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Conflit agriculteurs-éleveurs dans l’Oudalan : Vers un "dérapage aux conséquences désastreuses"

Publié le vendredi 24 février 2006 à 06h37min

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L’affaire date de 2003. Un procès a eu lieu. Une décision de
justice a été prise. Mais elle a du mal à être exécutée si l’on en
croit l’un des ressortissants de la région du Sahel, dont l’écrit
suit. Pour lui, il y a urgence en la demeure. "Il faut agir vite avant
qu’il ne soit trop tard", dit-il en substance.

Je viens solliciter vos colonnes pour attirer l’attention de l’opinion
publique et notamment celles du gouverneur de la Région du
Sahel, du Ministre des Ressources animales, du ministre de
l’Agriculture, et du ministre de la Justice d’un problème qui
perdure depuis 2003.

Il s’agit d’un litige né en 2003 à propos d’une zone de pâturage
dans la région de Ndarga, province de l’Oudalan entre des
éleveurs et des agriculteurs. Ces derniers ont défriché sans
aucune autorisation dans une zone considérée comme zone de
pâturage pour faire des champs. Suite à ce litige, les éleveurs
ont fait recours à la justice de notre pays à travers son tribunal
de Dori.

La procédure de justice conduite à terme a reconnu clairement
dans la décision de justice N° 19 du 06/08/2003 rendue par le
tribunal de Dori que la zone querellée est une zone de pâturage.

Par conséquent, cette décision a ordonné l’expulsion des
occupants qui s’y sont installés anarchiquement. C’est d’ailleurs
la même conclusion à laquelle est arrivée la mission d’enquête
envoyée sur le terrain à propos de ce litige par le ministère de
l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques
(MAHRH) qui avait saisi le haut-commissaire pour qu’il notifie au
responsable administratif de Tiofolboye, village proche de la
zone, de déguerpir ces occupants.

Mais force est de constater qu’à ce jour, les occupants sont
toujours sur place du fait de la non-exécution de la décision de
justice. Les éleveurs qui ont la décision de justice toujours non
exécutée entre les mains commencent malheureusement à
douter de sa valeur. Ce qui est dommageable pour la justice de
notre pays. Mais continuant de faire encore foi à la justice, ils
sont repartis se plaindre une fois de plus et ce au mois de
novembre 2005.

Le procureur du Faso de Dori qui les a reçus, a
convoqué les deux parties. Après les avoir écoutés, il a sommé
les occupants de déguerpir sans délai. Ceux-ci ont demandé
qu’un mois (jusqu’en fin décembre 2005) leur soit accordé pour
qu’ils puissent récolter (récolte à laquelle ils n’ont d’ailleurs pas
droit du fait de la décision de justice qui les a expulsés depuis
2003).

Les éleveurs ont néanmoins accepté la requête de leurs
protagonistes en présence du procureur. Sur cette entente, le
procureur a remercié les 2 parties et a dit aux éleveurs de venir
lui rendre compte à l’issue de ce délai. En fin janvier 2006 soit,
un mois de plus sur le délai demandé, les occupants ont
signifié aux éleveurs qu’ils ne quitteront pas. Alors les éleveurs
sont allés rendre compte au procureur.

"Que le droit soit exécuté !"

Aujourd’hui, les éleveurs comptent saisir aussi les plus hautes
autorités, notamment le gouverneur de la Région du Sahel, le
ministre des Ressources animales, le ministre de l’Agriculture,
le ministre de la Justice et s’il le faut, le président du Faso
lui-même par rapport à l’allure que prend cette affaire qu’ils
ressentent légitimement comme une injustice. Le climat est
d’ailleurs très lourd entre les deux parties et un dérapage violent
et aux conséquences désastreuses n’est pas à exclure si la
justice n’est pas appliquée dans toute sa rigueur.

Il est donc de
la responsabilité du gouverneur de la Région du Sahel, du
ministre des Ressources animales et particulièrement du
ministre de la Justice, de tout mettre en œuvre pour que ladite
décision de justice soit immédiatement exécutée.

Une telle
réaction prompte et efficace de toutes ces autorités permettra de
rétablir l’autorité judiciaire dans la zone en mettant fin à cette
attitude dilatoire qui vise à gagner du temps jusqu’à rendre la
décision caduque et à créer de fait un précédent.

Notre
démocratie en sortira grandie et notre justice aura davantage la
confiance des populations aussi de cette partie du Burkina. Et
quel moment est mieux indiqué pour faire comprendre à tous
les justiciables que la justice s’applique intégralement et à tous
que les journées portes ouvertes que la justice s’apprête à
organiser les 24 et 25 février 2006 sur toute l’étendue du
territoire. L’instauration d’une justice respectée de tous et
capable de conquérir chaque jour la confiance des populations
par la diligence et l’exécution de ses décisions est un maillon
d’importance capitale dans l’édification de l’Etat de droit.

Gageons et souhaitons que le droit dit depuis 2003 soit exécuté
enfin et sans délais pour rendre crédible notre justice et éviter
un dérapage aux conséquences dramatiques comme cela a
déjà été vu dans d’autres zones de notre pays.

Février 2006
Un ressortissant de la Région du Sahel

Le Pays

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