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Bobo-Dioulasso sous couvre-feu : Tension de trésorerie chez les travailleuses du sexe

Publié le vendredi 28 novembre 2014 à 17h42min

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Bobo-Dioulasso sous couvre-feu : Tension de trésorerie chez les travailleuses du sexe

Le couvre-feu qui a été instauré sur toute l’étendue du territoire burkinabè entre le 30 octobre et le 24 novembre 2014 a été particulièrement contraignant pour les travailleuses du sexe dont le business ne prospère que la nuit. Les conséquences de cette interdiction de circuler entre 00 heure et 05 heures du matin ont été des plus fâcheuses pour les dizaines de prostituées qui, en plein cœur de Bobo Dioulasso, s’en mettaient plein les proches, jusqu’au bout de la nuit. Nous en avons fait le constat dans la nuit du samedi 22 au dimanche 23 novembre 2014, en nous infiltrant dans l’univers du trottoir, quelques heures avant l’entrée en vigueur du contre-feu. Reportage.

Samedi 22 novembre 2014. Il est exactement 21h47 au centre-ville de Bobo Dioulasso. Sous l’un des grands flamboyants qui jouxtent une avenue en face de l’ex-Entente bar, 4 jeunes filles sont à l’assaut du marché du sexe. Parmi elles Salma, la trentaine environ, habillée d’une camisole et d’un pagne nouée à la hanche. Elle prend patience dans la pénombre. Quelques instants plus tard, deux hommes à moto, passent et repassent devant les filles. Ils sont en prospection, question de détecter les « meilleures graines ».

A leur passage, ils sont hélés par les racoleuses avides de clients : « Chéri, je vais bien m’occuper de toi. Choco, je te tiens compagnie ? », etc. lance Salma avec insistance et d’un air joyeux. Comme pour répondre à l’invitation, l’un des deux hommes ralentit et la jeune fille quitte l’arbre pour se retrouver sur la chaussée à la hauteur de son potentiel client.

Le « couple » engage des discussions, sans doute sur le prix à payer. Mais moins de 5 minutes plus tard, le jeune homme démarre sa moto et disparaît dans le noir, laissant Salma sur son trottoir. « Il est vrai que les clients sont rares à cause du couvre-feu, mais je ne peux pas me livrer pour une telle somme d’argent » fait-elle entendre à ses « collègues » d’un air dépité. «  C’est très dérisoire ce qu’il me propose », insiste-t-elle avec des injures à l’adresse du client qui était déjà allé voir ailleurs. Le marché n’a pas été concluant. Comme pour la consoler, nous nous approchons discrètement de Salma pour l’interroger sur le montant proposé par l’homme à la moto : « Il me propose 2000 F CFA desquels je dois déduire le prix de la chambre qui vaut mille francs CFA », répond-t-elle aussitôt, multipliant de nouveau les injures, comme si elle venait d’être profondément touchée dans son amour propre.

Il est 22h 32. A quelques mètres de là, près du maquis « Le Bambou », nous rencontrons Rita, une jeune dame bien élancée et bien bâtie. Elle semble être étrangère de Bobo Dioulasso. « Moi, jolie fille choco comme ça, et puis je manque de clients. Eh couvre-feu !!! », déclare-t-elle avec un brin d’humour, comme pour distraire et briser l’amertume de ses « collègues de service », désenchantées et inquiètes par la rareté de la clientèle. Et comme elle était la plus loquace du groupe, nous tentons d’entamer une conversation avec elle.

