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Le Jeûne du ramadan : Chacun répondra de ses spéculations

Publié le jeudi 25 août 2011 à 02h19min

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Le mois béni de Ramadan tire inexorablement à sa fin. Il était de coutume chez le prophète Mohammed (paix et salut sur lui) et ses compagnons de regretter, même jusqu’à six mois après, que ce mois soit passé au regard de ses innombrables bienfaits spirituels. A la faveur de ce mois béni de Ramadan, l’opportunité nous est donnée de souhaiter à tous, paix et sérénité. Que ce mois glorieux dont on est en train de tourner la page, soit un mois d’introspection et d’interrogations sur la qualité de notre relation directe avec le Créateur, qui nous a distingués en nous permettant de nous adresser directement à lui, sans intermédiaire ! Nous formulons le vœu que ce mois nous soit le plus profitable, en épargnant nos âmes de la sanction ultime.

Le mois de Ramadan serait considéré à travers un prisme très réducteur, si nous ne le considérions que comme un mois de privation et nous arrêtions aux abstinences qu’il comporte. La privation n’est qu’une étape dans le processus d’éducation par le jeûne. Elle nous indique d’une part la valeur de ce dont nous avons besoin comme aliments et nous inculque la nécessité d’aider ceux qui vivent des jeûnes de nécessité. D’autre part cette privation nous débarrasse du superflu au profit d’une saine spiritualité dont le Ramadan est le printemps. Mieux, en affaiblissant le corps, le jeûne nous pousse à brider les passions de nos âmes en nous ramenant à notre Seigneur. Or trouvons-t-on « plus égaré que celui qui suit sa passion sans une guidée d’Allah ? ».

C’est en cela que le jeûne remplit son office de nous faire accéder à la piété (Sourate 2, verset 183), à travers prières sincères, invocations ferventes, aumônes volontaires…
Ainsi, le jeûne ne gouverne pas seulement la relation verticale au divin, il doit impacter positivement nos relations avec autrui afin de nous donner les prémices de son agrément par Allah. C’est pourquoi le jeûne est une occasion supplémentaire pour nous interroger sur notre solidarité à l’égard du reste de la communauté de croyants, avec lequel nous formons « un corps, solidaire dans les joies et dans les afflictions » (hadith).

A cet effet, nous voudrions en appeler particulièrement au devoir de solidarité de l’Etat et des musulmans du Burkina Faso à l’égard de nos frères et sœurs de l’intérieur du pays, qui sont contraints au jeûne forcé toute l’année, faute de quoi assurer un repas quotidien.
Par ailleurs, nous sommes interpelés par le sort des Djiboutiens, des Ethiopiens, des Somaliens, affamés par "la cupidité des hommes, de tous les hommes". Comment ignorer la détresse des Palestiniens, emprisonnés chez eux par la dureté de certains cœurs et l’indifférence des autres ? comment restés silencieux face aux injustices et à l’inhumanité qui confinent des humains hors de leurs droits et de leur dignité ?

Nous nous indignons de ne pouvoir rien faire matériellement pour ces âmes souffrantes qui, loin de nos yeux, sont pourtant si proches de nos cœurs et pour celles-là qui dans notre pays souffrent de la cupidité de certains commerçants. Oui, si « le commerçant honnête et sincère sera en compagnie avec les prophètes et les messagers », il existe au Burkina des commerçants qui préfèrent être en compagnie de leurs biens. A l’approche de ce mois de générosité et de partage, ces commerçants ont choisi de faire une spéculation indécente sur des produits de grande consommation (sucre, dattes, entre autres) durant ce mois de Dieu, en créant des pénuries fictives pour faire monter les enchères sur le prix de ces produits.

L’islam enseigne la sincérité et la justice dans les échanges commerciaux, mais interdit les interventions illicites dont le but est de fausser la libre règle du jeu de l’offre et de la demande. Le monde entier souffre de ces spéculations, qui affectent même le cours des produits alimentaires et alimentent la misère et la famine dans le monde. Nous devons tous prendre conscience de l’impact négatif de nos actions qui pourraient engendrer un engrenage incontrôlable et nous rappeler ceci : « Faites miséricorde à ceux qui sont sur terre afin que celui qui est là-haut, vous fasse miséricorde ». C’est d’ailleurs l’une des dimensions de l’islam que de réveiller nos compassions endormies et de stimuler notre sens de la solidarité que nos égoïsmes menacent d’engloutir.

Puisse Allah, nous faire profiter de tous les bienfaits de ce mois de Ramadan et qu’Il nous accorde ainsi les moyens de le réussir à travers prières, invocations, lecture coranique et solidarité avec les moins nantis ! Amine.

