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Souley Mohamed : De l’armée à la ferme

Publié le jeudi 24 février 2011 à 01h50min

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Lorsque la nouvelle de sa demande de mise à la disponibilité a été portée à la connaissance du public par le quotidien L’Observateur, ils étaient nombreux, les Burkinabè qui y avaient perdu leur latin ou, si vous préférez leur gulmancéma ou leur fulfuldé. Pourquoi, se demandaient-ils, un officier, qui avait un brillant avenir , a-t-il pris une telle décision ? Véritablement, il y avait de quoi être interloqué, vu que Souley Mohamed était, à l’époque, l’un des rares officiers à prétendre légitimement jouer encore un grand rôle dans notre pays.

Certains pensent même qu’il aurait pu être l’un des rares officiers à prétendre au grade de général de gendarmerie de notre pays. C’est cet homme qui, après mûre réflexion, a demandé une disponibilité pour rester pour un temps en réserve de la république, en cultivant son jardin.

A ceux qui n’ont pas beaucoup côtoyé cet homme au commerce agréable et discret, disons qu’avant d’aller au gouvernement Souley Mohamed a présidé aux destinées du football, le sport roi dans notre pays. Mieux que quiconque, il était, dit-on, très apprécié de ses supérieurs, avait un bon carnet d’adresses, bref, il avait toutes les cartes entre les mains pour rester longtemps encore aux premières loges de l’establishment burkinabè. Mais il a décidé que son avenir serait tout autre et embrassa ainsi une difficile carrière d’industriel dans un pays où ce secteur reste encore un sacerdoce, tant il semble être encore à l’âge de la pierre taillée.

Cet homme, âgé de 59 ans et père de deux enfants (une fille et un garçon) , dirige AGROPA, une unité industrielle qui évolue dans deux domaines : l’élevage et les activités agro-industrielles. On y fabrique de l’huile de graines de coton, conditionnée dans des bidons de 20 litres. De ces graines de coton sont également extraits des tourteaux servant d’aliments au bétail. Lorsque nous nous sommes rendus sur le site de l’usine, les machines vrombissaient à plein régime.

Non loin de là se trouve l’unité de fabrique des sachets d’eau minérale BIALA, qui signifie bienvenue en langue gulmancema. Nous n’avons malheureusement pas eu l’opportunité d’évaluer la taille de son cheptel, car les animaux étaient sur les pâturages. C’est dans cette ambiance que baigne ce colonel de gendarmerie. Une journée de Souley Mohamed, nous confie-t-il, dépend de la période ; parce que, de décembre à juin, il y a les activités à l’usine pour faire de l’aliment de bétail avec les graines de coton, dont l’huile est tirée et conditionnée en bidons de 20 litres. Hormis cela, il y a également d’autres activités connexes. Sinon pendant la période morte, les activités se résument à l’élevage.

C’est une première

A Fada, AGROPA emploie une centaine de travailleurs avec autant de saisonniers. C’est bien autant d’emplois créés ! A celles-ci s’ajoutent des dizaines de femmes qui viennent des villages environnants pour apporter cette gousse qu’on appelle le pilot stigmas, Anabana en gulmancema, Barkélédjé en fulfuldé, qui est une gousse que les bœufs aiment bien quand ils vont au pâturage ; ce qui leur permet de gagner un tant soit peu leur vie, car rémunérées.

Ces gousses, qui sont des végétaux locaux que les bœufs adorent, et les éleveurs le savent bien , sont autrement exploitées par Souley Mohamed et ses collaborateurs qui y ont apporté un plus en matière d’alimentation. Ils se sont dit qu’on pouvait transformer celles-ci en les broyant et en les mélangeant avec d’autres produits comme les tourteaux de graines de coton pour rendre cet aliment plus nutritif que le tourteau en plaquettes.

Effectivement, sur le plan de la transformation industrielle, c’est une première. A entendre l’homme d’affaires burkinabè, les structures existent bel et bien pour encourager l’entrepreneuriat local. Il y a des facilités qui existent vraiment pour entreprendre, dit-il. N’oublions pas que Souley Mohamed a été ministre de l’Industrie et du Commerce ; en matière d’affaires donc il sait donc où il met les pieds.

Mais cela ne l’a pas soustrait à la résolution de problèmes de toutes sortes, voire à des soucis récurrents lors du lancement de ses activités économiques à Fada. Si à l’heure actuelle le processus semble bien enclenché, les problèmes sont loin d’avoir trouvé une solution définitive. Prenons le cas du transport. AGROPA fait venir la graine de la SOFITEX, dont l’usine la plus proche est à Koudougou, soit à plus de 320 km.

Le problème majeur, c’est de trouver souvent des transporteurs pour envoyer cette graine jusqu’à Fada parce qu’ils n’ont pas de quoi ramener pour rentabiliser le retour. Cela fait monter le coût de la tonne. C’est pour cela qu’AGROPA se bat pour avoir l’essentiel de ses graines à la SOCOMA à Fada, cela lui évite de longs déplacements sur Dédougou et Diébougou. Aller chercher les graines si loin renchérit ses charges d’exploitation. Le problème, c’est qu’il n’existe pas une longue tradition d’initiatives industrielles dans la région. Ce qui fait que pour toute question, il faut se rendre à Ouagadougou ou ailleurs.

L’avenir

A ses débuts, ils étaient nombreux, les hommes et les femmes qui lui demandaient si c’était prudent d’aller s’installer à Fada, surtout qu’il est loin des centres de décision (220 km de Ouagadougou). Mais, invariablement, ce colonel, qui ne se départit pas de son sens de la répartie, leur disait qu’il faudrait bien un jour commencer, car « le gouvernement est soucieux du développement du Burkina et il faut bien qu’il y ait des cobayes ».

Mais comment est-il venu à l’armée ? « Je dois vous dire, nous confie-t-il, que je suis fils de gendarme. J’ai vécu mon enfance dans un milieu militaire et j’ai eu la chance de faire une école militaire ». Au fait, pourquoi a-t-il décidé de prendre une retraite anticipée pour se lancer dans les affaires ?

A bien écouter Souley Mohamed, l’agropastoral, c’est une passion pour lui ; et c’est depuis 1994 qu’il a démarré cette ferme, car il se disait qu’un jour, il allait entreprendre quelque chose pour la région dans le domaine agropastoral : « Je dois dire qu’après la CAN 98, je me suis retiré deux semaines à Fada pour réfléchir sur mon avenir ; j’ai fait un flash-back sur ma vie et je me suis dit qu’à mon âme et conscience, j’ai servi mon pays, j’ai défendu les intérêts de l’Etat burkinabè et il serait mieux pour moi d’envisager quelque chose d’autre. Le développement du pays, ce n’est pas seulement à travers les structures étatiques, il peut se faire également et surtout à travers les initiatives privées .Ce faisant, je pensais que j’allais apporter un plus aux éleveurs et au monde de l’élevage, j’allais également donner de l’emploi aux filles et aux fils de la région. C’est un ensemble de choses qui vous permettent de vous motiver pour vous lancer dans une telle entreprise. Je voulais m’engager dans un autre combat et c’est cela qui m’a amené à demander à mon chef l’autorisation de mise en disponibilité en 2000, qui m’a été accordée, et je suis allé sur le terrain pour commencer mes choses. En 2004, j’ai demandé une retraite anticipée ».

Mais où a-t-il obtenu le capital de départ, si l’on sait que les banques burkinabè sont réputées ne pas prendre trop de risques ? « C’est vrai, réplique-t-il, les banques ont raison d’être regardantes. Pour moi, c’est la BRS qui a financé l’usine des de coton et la raffinerie à hauteur de 130 millions. Naturellement, les banques demandent des garanties et comme garanties, nous avons montré ce qu’il y avait déjà dans la ferme. Je comprends les banques pour les précautions qu’elles prennent ».

Une structure stratégique

Sauf erreur ou omission, Souley Mohamed a été à ce jour le seul militaire à avoir dirigé la SONABHY. Comment cela a-t-il pris corps ? De manière bien détaillée, voici ce qu’il nous a confié à propos de la Nationale des hydrocarbures : « Je ne sais pas si je peux répondre à cette question, ce d’autant plus que je ne suis qu’un exécutant. Disons que lorsqu’on a parlé de la SONABHY, j’étais déjà chef du cabinet militaire à la présidence du Faso et les autorités ont pensé à la nécessité de mettre en place une structure stratégique pour contrôler le secteur des hydrocarbures pour non seulement l’approvisionnement du pays, mais aussi pour la mise en place d’un stock de sécurité. Elles ont estimé que ça allait être une structure stratégique pour le pays. Au niveau de la présidence du Faso, des techniciens ont travaillé sur les différents textes. Est de ceux-là Djibrina Barry, qui m’a été d’un grand soutien. Lorsque la structure a été réglée sur le papier, on m’a appelé pour me dire : « c’est à vous qu’incombe la mise en œuvre sur le terrain. »

J’étais un peu surpris au départ, mais les réflexes militaires aidant, j’ai dit : « A vos ordres », et j’ai pris les dossiers pour voir comment j’allais m’y prendre. C’était en novembre 85. La SONABHY a été créée sur les cendres de deux anciennes structures : la Société d’entreposage des hydrocarbures de Bingo et la société d’entreposage de Bobo. Ce sont ces deux structures qui ont fusionné pour donner la SONABHY, dont les missions sont les suivantes :

- l’approvisionnement sécurisé du pays ;

- la mise en place d’un stock de sécurité pour le Burkina.

Ce fut une longue procédure, avec la paperasserie. On sentait que ceux qui étaient dans le secteur avant la création de la SONABHY étaient opposés, car cela ne les arrangeait pas, ce d’autant plus que notre mission, qui était d’importer et de stocker les hydrocarbures, leur était dévolue auparavant. L’Etat s’était accordé l’exclusivité de l’importation et du stockage. Naturellement, ceux qui évoluaient avant dans ce créneau n’en étaient pas très enthousiastes. On a même entendu des gens dire : « Oh ! ils ne vont même pas faire six mois ».

Dieu aidant, nous avons mis progressivement en place cette structure, et nous avons essayé de sonder le marché international pour voir quelle était la tendance des prix. Je me rappelle qu’à l’époque de la Haute-Volta, puis du Burkina des années 80, la quasi-totalité de nos produits pétroliers venaient de la Société ivoirienne de raffinage, la SIR. Alors, nous avons voulu avoir une tendance des prix sur le marché international. Lorsque nous avons eu cette tendance de prix, nous nous sommes rendu compte que c’était pratiquement du simple au double, c’est-à-dire le prix auquel vous avez le produit rendu au port d’Abidjan ou au port de Lomé était de moitié celui qu’on nous faisait à la SIR.

Il fallait faire quelque chose, dans la mesure où un pays pauvre comme le nôtre ne pouvait se permettre une telle saignée financière. J’ai entrepris alors d’aller rencontrer les dirigeants de la SIR pour me présenter, présenter la société que je dirigeais. Je leur ai dit que c’était désormais la SONABHY leur interlocuteur, qui avait l’exclusivité de l’importation des produits pétroliers sur l’ensemble du territoire du Burkina Faso. Je leur ai demandé de nous faire de nouvelles propositions de prix sur les produits pétroliers.

C’est la limite si les responsables de la SIR ne m’ont pris pour un extraterrestre, parce que depuis les années d’indépendance personne n’était venu poser le moindre problème sur les prix. Leur réponse a été immédiate, : « On ne peut pas baisser ces prix ».

Malgré mon insistance, ils sont restés sur leur position. Je leur ai demandé de pouvoir importer ces produits sur le marché international et passer par le port d’Abidjan via la GESTOCI qui est la société de gestion de stock de la Côte d’Ivoire. Les responsables de la GESTOCI que j’ai contactés ont marqué leur accord et nous avons fait une première importation d’environ 30 000 tonnes. A l’époque, cela représentait les besoins du Burkina pour un trimestre.

Nous avons constaté, dès cette opération, un gain substantiel. C’était colossal. Cela nous a poussé à aller vers la SIR pour réitérer notre demande de baisse du coût. Chose qui a été une fois encore refusée. Lorsque nous étions en train de préparer une seconde importation, via la GESTOCI, celle-ci a été refusée par la SIR qui estimait que cela portait atteinte à ses intérêts. La GESTOCI m’a alors conseillé d’aller voir le ministre de tutelle, à savoir celui des Mines et de l’Energie, pour voir si c’était faisable. Je me suis dit qu’il fallait aller explorer ailleurs. C’est ainsi que j’ai fait une mission à Lomé au niveau de sociétés de stockage qu’on appelle STLSL et STE. J’ai fait une mission à la SONACOP au Bénin, j’ai été à la GAIP au Ghana pour voir tout ce qu’il y avait comme possibilités, pour passer par ces corridors dans le cadre de nos importations de produits pétroliers. J’avoue avoir été bien accueilli et j’ai été assuré de leur entière collaboration. Je suis reparti à la SIR pour voir si leur position avait changé. Ils m’ont dit qu’il n’était pas question de revenir là-dessus.

