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SITUATION NATIONALE : Les Burkinabè de France donnent de la voix

Publié le mercredi 23 mars 2011 à 03h50min

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Les Burkinabè de France ont été conviés par l’ambassadeur du Burkina en France pour leur donner l’information sur les faits et recevoir d’eux des propositions de sortie de crise. Ceci est un article du service de presse de l’ambassade du Burkina en France qui donne le contenu des échanges.

Suite au décès de l’élève Justin L. Zongo, le 20 février dernier, le Burkina Faso a connu des évènements dramatiques dont la destruction de nombreux biens matériels. Face à cette situation, S.E.M. l’Ambassadeur, Beyon Luc Adolphe Tiao, a convié les Burkinabè de France le dimanche 20 mars 2011, à une réunion d’information afin de recueillir les différents points de vues et propositions pouvant contribuer à apaiser la situation.

Après plus de deux heures de débats contradictoires, de discussion dans la civilité et sans langue de bois, les uns et les autres ont salué cette initiative. La rencontre a regroupé les délégués du Conseil supérieur des Burkinabè de l’étrager (CSBE), des militants d’associations, d’organisations de défense des droits de l’Homme, d’étudiants, de personnes non affiliées à des associations et le personnel de l’ambassade.

Dans sa déclaration liminaire, S.E.M. Tiao a tout d’abord remercié les compatriotes de Paris et des autres villes de France qui ont répondu à son invitation ; et comme il se doit, il a demandé à tout un chacun d’avoir une pensée profonde pour l’élève Justin L. Zongo et toutes les autres victimes des manifestations ainsi qu’à leurs familles respectives. Rappelant ensuite les faits malheureux qui ont débouché sur cette dramatique situation, il a surtout mis en exergue les propos du Premier ministre Tertius Zongo, lors de son discours sur l’Etat de la Nation. L’ambassadeur a insisté sur toutes les mesures prises par le gouvernement pour favoriser un apaisement rapide de la situation. Il a insisté sur le fait que le gouvernement ne peut être tenu pour responsable des actes répréhensibles posés par des agents publics. Tout en rappelant les décisions fermes qui ont été immédiatement prises par le gouvernement et en reconnaissant aussi les droits de manifestation qui sont prévus dans la Constitution, S.E.M Tiao a regretté le fait que certains aient transformé ces manifestations en actes de vandalisme et de destruction de biens publics.

En effet, fera-t-il remarquer par ailleurs comme l’a souligné le Premier ministre : "les infrastructures publiques appartiennent à la communauté parce que financées par tous les contribuables, pauvres comme riches, des villes et des campagnes". L’ambassadeur dira que personne n’a intérêt à ce que la violence devienne un mode de protestation de la jeunesse. Les Burkinabè sont connus comme des Hommes pacifiques même s’ils ont une longue tradition de lutte. Au-delà de ces évènements, l’ambassadeur Tiao a reconnu que la crise doit faire prendre conscience que le processus démocratique au Burkina Faso est encore fragile et si l’on n’y prend garde, la violence peut avoir raison de l’unité nationale : « elle pose aussi de façon visible le malaise d’une jeunesse qui doute face à l’incertitude de l’avenir.

Elle révèle également les limites des partis politiques de toutes tendances confondues et des organisations de la société civile en matière de promotion des droits humains et des valeurs citoyennes ». Pour l’ambassadeur, la défense des droits de l’Homme n’est plus un sujet tabou au Burkina Faso. Aussi, estime-t-il, qu’elle doit être moins idéologique, moins partisane et s’attacher à une action au quotidien. Luc Adolphe Tiao a affirmé qu’il est convaincu que le gouvernement va tirer sans doute toutes les leçons de cette crise pour renforcer les capacités de la gouvernance nationale et les actions en faveur de la jeunesse qui, du reste, est au centre du programme politique de S.E.M. le président Blaise Compaoré. Les nombreux participants, avec des avis divergents, ont pris la parole pour s’exprimer.

Les uns et les autres, tout en condamnant la maladresse et les abus de pouvoir dont se sont arrogés certains agents de police incriminés dans cette affaire, ont par contre apprécié le signal fort donné par le gouvernement à travers le relèvement du gouverneur de la région et du directeur régional de la police. Ils ont, en outre, souhaité que la gestion de cette affaire se fasse dans la transparence et que la justice aussi fasse son travail en toute responsabilité. Au cours de cette rencontre, les participants ont fait des propositions, notamment le renforcement de la formation continue sur les droits humains au profit des forces de sécurité et de défense, la mise en place d’une police des polices, la création d’une structure inter-sectorielle (gouvernement, organisations politiques, organisations de la société civile, syndicats, forces de défense et de sécurité), pour prévenir tout fait et intervenir en amont en pareille situation. Les participants ont préconisé également l’organisation d’assises nationales saines, justes et libres sur la jeunesse au Burkina Faso.

Ils ont souhaité que la diaspora burkinabè contribue ou participe à de telles assises. Ils ont enfin plaidé pour que les élèves et étudiants soient disciplinés pendant les manifestations. Ils demandent au gouvernement dans un souci d’apaisement, de rouvrir les cités universitaires car nombre d’étudiants seraient en ce moment dans des situations difficiles. Ils estiment que cette réouverture des cités et des universités peut s’accompagner par un renforcement des mesures de sécurité pour garantir l’ordre et la sécurité dans ces espaces. Les représentants du MBDHP se sont inquiétés de l’interpellation du président de leur association à Ouagadougou. Répondant à cette préoccupation, l’ambassadeur a estimé que nul citoyen n’est au-dessus de la loi.

Autant les organisations de droits de l’Homme doivent exercer librement leur activité sans aucune entrave, autant leurs responsables peuvent en cas de besoin être entendus conformément à la loi, lorsque les circonstances l’exigent. Il a laissé entendre qu’à sa connaissance, cette interpellation ne visait pas à empêcher le président du MBDHP de mener ses activités car personne ne conteste le rôle que joue cette association dans la défense des droits de l’Homme au Burkina Faso. Abondant dans le même sens, l’Attaché de Défense, le colonel major Alassane Moné dira que toute situation peut amener la gendarmerie à procéder à une interpellation sans pour autant que la personne interpellée soit mise en cause. Pour preuve, aucune charge n’a été retenue contre le président du MBDHP qui est reparti libre de ses mouvements et a tenu le lendemain, une conférence de presse sur son interpellation, sans en avoir été inquiété.

Si certains participants ont saisi l’occasion de la réunion pour faire le procès des années de pouvoir du président Compaoré, l’ambassadeur et nombre d’intervenants ont défendu le bilan du chef de l’Etat et ont reconnu que malgré les problèmes liés à la faiblesse de nos ressources, le Burkina Faso a accompli durant ces deux dernières décennies des avancées incontestables. Répondant à une question sur la corruption que d’aucuns jugent grave, l’ambassadeur a soutenu que si le Burkina Faso doit se comparer aux pays les plus irréprochables, s’ils en existent, il est aussi selon les organisations compétentes en la matière, reconnu comme un des pays africains où la lutte contre la corruption a fait des bonds en avant. Il pense que la lutte contre la corruption est une action de longue haleine et qui engage tout le monde.

Les participants qui se sont félicités de cette réunion sur la situation nationale ont souhaité que l’ambassade organise d’autres rencontres de cette nature pour permettre à la communauté burkinabè en France de s’exprimer sur la situation nationale. Tirant les conclusions de la rencontre, l’ambassadeur s’est réjoui que « chacun ait pu vider dans un climat serein et dans une tolérance mutuelle, ce qu’il ressentait. » Il a souligné que ce débat contradictoire au sein de la chancellerie reflète la liberté d’expression qui s’exerce au Burkina Faso. Il a demandé à la communauté burkinabè de ne pas perdre de vue l’intérêt national. Il a estimé que quelle que soit l’opinion des uns et des autres, personne n’a intérêt à saper l’image de notre pays. Aussi, a-t-il demandé à ses compatriotes présents à la rencontre de donner des informations honnêtes sur ce qui se passe au pays.

Service de presse Ambassade Burkina / Paris

Le Pays

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