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Palais de justice de Bobo : Des promesses non effectives, un service toujours non fonctionnel

Publié le mardi 27 janvier 2015 à 23h34min

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Palais de justice de Bobo : Des promesses non effectives, un service toujours non fonctionnel

Le Palais de justice de la cité de Sya est toujours hors service. Et ce, depuis le 31 octobre 2014. Cette maison commune où se dit la loi a été saccagée avant d’être incendiée par des manifestants contre la révision de la Constitution au Burkina Faso. Deux semaines avaient été données par le Premier ministre Yacouba Isaac Zida à son passage le samedi 29 novembre dernier pour la reprise, mais jusqu’à présent c’est toujours le silence radio. Si les justiciers de Bobo-Dioulasso sont aujourd’hui en vacances forcées, le justiciable, lui ne sait plus à quel saint se vouer pour l’établissement de ces documents.

31 octobre 2014- 31 décembre 2014, cela faisait déjà deux mois que le Palais de justice situé à un jet de pierre du Centre hospitalier universitaire Souro Sanou (CHUSS) de Bobo-Dioulasso n’avait pas encore repris service. La furie des manifestants est encore visible. De la Cour d’Appel (CA), au Tribunal de travail (TT) en passant par le Tribunal de grande instance (TGI) au Tribunal d’instance (TI), rien n’a été épargné. Même pas le poste de renseignement de la Garde de sécurité pénitentiaire (GSP). Le 31 octobre, l’on a pensé à tout sauf au pillage et à l’incendie du palais de justice.

Ce qui s’est passé ce jour- là !

Venus des différents quartiers de la ville et après avoir brulé quelques domiciles d’anciens dignitaires du régime, ils se sont rendus à la place de la Nation, non loin du gouvernorat. S’en sont suivies plusieurs négociations entre les leaders et les forces de sécurité afin d’éviter le pire. Ce vendredi- là, les esprits de certains manifestants étaient, à n’en point douter, à mettre tout à sac. En finir avec tout, même les édifices publics ! C’est ainsi que la mairie de Bobo-Dioulasso, sans autre forme de procès a été vandalisée, pillée et brulée. Quelques manifestants, de retour de la place de la Nation pour rejoindre le place Tiéfo Amoro s’en sont pris au Palais de justice. Sous le regard impuissant de quelques magistrats présents sur les lieux. L’incendie aura duré près de deux heures. Une interdiction formelle de faire des photos est dictée par les manifestants.

Anciens et/ou nouveaux dossiers de justice, bibliothèque, document de travail, ordinateurs, matériels et objets mis sous scellés, effets personnels des magistrats notamment les toges, etc. sont tous partis en fumée. « Voici un crâne humain », criaient des manifestants avant de le mettre dans le feu. Les voitures de service des magistrats, celles scellées depuis des années, ou encore accidentées, tout passe au feu. Si les manifestants s’étaient interdit d’apporter un seul matériel des dignitaires, il n’en a pas été le cas au palais de justice. Certains ont apporté fauteuil, document de justice, ordinateur, argent et autres effets.

Promesse non tenue par Zida et Joséphine

Au lendemain des évènements, le constat est triste et désolant. « Pourquoi en est- on arrivé là ? », se demandaient nombre de burkinabè. Que vont devenir ces détenus dont certains devaient connaitre le dénouement de leur affaire ? Comment le justiciable pourra-t-il encore établir son casier judiciaire, son certificat de nationalité, etc… ? Les interrogations fusent encore de partout même si le mal est déjà fait. Samedi 29 novembre, le Premier ministre Yacouba Isaac Zida, est à Bobo-Dioulasso. Il rencontre les forces vives, mais également les magistrats à qui il promet deux semaines pour la reprise des activités. Dans quels locaux ? Quelques sites sont identifiés pour être loués en attendant. Les contrats sont d’ailleurs en train d’être signés entre les propriétaires et l’Etat. Avec quel matériel ? Joséphine Ouédraogo, ministre de la Justice, Garde des sceaux rassure, deux semaines après le passage de son Premier ministre. Elle espère, elle, que les choses pourront reprendre en fin décembre. Jusqu’en fin janvier, rien de clair ne se dessine.

Des magistrats en chômage technique

En vacances forcées depuis octobre, les magistrats de Bobo Dioulasso tentent de s’occuper comme ils peuvent. Certains n’hésitent pas à offrir leurs services dans les universités ou instituts supérieurs pour les cours de Droit. Le procureur général près la Cour d’Appel Maurice Nikièma et la procureure du Faso près le Tribunal de grande instance Makaiza Sérémé, sont quant à eux, sans repos. Si le premier tente de travailler chez lui à domicile, la deuxième est sur tous les fronts. Elle est toujours là lorsqu’il y a un accident, un abandon de nouveau-né, etc. Jeudi 11 décembre dernier, c’est aux environs d’une heure du matin qu’elle a quitté le quartier Belle ville où un jeune homme avait brulé la maison de sa tante. Avant cet incident, la procureure avait constaté deux accidents graves dans la soirée. Quant aux justiciables, ils n’ont que les yeux ou encore la bouche pour pleurer ou déplorer l’état du palais de justice. Les va- et- vient pour l’établissement des casiers judiciaires et autres documents sont pour l’heure aux arrêts. Il en est de même pour la délivrance des permis de visite à la Maison d’arrêt et de correction de Bobo (MACB). Une prison qui se remplit tous les jours puisqu’il n’y a plus de jugement pour libérer ou condamner.

Bassératou KINDO
LeFaso.net

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