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PRIMAIRES AU PS : Le charme de la démocratie partisane

Publié le mardi 18 octobre 2011 à 02h31min

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Le second tour des primaires au sein du Parti socialiste français a eu lieu le dimanche 16 octobre dernier. François Hollande qui, dès le premier tour, venait en tête avec près de 39% des voix, en est sorti vainqueur avec 57% des voix. C’est donc finalement lui qui portera haut les couleurs des socialistes dans la course actuelle vers l’Elysée. Les dés sont enfin jetés, peut-on dire. Puisque, à gauche comme à droite et peut-être aussi au centre, on connaît désormais les noms des candidats qui s’affronteront dans les urnes dans la perspective bien entendu de la présidentielle en Hexagone. Pour l’heure, chaque candidat affûte ses armes, convaincu qu’il pourra le mieux s’attirer la confiance du peuple au soir du 6 mai 2012.

Au fait, pour revenir au cas spécifique des primaires socialistes qui font actuellement la Une des médias occidentaux, il faut relever que François Hollande doit d’abord et avant tout sa victoire à ses scores records dans son fief de Corrèze : 93% des voix exprimées s’il vous plaît. Que ceux qui soutiennent que nul n’est prophète chez soi prennent désormais du recul pour se rendre à l’évidence que l’on ne peut guère se faire une promotion en politique si, pour une raison ou pour une autre, on est en rupture de ban avec les siens.

De toutes les façons, ceux qui en pensaient autrement, en ont toujours pris pour leur grade, puisqu’ils ont été battus à plate couture pour ne pas dire humiliés par leurs rivaux dans leur propre "fazenda". En fait, ce qui fait le charme des primaires socialistes est la maturité et la grandeur d’esprit des hommes et femmes de ce regroupement politique historique qui a fait ses preuves dans la conquête du pouvoir en France. Puisque, en revisitant l’histoire, on se rend compte que tour à tour, la gauche et la droite se sont succédé au trône. Aussi, sitôt après sa défaite, Martine Aubry a salué la victoire de François Hollande, et a, motus propio, appelé à l’union des militants du parti.

"François Hollande est ce soir notre candidat. Les primaires l’ont rendu plus légitime et plus fort encore. L’heure est maintenant au rassemblement. Tous ceux qui nous ont fait confiance sont déjà au service de la victoire et de notre candidat. Je mettrai toute mon énergie et toutes mes forces pour qu’il soit, dans sept mois, notre président", a-t-elle déclaré dans son discours, à l’issue de la publication des résultats. Comment ne pas en être fasciné, si l’on sait que, vu d’Afrique, pareil repositionnement parait pour le moins inimaginable. D’autant que quelques semaines avant, la même Martine Aubry, dans ses diatribes contre François Hollande, l’accusait vertement d’être l’incarnation de la "gauche molle".

C’eût été en Afrique où les primaires demeurent encore une vue de l’esprit, que pareilles consultations partisanes auraient contribué à renforcer les rancoeurs et exacerber l’adversité pour in fine occasionner la dislocation du parti avec en prime des règlements de comptes. Pauvre Afrique ! Pourtant, les dirigeants du continent n’ont de cesse de se réclamer des démocrates bon teint, aidés dans leur vision autocratique par des thuriféraires qui, en réalité, n’ont d’autres soucis que de protéger leur tirelire. S’il est vrai, comme le clament certains, que l’alternance n’est pas un attribut de la démocratie, mais plutôt une conséquence de l’application du principe de la démocratie, l’institutionnalisation des primaires au sein de chaque mouvement politique devrait à ce jour, constituer un préréquis pour tous ces régimes dictatoriaux qui se prennent pour des fleurons démocratiques. Et c’est sans doute ceci qui explique cela.

Contrairement à l’Afrique où l’on n’a que du cheptel électoral, en France par exemple, les hommes politiques sont conscients que dans leur conquête du pouvoir, il y a deux entités importantes dont il faut prendre en compte les aspirations. Il s’agit des militants du parti et des électeurs. Les premiers, considérés comme des censeurs au sein de chaque parti, sont ceux-là qui, pleins de conviction, sont prêts à tout pour faire entendre leur voix. Pour preuve, chaque militant du parti socialiste a déboursé un euro environ pour pouvoir voter le candidat de son choix lors du premier tour des primaires. La seconde entité qu’on nomme électeurs, regroupe ceux qui, éprouvant de la sympathie pour un parti donné ou par simple devoir de citoyen, acceptent de mettre dans l’urne leurs voix pour permettre de départager les différents candidats en lice.

Mais en Afrique, les dirigeants n’en ont cure et en font à leur tête, convaincus qu’ils seront réélus même si c’est au prix de maintes supercheries. Et c’est malheureusement ces comportements qui desservent le continent, et qui font que, après vingt ans d’application de la démocratie, il demeure à la traîne.

"Le Pays"

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Vos commentaires

  • Le 18 octobre 2011 à 06:28 En réponse à : PRIMAIRES AU PS : Le charme de la démocratie partisane

    Excellent article.Par contre si Hollande a fait 93% dans son fief la Corrèze,le nombre de votants était de 24 642,ce qui est une goutte d’eau par rapport aux quelques 2 700 000 de votants.Donc sa victoire à 57% est légitime.En tout cas ce fut un bel exercice de démocratie mais nous pouvons rêver de voir de telle pratique transparente au Burkina de si tôt,déjà que nous ne sommes même capables d’organiser de bonnes élections fiables.Alors imaginez la cacophonie si l’opposition avec sa centaine de partis devait se choisir son champion pour les présidentielles.Infaisable,nous continuerons à cultiver la médiocrité puisque nous avons presque cette tare dans nos gènes

  • Le 18 octobre 2011 à 10:37, par Brazon En réponse à : PRIMAIRES AU PS : Le charme de la démocratie partisane

    Plusieurs choses sont à noter. D’abord, M. Aubry a "fait" beaucoup moins que 93% dans son fief du Nord, ce qui peut se traduire par une véritable dynamique en faveur de F. Hollande.
    Ensuite, des propos acerbes, des "piques assassines" sont monnaies courantes dans un débat de cet enjeu ; l’essentiel étant (et restant) de savoir travailler ensemble par la suite.
    J’ai lu des commentaires peu bienveillants dans ce journal concernant ces primaires (inédites rappellons-le ! ) : Il est vrai qu’avec 163 (à ce jour !) formations politiques, le pays semble avoir une toute autre vision de la politique, de l’efficacité et de la démocratie participative. Que 2,8 millions de personnes se déplacent pour s’exprimer sur le choix d’un candidat est un très bon signe. La liberté d’opinion en ressort confortée ; cela peut paraître incongru dans certains pays d’Afrique. Brazon.

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