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Fonction publique : Les informaticiens réclament justice et réparation

Publié le vendredi 3 juin 2016 à 21h26min

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Fonction publique : Les informaticiens réclament justice et réparation

« Les Technologies de l’information et de la communication (TIC) constituent un vrai moteur pour le développement de l’économie du savoir. Une bonne dose de créativité, d’inventivité et de rêve peut donner les moyens à notre pays d’opérer un saut technologique sur une très courte période de temps. Et ceci, sans passer par toutes les étapes qu’ont traversées d’autres pays.
Les technologies de l’information et de la communication seront intégrées dans tous les secteurs de développement pour en renforcer les performances et les rendements. » ; tels sont vos propos, Excellence Monsieur le Président du Faso, dans votre programme de société « Bâtir avec le peuple un Burkina Faso de démocratie, de progrès économique et social, de liberté et de justice ».

Dans un contexte international et sous régional où la sécurité passe pour être une priorité absolue (terrorisme, cybercriminalité, etc.), les TIC sont un véritable outil indispensable pour la prévention et la résolution de crises sécuritaires.

Les TIC sont un véritable outil pour la modernisation des Administrations et l’amélioration des services sociaux de base aux populations. Ne dit-on pas qu’investir dans les TIC c’est investir dans tous les domaines du développement ?

En effet, le contexte national, les problèmes de surpopulation, de manque d’enseignants et de certaines infrastructures dans les universités et écoles ; l’insuffisance de spécialistes et de centres de santé, etc. peuvent être résolus par l’utilisation des TIC.

L’un des défis majeurs dans notre pays, est bien la mobilisation des ressources. Le Burkina Faso « s’est résolument engagé » à l’édification d’une nation émergente et inclusive qui « doit profiter » à tous les citoyens. Pour ce faire, les Technologies de l’information et de la communication (TIC) ont été retenues comme levier stratégique et transversal pour l’atteinte des objectifs de développement.

Les TIC ont joué un rôle majeur pendant l’insurrection du 30 et 31 octobre 2014 et le coup d’Etat manqué du 16 septembre 2015. Certaines radios et télévisions bien qu’ayant été coupées, l’Internet a été le seul moyen d’information du peuple burkinabé. En toutes ces circonstances déterminantes, certains de nos professionnels des TIC ont eu la discrète initiative de développer des solutions qui ont contribué à la résistance active et nous taisons le reste.

Aussi, grâce aux TIC, la CENI a pu organiser les élections présidentielles de 2015. Elle a pu proclamer les résultats dans les meilleurs délais et acceptés par tous les candidats. Ce qui a permis votre élection ainsi que celles des députés et tout récemment les conseillers municipaux.

Aucun pays au monde ne peut se développer sans les TIC. Le Premier Ministre affirmait à son tour lors de son discours sur la politique du gouvernement que « Les Technologies de l’information et de la communication (TIC) constituent un important vecteur de croissance économique, si elles sont judicieusement déployées et efficacement utilisées. »
Mais peut-on développer les TIC sans les professionnels des TIC (informaticiens) ?

Excellence Monsieur le Président du Faso,

Pendant l’insurrection du 30 et 31 octobre 2014 et le Coup d’Etat manqué de septembre 2015, les informaticiens étaient obligés de sortir sous les balles du RSP pour aller effectuer des sauvegardes de base de données ou pour aider à traiter les salaires des fonctionnaires de l’Administration Publique.

Les Professionnels des TIC travaillent dans des secteurs sensibles de l’Etat où ils voient tout circulé devant eux avec obligation d’honnêtetés, de confidentialité et d’intégrité des informations devant lesquelles ils sont exposés. Malgré ces comportements exemplaires, ils sont victimes d’injustices.

Excellence Monsieur le Président du Faso,

Les informaticiens vivent des injustices depuis la création de leur corps en 1997 et cela s’est empiré avec la suppression de l’indemnité spéciale d’informaticien en janvier 2014.

Voici le seul corps de l’Administration Publique, ou le personnel de l’Etat a été confiné pendant 22 ans sans possibilité d’évolution catégorielle. Pire à diplôme égal, les informaticiens sont classés dans une catégorie inférieure. Le diplôme d’ingénieur des travaux informatiques est classé en catégorie A3 tandis que celui d’ingénieur de travaux en statistique, en géologie et des mines, la météorologie, les eaux et forêts est en catégorie A2.

Au lendemain de l’application de la nouvelle grille indemnitaire en janvier 2014, les informaticiens ont constaté sur leur bulletin de paie qu’ils ont perdu leur indemnité spéciale d’informaticien (spécifique). Or la condition d’acceptation de cette nouvelle grille indemnitaire par les syndicats était que « on ne touche pas aux acquis ».
Les informaticiens étaient les seuls et par la suite suivis par les magistrats, le MENA, la santé et le MESS à avoir une indemnité spécifique liée à leur corps de métier. Les « uns » ont gardé leur indemnité spécifique et les « autres » ont réussi à faire augmenter la leur. Les informaticiens eux, sans explication et considération aucune, ont vu la leur purement et simplement supprimer.

