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Burkina – Tourisme : « Notre pays est fréquentable », réaffirme Gualbert Ouédraogo, directeur des sites et infrastructures touristiques

Publié le lundi 28 août 2023 à 23h10min

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Burkina – Tourisme : « Notre pays est fréquentable », réaffirme Gualbert Ouédraogo, directeur des sites et infrastructures touristiques

Le Burkina Faso compte environ 1082 sites touristiques dont plus de 400 recensés dans la région touristique du Centre qui regroupe quatre régions administratives : le centre, le centre-ouest, le centre-sud et le plateau-central. Malgré l’insécurité qui touche le pays depuis 2015 et le Covid-19 en 2020, le secteur du tourisme tient debout. « Le Burkina Faso est un pays fréquentable. Beaucoup de médias internationaux tentent de faire croire à l’opinion internationale que notre pays est aujourd’hui une destination infréquentable. La réalité est tout autre. », soutient Gualbert T. Ouédraogo. Il est le directeur des sites et infrastructures touristiques à l’Office national du tourisme burkinabè (ONTB). Dans un entretien qu’il nous a accordé, vendredi 25 août, l’homme nous parle du secteur qui fait, en cette période de vacances, de bonnes affaires.

Lefaso.net : Pouvez-vous nous présenter votre direction ?

G.T.O. : La Direction des Sites et infrastructures touristiques est une direction technique de l’Office national du tourisme burkinabè (ONTB). Selon l’organigramme de l’Office en vigueur, elle est chargée de l’inventaire et de la mise en valeur des ressources touristiques, de la collecte, du traitement des informations relatives aux infrastructures d’accueil et de séjour du Burkina Faso.

Elle comprend trois services notamment le service des infrastructures d’accueil, de la gastronomie et de la ville, le service du patrimoine touristique et des aménagements et enfin le service de la documentation et des archives. La direction accompagne les sites et réceptacles touristiques dans leur fonctionnement quotidien afin qu’ils puissent répondre aux besoins des visiteurs.

C’est quoi la différence entre sites touristiques et infrastructures touristiques ?

Les sites touristiques sont les sites sur lesquels vous pouvez aller satisfaire votre curiosité. Ça peut être un musée, un bien culturel quelconque, un patrimoine immatériel, etc. Quant aux infrastructures touristiques, elles comprennent l’ensemble des installations physiques tels que les hôtels, les restaurants de tourisme qui sont des lieux où les touristes, dans le cadre de la consommation du produit touristique, séjournent afin de mener les visites des sites touristiques. On peut y ajouter l’ensemble des services fournis aux touristes (transport, excursions…).

Combien de sites touristiques compte le Burkina Faso ?

Le Burkina Faso compte environ 1082 sites touristiques répartis sur l’ensemble du territoire. Sur ces 1082 sites touristiques, certains sont mis en tourisme et d’autres ne sont pas encore mis en tourisme.

Quelques exemples de sites qui ne sont pas mis en tourisme ?

Les sites touristiques sont vastes. Par exemple dans la région du Plateau-central. Nous avons recensé le site de soins du guérisseur traditionnel Saïdou Bikienga. Nous le considérons comme un site touristique mais vous conviendrez avec moi que peu de gens se déplacent sur ce lieu dans un but touristique. C’est donc un site touristique mais, qui concrètement, n’est pas encore mis en tourisme, cela veut dire qu’il n’y a pas une organisation tout autour qui permet de recevoir de façon sereine les touristes qui arrivent sur le site. On peut citer d’autres sites allant des montagnes sacrées aux puits sacrés qui sont un peu éparpillés sur le territoire et qui ne sont pas mis en tourisme. Un site mis en tourisme est un site où il y a quand même un minimum de commodités pour recevoir les visiteurs.

Dans quelle région trouve-t-on le plus grand nombre de sites touristiques ?

Au niveau du tourisme, le Burkina Faso est divisé en quatre zones touristiques. Il y a la zone touristique du centre, la zone touristique de l’ouest, la zone touristique de l’est et la zone touristique du sahel. La zone touristique du centre compte à elle seule plus de 400 sites touristiques. Il est vrai que pour certaines personnes, les sites emblématiques se trouvent dans la zone de l’ouest, mais c’est la région touristique du centre qui compte le plus grand nombre de sites touristiques recensés par le ministère de la Culture. Il faut dire que cette région touristique du centre comprend quatre régions administratives à savoir la région du centre, la région du Plateau-central, la région du centre sud et du centre ouest.

Quel est le niveau de fréquentation des sites touristiques au Burkina Faso ?

Nous sommes en période de vacances. Et au regard de la situation d’ensemble, de la sous-région ouest-africaine, du Sahel, les autorités en charge du tourisme ont orienté leurs actions dans la promotion du tourisme interne. Le tourisme interne, c’est ce tourisme pratiqué par les nationaux. Et de nos jours, nous pouvons dire que ce tourisme interne connaît un essor satisfaisant au niveau du Burkina Faso.

