LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Mouammar Kadhafi : Wanted mort ou vif !

Publié le jeudi 25 août 2011 à 02h12min

PARTAGER :                          

Non, on ne rêve pas ! Mouammar Kadhafi himself est recherché dans son propre pays : une cagnotte de 1,7 million de dollars (excusez du peu !) à laquelle s’ajoute une offre d’amnistie (en cas de besoin), voilà ce qui attend l’heureux élu qui ramènera Kadhafi ; mort ou vif, cela n’aura pas d’importance ; peu importe la carafe, pourvu qu’on ait l’ivresse, disaient les anciens ; le CNT lui non plus n’en a cure que le Guide qu’on lui ramène se présente droit dans ses bottes ou les pieds en avant ; pourvu seulement qu’on le lui ramène ; pourvu seulement qu’il mette la main sur Kadhafi ou ce qui en reste.

On l’aura compris, bien que les insurgés se soient quasiment rendus maîtres de Tripoli, bien qu’ils aient pris la forteresse de Bab Al Azizya, ce bunker symbole de l’ère Kadhafi, le CNT tient absolument à retrouver l’homme lui-même ; et il a sans doute raison : il ne sera pas question de croire que l’organe de transition maîtrise Tripoli, qu’il gouverne la Libye, tant qu’il n’aura pas retrouvé cet homme qui, 42 longues années durant, aura gouverné ce pays d’une main de maître au point qu’il avait même fini par faire croire à certains qu’il était inamovible et que le futur de ce pays ne pouvait pas se dessiner sans lui.

C’est bien la raison pour laquelle les insurgés sont, en ce moment, sur les dents ; car de Kadahfi, point de nouvelle ; nulle trace. Il semble avoir disparu, il donne l’impression de s’être volatilisé ; et pourtant son ombre plane partout ; à commencer par cette victoire apparente que les rebelles savent cependant incomplète et fallacieuse tant qu’ils n’auront pas alpagué le Guide et ce qu’il représente dans leur nasse.

Et pendant que les insurgés le recherchent, Kadhafi les nargue. On ne le voit pas, certes, mais on l’entend. Il y a juste quelques heures, il déclarait sur une chaîne de radio du Moyen-Orient qu’il s’était promené « incognito » dans Tripoli et qu’il n’avait pas eu le sentiment que la capitale était en danger. Dans un autre message radio, le Guide appelait les Libyens à « passer Tripoli au peigne » fin pour rechercher et exterminer ces insurgés qu’il a, dès le départ, pris pour des rats, mais qui, au final, auront réussi la prouesse de mettre en fuite le lion que lui était !

Autant dire que la bataille de Tripoli, commencée depuis quelques jours, n’est pas près de s’achever ; car, tant que Kadhafi et ses rejetons seront dans le vent, les insurgés se diront qu’ils n’ont qu’une victoire inachevée. Et alors la traque continuera. Jusqu’à quand, on ne le sait trop, puisque Kadhafi a réussi la gageure de s’évaporer, de se transformer en ombre, mais en ombre qui parle.

Ne se trouvant pas dans sa fortification de Bab Al Aziziyah, se peut-il qu’il se terre quelque part à Syrte, sa ville natale, toujours défendue par le dernier carré de ses fidèles ? A-t-il réussi à prendre la clé des champs pour se retrouver dans quelque pays hospitalier ou se terrerait-il dans quelque trou champêtre dans l’attente qu’un beau jour on lui mette la main dessus ? On devrait finir par le savoir, tôt ou tard.

Mais une chose est dès à présent sûre : Kadhafi, c’est fini ; le Guide ne montrera plus la voie à personne en Libye ; c’est une longue ère de 42 ans qui s’achève bien pitoyablement. Mais l’homme manquera quelque part au décor : on n’entendra plus ses longues diatribes enflammées assénées du haut de la tribune des Nations unies ; on ne le verra plus se pavaner et faire le paon au milieu d’un aréopage de chefaillons africains nourris par ses propres soins et, partant, prêts à chanter à temps et à contretemps ses hauts faits ainsi que son panégyrique, volontairement surfait ; on ne le verra plus dresser sa tente à quelques encablures du palais de l’Elysée ; il n’aura plus l’occasion de chercher à se faire forger un second mandat à la tête de l’Union africaine alors même que plus d’un de ses pairs africains en avait eu assez du mandat qui lui avait été accordé, et dont il avait fait, à la vérité, un lamentable tissu de gaffes, de gags et de dégâts.

Kadhafi tombe pour avoir péché par excès d’orgueil ; l’homme se savait immensément riche ; par ses largesses calculées, il avait réussi la prouesse de se créer une foule d’obligés ; mais plus, il s’était suscité une plus grande masse d’ennemis qui, sans doute, attendaient le moment opportun pour lui faire rendre gorge ; l’occasion était trop belle lorsque le Guide a eu la malencontreuse idée de chercher à faire couler « des rivières de sang » dans les sables du désert, au moment même où des Libyens opprimés se mettaient à réclamer plus de liberté, moins d’autoritarisme et plus de dignité.

Il se peut que Kadhafi tombe d’un moment à l’autre ; tout comme il est possible que passent des jours, des semaines sans que ses ennemis ne parviennent à lui mettre le grappin dessus ; une chose est certaine cependant, la Libye est en passe de tourner une page d’importance de son histoire ; et le CNT, qui a mû la roue de l’Histoire, a l’impérieuse obligation de réussir une mission bien délicate : éviter qu’un jour on lui fasse grief de ce qu’aujourd’hui lui-même reproche au Guide, et pour lequel il a été jusqu’à mettre sa tête à prix ; car alors il n’aurait pas été meilleur qu’un Kadhafi qu’à ce jour, il s’échine à écarter.

Jean Claude Kongo

L’Observateur Paalga

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 25 août 2011 à 04:21 En réponse à : Mouammar Kadhafi : Wanted mort ou vif !

    Prenez ce jeune journaliste au serieux. Il a de la graine. Le fond est excellent. La forme est exquise. Merci Mr. Kongo et continue comme ca. L’ avenir t’ attend. Les lecteurs ne veulent que du bon travail.

    LOP

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique