Alors qu’on n’a pas fini de débriefer la déculottée des Lions de la Teranga à la CAN 2012, que ça chauffe grave à Ndakarou. Avec un gban-gban préélectoral qui a déjà fait deux morts. Donc les footeux du Sénégal ne perdent rien pour attendre. A commencer par Amara, le coach intrépide, qui n’a pas réussi à gagner le moindre petit match dans le tournoi qualificatif pour les quarts de finale. Sa tête est déjà mise à démission par les footmakers, qui ne sont pas non plus tendres envers des joueurs qui se voyaient déjà en finale. Houlà, comme ce fut dur ! Tout comme les Etalons, les Lions de la Téranga sont rentrés chez eux la queue entre les pattes. Le match continue dans les vestiaires, les colonnes des journaux et gargotes de Ndakarou. Tout comme commence le match présidentiel, pour lequel tout le monde est fâché. Le gban-gban qui a suivi le coup de sifflet du Conseil constitutionnel sur la validité des licences de jeu a fait deux morts, mais on s’en fout !

Ainsi, à quelques jours de l’élection présidentielle du 26 février prochain, Youssou-le-mbalakh-man, l’enfant terrible de la Médina, est fâché jusqu’à, c’est versé waaa ! Le Conseil constitutionnel a osé lui dénier le droit d’aller à la rencontre des électeurs. Sa candidature, portée par de milliers de fans, est stoppée net par l’instance suprême de validation des candidatures, pour déficit de signatures identifiables. Dommage, on a raté une occasion en or de voir la méga-star planétaire en découdre avec Gorgui dans une campagne très rythmée. Promis, juré, Ndour prendra sa revanche dans cinq ans. Sans Wade et compagnie. Mais ce n’est pas Youssou seul qui est fâché dans l’histoire. Un à un, à la queue-leu-leu et en file indienne, tous les qu’est-ce qu’il y a de la scène politique sénégalaise sont carrément en rogne contre le Gorgui. Tout le monde dit que son bail au Palais Roume est fini. Et qu’il faut changer le changement (Sopi), sans que Papa Wade se cale cadeau sur la ligne de départ pour un troisième mandat. Même ses anciens copains, hier adulés comme miel, avant d’être parfois lâchement écartés du pouvoir comme fiel, sont dans la danse. Et crient sur tous les stades que le match est terminé, les arrêts de jeu aussi ; et qu’il ne doit pas y avoir de prolongation. Imperturbable, Wade est déjà échauffé et attend ses adversaires d’urnes fermes.

D’ailleurs, lui-même est fâché. Hé, Gorgui est fâché, dè ! Et tient à montrer à tous qu’il pète la forme malgré de fréquentes extinctions de voix. On crie wo, on brûle wo, on casse wo... il reste là, pian ! Le Conseil constitutionnel a du reste tranché en sa faveur et lui a délivré vite fait sa licence pour entrer à nouveau sur le terrain. Alors, on dit quoi ? Rien de tel que les bisbilles constitutionnelles et les passe-passe de la rétroactivité pour changer les règles et le cours du jeu politique. Youssou sifflé hors-jeu, Gorgui-le-bientôt-centenaire qui refuse de déclarer forfait, et voilà le Sénégal au bord de l’implosion sociopolitique. Décidément, au « pays de la Téranga », où on ne sait plus sur quel rythme danser le ventilateur, le tchiep diene politique est mélangé-fâché.

Journal du Jeudi