LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “La prudence et l’amour ne sont pas faits l’un pour l’autre : à mesure que l’amour croit, la prudence diminue. ” François de La Rochefoucauld

25 ans de droits de l’enfant : Le message de M. Marc Rubin, Représentant de l’UNICEF au Burkina Faso

Publié le jeudi 20 novembre 2014 à 17h48min

PARTAGER :                          
25 ans de droits de l’enfant : Le message de M. Marc Rubin, Représentant de l’UNICEF au Burkina Faso

Aujourd’hui, il y a 25 ans, le monde a pris un engagement solennel pour ses enfants : de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour protéger et promouvoir leurs droits ; pour créer un environnement où tous les enfants puissent survivre et s’épanouir, apprendre, et atteindre leur plein potentiel.

On peut se demander : la vie des enfants est-elle meilleure maintenant qu’il y a 25 ans ? La réponse est un résonant ‘oui’. Mais nous sommes toujours embarqués sur un long chemin.

C’est la raison pour laquelle, je salue le thème choisi par les autorités du Burkina Faso : les « violences faites aux enfants en milieu familial : prévenir, repérer et agir ».
Huit enfants sur dix désignent la famille comme étant le premier auteur de violences à leur encontre (Source : Etude par UNICEF Burkina et MASSN, 2008). Globalement, près d’une fille adolescente sur quatre a été marquée par une violence physique. (Source : End Violence Report, UNICEF, 2014.)

Ces constats nous interpellent au plus profond de nous-mêmes et nous poussent à continuer à nous battre afin que les enfants qui sont oubliés, maltraités, discriminés, qui n’ont pas le droit à s’exprimer, soient pris en compte, reçoivent notre considération et trouvent leur place dans la société, à commencer par leur propre famille et leur communauté.

Je saisis cette opportunité pour souligner quelques acquis majeurs à ce jour :
• Je note les avancées réelles et concrètes dans l’enregistrement des naissances, l’éducation des filles, la lutte contre les pires formes de travail des enfants, et la promotion de l’abandon de la pratique de l’excision et du mariage d’enfants.
• D’importants efforts ont été déployés pour adopter et diffuser des textes législatifs et réglementaires en faveur des droits des enfants au Burkina Faso.
• Des progrès importants ont aussi été faits dans l’amélioration de l’accès des plus pauvres aux services (exonérations, subventions) à travers la politique nationale de protection sociale.
• La mise en place des plateformes qui regroupent aussi bien des acteurs de la société civile que ceux des structures décentralisés ou déconcentrés de l’Etat. Grâce à ces actions, des cas de rapts sont résolus, par exemple, soit à l’amiable ou devant les juridictions compétentes.
• La mise en place des réseaux de protection de l’enfant au sein desquels des comités de vigilance ont été formées, puis d’énormes efforts consentis pour les rendre fonctionnels.

Aujourd’hui c’est une bonne occasion de nous rappeler et de reconnaître ces progrès. Et aussi pour souligner les défis et de faire des recommandations :
• De poursuivre le travail d’éveil des consciences et de promotion d’une tolérance zéro pour les violences faites aux enfants
• D’assurer une protection efficace contre toutes les formes de violence par le biais d’un système coordonné, cohérent, multisectoriel et techniquement fort
• De rendre pleinement fonctionnel le numéro vert pour signaler les cas de violences, d’abus et d’exploitation sur les enfants
• De fournir un meilleur appui à la réalisation des droits des enfants handicapés, des enfants vivant dans la rue, et des orphelins et enfants vulnérables
• D’assurer un meilleur fonctionnement et une plus grande visibilité des brigades régionales de protection de l’enfance
• D’améliorer le taux de scolarisation des enfants et le taux d’alphabétisation de leurs parents
Je souhaite aussi inviter tous les partenaires ici présents à se joindre en une union pour que cet anniversaire nous serve de catalyseur et soit marqué par notre engagement collectif afin de mieux collecter les données sur les violences faites aux enfants pour pouvoir faire avancer les débats et les réponses.

N’oublions pas aussi que le monde évolue rapidement. En 2050, il y en aura neuf milliards habitants dont 2,7 milliards de jeunes de moins de 18 ans. Près de 2 enfants sur 5 seront africains. (Source : Generation 2030/Africa Report, UNICEF 2014)
Il nous est important donc de trouver et de promouvoir des canaux d’expression pour permettre aux enfants et aux jeunes d’ajouter leur voix - de partager leurs points de vue et leurs idées pour un avenir meilleur. Des initiatives mises en œuvre avec la participation des enfants montrent que les enfants ont pleine conscience de leur situation, et qu’ils proposent des solutions pertinentes dont nous devons tenir compte.
Finalement, pour achever tout le travail en cours afin de créer un monde meilleur pour nos enfants, nous devons innover. L’innovation ne doit pas nécessairement être couteuse ou compliquée. Elle peut être l’inverse. Comme par exemple la distribution d’un message via des téléphones cellulaires pour rappeler la population burkinabé que chacun d’entre nous peut appeler le numéro vert pour signaler des cas de violences faites aux enfants. Un appel qui a été transmis cette semaine pour marquer la journée de la convention.

En conclusion, je voudrais souligner le rôle important que le Ministère de l’Action sociale et de la Solidarité Nationale joue comme leader et facilitateur dans la réalisation des droits des enfants. Dans cette perspective, nous continueront à apporter leurs appuis techniques et financiers pour la création d’un environnement qui assure la protection et la promotion des droits des enfants.

Nous appelons aussi tous les décideurs nationaux à placer le droit et le bien-être des enfants au centre de toutes les discussions en cours et à venir dans le cadre de la transition politique, guidés par la Convention Relative aux Droits de l’Enfant.
Permettez-moi de dire, pour terminer : réclamons la tolérance zéro pour les violences faites aux enfants. Car en investissant dans la création d’un environnement protecteur pour les enfants du Burkina Faso, nous construisons la prochaine génération de parents et de dirigeants qui, après avoir grandi eux-mêmes en bonne santé, bien éduqués et épanouis, seront mieux disposés et aptes à guider les générations à venir vers des futures de prospérité partagée et de paix.

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique