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Métier : Idrissa Kambi rêve de « conquérir » l’Afrique de l’ouest grâce au Fer forgé

Publié le jeudi 4 septembre 2014 à 16h34min

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Métier : Idrissa Kambi rêve de « conquérir »  l’Afrique de l’ouest grâce au  Fer forgé

Il a quitté les bancs à onze (11ans). Aujourd’hui âgé de 28 ans, l’homme encadre des brevetés et des bacheliers des écoles professionnelles de Bobo. « Amoureux fou » du fer forgé, Idrissa Kambi, puisque c’est de lui qu’il s’agit rêve grand : Conquérir l’Afrique de l’ouest grâce au métier du fer forgé.

Dans son atelier, on a du mal à le distinguer de ses employés. Au four et au moulin, le Maître du fer forgé (nom de son atelier) est marié et père d’une fille. Venu à la soudure d’abord par passion puis par obligation (abandon des cours par manque de moyens financiers), Idrissa kambi fait partie de ces jeunes Bobolais qui « charment » Ouagadougou.

Présentement sollicité de toute part, l’histoire de l’homme avec la soudure remonte à 1997. Alors en vacances, son père lui demanda ce qu’il aimerait faire quand il sera grand. Comme dans un rêve, l’enfant opte pour la soudure. Il n’en fallait pas plus pour que le père le conduise chez Adama Coulibaly, un soudeur de la place.
Toutefois, et à l’image de nombre de ses frères, la rentrée scolaire 1997-1998 va être mal vécue par Idrissa Kambi. En effet, pour des raisons de difficultés financières, le « vieux » va demander à ses enfants de poursuivre l’apprentissage dans des ateliers.
Le jeune Kambi fait bon cœur en acceptant d’arpenter le chemin de l’atelier de son patron. Apprenti soudeur, Idrissa affronte rapidement les difficultés de la vie. « Les difficultés pour un jeune apprenant ce sont les commissions. Pendant longtemps, le patron n’a fait que m’envoyer. Je passais toute ma journée à faire des commissions. Après, j’ai commencé à faire des petits travaux. Il m’a fallu attendre trois ans pour réellement commencer à apprendre. Avec le recul, je pense que le patron testait mon amour pour le travail », raconte-t-il non sans fierté.

Une fois à la tâche, le « petit apprenti » fait montre d’un amour sans faille pour son travail. Toujours présent à l’atelier, le jeune soudeur séduit son patron. De plus en plus, il fait office de bras droit. Comme son père, son premier patron l’oriente chez un autre soudeur en 2005. Pour une nouvelle aventure.
Idrissa à la découverte du Fer forgé

C’est avec Bonaventure APF qu’Idrissa Kambi va découvrir le fer forgé. En plus de la soudure classique, le métier du fer forgé exige des qualités de designer ; ce qui est loin d’inquiéter notre soudeur ! Dans cette nouvelle école de formation, Idrissa Kambi va se montrer, une fois de plus, intraitable.

Son génie créateur le pousse sur le moteur de recherche « Google ». Et c’est grâce à Google que ce soudeur moderne va supplanter ses camardes : « Tous les dimanches, je partais au cyber. Sur google, je visionnais les modèles de meubles, de salons, de balcons, de portails, de charpentes…, en fer forgé. Une fois dans l’atelier j’essayais de reproduire ces modèles. C’est ainsi que je suis devenu le spécialiste en fer forgé de notre atelier »

« Je suis mon propre boss »

Comme en 2005, notre soudeur quitte son patron en 2009. Sauf que cette fois-ci, il va devoir s’installer à son propre compte. Avec en tout et pour tout, une meule, une poche, un étau comme matériel de travail. Il démarre l’aventure en fabriquant une étagère en fer forgé. Le pari est gagnant. Car un fonctionnaire va s’adjuger le précieux objet à 75.000 F CFA.

Des amis de ce fonctionnaire approchent le « nouveau patron » pour des commandes. Rapidement, Idrissa Kambi fait appel à son tour à des apprentis : « le temps de me rendre compte, j’étais devenu un patron. C’est en 2010 que j’ai réalisé que j’avais fait un grand pas dans ma vie. J’étais débordé de travail. Dans la mesure où j’étais beaucoup sollicité à Bobo 2010 (cité des forces vives construite à l’occasion des festivités du cinquantenaire de l’indépendance du Burkina) ».

A entendre Idrissa parler, on peut dire que 2010 a été, comme le dit l’artiste musicien ivoirien JC Pluriel « l’année de son année ». Car, juste après les festivités du cinquantenaire, des opérateurs économiques, des personnalités de l’Etat burkinabè le sollicitent sur des chantiers à Ouagadougou.

« Le métier n’est pas fait uniquement pour les ghanéens »

Ayant sous sa coupe une vingtaine d’employés en 2014, Idrissa Kambi dit continuer son apprentissage. Sollicité malgré lui par des centres de formation professionnelle, l’homme dit être obligé de refuser des centaines de demandes de stage ou d’apprentissages : « Que ce soit dans ma famille, dans mon quartier ou à l’atelier, je reçois chaque fois des demandes de stage ou d’apprentissage. Cela me réjouit même si je ne peux pas satisfaire tout le monde. Ce qui me plait aujourd’hui, c’est que les Burkinabè sont en train de changer de regard. Moi j’ai arrêté l’école au CE1 mais je forme aujourd’hui des bacheliers », dit-il.

Comme un défi à lui-même, Idrissa Kambi pense que le métier n’est pas l’apanage des seuls Ghanéens qui sont connus au Burkina pour leurs ingéniosités. « Beaucoup de gens croyaient que j’étais un Ghanéen. A défaut de ça, les gens disent que nos meubles ont été importés de l’extérieur. Mais ce que je veux dire aux gens c’est que nous pouvons faire mieux que les autres. Mon rêve aujourd’hui est d’ouvrir un centre de formation à Bobo-Dioulasso pour permettre aux jeunes Burkinabè de conquérir un jour toute l’Afrique de l’ouest grâce au métier du fer forgé ».

Ousséni BANCE
Lefaso.net

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