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Togo : Faure modifie ses modifications

Publié le mercredi 23 février 2005 à 06h37min

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Depuis la mort du dinosaure, le président Gnassingbé Eyadema le samedi 5 février dernier, le nouvel homme fort autoproclamé du Togo n’arrête pas d’étonner.

depuis que les bonzes de l’armée lui ont offert le pouvoir sur un plateau d’argent, il a pris goût à la chose. Pendant ce temps, le mal-aimé, successeur constitutionnel et président de l’Assemblée nationale, Fambaré Natchaba, végète au Bénin voisin. On se rappelle que c’est sans coup férir que le jeune Faure, 39 ans, alors ministre de l’Equipement, des Mines et..."des Richesses togolaises", naguère argentier officieux de son père, a violé les règles établies par la loi fondamentale en ses articles 65 et 144 et s’est fait voter président du Parlement pour légaliser constitutionnellement son coup d’Etat afin de succéder à son père.

Mais c’était trop facile. En tout cas, il n’en fallait pas plus pour braquer une opinion internationale et africaine, dès la nuit du 5 février, déjà outrée par ce qu’Alpha Konaré, le président de l’Union africaine a appelé "coup d’Etat militaire".

Depuis, les pressions se font de plus en plus intenses et l’étau ne cesse de se resserrer autour du locataire de Lomé II tant et si bien que dans son discours à la nation, prononcé le vendredi 18 février après deux semaines cauchemardesques, il a annoncé la tenue d’une élection présidentielle dans les 60 jours à venir comme le veut la Constitution, tout en réaffirmant sa volonté de rester aux commandes jusqu’à cette date.

Mais la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CDEAO) ne s’est pas laissée mener en bateau par ce semblant de reculade qui consiste à donner l’impression de lâcher du lest sans rien céder sur le fond.

Et dès l’annonce des intentions de Gnassingbé fils, le couperet est tombé : après le conseil permanent de la Francophonie, qui a, dès le 3 février, suspendu la participation des représentants du Togo et gelé une partie de la coopération avec ce royaume, la CEDEAO a, elle aussi, décidé de sanctionner ; ainsi, le samedi 19, l’Organisation que préside le Nigérien Mamadou Tandja, en guise de réponse aux mesurettes d’Ubu fils, a, à son tour, décidé de suspendre cette petite monarchie ouest-africaine, de rappeler ses ambassadeurs accrédités à Lomé et d’interdire aux dirigeants togolais de voyager dans l’espace communautaire.

Tout en précisant que ce ne sont là que les premières salves de tirs qui pourraient être plus nourris si le nouvel homme fait du Togo persistait dans la mauvaise voie qu’il a empruntée. L’UA y est également allée de ses sanctions. L’on se demandait alors comment agiraient les nouveaux maîtres du pays qui étaient dans une mauvaise posture. Et la réponse, on l’a eue le lundi 21.

Après deux semaines tourmentées, Faure a en effet convoqué de nouveau le Parlement pour annuler les modifications intervenues dans la constitution le 6 février dernier.

Les députés ont ainsi raccommodé les deux articles (65 et 144) qu’ils avaient tordus. Le premier stipule qu’"En cas de vacance de la présidence de la République par décès, démission ou empêchement définitif, la fonction présidentielle est exercée provisoirement par le président de l’Assemblée nationale".

La version modifiée de l’article prévoyait que le nouveau président achèverait le mandat de son prédécesseur (jusqu’en 2008). L’article 144 rétabli dit "qu’aucune procédure de révision ne peut être engagée ou poursuivie en période d’intérim, de vacance, ou lorsqu’il est porté atteinte à l’intégrité du territoire".

Les termes "en période d’intérim" avaient été supprimés pour permettre à Faure Gnassingbé de bidouiller "légalement" la Constitution. Bien installé au trône, maintenant il revient au texte initial. Un texte taillé sur mesure.

On a alors modifié les modifications ou si vous préférez, révisé les révisions constitutionnelles sans pour autant aller jusqu’au bout de la logique, car malgré ce retour à la case départ, le président autoproclamé ne semble pas prêt à cracher le morceau, qui lui reste pourtant en travers de la gorge depuis qu’il s’est piqué d’hériter du fauteuil de papa.

On peut raisonnablement comprendre cette attitude qui consiste à ne pas vouloir perdre totalement la face, mais ces va-et-vient constitutionnels et ces mesurettes ne vont pas résoudre la crise, étant donné que la communauté africaine et internationale semble décider à ne pas le lâcher. Il serait donc bien malin de revenir à de meilleurs sentiments, parce que comme disent les marchands ambulants de Ouaga quand un client se propose d’acheter leur marchandise à un prix qui ne fait pas leur affaire, "c’est bon, mais c’est pas arrivé".

Surtout que dans le même temps, Sylvanus Olympio, exilé depuis des années entre Accra et Paris pourrait être écarté de la course à la présidentielle puisque, pour être présidentiable, il faut avoir résidé sur le territoire national depuis au moins douze mois.

En tout cas, Faure a beau lâcher du lest, ce qu’il lui reste à faire après ces modifications de la constitution modifiée, c’est de céder la place à qui de droit et de se préparer au sein du Rassemblement du peuple togolais (RPT), parti de son défunt père, à briguer la magistrature suprême. Dans le cas contraire, il passera toutes les nuits à cauchemarder sur ce que la communauté internationale décrétera contre lui et son pays.

Encore donc un petit effort, "bébé Doc", et tout rentrera dans l’ordre.

Kader Traoré
L’Observateur

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Vos commentaires

  • Le 25 février 2005 à 15:18, par Yvons de PARIS En réponse à : > Togo : Faure modifie ses modifications

    Et bien parfois lorsqu’on se trouve au sol pres d’un cocotier cela parait facile de grimper au cocotier
    mais si on a le cul sale cela est vraiment désagréable pour les gens qui vous regardent grimper.
    Il est pris entre deux Feux d’un coté le monde entier demande sa démission et de l’autre les militaires
    risque de l’éliminer vu qu’il aurait abandonné les Généraux pour en découdrent avec le monde entier
    un mal pour un bien
    A ce moment le TOGO pourrai faire PEAU neuve et MUER en vu d’une DEMOCRATIE tant recherché par le
    peuple apres 38 ANS de souffrance

    Un manifestant Francais de PARIS

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