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Lu ailleurs : Cybercriminalité - Près de 3 milliards pompés dans trois banques en Côte d’Ivoire

Publié le mardi 15 janvier 2013 à 22h59min

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 Lu ailleurs : Cybercriminalité - Près de 3 milliards pompés dans trois banques en Côte d’Ivoire

Bien malin qui peut déterminer les intentions des uns et des autres. Entre 2 et 3 milliards de francs Cfa ont été pompés des caisses de trois banques de Côte d’Ivoire par des cybercriminels, dans le courant du milieu de l’année qui vient de s’écouler. Les bandits ont été arrêtés et écroués à la maison d’arrêt d’Abidjan. (Maca). Ils y croupissent en attendant leur jugement.

L’information est crédible parce qu’elle a pour source, l’un des principaux maillons du dispositif de lutte mis en place par l’Etat contre le phénomène de la Cybercriminalité. Il s’agit de la Direction de l’informatique et des traces technologiques (Ditt) logée à la tour Postel 2001, au Plateau. Son premier responsable, Stéphane Konan, qui révèle l’information, ne veut pas donner tous les détails de l’affaire, pour ne pas gêner la procédure judiciaire. Mais tout le monde aura compris que le phénomène de la cybercriminalité est en train d’atteindre des proportions monstrueuses qui menacent maintenant l’économie nationale. Ceux qui, dans le français ivoirien, sont appelés « brouteurs » (Cyber-escrocs) ont pris véritablement des galons qui font peur.

Face à eux, l’Etat qui s’est laissé distancer à des longueurs d’avance non négligeables est en train de s’armer. Il s’agit de faire en sorte que ceux qui posent des actes délictueux sur internet sachent qu’ils peuvent se faire prendre et aller en prison.

La réponse actuelle est la Plate-forme de lutte contre la criminalité (Plcc) mise en place à l’instigation du ministère des Tic. L’outil repose sur le partenariat entre l’Atci, la police nationale et le parquet. Il pourrait bientôt être étendu à la douane et la gendarmerie pour que toutes les ressources humaines disponibles soient mises à contribution pour lutter contre ce fléau, annonce le patron de la Ditt.

Fonctionnelle depuis 2011, la plate-forme peut être saisie par toute victime. Elle reçoit d’ailleurs 70 à 80 plaintes par semaine. En août, ce sont 570 plaintes qui ont été enregistrées. Les victimes font leurs requêtes par mail, fax, téléphone ou se présentent dans les locaux de la Ditt. En 2012 des saisines ont été faites par deux personnes venues de la France. Stéphane Konan explique que ces deux plaignants étaient vraiment désespérés parce qu’elles ont tout perdu. Elles ont effectué le déplacement dans l’espoir de trouver réparation et que les coupables soient traduits devant la Justice. L’une de ces personnes, une dame, a été escroquée de 65 mille euros.

Comme quoi, la volonté y est. Mais, il faut nécessairement compléter le dispositif par la loi. Pour que la lutte soit vraiment gagnante. Le ministre de la Poste et des Tic, Bruno Nabagné Koné annonce qu’elle est en gestation et qu’elle n’est pas loin. « Pour l’heure, quand un cybercriminel est arrêté, il est difficile de pouvoir qualifier la faute. La violation d’une boîte mail, les arnaques à la vidéo et autres sont difficiles à qualifier (...) », déplore le directeur de l’informatique et des traces technologiques.

Vu l’ampleur de la situation, ils sont nombreux les Ivoiriens qui pensent que le combat est perdu d’avance. C’est la position de deux jeunes hommes, la trentaine, installés depuis quatre heures, derrière deux écrans d’ordinateur, ce mercredi 19 décembre 2012, à 14h30, dans un cybercafé à Yopougon-Niangon Cité Eeci. D’abord, ils veulent tout de suite qu’on ne les prenne pas pour des brouteurs, parce qu’ils ne sont pas là pour ça. « Nous sommes venus faire des recherches. C’est tout », lance celui qui paraît moins occupé sur son clavier. Sur la lutte contre l’escroquerie sur le net, il n’y croit pas du tout. « Comment comptent-ils s’y prendre ? », interroge, le jeune homme qui jusque-là avait les yeux figés sur son ordinateur. Il se prénomme Landry. Son copain, Sylvain acquiesce ses propos par un hochement des épaules. Et il ajoute : « ils ne réussiront pas à convaincre ces millions de jeunes d’abandonner aussi facilement l’argent facile ».