Excellence Monsieur le Président du Faso,

Dans un esprit de dialogue, en 2014 le SYNPTIC a déposé une Plateforme Revendicative Minimale visant une réparation des torts subis par le corps des informaticiens. Le Ministre en charge des TIC en son temps, a reconnu la justesse de nos revendications en 2014. Pendant la transition, le SYNPTIC a encore déposé sa plateforme revendicative. Aucune réaction n’est venue de la part de notre ministère et s’en est suivie une demande d’audience encore le 16 décembre 2014 de la part du syndicat. Le 26 février 2015, le ministre nous recevait en nous demandant de faire de propositions concrètes. Ce fût la première et la dernière fois qu’il a eu un temps pour le Syndicat. Il se faisait représenter par son SG qui à chaque fois n’avait rien à nous proposer sinon que de réexpliquer la plateforme revendicative.

Le SYNPTIC estimant que le dialogue est la voie de résolution, a renoué le contact avec le nouveau Ministre en charge des TIC de votre gouvernement à travers une demande d’audience. Le 08 février 2016,Madame le Ministre nous a reçus en reconnaissant la justesse de nos revendications et en promettant de réagir dans « quelques jours ». Les « quelques jours » sont devenus des quelques mois.

Excellence Monsieur le Président du Faso,

En tant que Président du Faso, garant de la Constitution, les informaticiens demandent justice et réparation pour les torts commis à leur corps de métier depuis sa création en 1997.

Ils réclament :

-  le rétablissement, le rappel et l’augmentation du taux de l’indemnité spéciale d’informaticien à 200 000F ;
-  le reclassement du diplôme des Ingénieurs des Travaux Informatiques en catégorie A2 ;
-  le rattachement de tous les informaticiens de l’administration publique et parapublique (EPE, EPA, Société d’Etat, etc.) au Ministère en charge des TIC (MDENP) ;
-  un plan de carrière et une grille indiciaire pour tous les informaticiens de l’administration publique.

Excellence Monsieur le Président du Faso,

Nous constatons d’énormes financements de grands projets de développement du pays à travers les TIC ; entre autres le projet Backbone à 120 milliards de Francs CFA, le projet G-Cloud à 36,5 milliards de Francs CFA. Cela peut-être bien appréciable à sa juste valeur si toute fois les résultats attendus sont atteints…
Paradoxalement à cela, nous nous trouverons à une époque « rétrograde » d’exploitation machiniste ou l’homme (l’informaticien) chargé de faire vivre la machine (le système d’information) vit lui, une précarité, pire à une condition de vie de prolétariat aggravé d’une survivance delumpen prolétaire.

Excellence Monsieur le Président du Faso,

Tout en prenant l’opinion nationale et internationale à témoin, les informaticiens ont décidé de se faire entendre à travers des mouvements de protestation. Le gouvernement et les premiers responsables du MDENP seront tenus responsables des conséquences que cela pourrait engendrer.

Veuillez agréer, Excellence Monsieur le Président du Faso, l’expression de notre très haute considération.

Ouagadougou, le 1er juin 2016

Pour le Bureau National
Le Secrétaire Général
Salfo ILBOUDO

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Vos commentaires

  • Le 4 juin 2016 à 10:23, par ASTON En réponse à : Fonction publique : Les informaticiens réclament justice et réparation

    Courage dans votre combat. Évitons cependant les amalgames. Comparaison n’est pas toujours raison. Dans la fonction publique A2=Bac+4 et A3 =Bac+3. Assurez vous que vous êtes en conformité. Le classement par exemple des ingénieurs des travaux statistiques en A2 est justifié par le fait qu’en son temps à l’ ENSEA d’Abidjan, qui es l’école internationale qui coordonne la formation des statisticiens africains francophones , la durée de la formation était de 4 ans après le BAC (année préparatoire, 1ere année, 2ème année, 3ème année). Exceptionnellement les meilleurs candidats admis au concours étaient dispensés de l’année préparatoire. Mais généralement il s’agissait des gens qui avaient déjà le niveau DEUG voir LICENCE et plus (cas des malgaches, Burkinabè, ivoiriens par exemple...).
    Actuellement les conditions de recrutement ont été revissées et harmonisées . Il faut avoir le DEUG II (Bac +2) en mathématique ou économie et la formation dure 2 ans, soit une diplôme équivalent toujours à Bac+4.

  • Le 4 juin 2016 à 10:45, par Citoyen En réponse à : Fonction publique : Les informaticiens réclament justice et réparation

    Merci pour cette belle explication a travers la lettre ouverte au président du Faso. Effectivement les tic aujourd’hui sont le moteur du development. Souhaitons que le president reagisse afin de mettre fin à cette injustice faite à nos braves informaticiens.

  • Le 4 juin 2016 à 15:32, par lolo En réponse à : Fonction publique : Les informaticiens réclament justice et réparation

    je suis desolé mais renseignez vous bien le diplôme d’ingénieurs des travaux statistiques correspond à BAC+4 : DEUG 2 Mathématiques ou économie + 2 années à ENSEA ( cote d’ivoire) ou encore BAC+4 année de formations à DAKAR. Au

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