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<I>Droit dans les yeux</I> : Les privilégiés

Publié le mardi 27 décembre 2005 à 14h37min

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Vous lisez cet article, alors vous êtes déjà un privilégié, car en 2005, moins
de 22% de gens au Burkina savent lire et écrire, et une grande partie ne peut
le faire en français.

Au Burkina Faso, même les privilégiés sont souvent
pauvres, très pauvres, et vivent dans la misère, mais il faut de temps en temps
regarder ceux qui souffrent plus que soi-même.
Je vois beaucoup d’exigences des plates-formes, des revendications mais
toujours de gens qui sont déjà privilégiés. Jamais de grèves, de marches ou
de revendications pour les autres miséreux.

Je dis clairement que moi, je suis un privilégié et je suis même très privilégié.
Jusqu’à ma mort, je suis assuré de pouvoir manger à ma faim, j’ai toujours un
bon habitat, j’ai un bon lit et j’ai assez d’habits ; si je suis malade, je peux me
faire soigner et acheter les médicaments dont j’ai besoin. Si ma maladie est
trop grave, je serai évacué en Europe pour recevoir tous les soins
nécessaires et possibles.

J’ai une voiture, je travaille parmi des gens très
gentils au Burkina Faso.
Je suis donc vraiment un privilégié. J’essaie de regarder ceux qui sont moins
privilégiés, et si possible, de faire quelque chose pour eux.

Nous devrons nous rendre compte que nous sommes des privilégiés si nous
le sommes. Le monsieur qui gagnent 80 000 francs par mois et qui dit qu’une
augmentation de 5% ne résout pas son problème, a peut-être raison, mais il y
a des millions de gens qui veulent sa place, même pour la moitié de son
salaire.

Des policiers en formation ont manifesté car ils voulaient plus d’avantages
financiers. Je ne suis pas contre, mais ils doivent savoir qu’il y a des milliers
de volontaires chômeurs qui voudraient bien être policier en formation.
Les infirmiers veulent un rappel d’indemnités mais ils ne doivent pas oublier
que cela diminue les fonds de l’Etat qui ne peut plus employer cet argent pour
des médicaments gratuits pour les pauvres.

Les travailleurs aussi ont des plates-formes de revendications mais des
centaines de milliers de personnes sont chômeurs.

Des actions pour les pauvres

Je ne dis pas que les travailleurs ne doivent pas lutter pour leurs droits. Je
suis d’accord que c’est scandaleux que les travailleurs de Faso Fani n’aient
pas encore leurs droits quatre ans après leur licenciement : c’est injuste, c’est
ignoble.

Tous les ans, les étudiants universitaires viennent avec leur plate-forme de
revendications. Ils sont des privilégiés ; seulement 2,1% de tous les jeunes
peuvent arriver à l’enseignement supérieur. Humainement, c’est un privilège
de pouvoir se développer intellectuellement ; ensuite, cette formation peut leur
ouvrir des portes pour une bonne place dans la société, bien qu’il y ait aussi
des chômeurs parmi eux.

Mais il faut qu’ils sachent que le gouvernement,
donc le peuple, paie leurs études qui sont très chères : bâtiments,
professeurs, équipements, etc. Il faut qu’ils sachent que l’argent employé pour
leurs revendications ne peut plus être utilisé pour le développement des plus
pauvres ou même pour le pays.

Veuillez bien me comprendre : les revendications justes sont tout à fait
normales, mais il ne faut pas oublier dans quelle mesure on est privilégié et
on doit faire attention pour que les pauvres ne souffrent pas trop par nos
revendications.

Naturellement, on dit : "mais les grands mangent, nous voulons manger
aussi", alors je n’ai pas de réponse mais ce n’est pas bon. Parce qu’une autre
personne frappe son enfant à mort, cela ne veut pas dire que vous pouvez
aussi frapper votre enfant.

Si vous êtes privilégié, essayez au moins de faire aussi des actions pour les
pauvres. Nous sommes tous enfants de Dieu. Nous devons tous penser aux
autres, surtout aux plus faibles ; si moi, je revendique plus que mon droit
équitable et juste, j’ai tort devant Dieu et devant les hommes.

Bonne nouvelle : Pour la liberté de la presse, sur 167 pays, le Burkina Faso
occupe la 68e place, donc bien dans la première moitié.

Frans BALEMENS
BP 332 Koudougou

Le Pays

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