée comparativement à son prix de 620F CFA. Contrairement à la déclaration du Directeur régional Daouda Dramé dans la presse qui dit que "les étudiants mangent bien", les mouvements et plaintes d’étudiants sur le campus montrent que le problème est bien réel et est à résoudre. Le système de transport, bien que le CENOU ait fait l’effort d’ajouter deux cars SOGEBAF cette année, reste une source potentielle de risques pour les étudiants du fait de la vétusté des cars SOGEBAF et des surcharges régulièrement constatées qui ont d’ailleurs frôlé la catastrophe avec la cassure du volant d’un car SOGEBAF en pleine circulation avec des étudiants le 8 décembre 2005.

Le mardi 5 avril 2006, le car SOGEBAF immatriculé 10 G 7894, sans frein, qui a frôlé le drame la matinée en ratant l’entrée de l’UPB a été reconduit la même soirée par entêtement du CENOU pour le transport des étudiants. Ce laxisme du CENOU traduit sa mauvaise foi manifeste vis-à-vis des préoccupations des étudiants. De ce fait, tous les étudiants sont tenus de prendre leur garde pour d’éventuels mots d’ordre y afférant.

Au plan académique, la bonne initiative de créer de nouveaux instituts que nous saluons, s’est toujours confondue à de l’improvisation à touche politicienne du fait de l’absence de mesures d’accompagnement sur le terrain.

"Manque d’enseignants, conflits claniques"

Ainsi :

- l’ISNV et l’ISEA ont été créés en 2004-2005 sans enseignants, la conséquence immédiate est que des matières sont inexécutées. Pour exemple, la filière génie biologique n’a pas exécuté le cours d’Hygiène et Sécurité alimentaire et 3 autres TP en 2004-2005. Cette année, pour 13 matières au programme, ils en sont à 6 exécutés au troisième trimestre.

- Quant à l’INSSA, la joie qui a accueilli son ouverture s’est vite estompée par les problèmes qui assaillent les étudiants. C’est un contingentement bis qui est mis en œuvre. En effet, les étudiants qui ont été contingenté à un effectif de 30 au test d’entrée sont victimes d’un numerus clausus qui impose un effectif de 20 en deuxième année, le tout dans un système de contrôle continu qui exige 12/20 comme moyenne de passage, impose 06/20 comme note éliminatoire dans certaines matières et qui finalement manque d’enseignants.

- A l’ESI, le manque d’enseignants a causé l’inexécution des cours de Recherches Opérationnelles en AP3, nouveaux matériels et logiciels en RéMI3, câblage en RéMI2 pendant l’année académique 2004-2005. Le manque d’ordinateurs complique l’exécution des travaux pratiques.

- A l’IDR, les étudiants payent les frais de conflits claniques de leurs enseignants. Les conséquences immédiates sont que le département Elevage n’a pas encore attribué de directeurs de mémoires aux étudiants de troisième année qui en principe devaient les avoir depuis le premier trimestre. En deuxième année tronc commun, aucune sortie n’est effectuée jusqu’à présent et en première année, sur 4 promotions, seule la promotion de Sociologie et économie rurale a effectué une seule sortie d’étude pour le moment. En plus, la mauvaise programmation des cours (emplois du temps vides successifs) a entraîné l’inexécution des cours de Comptabilité et de Méthodologie de recherche en première année l’année dernière et contraint les étudiants à souvent 3 compositions par jour en fin d’année. Avec l’état actuel d’exécution des cours, cette situation se répétera. Nous interpellons la présidence de l’UPB afin qu’elle prenne ses responsabilités dans cette situation chaotique pour éviter la prise en otage de la formation des étudiants.

- A l’IUT, c’est le comble avec le fameux sieur, SANGARE Daouda, directeur adjoint dudit établissement qui avec la complicité de la Présidence de l’UPB, planifie le bâclage de la formation. Après avoir envoyé les étudiants de la promotion 2004-2005 en stage en avril au lieu de juin, en hachant et supprimant certaines matières, il poursuit la même logique cette année en envoyant les étudiants en stage à partir du 1er avril dans les mêmes conditions avec la suppression de la soutenance de fin de cycle en plus. La suppression de la soutenance sans l’avis du conseil de gestion de l’IUT mérite que les autorités de l’UPB prennent leurs responsabilités pour éviter de compromettre la qualité des diplômes comme c’était le cas en 2002/2003 où les étudiants ont été rappelés de leur lieu de stage par voie de presse pour venir achever les cours et compositions après menaces du CAMES (Conseil africain et malgache de l’Enseignement supérieur) de ne pas valider le DUT.

Au plan des libertés démocratiques, c’est la négation de nos droits élémentaires traduite par l’adoption du décret portant application de la PSU(Police spéciale universitaire), l’interdiction de l’installation des structures syndicales en cités et résidences universitaires, et le refus d’organiser les élections des délégués élus d’instituts depuis 2003/2004 pour l’IUT.

"Une tricherie organisée"

Camarades étudiantes et étudiants,

Toutes ces mesures n’ont qu’un seul objectif qui est de répondre au diktat des bailleurs de fonds, qui commandent la limitation de la formation des cadres par tous les moyens y compris celui de la tricherie organisée par l’administration de l’IUT actuellement. Par cette tricherie, l’administration a façonné des étudiants acquis au gain facile dans le seul but de pouvoir impunément détruire notre système éducatif. Tous les étudiants honnêtes doivent prendre leur responsabilité et dénoncer systématiquement ces nouveaux types d’étudiants qui ternissent l’image de notre université. Face à ces velléités de refuser la formation à la grande masse et à l’irresponsabilité de nos autorités vis-à-vis de nos problèmes, la leçon qui s’impose est la lutte ferme et disciplinée.

C’est pourquoi, le Comité exécutif de l’ANEB/BOBO, tout en condamnant fermement ces pratiques qui mettent en péril l’avenir des étudiants, invite les autorités à revoir leur position qui pourrait dégrader le climat social sur le campus et appelle tous ses militants à renforcer les corporations et de facto la section afin de dire :

- non à la privatisation de l’UPB et sa fermeture aux enfants des pauvres ;

- non au bâclage organisé de la formation ;

- non à la violation continue de nos droits académiques, sociaux, et académiques, et

- Oui à une Université libre et démocratique, accessible à tous.

Vive l’ANEB/BOBO !

Vive l’UGEB !

Pain et liberté pour le peuple !

Le Comité exécutif


INSTITUT UNIVERSITAIRE DE TECHNOLOGIE : "Une crise profonde"

Selon l’ANEB, l’Institut universitaire de technologie vit une "crise sans précédent" depuis l’année académique 2002-2003. Dans cette déclaration, elle appelle la direction à réviser sa position, et les étudiants à se mobiliser pour défendre leurs intérêts.

Camarades étudiantes et étudiants,

l’IUT, depuis l’année académique 2002-2003, vit une crise sans précédent liées d’une part, aux recrutements parallèles et, d’autre part, à l’irresponsabilité de la direction dudit institut. Cette crise est si profonde que si rien n’est fait, c’est l’image de l’IUT qui sera ternie et l’avenir de nombreux étudiants mis en péril.

Le recrutement parallèle est une pratique qui consiste à recruter des étudiants burkinabè hors test à des sommes exorbitantes allant de 350 000 F CFA pour le premier cycle à 580 000 F CFA et 630 000 F CFA pour la licence professionnelle. Cette pratique mercantiliste et mafieuse a fait reléguer au second plan l’objectif principal de l’IUT qui est de donner une formation de qualité aux étudiants au profit de la course effrénée de l’argent. C’est ainsi qu’on assiste avec amertume au sabotage de la formation opérée dans la section tertiaire par la direction de l’IUT avec la bénédiction de la présidence de l’ UPB.

Pour rappel, tout a commencé avec l’envoi prématuré des étudiants de la deuxième année de la section tertiaire (Finance Comptabilité, Gestion Commerciale et Secrétariat de Direction) en stage en avril 2005 malgré la non exécution de certains cours de spécialité (analyse de projet en Finance Comptabilité et Gestion Commerciale) et la diminution arbitraire des volumes horaires prévus par les textes en vigueur à l’IUT. Ceci sous prétexte de résoudre les problèmes tardifs de soutenance afin de permettre aux étudiants de s’inscrire en licence professionnelle pour la rentrée 2005-2006. Le constat fut amer pour les étudiants car les soutenances se sont déroulées jusqu’en décembre 2005 et pire, la majorité des étudiants de l’IUT ont été refusés en licence professionnelle sous prétexte que la leur viendra et que celle-ci est, selon les dires de l’administration, une initiative des enseignants pour améliorer leurs conditions de vie, oubliant de fait que la licence professionnelle a été une revendication des étudiants depuis 2002-2003.

"Non au sabotage de la formation !"

Camarades étudiantes et étudiants,

cette année académique 2005-2006, c’est la descente aux enfers. On constate la diminution tous azimuts des volumes horaires et la non exécution de nombreux cours, tout ceci ajouté à la programmation aléatoire des cours avec parfois des semaines entières sans cours. En guise d’exemple, pour les mathématiques générales (cours de tronc commun des deuxièmes années Finance Comptabilité et Gestion Commerciale) de 100 h au programme, ce volume fut compressé à 80 h et pire avec 21 h de cours seulement exécutées soit un taux d’exécution de 26,25%. Même son de cloche pour la comptabilité approfondie (cours de spécialité de la deuxième année Finance Comptabilité) avec moins de 50% de taux d’exécution. Pour les deuxièmes années Gestion Commerciale et Finance Comptabilité, en plus de volumes horaires tronqués, la majorité des cours fut dispensée sous forme de polycopies par des enseignants qui ne devraient pas les dispenser.

Toute cette mascarade académique est opérée sous la seule volonté du Directeur adjoint Daouda Sangaré en dehors des instances de l’IUT qui ne se tiennent plus depuis 2002-2003. Comme si cela ne suffisait pas, la direction annonce la suppression des soutenances de fin d’étude à l’IUT sans aucune raison valable.

C’est dans ce contexte que l’IUT envoie les étudiants de la section tertiaire en stage à partir du premier avril 2006 alors que le troisième trimestre aurait permis l’exécution normale des cours avant le départ en stage en juin comme c’était le cas les années antérieures à l’IUT.

Face à cet état de fait, la corporation de l’ANEB exige que la direction révise sa position afin de permettre l’exécution normale des cours avant le départ en stage, et le maintien des soutenances publiques à l’IUT. Quant aux étudiants conscients, elle en appelle à la vigilance et à la mobilisation pour faire face aux pratiques suicidaires et anti-sociales à l’IUT.

Non à la suppression des soutenances publiques à l’IUT !

Non au sabotage de la formation à l’IUT !

Halte aux pratiques mercantilistes et anti-sociales à l’IUT !

Vive la corporation de l’IUT !

Vive l’ANEB/Bobo !

Vive l’UGEB !

Pain et liberté pour le peuple !

La Corporation.

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