Comme ces deux personnes, un gérant de cybercafé, toujours à Niangon, mais derrière la cité EECI, qui sait de quoi il parle, pense que la tâche s’annonce effectivement difficile. Mais il pense que les autorités gagneraient plus à faire des descentes fréquentes dans les cybercafés. Les agents prendront des cybercriminels en flagrant délit. Pour ce dernier, l’option de demander à ce qu’on enregistre tous les clients dans les cybercafés n’est pas réaliste.

Les autorités reconnaissent aussi que la lutte sera âpre, mais les résultats suivront. Et puis ce n’est pas un problème typiquement ivoirien. Il est mondial, rappelle Stéphane Konan. En 2011, dit-il, il y a eu 100 milliards de dollars de pertes dans le monde, du fait de la cybercriminalité. Quand, en Côte d’Ivoire, le préjudice subi a été de 40 millions de dollars. Soit 0,4% des pertes mondiales. Le technicien sait que son pays, tout comme les autres tels que les Etats-Unis et autres ne pourront pas mettre fin définitivement au fléau. Parce que, explique-t-il, la technologie avance toujours. Et les cybercriminels prennent toujours de l’avance. Le phénomène est en croissance partout dans le monde. Aux Etats-Unis, en France, En Grande Bretagne, au Japon... les attaques sont en forte croissance. Et personne n’a encore trouvé la réponse, note le chef de la Ditt.

Qu’à cela ne tienne, la Côte d’Ivoire a engagé le combat. Si le nombre d’arrestations de bandits reste encore faible par rapport au nombre de méfaits, le dispositif mis en place permet de suivre les mouvements. « Il y a une vision claire de tout ce qui se passe », se réjouit le directeur de l’informatique et des traces technologiques. Du fournisseur d’accès internet, en passant par l’opérateur de téléphonie mobile jusqu’à l’établissement de paiement, le dispositif permet d’observer tout ce qui se passe à ces différents maillons.

Cette bonne collaboration est appréciée par le conseiller technique du directeur général de l’Atci, Djékou Abraham. Le régulateur, faut-il le rappeler, prend une part très significative aux efforts de lutte à travers sa structure Cote d’Ivoire computer emergency respons team (Ci-Cert) et ses activités au sein de la plate-forme.

Fort des efforts accomplis, M. Djékou estime que la Côte d’Ivoire n’est plus le paradis des cybercriminels, notamment, les cyber-escrocs, comme c’était le cas jusqu’en 2008. « Ils savent désormais qu’ils peuvent aller en prison parce qu’ils sont traqués par la plate-forme qui a été mise en place », dit-il. Il en veut pour preuve les 150 personnes qui ont été déférées à la maison d’arrêt et de correction d’Abidjan depuis 2008.

Le bras armé de l’Atci, c’est-à-dire, le Ci-Cert, ne s’arrête pas au phénomène du broutage. Il travaille sur la protection des réseaux et des infrastructures critiques contre les attaques des hackers. Cette préoccupation est essentielle, selon le conseiller technique du directeur général de l’Atci. Dans la mesure où elle concerne des secteurs tels que les réseaux de téléphone, les banques, les réseaux électriques, etc. Il s’agit pour le Ci-cert, explique-t-il, de veiller à ce que lorsqu’il y a une attaque, on puisse le savoir très tôt pour que les mesures idoines soient prises.

Une autre préoccupation qui tient à coeur à l’Atci, c’est la mise en place d’un schéma d’intervention clair pour des actions coordonnées au cas où un site stratégique est attaqué.Et puis, il y a la formation qui intéresse le Ci-cert. Il en a fait en grand nombre, révèle le responsable de l’Atci.

Lu sur Fraternité Matin

Fasozine

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