J’ai rencontré le ministre des Mines qui, de manière diplomatique, m’a dit que cela allait être difficile pour lui de désavouer la SIR. Au sortir de cet entretien, j’ai rencontré fortuitement un conseiller du ministre qui m’a dit qu’effectivement ma demande était difficile à accepter puisqu’elle porterait atteinte aux intérêts de la SIR et, partant, ceux de la Côte d’Ivoire. Je lui ai rétorqué que s’il en était ainsi, nous allions devoir assumer nos responsabilités. Il m’a dit : « Ah bon ! ».

Je lui ai répondu que s’ils avaient le droit et le devoir d’agir au nom des intérêts de la SIR, moi, j’avais le droit et le devoir d’agir pour des intérêts de mon pays pour lui éviter une saignée financière, et j’ai pris congé de lui. Une fois au pays, j’ai convoqué une rencontre à la SONABHY pour décider d’arrêter purement et simplement toute importation de la SIR. Mes collaborateurs m’ont compris et m’ont suivi dans cette décision ; et nous nous sommes préparés à lancer les choses via Lomé. Cela a créé un tollé général et les gens ont estimé que c’était de la pure folie. J’ai tout entendu. Lorsque vous êtes sûr de quelque chose, il faut savoir assumer vos responsabilités jusqu’au bout. Et la première importation a bien marché, sans aucun problème. Nous avons pris les produits pétroliers à Lomé, le DDO et le fuel via le Bénin, le gaz via le Ghana, une tonne à 75 000 FCFA contre 130 000 en Côte d’Ivoire. Et là encore, les gens ont dit que cela n’allait pas être aisé compte tenu de la barrière linguistique. Si nos parents avaient commercé par le passé au Ghana sans parler anglais pourquoi nous, qui avons fait l’école et parlons anglais, allions avoir des problèmes linguistiques au Ghana ?

Pendant 18 mois, nous n’avons plus acheté un litre à la SIR. A l’époque, l’Etat burkinabè y était actionnaire, je crois à hauteur de 6 %. Et en tant que DG de la SONABHY, j’étais le nouvel administrateur au compte du Burkina et les Ivoiriens ont estimé que le fait d’abandonner la SIR pour d’autres sociétés était un choix politique. Je leur ai dit que c’était plutôt un choix économique : cela nous revenait moins cher. Plus tard, les Ivoiriens ont accepté de révisé à la baisse les prix et nous avons repris l’importation via la SIR, 18 mois après la rupture. Mais là aussi il s’est posé un petit problème, car la SIR voulait avoir l’exclusivité des importations de notre pays. Nous avons estimé que la diversification de nos sources d’approvisionnements était la meilleure solution. Nous sommes un pays enclavé et devons faire preuve de prudence dans nos sources d’approvisionnement.

Souvenirs

« J’ai été, poursuit-il, ministre du Commerce moins de 18 mois. Ce département était assez, vaste car il comprenait l’Industrie, le Commerce, les Mines, l’Energie, l’Artisanat, les PME, PMI. Il y avait de quoi en faire plusieurs ministères, surtout dans un cadre de programme d’ajustement structurel .C’était un moment de sollicitations intenses et je garde le souvenir de journées très longues de travail. On avait l’impression que 24 heures, ce n’était même pas suffisant tellement il y avait à faire. Il y avait les perspectives d’un boom minier et nous avons travaillé à accompagner le processus ».

Il semble que lorsque vous vous êtes installé à Fada, certains hommes politiques de la région ont cru que vous veniez leur livrer concurrence, avons-nous demandé à notre interlocuteur.

« Il faut dire, explique-t-il, qu’après la CAN, avant que je ne prenne ma disponibilité, les choses se sont accélérées et les gens m’ont prêté toutes sortes d’intentions. Et lorsque j’ai pris ma disponibilité, ils ont dit « Ah, ça confirme les choses ». Quand L’Observateur a eu à dire que j’ai pris ma disponibité, l’article en question laissait transparaître en filigrane des ambitions politiques. Deux ou trois jours après, un fils de la région m’a appelé pour me dire que je devais leur dire que j’avais des ambitions politiques avant qu’ils ne voient cela dans les journaux. Je ne pense pas qu’il ait dit cela de manière méchante, mais d’autres voyaient autrement. Je leur ai dit que je n’avais aucune ambition politique. Lorsque j’ai commencé mes activités, j’ai senti une certaine adversité.

Certains pensaient qu’il venait leur prendre leur place sur le plan politique. Ensuite, d’autres sont allés jusqu’à dire que qu’il a soutenu l’opposition. Souley a tout fait pour savoir qui colportait de telles rumeurs. Lors d’une réunion à Fada, l’intéressé a présenté ses excuses publiquement, mais le mal était déjà fait. Du coup, il sentait la volonté de s’isoler, de se marginaliser, voire de s’humilier, et d’aucuns ont même eu à dire que c’est vrai qu’il a été ministre dans le temps, mais que maintenant il ne représentait plus rien, qu’il est largué, fini.

L’adage

Après 1995, huit représentants de partis sont venus le voir pour lui demander de se porter candidat ; il leur a fait savoir que cela ne l’intéressait pas. Le colonel a quitté la CAN, éprouvé physiquement et moralement ; il croyait qu’en venant à Fada s’engager dans l’entrepreneuriat, ça allait être plus facile, et une fois là avec ces problèmes, il se demandait dans quelle galère il est venu se jeter.

Mais l’idéal que le fermier avait était plus fort que tout. Avant, quand il était au gouvernement et qu’il venait à Fada, les gens venaient le voir parce qu’il était une personne ressource. « On tenait des réunions chez moi, ou au ministère pour parler du développement de notre région. Ce que je pouvais faire, je le faisais, et pour ce que je ne pouvais pas, je sollicitais la compréhension du président du Faso. Ce que j’ai pu faire, ce sont mes fonctions, ma position, qui me l’ont permis.. Après mon départ du gouvernement, du jour au lendemain, j’ai vu les gens me fuir ; et cela me rappelle un proverbe selon lequel : « Un homme puissant, c’est comme l’arbre, tant qu’il porte des fruits, les gens l’entourent, sitôt les fruits finis, ils se dispersent et vont à la recherche d’un nouvel arbre porteur de fruits ». Mais, Dieu merci, il y a des personnes qui restent égales à elles-mêmes et qui vous respectent pour ce que vous êtes. Et cela me rappelle un autre proverbe : Lorsque vous gravissez les marches de votre ascension professionnelle, vous allez rencontrer, voire dépasser, des gens. Ces gens-là, respectez-les parce qu’un jour viendra où inéluctablement vous allez faire la marche dans le sens inverse, vous allez rencontrer ces mêmes gens et certains sauront vous le rendre. »

C’est un réconfort moral extraordinaire. Voilà l’ambiance qui a prévalu jusqu’à la mise en place de mes affaires. Ces derniers temps, j’ai senti une légère amélioration. Lors de l’organisation des activités de l’USSU-BF, j’ai reçu une importante délégation, dont le ministre Jean-Pierre Palm et François Compaoré. Cela m’a réconforté, car les gens se sont dit qu’après tout, il n’était pas si largué que cela. Autre chose, à la faveur du 11-Décembre à Fada, j’ai eu le plaisir de recevoir chez moi les plus hautes autorités militaires autour d’un repas modeste. Cela m’a fait énormément plaisir. Car ça traduit un souci de solidarité et de fraternité d’armes. Cela se passant au moment où des gens avaient l’intention de vous isoler, on ne peut que s’en féliciter », explique-t-il. En conclusion, l’ex-ministre du Commerce de notre pays dira : « J’ai assumé, comme vous savez, des responsabilités diverses, j’ai eu la chance de travailler avec des collaborateurs (hommes et femmes) compétents et disponibles. Sans eux, je n’aurais certainement pas pu faire ce que j’ai fait ; je voudrais profiter de votre journal pour leur dire merci. Et comme on le dit si bien en mooré : « Ibark zaamin (merci pour tout) ».

