LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Côte d’Ivoire : Les jeunes patriotes, les jenjawids ivoiriens

Publié le vendredi 18 mars 2005 à 06h39min

PARTAGER :                          

Les milices pro-gouvernementales ivoiriennes s’illustrent de fort belle manière par ces temps qui courent à Abidjan et à l’intérieur de la Côte d’Ivoire.

Si ce n’est pas le MILOCI (Mouvement ivoirien pour la libération de l’Ouest de la Côte d’Ivoire) du pasteur Gammi qui crée le désordre à l’Ouest, ce sont les jeunes patriotes qui terrorisent les civils à Abidjan, allant jusqu’à "défier" les forces de sécurité républicaines. D’office, les jeunes patriotes sont partis pour être les jenjawids du pays jadis "terre d’hospitalité".

Le groupe des jeunes patriotes, un nom qui donne des frissons dans le dos des populations d’Abidjan. En effet, bien que sa dissolution ait été réclamée à cor et à cri par les accords de Linas-Marcoussis et bénie par les accords d’Accra III, le constat est là, éloquent que les jeunes patriotes n’ont pas été dissous. Pire, ils rivalisent dans le maniement des armes face aux forces républicaines. Ces jeunes armés jusqu’aux dents n’hésitent pas à s’en prendre aux gendarmes et militaires ivoiriens lorsque ceux-ci s’opposent à leur "deal" de racket des civils.

Les commerçants de Yopougon, d’Adjamé pour ne citer que ceux-là, ont fait les frais de cette horde de jeunes, à la solde des proches de Laurent Koudou Gbagbo, la "dame de fer" Simone Gbagbo en tête. Le hic dans ce tandem stratégico-politico-militaire, c’est que ces jeunes, désœuvrés pour la plupart, bénéficient d’une impunité qui les pousse à se comporter en maîtres des lieux dans les faubourgs d’Abidjan. Portant régulièrement des armes tels des force de "désordre", ils n’hésitent pas à faire des règlements de compte à des individus non en odeur de sainteté à la présidence de la République. La dernière agression en date, excepté tous ceux qui sont brimés ou tués dans l’anonymat, est celle dont a été victime Daniel Brechat, président du Mouvement des petites et moyennes entreprises (CPME) au mois de février dernier, alors qu’il rejoignait son domicile. L’on a fraîchement en mémoire les événements du 04 novembre 2004 où, suite à l’échec de l’opération "dignité" (plutôt "indignité" au sens propre), les jeunes "patriotes" avaient entrepris la chasse aux "sorcières" occidentales : les ressortissants français et les Occidentaux. Acte de vandalisme, pillages, viols, séquestrations, vols, tout y est passé. Cet état de fait crée une telle insécurité à Abidjan que l’on ne sait plus du côté du pouvoir, peut-être, qui est le maître à penser et à "guider" de ce GPP.

La peur...

Avec l’existence des fameux escadrons de la mort, "sguadrons killers", jugés proches des cercles du pouvoir FPI, le parti au pouvoir, les jeunes patriotes s’illustrent comme les jenjawids qui sévissent dans l’Ouest du Soudan. Conséquences : Abidjan, jadis havre de paix (on l’avait même surnommée "New York d’Afrique) est devenu l’une des villes où l’habitant vit dans la peur. Toute proportion gardée, le secrétariat d’Etat américain compare Abidjan à Bagdad, la classant comme la deuxième ville la plus dangereuse au monde. Et Laurent Koudou Gbagbo, qui a du mal à maîtriser le gouvernail du "navire ivoire", ne badine pas avec sa propre "sécu", lui qui se déplace avec un armada de guerre lors de ses périples à l’intérieur de la capitale économique. Certains jardins qui longeaient la voie menant au palais présidentiel à Cocody ont été rasés prétextant qu’ils pourraient servir de cachette aux potentiels "forces invisibles" qui voudraient attenter à sa vie.

A Abidjan, la psychose née de l’incertitude de lendemains meilleurs, fait que les Abidjanais voient la mort roder à tous les coins de rue. Combien sont-ils les innocents tombés sous des balles dites "perdues" alors qu’elles provenaient d’armes tenues soit par les milices pro-gouvernementales soit par les pandores ivoiriens ?

L’insécurité grandissante dans cette métropole africaine est la résultante de la dégradation du climat socio-politico-militaire survenu depuis la mort du "vieux bélier de Yamoussoukro ", Félix Houphouët-Boigny. Depuis le 19 septembre 2002, l’Etat de Côte d’Ivoire n’existe plus au sens napoléonien du terme. Le territoire est coupé en deux, sinon en trois, si l’on glisse du côté Ouest du pays. Les frontières sont violées perpétuellement avec les mouvements des rébellions pro et anti-gouvernementales qui font des va-et-vient entre le Liberia et la Côte d’Ivoire. On se souvient du MODEL, une rébellion libérienne proche de la sphère présidentielle ivoirienne. Les agissements intempestifs des jeunes groupes armés, experts dans les attaques à main armée, crée le désordre généralisé. On ne sait plus qui contrôle qui, ni qui fait quoi pour rétablir l’ordre.

La course contre la montre

Empêtrée dans une insécurité qui va grandissante au jour le jour, la Côte d’Ivoire s’enlise dans la crise, tout comme les Américains continuent leur descente en enfer en Irak. Le clan présidentiel de son côté, sachant que ses jours sont comptés puisque le mandat du "Christ de Mama" touche à sa fin, esseait de jouer sur les fibres sensibles des forces en présence en Côte d’Ivoire particulièrement l’ONUCI. Les jeunes patriotes, au vu de la médiation du Sud-africain Thabo Mbéki qui semble "bloquée" (si l’on se réfère aux dires du vieux Omar Bongo Odimba), se font de nouveau entendre. Regalvaniser par certains durs de l’entourage Gbagbo, ils réclament non seulement le départ des troupes de la paix, mais aussi et en même temps, le désarmement des rebelles par ces mêmes troupes. Une chose et son contraire.