Lorsque nous jetons un regard sur les statistiques - je veux prendre l’exemple sur le site de Laongo que je connais bien - au premier semestre, nous avons eu plus de 4 500 visiteurs dont l’essentiel était composé de touristes nationaux. Depuis le mois de juillet 2023, le ministère de la communication, de la culture, des arts et du tourisme, à travers l’ONTB a lancé la grande saison du tourisme interne. C’est une période au cours de laquelle, on invite les Burkinabè à consommer les produits touristiques de leurs pays. Ce lancement a eu un effet très satisfaisant sur la fréquentation des sites.

En prenant l’exemple du site de sculptures sur granites de Laongo, du 16 juillet au 20 août 2023, le site a reçu 613 visiteurs enfants, 620 visiteurs adultes nationaux et 16 visiteurs internationaux, soit un total de 1249 visiteurs en l’espace d’un mois. C’est le fruit donc de la grande saison du tourisme interne. Ça continue car la campagne prend fin en septembre. Il faut dire que le tourisme interne est actuellement en vogue. Nous sommes satisfaits et espérons que cela va continuer et se renforcer.

Parlez-nous un peu plus du site de sculptures sur granit de Laongo.

Le site de Laongo a été créé en 1989 sur initiative d’un artiste sculpteur burkinabè, Siriki Ky. Il a organisé, avec le concours de l’Etat burkinabè, en janvier 1989, la première édition du Sympo granit de Laongo. Depuis cette première édition, chaque deux ans, à peu près, le site reçoit des sculpteurs qui viennent de tous les continents. Ils séjournent en résidence de création sur le site, pendant environ un mois, taillent la pierre et rendent des œuvres de très belles factures.

Depuis sa création à aujourd’hui, le site de Laongo a organisé une douzaine de symposiums. La dernière édition date d’octobre 2022. Ces symposiums ont regroupé des artistes venus de plus de 100 pays et de tous les continents. Sur le site, il y a plus de 300 œuvres sculptées par des artistes de renom. Ces œuvres abordent des thèmes divers : la femme, la richesse, la joie, la vie, la paix, la mort, la tradition, etc.

Il faut aussi noter que le ministère en charge du tourisme, à travers l’ONTB, mène des actions de promotion pour faire en sorte que le site puisse être connu par les nationaux et les internationaux. Nous avons une page Facebook et le site de Laongo a une place importante sur le site internet de l’ONTB. Nous avons également des dépliants qui parlent du site mais aussi des productions audiovisuelles qui sont diffusées sur les chaînes de télé. De nos jours, on peut affirmer sans se tromper que le site de Laongo constitue une très belle carte de visite pour le Burkina Faso. C’est un moyen de faire connaître notre pays et la région du Plateau-Central en particulier. Le site fait partie des sites les plus visités de notre pays.

Qu’est-ce qui est fait en dehors des grandes vacances pour promouvoir la destination Burkina Faso ?

Au Burkina, c’est l’ONTB qui est chargé de la promotion de la destination Burkina Faso. Ce que l’office fait est très remarquable. Au mois de février par exemple, il y a eu la rentrée touristique comme on le fait ailleurs avec la rentrée gouvernementale la rentrée de presse, etc. C’était une première au Burkina Faso.

Au-delà de cela, il y a un certain nombre d’activités qui sont menées. Il y a également des supports de communication qui sont produits et diffusés sur l’ensemble du territoire à destination des potentiels touristes nationaux et des non nationaux. Il y a des capsules vidéo que vous voyez sur les chaînes de télévision. Il y a pas mal d’activités qui sont faites dans le cadre de la promotion du tourisme au niveau national. Ces actions prennent effet car aujourd’hui on sent un engouement, une appropriation du tourisme par les nationaux.

Avons-nous le nombre des sites touristiques qui ne sont pas accessibles du fait de l’insécurité ?

Le Burkina Faso est un pays fréquentable. Beaucoup de médias internationaux tentent de faire croire à l’opinion internationale que le Burkina est aujourd’hui une destination infréquentable. La réalité est toute autre. Il y a certaines zones qui sont inaccessibles du fait de l’insécurité, mais il y a beaucoup de sites touristiques qui sont accessibles et sur lesquels vous pouvez passer de bons moments et profiter de vos vacances. Il est vrai que les sites situés dans les régions elles-mêmes inaccessibles demeurent inaccessibles actuellement.

Mais, l’essentiel des sites au centre, à l’ouest et dans d’autres régions du pays restent pour leurs majorités accessibles. Je ne peux pas donner un nombre de sites qui sont de nos jours inaccessibles mais cette inaccessibilité est due à l’inaccessibilité de la zone en question. Vous prenez l’exemple du musée de Oursi Hu-Beero, il va de soi qu’il soit inaccessible de nos jours parce que la zone elle-même est peu accessible.

En dehors de l’insécurité, quels sont les autres défis du tourisme burkinabè ?

Le défi majeur du secteur du tourisme burkinabè est l’insécurité. Ce défi est venu s’ajouter à d’autres qui étaient des difficultés inhérentes à la vie quotidienne de tous les secteurs d’activités dans notre pays. Je veux parler du manque de ressources financières. C’est vrai que les autorités mettent un accent très remarquable sur le développement du secteur du tourisme, mais il faut reconnaître que les problèmes budgétaires restent le principal souci du développement du tourisme au Burkina.

En plus, il faut noter l’inaccessibilité de certains sites touristiques, pas à cause seulement de l’insécurité, mais à cause des voies non praticables en saison pluvieuse.

En 2020, il y a eu le Covid-19 qui a porté un coup dur au secteur du tourisme parce que la mobilité de la population mondiale avait été fortement réduite. C’est vrai qu’on tend vers une période post-Covid-19, mais les effets de la maladie se ressentent toujours sur le secteur du tourisme. On va vers une sortie de crise, mais la relance n’est pas totalement assurée pour le moment.

Les infrastructures touristiques ont-elles pu s’adapter à la demande au fil du temps ?

Le sous-secteur hébergement, transport, restauration est beaucoup plus développé par le secteur privé. Ce secteur privé fait des efforts pour moderniser les infrastructures et les disponibiliser sur le territoire national afin d’accompagner et satisfaire les touristes. Il y a quand même une amélioration par rapport aux années antérieures et l’ONTB ne peut qu’être satisfait et encourager le secteur privé à continuer dans ce sens, à accompagner l’offre pour que le tourisme burkinabè soit compétitif dans la sous-région ouest africaine, en Afrique et dans le monde.

Et les guides touristiques dans ça ?

Le métier de guide de tourisme à deux volets. Il y a le côté libéral. C’est dire que vous pouvez vous former à vos frais et exercer le métier sous l’encadrement du ministère en charge du tourisme qui accompagne les guides de tourisme à mener leurs activités. Avec la situation, ces personnes vivent des moments difficiles parfois mais elles arrivent à s’en sortir parce que quoi qu’on dise le tourisme burkinabè continue de survivre et le métier a de l’avenir devant lui.

A côté de ces guides de tourisme libéraux, il y a des guides qui sont recrutés par l’Etat, formés et envoyés sur les sites touristiques. Il y a par exemple les guides de musées qui accueillent et accompagnent les touristes. Ces personnes sont souvent plus nanties, mieux formées mais leur action se limite souvent à des sites donnés. Un guide de tourisme sur le site de Laongo ne pourra faire son activité de guide que sur le site de Laongo. Alors que pour les guides libéraux, il y a des guides nationaux, régionaux, etc.

Le métier a de l’avenir devant lui. Comme tous les métiers, il rencontre des difficultés, mais il y a ce qu’on appelle la résilience. Les gens y font face. Ils font de leur mieux pour que l’activité puisse continuer.

Existe-t-il des sites touristiques autour de Ouagadougou et qui ne sont pas assez connus ?

Les sites n’ont pas la même notoriété. Quand vous prenez le Mémorial Thomas Sankara, le site de Laongo, la mare aux crocodiles sacrés de Bazoulé, ce sont des sites qui reçoivent beaucoup de visiteurs. Par contre, quand vous parlez du musée de Warba de Zorgho, peut-être que peu de personnes sont au parfum de son existence. Il y aussi le Mausolée de Naaba Oubri à Ziniaré. Il accueille des visiteurs. Beaucoup de personnes ont entendu parler de Naaba Oubri, mais peu de personnes ont visité le Mausolée. A côté de Koubri, il y a un parc animalier qui présente des animaux sauvages domptés que l’on peut visiter, mais que peu de personnes connaissent. Pourtant, tous ces sites autour de la capitale offrent un réel cadre de plaisir.

Avez-vous un appel à lancer aux Burkinabè ?

Nous sommes en période de la grande saison du tourisme interne. C’est une période pendant laquelle chaque Burkinabè doit s’efforcer de visiter un site touristique. Nous sommes en vacances. Offrez à vos enfants des sorties sur les sites touristiques. Dans les classes, dans les leçons de géographie, on parle de ces sites touristiques. Si les enfants vont au contact de ces sites, ont un contact visuel, cela va les aider pour la suite de leurs études. Il y a beaucoup de choses que l’on peut tirer de ces sites touristiques pour la formation de nos futurs leaders. Nous ne pouvons pas être Burkinabè et ne pas consommer nos produits locaux.

Et la consommation de nos produits locaux commence par nos sites touristiques. Vous ne pouvez pas aller en Europe pour un colloque, une activité culturelle ou non, sans visiter un site touristique. Il y en a qui viennent de très loin pour visiter nos sites touristiques. Il va de soi que nous, Burkinabè, nous soyons les premiers consommateurs de nos produits touristiques. J’appelle les Burkinabè à s’approprier leur culture, à sortir le temps d’un week-end pour prendre de l’air, aller découvrir et redécouvrir les sites touristiques. Ce sera génial et cela va mieux nous booster dans ce que nous faisons au quotidien.

Entretien réalisé au téléphone par Fredo Bassolé
Lefaso.net

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