Par ailleurs, et comme on le sait, nous ne sommes tous que des hommes, avec leurs forces et leurs faiblesses, leurs qualités et leurs défauts. Durant l’accomplissement de ces missions diverses, il se peut que j’aie froissé certaines sensibilités, soit par des propos, soit par un comportement : j’en suis désolé et je m’excuse auprès de ceux-là. Mon intention n’était pas de mal faire, mais plutôt de remplir ma mission afin que, satisfait du devoir accompli, je puisse me présenter devant mes chefs pour dire : « Mission accomplie. A vos ordres !. Enfin, je voudrais dire merci à vous de L’Observateur. Merci d’être venu à la source pour voir ce que nous essayons de réaliser, en dépit des nombreuses difficultés. Notre pays, le Burkina, regorge de potentialités énormes. Cela, j’en étais convaincu, je le suis davantage aujourd’hui. La valorisation et la capitalisation de ce potentiel reposent sur notre volonté et notre détermination à tous, et cela, que ce soit dans le secteur public ou privé. Que le Tout-Puissant guide nos plus hautes autorités afin que, dans la paix et la solidarité, nous puissions tous ensemble construire ce cher Faso. »

Boureima Diallo


Bio-express

Souley Mohamed, colonel de Gendarmerie à la retraite – Eleveur – Promoteur de la Société AGROPA- (Agropastorale), Formation : Bac Série D au Prytanée militaire de Kadiogo (PMK), 4 ans de formation à l’EMIA (Ecole militaire Interarmes) à Yaoundé au Cameroun, avec application à l’Ecole des officiers de gendarmerie. Carrière militaire et civile :

- Commandant de la Compagnie de Gendarmerie de Ouahigouya ;

- Commandant de la Compagnie de gendarmerie de Koudougou ;

- Commandant de l’Escadron de Gendarmerie de Ouagadougou ;

- Mutation sans commandement à l’école de GRIE de Bobo ;

- Commandant de la Garde nationale de la révolution ( actuelle GN)

- Officier (Instruction) à l’Ecole de Gendarmerie de Bobo-Dioulasso ;

- Commandant de l’E.C.R (Ecole des Cadets de la Révolution) ex-Prytanée militaire de Kadiogo ;

- Chef du Cabinet militaire à la Présidence du Faso.

- Directeur général de la SONABHY,

- Ministre du Commerce, de l’Industrie et des Mines

- Conseiller à la Présidence du Faso

- Président du COCAN 98.

Promotions :

- Sous-lieutenant en 1978

- Lieutenant en 1980

- Capitaine en 1985

- Chef d’Escadron en 1989

- Lieutenant-colonel en 1994

- Colonel en 1999

Décoration : Officier de l’Ordre National en 1997.

Responsabilités sportives :

- Président du Comité de soutien aux Etalons

- Coorganisateur du tournoi des Black Stars (Ouagadougou)

- Président de la Fédération burkinabè de Football ( FBF)

- Membre de la Commission Organisation de la CAF

- Désigné plusieurs fois Commissaire de matches de la CAF et de la FIFA. Sur le plan militaire, sa carrière s’est ainsi déroulée :

Mise en disponibilité en 2000 à sa demande.

Mise en retraite anticipée en 2004 à sa demande.

Langues parlées : Français- anglais

Langues nationales : Gulmancema, Mooré, Fulfuldé et Dioula.

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 24 février 2011 à 15:41, par voilamoi En réponse à : Souley Mohamed : De l’armée à la ferme

    Un brave gars. Je ne le connais pas personnelement mais j’apprécie sa modestie et sa vision des choses. Voici un homme plein de capacités qu’il ne faut pas laisser inexploité au moment opportun pour le pays. Pour l’instant, respectons son choix de mener une vie tranquille dans sa ferme et son entreprise. Ce que je retiens enfin de son interview, c’est le fait d’avoir prouvé que le BF, même enclavé ne doit pas remettre son sort économique à un seul pays (la preuve est là aujourd’hui avec le problème de gaz et la merde ivoirienne). Et sur ce point il rejoint le DG d’une des sociétés industruielles à Bobo. Un certain Mr KAM. Pour lui, l’enclavement du BF n’est pas synonyme de faiblesse mais plutôt de force. Car nous avons l’embarras du choix entre plusieurs possibilités que nous offrent les pays frontaliers. Et même le BF est un couloir économique pour d’autres pays pour accéder à la mer. Alors ! L’enclavement c’est plutôt dans la tête des gens que le colon a conditionné à penser ainsi : dépendre indéfiniment des autres (pour ne pas dire de la CI). Il est urgent qu’on se respecte maintenant comme au tps de notre fierté retrouvée sous Thom Sank.

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