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Présidentielle sénégalaise : Une campagne sous influence maraboutique

Publié le mardi 14 février 2012 à 02h03min

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L’article 1er de la Constitution du Sénégal stipule que la République du Sénégal est un Etat laïc. Cela n’empêche pas les 4 principales confréries musulmanes (le Qadiriyya, la Tidianiyya, la confrérie des mourides et celle des Layènes) d’influencer la donne politique par des consignes de vote (Digguel en wolof) en faveur des candidats. La campagne pour l’élection présidentielle du 26 février prochain relance les interrogations des Dakarois sur cette pratique.

Avant tout meeting et rassemblement, tous les candidats à l’élection présidentielle au Sénégal sacrifient à un rendez-vous incontournable ? : la visite de courtoisie au kalifh, cheick ou au guide spirituel de la localité visitée. Ils espèrent ainsi obtenir une consigne de vote du dignitaire religieux à ses fidèles. Les Sénégalais sont divisés sur cette pratique qui ne date pas d’hier. L’administration coloniale, puis les présidents qui se sont succédé à la tête du pays à l’indépendance, se sont appuyés sur les confréries, leurs principaux relais pour atteindre les populations à la base. La confrérie est, en effet, une communauté de fidèles réunis autour d’un chef religieux charismatique avec des rapports de dépendance et même de soumission entre le maître (kalifh général, khalife, cheick, marabout…) et le disciple (talibé).

L’organisation confrérique a d’abord servi comme moyen de résistance à la pénétration coloniale d’où son entrée dans la sphère politique. C’est par exemple un des marabouts de la confrérie Tidianiyya, cheick Amadou Bamba qui a mené une guérilla contre le colon. Mais cela donne-t-il le droit aux marabouts de s’ingérer dans le choix du président de la République du Sénégal ? ? Même s’ils défendent le droit des chefs religieux d’avoir une opinion dans la conduite des affaires de leur pays, les Dakarois déplorent l’influence du religieux dans un Etat démocratique. Etudiant en mathématiques et gestion informatique à l’Université de Dakar, Moussa Thiombane est foncièrement contre les consignes de vote données par les marabouts. « Il y en a qui suivent ces consignes de vote. Par exemple, moi je ne suis membre d’aucune confrérie. Je crois en Dieu et à son Prophète. Avec mon BAC + 5 je suis capable de réfléchir, de dire que telle où telle personne n’est apte pour être président ? », a tranché M. Thiombane.

Selon lui, les marabouts, qui donnent les consignes n’oseront jamais prendre leur micro pour fustiger les politiques, ne jouent pas leurs rôles comme cela devait être le cas. Dans la même veine, Oumar Bayoba croit savoir que les chefs religieux ont une mission, celle de conduire leurs fidèles sur le chemin qui mène au spirituel, c’est- à- dire à Dieu. Aux yeux de ce Dakarois, le fait de se mêler au temporel d’ici-bas en donnant des consignes à leurs fidèles est source de « désordres ». « Un marabout peut avoir un talibé qui est membre du bureau politique de l’AFP (Alliance des forces du progrès) ou du PS (Parti socialiste). Et si vous lui donnez une consigne de vote pour un candidat du PDS (Parti démocratique sénégalais), Cela crée une contrainte à l’égard de ce talibé-là. Alors que le vote doit être libre et transparent », s’est-il expliqué. Diplomé en Droit public, Mamadou Ba, est un peu plus nuancé sur la question.

Il soutient que les guides religieux, dans le système démocratique du Sénégal, « ont leur mot à dire » mais juge « exagéré » que ceux-ci aillent jusqu’à donner des consignes de vote. « Ces consignes sont décisives à bien des égards car les marabouts ont une certaine autorité sur leurs disciples qui voient le chef religieux comme un guide infaillible qui fera toujours le bon choix. J’ai un marabout, je lui obéis dans certaines circonstances, mais pas dans la vie politique », avoue toutefois le juriste. D’un point de vue juridique, un autre Dakarois, Mohamed Lamine Ly, pense que la pratique du Ndiguel heurte l’Etat de droit et les valeurs de la république car le vote est secret et personnel. Il a son explication de la chose : « L’intérêt des consignes est surtout financier car nous savons au Sénégal que le président donne des mallettes d’argent aux chefs religieux ».

Les chefs religieux, eux-mêmes, semblent avoir pris la mesure des dangers que représentent lesdites consignes pour la cohésion de leurs fidèles. Le kalifh général de la confrérie Mouride, Sérigne cheick Mati Leye, a décide de ne pas se prononcer pour l’élection présidentielle. La ville sainte de Touba, sa ville de résidence, ne tolère aucune activité autre que spirituelle. Les hommes politiques peuvent néanmoins s’y rendre, mais seulement pour se recueillir. Quant aux meetings politiques, ils sont tenus loin de Touba, dans la ville de Mbacké, un autre fief du Mouridisme.

Mahamadi TIEGNA à Dakar en collaboration avec Mamadou Barro,
journaliste sénégalais

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 14 février 2012 à 03:59 En réponse à : Présidentielle sénégalaise : Une campagne sous influence maraboutique

    dans une moindre mesure,c’est ce que nous subissons aussi avec nos chefs coutumiers lors des différentes élections. pour moi,les marabouts au senegal tout comme nos chefs coutumiers sont les cancers de la démocratie pcq aucun pays ne peut se developper avec des gens qui sont retrogrades et qui outrepassent leur role,en plus ils sont corrompus. pire,maintenant on veut constitutionnaliser la chefferie traditionnelle,ce qui est anti constitutionnel pcq le burkina est un pays laic et en plus ces bonnets rouges vont maintenant se croire tout permis,déjà qu’ils se permettaient tout. il est temps de marginaliser ces individus qui n’apportent rien a notre société et thom sank l’avait bien compris

  • Le 14 février 2012 à 13:34 En réponse à : Présidentielle sénégalaise : Une campagne sous influence maraboutique

    je vous dirai qu a une echeance passe un soit disant chef d un village disait je cite si toute fois il arrivait que quelqu un venait a voter autre parti que le CDP et qu il buvait l eau de ce village s il ne mourrait pas ce n est pas moi. ainsi tous les fils venus d ailleur sont vite reparti de peur de ne pas defier le chef.

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