A peine nous a-t-il dit qu’elle était native de la capitale Ouagadougou, qu’un cri d’alerte interrompt notre causerie : « Eh les filles, ne restez pas là ! Les militaires-là sont déjà sortis et ils frappent les gens. Ils viennent de me chicoter et j’ai dû me débarrasser de mes chaussures pour fuir », prévient une prostituée encore sous le choc. Sans demander ses restes, et au pas de course, elle disparaît dans le noir. Nous avons juste eu le temps de constater qu’elle marchait effectivement les pieds nus. « Comment peuvent-ils frapper les gens alors qu’il n’est pas encore minuit !? » s’indigne Rita qui, avec entêtement, demande aux autres filles de ne pas bouger de leur place. « On n’a rien fait de mal et les militaires-là n’ont pas le droit de nous frapper alors qu’il n’est pas encore minuit. La loi, c’est la loi ! Restez-là, les filles », rassure-t-elle.

Mais l’opiniâtreté de Rita n’aura été que de courte durée. Car, une vingtaine de minutes plus tard, une autre prostituée, apparemment bien connue de toutes, fait son apparition, appelle certaines filles par leurs prénoms et les invite à rentrer chez elles car les « soldats-là sont très méchants ». Elle n’en dira pas plus. Elle se contente simplement de montrer aux autres les écorchures qu’elle venait d’avoir sur le bras après avoir été cravachée par les forces de l’ordre. Mais sur notre insistance, elle finit par exposer le mode opératoire des soldats : « Ils sont à moto deux à deux. S’ils vous soupçonnent de faire le trottoir, ils viennent vers vous exactement comme s’ils étaient de potentiels clients. Et dès qu’ils s’approchent de vous, celui qui est à l’arrière de la moto se sert d’un fouet pour vous frapper », explique-t-elle sur fond d’injures. Et avant de monter à bord du taxi qu’elle venait d’arrêter, elle a le temps d’insister sur les conseils : « Les filles, ce n’est pas forcé. Ne restez pas là. Car non seulement vous n’aurez pas de clients, mais vous risquez de vous faire cravacher en plus. Nous avons tous des domiciles. Rentrons donc ! De toutes façons, qu’ils le veulent ou pas, ils finiront par lever le couvre-feu et les choses iront mieux pour nous ».

« Un seul client m’a donné 20 000 F CFA »

A moins d’une demi-heure avant minuit, heure d’entrée en vigueur du couvre-feu, nous avons rencontré Lisa cherchant à regagner son domicile. Elle nous confie avoir changé de stratégie depuis l’avènement du couvre-feu : « Plutôt que de sortir à 21 heures ou 23 heures comme d’habitude, je sors désormais plus tôt, souvent même avant 20 heure », explique-t-elle. « Cela, parce que même les clients ont changé d’habitude. Si je sors tôt, j’ai la chance d’voir les premiers clients », poursuit-elle.

Et sans que nous ne lui demandions, Lisa nous parle de sa comptabilité du jour : « Aujourd’hui, je n’ai eu qu’un seul client depuis 20 heures, mais c’est mon jour de chance. Car le gars m’a demandé de le rejoindre dans un grand hôtel du centre-ville et il m’a donné 20 000 F pour une passe que j’aurais acceptée à 3000 F CFA », explique-t-elle visiblement satisfaite de sa journée de travail. Mais cela ne l’empêche pas d’évoquer le côté pernicieux du couvre-feu sur le marché du sexe. « En temps normal, je gagnais en moyenne 25 000 F CFA par nuit. Mais depuis qu’il y a le couvre-feu, mon gain a chuté jusqu’à 10 000 F CFA en moyenne par nuit. J’en étais désespérée et heureusement qu’aujourd’hui, j’ai gagné le jackpot. Je file donc chez moi avant que les flics-là ne sortent », nous confie-t-elle.

A quelques 20 minutes avant minuit, les grands maquis du centre ville de Bobo Dioulasso se taisent. Plus de client, plus de musique. Le show fait place à un silence de cimetière. Les servants rangent les dernières chaises. Les rues sont complètement vides. Bobo Dioulasso se vide de son monde. Fortunes diverse pour les travailleuses de sexe dont certaines rentrent bredouille avec zéro client. A l’image de cette fille à qui nous avons porté secours avec un billet de 500 F CFA, de quoi prendre le dernier taxi pour rejoindre Sarfalao, son quartier de résidence. « Je n’ai rien eu, même pas un seul client ! Je n’ai même pas mangé ce soir, nous avait-elle confié ».

Une semaine après la levée du couvre-feu. « Bobo by night » retrouve son ambiance ordinaire. Jusqu’au petit matin.

Bassératou KINDO
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 28 novembre 2014 à 17:55, par la pétasse de la patte d’ie En réponse à : Bobo-Dioulasso sous couvre-feu : Tension de trésorerie chez les travailleuses du sexe

    C’est vrai que ça n’a pas été facile pour nous mais c’est le sacrifice qu’il fallait consentir. Blaise est parti et c’est plus important que les intérêts égoïstes.

  • Le 28 novembre 2014 à 17:57, par vérité no1 En réponse à : Bobo-Dioulasso sous couvre-feu : Tension de trésorerie chez les travailleuses du sexe

    Je n’ai jamais ri comme aujourd’hui ! On doit fermer les chambres de charmes à Bobo et à Ouaga car ces deux villes à elles seules regorgent plus de 90% des prostituées du Faso et ce n’est pas normal !!!!! Qui a osé remettre 20000 fcfa à une prostituée ? Sûrement un voleur de la République alors que madame à la maison ne gagne même pas l’argent du savon, c’est ça le sale côté de nous les hommes !!!!!!

  • Le 28 novembre 2014 à 18:03 En réponse à : Bobo-Dioulasso sous couvre-feu : Tension de trésorerie chez les travailleuses du sexe

    Bassératou Kindo c’est bon le sexe mais je souhaite avoir les news de votre griot Audrianne Dabaoué Kani (le travelo) qui a disparu des radars après la lourde chute de ses mentors (le mal causeur salia sanou et Blaise Compaoré).Autant le dire.....il (ou elle) peut maintenant sortir de son trou de rat kiakiakiakiakiakia

  • Le 28 novembre 2014 à 19:00, par vérité no1 En réponse à : Bobo-Dioulasso sous couvre-feu : Tension de trésorerie chez les travailleuses du sexe

    Bassératou, il fallait la laisser marcher 12 kilomètres à pied jusqu’à Sarfalao ! C’est pas possible, quand on était jeune, il était difficile de rencontrer une Burkinabè prostituée, c’étaient des femmes des pays limitrophes, maintenant nos filles ont envahi le marché et j’accuse le régime déchu pour cette cataclysme sociale !!!!!!!

  • Le 28 novembre 2014 à 19:05, par bientôt les soldes En réponse à : Bobo-Dioulasso sous couvre-feu : Tension de trésorerie chez les travailleuses du sexe

    Ne vous inquiétez pas les filles bientôt avec la concurrence qui vient là je parle des maitresses et gos abandonnés par les gourous en fuite et qui ne savaient rien faire de leur 10doigts à part se faire entretenir là ça va être les soldes genre 10gos à 5F la 11e offerte...
    Les maitresses des gourous qui étaient logées à waga 2000 petit paris etc et qui avaient comme passe temps de dépenser l’argent mal acquis de leurs voleurs d’amants on verra comment certaines vont vivre sans travailler sachant que ces dernières habituées à vivre dans climatiseur avec domestiques etc...bientôt elles vont vendre leur RAV4 à 50 000F ici
    déja que certaines ont commencé à vendre leurs bijoux en or moins chers djaaaa nous autres là on va b.a.i.s.e.r jusqu’àààààààà être dégouté même ...les gos qui faisaient malin là avec leur air hautain on dirait elles ne chient pas là on sera se voir ici..vraiment Dieu est merveilleux Alléluiha Ameennnn

  • Le 28 novembre 2014 à 19:17, par phil En réponse à : Bobo-Dioulasso sous couvre-feu : Tension de trésorerie chez les travailleuses du sexe

    vous ferez mieux changer de travail car à l’age de la vieillesse, comment allez vous vous en sortir ?