Le gouvernement burkinabè a pris des mesures dans le sens de l’allègement du fardeau sous lequel nous ployons. Si ces mesures sont à saluer à leur juste valeur, la miséricorde consubstantielle au jeûne aurait largement suffit. Certains d’entre nous se sont donc détournés de cette miséricorde pour s’attacher aux intérêts matériels. Nous pensons que si ce cercle infernal doit perdurer, la communauté de musulmans, toutes tendances confondues, devra, dans un élan solidaire, prendre ses responsabilités dans les années à venir. Qu’il s’agisse de la création de boutiques-témoins ou d’appel au boycott pur et simple des denrées, objets de surenchère comme le sucre, il nous faudra trouver une réponse à cette dérive boulimique de certains des nôtres.

Dieu nous a offert à travers le mois de Ramadan, une occasion d’entrer en communion avec lui, de nous ouvrir à son souffle en nous alimentant des valeurs premières qu’Il nous a enseignées à travers le coran et les enseignements de son prophète.
Puisse la miséricorde du Tout-Puissant se déverser en abondance sur le Burkina Faso et les Burkinabè. Dans le mois de Ramadan et après…

Département communication du CERFI

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 25 août 2011 à 09:43, par morbiiga En réponse à : Le Jeûne du ramadan : Chacun répondra de ses spéculations

    "chacun répondra de ses spéculations" répondre devant qui ? commerçant connait pas Dieu devant l’argent. et puis vous vous plaignez de qui ou de quoi ? la plupart des commerçants sont des musulmans non !

  • Le 25 août 2011 à 09:52, par ouagalais En réponse à : Le Jeûne du ramadan : Chacun répondra de ses spéculations

    vous vous êtes en retard. moi j’ai catégoriquement refusé de payer le sucre en carreau quand on a monté les enchères. je pense que chacun de son coté pouvait faire quelque chose pour contrer ces commerçants véreux. c’est quand la mesure gouvernemental ramenant le prix du paquet a 800 f est intervenu que je me suis résolu à payer quelques paquets pour des connaissances. moi j’approuve l’idée de l’appel au boycott. que tout le monde s’entende, si la même chose se répète l’année prochaine, et refuse purement et simplement de payer le sucre. ce serait une bonne leçon. si on ne paye pas du sucre juste le mois de carême on ne mourra pas. au contraire on économise et on ne s’expose pas au diabète.

  • Le 25 août 2011 à 09:59, par abu ahmad En réponse à : Le Jeûne du ramadan : Chacun répondra de ses spéculations

    merci pour cet écrit. je crois que l’appel au boycott ne marchera pas. les gens vont continuer à acheter du sucre quelque soit ce qu’on dira. par contre la réflexion sur la mise en place de boutiques témoins peut être muri. j’imagine que ce n’est pas tous les commerçants qui participent à cette pénurie artificielle pour monter les couts. avec donc les commerçants honnêtes, on peut effectivement imaginer la mise en place de boutique témoins. pour le réaliser, il faut qu’on apprenne à ne pas tout attendre de l’État. si la communauté s’organise bien c’est possible. merci

  • Le 25 août 2011 à 10:01, par le citoyen En réponse à : Le Jeûne du ramadan : Chacun répondra de ses spéculations

    ha ha ha, vous vous théorisez dans les journaux et nous on thésaurise au marché. nous on lit pas journal

  • Le 25 août 2011 à 15:30, par sincèrement En réponse à : Le Jeûne du ramadan : Chacun répondra de ses spéculations

    vous auriez dû sensibiliser les commerçants avant la période de jeûne à travers les FM ; ils ne lisent pas les journaux et ne vont pas sur internet. En réalité c’est la solidarité africaine qui fait croire aux commerçants que le sucre est beaucoup consommé à cette période. Je suis catholique et j’offrais le sucre à mes connaissances mais cette année j’ai fait autre chose que le sucre. D’ailleurs pourquoi offrir toujours du sucre ? Finalement, nos frères musulmans se retrouvent avec beaucoup de paquets de sucre, il y aura abondance au lieu de privation. surtout quand des gens veulent spéculer avec,il ne faut pas les encouger. Ce qui m’attriste ces commerçants sont pour la plupart des musulmans.

  • Le 25 août 2011 à 20:16, par TRAORE En réponse à : Le Jeûne du ramadan : Chacun répondra de ses spéculations

    Effectivement, la plus part des commerçants au Faso sont musulmans. C’est pas pour autant qu’il faut rester bouche B. La plus part de ces commerçants ne connaissent pas les principes ni l’éthique du commerce en Islam. Cela est dû d’une part à l’analphabétisme chez certains.
    Moi, je pense qu’il faudra comme disait un prédécesseur, sensibiliser les commerçants(grossistes,détaillants, ambulants, etc.) bien avant le moi de Ramadan à travers les médias comme radio,télévision et non la presse écrite.
    J’attire l’attention de mon frère Catholique, que l’offrande ne porte pas seulement sur le sucre. C’est arrivé à faire une œuvre de charité tout en espérant la récompense de Dieu.

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