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Colette Guiébré, responsable du projet ‘’Aide-moi à exister’’ : « En 2015, nous doterons 15 000 écoliers d’acte de naissance dans le Sanguié »

Publié le mercredi 25 février 2015 à 21h32min

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Colette Guiébré, responsable du projet ‘’Aide-moi à exister’’ : « En 2015, nous doterons 15 000 écoliers d’acte de naissance dans le Sanguié »

Colette Guiébré est responsable du projet ‘’Aide-moi à exister’’ de la Communauté de Sant’Egidio en cours d’exécution dans les provinces du Houet et du Sanguié. Elle fait le point dans cet entretien des actions entreprises dans le cadre de ce projet pour aider les enfants et les adultes non encore enregistrés à l’état civil, à disposer d’actes de naissance et à exister juridiquement.

Lefaso.net : Vous avez lancé le 15 avril 2014, le projet d’enregistrement de naissance dénommé « Aide-moi à exister ». Pouvez-vous nous en parler ?

Colette Guiébré : Le projet ‘’Aide-moi à exister’’ du programme BRAVO a été mis en place par la communauté de Sant’Egidio qui intervient au Mozambique et au Burkina Faso depuis plus de quinze ans maintenant. Le programme BRAVO, c’est Birth Registration for All Versus Oblivision (BRAVO), c’est-à-dire l’enregistrement pour tous à la naissance sans oubli. Et en 2014, nous avons lancé le projet ‘’Aide-moi à exister’’ qui concerne les provinces du Sanguié et du Houet.

Qu’est qui vous a motivé à initier ce projet ?

Notre motivation, c’est simplement d’aider les enfants à exister. En fait, nous prenons à notre compte le cri de cœur des enfants qui n’ont pas d’acte de naissance et qui demandent à exister parce que sans acte de naissance, l’enfant n’existe pas juridiquement, n’est pas reconnu de l’Etat.

Quel bilan pouvez-vous dresser à ce jour de la mise en œuvre du projet ?

Parlant de bilan à ce jour, nous pouvons dire qu’’’Aide-moi à exister’’ se porte bien. Nous sommes actuellement dans le Sanguié avec des projets dont un projet pilote avec les CSPS (ndlr : Centre de Santé et de Promotion Sociale). Nous sommes arrivés avec les anciens maires à créer des centres d’état-civil secondaires dans des CSPS de la commune de Godyr. Les quatre CSPS de cette commune sont maintenant dotés de centres secondaires d’état-civil si bien qu’un enfant qui naît dans un CSPS est enregistré et peut avoir son acte de naissance sans que ses parents aient à se déplacer, réduisant ainsi les coûts de déplacement. Nous intervenons également dans les écoles du Sanguié dans le cadre de la campagne de délivrance gratuite d’actes de naissance lancée par le gouvernement burkinabè. Nous ambitionnons doter chaque écolier qui n’a pas d’acte de naissance d’ici à juin 2015.
En termes de chiffres, qu’est-ce que vous pouvez dire par rapport à votre bilan ?
Pour 2015, nous ambitionnons doter 15 000 écoliers d’acte de naissance parce que nous nous appuyons sur les données de la DPENA (ndlr : Direction provinciale de l’éducation nationale et de l’alphabétisation) du Sanguié qui estime le nombre des écoliers sans acte de naissance à 15 000. Nous allons donner à chacun de ces écoliers non seulement l’acte de naissance, mais aussi un extrait de l’acte de naissance.

Combien d’enfants du Sanguié ont bénéficié de votre projet en 2014 ?

Nous n’avons pas encore fini pour le bilan de 2014 et nous n’avons pas encore terminé avec les estimations parce que nous avons des données aussi bien pour les enfants que pour les adultes. Et nous nous sommes encore inscrits dans la campagne de gratuité de l’Etat de juin à décembre 2014 si bien que nous n’avons donc pas fini avec les estimations. Mais, nous sommes engagés là-dessus parce que ce mois de février 2015 nous avons eu l’honneur de participer à la conférence des ministres africains chargés de l’état-civil et nous avons compris en quoi il était indispensable de concilier état-civil et statistiques. Et justement, le projet de Godyr est un projet pilote qui ambitionne rapprocher état-civil et statistiques. En cela nous tiendrons des statistiques pour voir en quoi l’existence du centre secondaire d’état-civil au centre de santé permet de faciliter l’enregistrement de naissance.

Quelles sont les principales causes du problème de l’enregistrement à la naissance ?

Sur le terrain, nous avons échangé avec les parents et les enfants pour savoir les causes. La distance à parcourir par les parents pour se rendre au centre d’actes d’état-civil y est pour quelque chose. L’ignorance de l’importance de l’acte y est pour quelque chose. Il y a aussi le désintéressement parce que certains ne voient pas l’intérêt d’en posséder. Pour eux, comme ils ne veulent pas aller en Côte d’Ivoire, ils n’ont pas besoin d’actes de naissance. Pour les élèves, certains parents prétextent la distance pour ne rien faire et jusqu’au CM2, certains élèves se retrouvent sans acte de naissance. L’année passée nous avons vécu un cas malheureux d’un élève de CM2 de Kyon qui n’a pas pu passer le certificat parce qu’il n’avait pas d’acte de naissance.

Quelles difficultés rencontrez-vous sur le terrain ?

Nous rencontrons des difficultés au niveau de la sensibilisation parce que les gens n’arrivent pas à comprendre l’importance de l’acte de naissance. L’autre difficulté concerne les femmes. Certaines femmes en se mariant dans une autre localité, laissent leur acte de naissance dans leur village d’origine. Et quand elles doivent retourner chez elles pour chercher l’acte de naissance, elles trouvent cela difficile, compte tenu des distances à parcourir. Elles préfèrent ne pas faire de déclaration et du coup elles n’existent pas. Et c’est ces personnes non enregistrées qui contribuent à fausser la planification au niveau macro.

Comment s’est fait le choix des provinces du Sanguié et du Houet pour la mise en œuvre du projet ?

Pour le Sanguié, les actions du programme BRAVO ont commencé avec la commune de Zamo. De Zamo, le programme s’est étendu à d’autres communes de la province. Pour le Houet, on a souhaité travailler dans une commune urbaine pour voir comment se pose le problème, parce que dans le Sanguié, ce sont des communes rurales. C’est donc dans ce cadre que nous avons choisi Bobo dans le Houet.

Mais, au-delà de ces deux provinces, quelle est la situation sur ce problème de délivrance des actes de naissance dans le pays ou ailleurs ?

Le problème qui se pose de façon générale, ce n’est pas seulement au Burkina Faso. Et de la conférence de Yamoussoukro d’où nous revenions, il s’avère que le problème se pose partout en Afrique. Il y a des pays qui sont plus avancés et d’autres, moins avancés, certes ; mais nous louons l’intervention de l’Etat parce qu’il ressort que le Burkina Faso fait beaucoup de choses dans le domaine. Certes, il en reste encore mais beaucoup de choses ont déjà été réalisées.

Quelles sont vos perspectives ?

Pour les perspectives de notre programme d’intervention, nous poursuivrons nos actions dans les provinces du Sanguié et du Houet. Nous ambitionnons maximiser notre intervention au niveau du Houet. Et au Sanguié, nous ambitionnons l’affiner davantage et faire en sorte que chaque enfant qui naît, puisse avoir un acte de naissance, que chaque enfant qui naît, puisse exister juridiquement.

Propos recueillis par Grégoire B. Bazié
Lefaso.net

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