  • Le 28 novembre 2014 à 20:01 En réponse à : Bobo-Dioulasso sous couvre-feu : Tension de trésorerie chez les travailleuses du sexe

    QUE DIEU NOUS FASSE GRACE. MES CHÈRES SŒURS QUITTEZ DANS CETTE PRATIQUE CAR ELLE VOUS DÉGRADE ET VOUS ALLEZ EN SOUFFRIR DES CONSÉQUENCES.

  • Le 28 novembre 2014 à 21:42, par Jeunedame seret En réponse à : Bobo-Dioulasso sous couvre-feu : Tension de trésorerie chez les travailleuses du sexe

    Ça c’est une histoire personnelle. Sûrement qu’un policier de couvre-feu a osé cet investissement de 20 000. Bonne chance de longueur aux bakary sans famille sans propriétaire.

  • Le 29 novembre 2014 à 02:38, par vérité no1 En réponse à : Bobo-Dioulasso sous couvre-feu : Tension de trésorerie chez les travailleuses du sexe

    Jeune dame secret, ce n’est pas un policier qui a remis les 20000, c’est un douanier qui avait peut être le code du couvre-feu pour sortir faire ses sales besognes. Walaye, ya pas ce policier qui va oser jetter 20000 en 20 minutes, tigui tay !!!!!!

  • Le 30 novembre 2014 à 15:45, par Sanogo Souleymane En réponse à : Bobo-Dioulasso sous couvre-feu : Tension de trésorerie chez les travailleuses du sexe

    La vie réserve des surprises, prions plutôt pour elles car je ne pense pas qu’elles en ont rêvé comme métier à l’enfance.

  • Le 30 novembre 2014 à 21:24, par kafando geometre En réponse à : Bobo-Dioulasso sous couvre-feu : Tension de trésorerie chez les travailleuses du sexe

    celui qui stop la prostitution nous on le stop aussi ca nous aide souvent hinnnnnnnnnnnnnnnnnnnn imagine 5000f contre l’argent de coifure ,du loyer maman veux poulet sans oublier papa a dit de l’emporte de la biere et tantie qui v eux payer de _mars ah bon qui est fou ?????????????moi je vous encourage jusqua ce que me marie lollllllllllllllllll

  • Le 1er décembre 2014 à 10:29, par gnine En réponse à : Bobo-Dioulasso sous couvre-feu : Tension de trésorerie chez les travailleuses du sexe

    voilà une question que le ministère de la promo de la femme et l’Action sociale... doivent mettre au goût du jour.

  • Le 3 décembre 2014 à 09:48, par Ambroise En réponse à : Bobo-Dioulasso sous couvre-feu : Tension de trésorerie chez les travailleuses du sexe

    mes soeurs pensez vs que Dieu existe et qu’il aura un dernier jugement après la morts et en plus du derniers jugement il ya des maladies que 25 000frs jour durant ta vie ne peut pas soigner en començant par ta dignité. Que Dieu augmente notre foi pour qu’on puisse vs approcher et vs faire convertir et qu’il change votre vie en une vie pure et sainte. J’ai la foi et je s’ai que rien n’ai impossible a Dieu. Que Dieu change vs coeur a jamais a NOM DE JESUS

  • Le 3 décembre 2014 à 09:51, par Ambroise En réponse à : Bobo-Dioulasso sous couvre-feu : Tension de trésorerie chez les travailleuses du sexe

    mes soeurs pensez vs que Dieu existe et qu’il aura un dernier jugement après la morts et en plus du derniers jugement il ya des maladies que 25 000frs jour durant ta vie ne peut pas soigner en començant par ta dignité. Que Dieu augmente notre foi pour qu’on puisse vs approcher et vs faire convertir et qu’il change votre vie en une vie pure et sainte. J’ai la foi et je s’ai que rien n’ai impossible a Dieu. Que Dieu change vs coeur a jamais a NOM DE JESUS

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