Dans six mois, si rien n’est fait, un vide constitutionnel avec toutes les conséquences imprévisibles d’ailleurs, s’installera en Côte d’Ivoire. Or, au stade actuel, beaucoup de choses restent à faire si bien que l’on a l’impression que rien n’a été fait. Des tâches non moins importantes : la révision de l’article 33, le cantonnement, le désarmement, la démobilisation et la réinsertion des anciens combattants, le redéploiement de l’administration sur l’ensemble du territoire.

Or, à l’état actuel des choses, des faits saillants montrent que les danseurs du "Faro-Saro", cette musique en vogue en Côte d’Ivoire, ont du pain sur la planche, au vu des préoccupations multiples auxquelles tous les deux camps (Forces nouvelles et pouvoir en place) doivent faire face. Entre autres, le refus persistant des deux forces en présence d’amorcer le DDR, l’absence de progrès dans la composition de la commission électorale indépendante, le non fonctionnement du Conseil des ministres, le caractère inachevé de l’article 35 de la Constitution ivoirienne. Malgré de multiples résolutions pour durcir les sanctions prises contre la Côte d’Ivoire, le constat est là, amer, dans la bouche de la France et brûlant entre les doigts de l’ONU que les protagonistes de la crise ivoirienne "s’en foutent ".

Et pourtant, les populations civiles en souffre, la sous-région en pâtit économiquement et l’insécurité se propage comme une gangrène. Trop, c’est trop, mais, qui aura le courage de prendre ses responsabilités pour " imposer " la paix aux protagonistes de la crise ivoirienne ? La France ou les Nations unies ?

Daouda Emile OUEDRAOGO (ouedro1@yahoo.fr)

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 18 mars 2005 à 15:35, par Jacques Digbeu-Lohourou Badlor En réponse à : > Côte d’Ivoire : Les jeunes patriotes, les jenjawids ivoiriens

    Mon bon Monsieur, quand on se veut moralisateur, on commence par le commencement, on s’informe, on se cultive d’ abord. On aurait du vous expliquer que le probleme en Cote d’ Ivoire, c’ est l’ article 35 et non l’ article 33 comme vous l’ecrivez. Pareille enormite prouve que bien des "experts" de la Cote d’ Ivoire sont juste bons pour quelque sordide classe de remise a niveau. ils devraient retourner a leurs livres sans fausse honte. Tout simplement. Par respect pour eux-memes et pour tous ces lecteurs longtemps abuses.

    Sans rancune

  • Le 18 mars 2005 à 19:50, par Dorval (londres) En réponse à : > Côte d’Ivoire : Les jeunes patriotes, les jenjawids ivoiriens

    Vous faites une analyse assez irresponsable et teintee de haine.
    De grace ressaisissez vous car la cote d’ivoire survivra malgre tout.
    On comprend votre inquietude car si la gueurre prend fin en cote d’ivoire ton pays le Burkina ne pourra plus exporter le cafe et le cacao que vous volez en cote d’ivoire.
    Espece de jaloux et voleurs.
    L’insecurite a Abidjan est aussi le fait des burkinabes qui sont depuis des lustres ,specialises dans les vols a mains armes et des tueries conformement aux coutumes burkinabes.
    Vous devrez avoir honte de vous meme au lieu de vous focaliser sur les patriotes ivoiriens qui sont des grands responsables a tous les niveaux et qui ont decide de defendre leur pays .

  • Le 20 mars 2005 à 11:59, par wmm .4 En réponse à : Un article irresponsable

    Parlez-nous plutôt de la montée en flêche du nombre de séropositifs en Côte d’Ivoire et surtout en zone rebelle. La méningite qui fait de nombreuses victimes au nord est de la Côte d’Ivoire. Pourquoi ne pas dénoncer le pillage systématique des ressources Ivoiriennes. Le Burkina Faso n’a jamais été un producteur de cacao et pourtant il en exporte aujourd’hui. La fillière Ivoirienne de coton est sinistrée, idem pour la noix de cajou achetée à 150 FCFA par de véritables vampires. Les usines de sucre totalement dévastée. La contrebande de CFA, l’argent Soro comme on dit encore en Côte d’Ivoire. Il faut également en parler et c’est nettement plus grave que la question sécuritaire à Abidjan. Songez que dans ces zones tenues par la rebellion les jeunes sont livrés à eux même puisque l’école n’existe plus depuis 2 ans et demi. C’est ca qui est la vérité.

  • Le 20 mars 2005 à 19:43, par minapéwélé En réponse à : > Côte d’Ivoire : Les jeunes patriotes, les jenjawids ivoiriens

    Très bon article qui décrit substanciellement le climat sécuritaire qui prévaut en CI présentement, même s’il faut noté quelques erreurs qui se sont glissées notament celles qui traitent de l’article 35, ou vous avez écrit article 33, et du "farot - farot" et non "farot-sarot". Le fond de l’article est correct, n’en déplaise aux éternels xénophobes Ivoiriens qui pillulent tous les forums d’informations ouest africains. Ils sont tjrs à l’affût d’infos sur la CI, pour s’exprimer la dessus de la façon la plus violente qu’il soit, afin de vouloir demontrer que leur opinion est partagée par la majorité des Ivoiriens.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique