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COTE D’IVOIRE : La guerre économique se poursuit

Publié le vendredi 28 janvier 2011 à 01h49min

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Depuis quelque temps, ordres et contre-ordres sont devenus le lot quotidien des Ivoiriens qui voient se disputer au sommet de l’Etat, deux hommes revendiquant chacun les prérogatives de chef de l’Etat. Ainsi, le président sortant, Laurent Gbagbo, a ordonné mercredi dernier la « réquisition » des agences en Côte d’Ivoire de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Son challenger attitré, Alassane Dramane Ouattara, qui a remporté la dernière élection présidentielle et qui bénéficie du soutien de la communauté internationale, a aussitôt répliqué : les agences demeureront « fermées ».

Pour lui, la réquisition imposée est « illégitime et illégale, donc nulle et de nul effet ». La fermeture décidée par le président démocratiquement élu est en vigueur dans le pays depuis le mercredi 26 janvier. Un communiqué a été publié à cet effet. Mais, comme pour confirmer qu’il tient le pays, Gbagbo a envoyé les « Forces de défense et de sécurité » (FDS) garder l’accès au siège ivoirien de la BCEAO à Abidjan. Aux termes du décret signé par l’ex-président, le personnel a été requis pour « assurer les services ordinaires » de ces établissements.

Le contexte s’est envenimé avec les propos tenus par l’ex-gouverneur ivoirien de la BCEAO, Philippe-Henry Dacoury-Tabley. Arrivé le mercredi soir à Abidjan, il s’est senti suffisamment à l’aise pour soutenir face à la presse que « l’instrumentalisation de la BCEAO à des fins politiques se poursuit ». Reconnu proche de Gbagbo, il lie cette « instrumentalisation » au fait que les autorités de la Banque centrale (à Dakar) ont demandé que « toutes les opérations soient suspendues et que la BCEAO (en Côte d’Ivoire) soit fermée (...) ». Aussi a-t-il souhaité que la crise « s’estompe pour faire place à la discussion afin de poursuivre l’intégration qui est la solution." Nommé en 2008 à la tête de la Banque centrale qui siège à Dakar, M. Dacoury-Tabley était accusé de n’avoir pas respecté la décision de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Il s’était permis d’autoriser le décaissement de quelque 60 milliards de francs CFA (91,5 millions d’euros) en faveur du régime Gbagbo. Or, pour l’organisation, M. Ouattara est le seul président légitime de Côte d’Ivoire.

Les propos du gouverneur démissionnaire de la BCEAO étonnent ! Mais puisqu’il figure sur la liste noire de l’Union européenne (UE), on peut bien comprendre son dépit et ses rancoeurs de démis. Mais qu’il en oublie que tout comme son départ, sa propre nomination à la tête de la BCEAO avait été rendue possible par suite de marchandages…politiques, il y a de quoi ne pas demeurer indifférent à sa symphonie. Car, il y avait bien d’autres candidatures, et non des moindres. Allons donc !

Durant son mandat, M. Dacoury-Tabley a eu tout le loisir de soulever ces questions aux saveurs politiciennes. Il pouvait même rendre le tablier au besoin ! Voilà comment doit se conduire une élite responsable dans un pays à la croisée des chemins. Il n’en avait cure. Il a plutôt cherché à bien profiter du système, le sachant par avance vicié, pour ensuite tenter de le vilipender une fois chassé de la table des convives. En tout cas, cette sortie de l’ex-gouverneur de la BCEAO frise le ridicule. Ses interpellations puent la partisanerie mesquine, autant que le manque de décence. Après l’attaque des véhicules de l‘ONU, on s’en prend donc aux institutions elles-mêmes : l’ONU, l’ONUCI, la BCEAO, etc. La guerre des nerfs redouble donc d’intensité pendant que se poursuivent les massacres de populations abandonnées à leur triste sort.

A la veille du sommet de l’Union africaine (UA), chacun des deux camps voudrait-il signifier qu’il est dans son bon droit et qu’il dispose de sérieux appuis à l’interne comme à l’externe ? Reste à savoir comment sera examiné ce dossier, un second round de négociations n’étant pas à écarter à l’issue des travaux.

Sous-estimerait-on à ce point l’intelligence "satanique" de Gbagbo, l’étendue et la profondeur de sa capacité de nuisance ? Jusqu’à quand vont durer les pitreries du camp Gbagbo et où mèneront-elles la communauté internationale ? Que veulent donc l’UA et les dirigeants africains ? N’existerait-il pas une masse critique de démocrates pour oser trancher le litige ? Parmi ceux qui soutiennent Gbagbo de manière ouverte ou discrète, il y a d’anciens maquisards ou des auteurs de coups d’Etats, etc. Pour ces derniers, les urnes et les aspirations des peuples à la liberté et à la démocratie n’ont guère plus d’importance que le palais et ses privilèges.

Et les autres ? Il est vrai que le propre des démocrates et leur faiblesse, c’est de toujours négocier, ne jamais céder à la provocation, encore moins recourir à la force. Pourtant, il est des moments où l’usage de la force devient impératif, pour sauver un peuple en détresse. Lorsqu’à l’évidence la liberté, la démocratie et la République sont menacées ! Comme face aux nazis de Hitler. Or, la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui n’en est pas bien loin. On semble avoir tout essayé. A l’UA, les hésitations, les divergences et les volte-face vont finir par semer le doute, et conforter la position de Gbagbo. Celui-ci a beau jeu de chercher à distraire les Africains de l’essentiel, et à les diviser pour mieux régner. Le temps joue donc contre Alassane, celui que le peuple ivoirien a pourtant choisi pour gérer son destin. Si la situation devait perdurer, il y a des chances qu’un jour, las de voir massacrer des populations sans défense, dont de nombreux ressortissants étrangers, des pays ne se décident à intervenir de manière inopinée.

Ce scénario, on l’a vu dans les Grands Lacs, mais aussi en Asie et en Amérique latine. Trop, c’est trop. La prise de la BCEAO et les propos de l’ex-gouverneur Dacoury-Tabley préfigurent-t-elles la sortie prochaine de la fameuse monnaie ivoirienne que le camp Gbagbo menacerait de battre ? En tout cas, avec les récents événements d’Abidjan, on peut avancer que cette fois, Gbagbo a vraiment franchi le rubicond !

"Le Pays"

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Vos commentaires

  • Le 28 janvier 2011 à 03:09, par Bouba En réponse à : COTE D’IVOIRE : La guerre économique se poursuit

    A mon avis, il faut que les chefs dd’États de la CEDEAO aillent soudés à ce sommet de l’UA. Il ne faudra pas que la CEDEAO bouge de sa position d’un iota.

    Que remarque-t-on ? Ce sont les pays de la SADC qui subissent moins les conséquences de la crise ivoirienne qui veulent saboter le dossier ivoirien. Il ne faudra pas que la CEDEAO se laisse faire. C’est les mêmes pays (Afrique du Sud, Ouganda, Angola, Zimbabwe, etc.) qui ont pillé la RDC par les traffics d’Armes et de diammants qui veulent venir saper les efforts de paix en Côte d’Ivoire en apportant leur soutien à ce dictateur de Gbagbo pour des intérêts inavoués.

    La logique vourait que sur un dossier de l’Afrique de l’Ouest, les autres blocs régionaux s’Allignent sur la position de la CEDEAO. À ma connaissance, la CEDEAO n’Est jamais allé à contre-pied contre la SADC sur un dossier de l’espace SADC.

    • Le 28 janvier 2011 à 22:03 En réponse à : COTE D’IVOIRE : La guerre économique se poursuit

      il faut agir maintenant sinon demain il sera trop tard. gbagbo est pret à massacrer tous les ivoiriens tant que cela peut lui donner l’illusion d’etre le président de la côte d’ivoire.
      il est devenu fou et chaque jour il massacre des dizaines d’ivoiriens( du nord et du centre) et d’etrangers(surtout des maliens et des burkinabés).
      je suis ivoirien et je vis a abidjan.je sais donc de quoi je parle. venez nous sauver !!!

  • Le 28 janvier 2011 à 08:59, par sauvy En réponse à : COTE D’IVOIRE : La guerre économique se poursuit

    Merci pour votre éclairage. je veux seulement ajouter que Monsieur Dacoury est de mauvaise foi. On comprend sa position depuis la crise. Mais lorsqu’on est dans une situation pareille mieux vaut garder son silence que de chercher à se répendre dans la presse comme il le fait actuellement. Car vous aviez bien présenté la situtation. Sa nomination est un acte politique et rien d’autre. Car il y a bien des têtes mieux loties que lui pour diriger l’institution. Mais nos politiques ont toujours permis cette règle qui veut que le directeur de la BCEAO soit proposé par le président de la RCI. Cependant j’ai une question pour les internautes. Quelqu’un peut-il nous expliquer si le président d’un pays membre d’une instution internationale comme la BCEAO, peut-il réquisitionner l’institution (locaux et employés) comme on le voit actuellement en RCI ? et si oui, quelles sont les conditions ?
    Merci

  • Le 28 janvier 2011 à 16:13, par King En réponse à : COTE D’IVOIRE : La guerre économique se poursuit

    La position de la BCEAO et de Alassane Ouattara est inconfortable ici. L’erreur commise par Alassane Ouattara est d’avoir nomme Soro comme premier ministre.
    Il est temps que Soro demissionne et retourne a Bouake pour conduire la rebellion jusqu’a Yamoussokro. pendant ce temps Alassane doit nommer Charles Konan Banny comme premier ministre et continuer a mener la guerre economique pendant que Soro se demarque du gouverment et mene un second front contre Gbagbo. sinon la guerre economique seule a une issue incertaine et pourrait se retourner contre ADO.

  • Le 29 janvier 2011 à 22:34, par COMPAORE JULIEN En réponse à : COTE D’IVOIRE : La guerre économique se poursuit

    Très bel article mon frère du pays,il faut attaquer la côte d’ivoire comme ca nous qui avons pu venir nous faire une petite place ici à la sueur de notre front, je dis bien à la sueur de notre front en bravant tous les obstacles rencontrés dans ce pays, si nous réussissont à survivre,je suis convaincu que nos frères seront plus solidaires avec nous que lors des évenements de novembre 2oo4 .Ayez l’intelligence au moins de laisser les nigérians faire ce boulot car ils ne sont pas dispersés dans les campagnes comme bons nombres de nos compatriotes isolés et sans défense dans les campagnes.

  • Le 29 janvier 2011 à 23:27, par Kladjou En réponse à : COTE D’IVOIRE : La guerre économique se poursuit

    Mon Frère,
    Il ne faut rien attendre d’une Organisation Africaine allant dans le sens de consolider la démocratie. Qu’est ce que les dirigeants qui s’y rencontrent ont en commun si ce n’est la corruption, la mal gouvernance, l’hypocrisie et le mensonge. la SADEC ou le Magrheb qui s’y pavane ou s’érigent en connaisseur n’ont aucune leçon d’intégration a donner aux pays de la CEDEAO. On se demande alors pourquoi la CEDEAO après le message de fermeté envoyer à Bagbgo s’est subitement remis à l’UA, connu pour son incapacité notoire ? La vraie raison n’est-elle pas que les membres de la CEDEAO cherchent des arguties pour justifier leur fuite en avant au lieu de passer directement à l’option militaire ? Combien de centaines ou de milliers de morts faudra-t-il pour enfin réagir ? Pourtant la CEDEAO n’avaient pas attendu l’avis de l’OUA versus UA pour intervenir militairement au Liberia !
    Les pays de la CEDEAO ou si l’on veut de l’UEMOA doivent prendre leur destin en main. Rappelez vous que Paul Kagamé rentre en RDC pour traquer les ex FAR quand bon lui semble et ya foï. Pourquoi laisser votre voisin allumer le feu sur sa case lorsque votre case a en partage des poutres avec la sienne ? Il est temps de suprimer cette union africaine un vrai gouffre financier, qui ne sert à rien, qui n’a jamais rendu un seul service aux populations, juste préoccuper par sa seul existence ! Quelle honte PRPRPRPRPR !!!

  • Le 29 janvier 2011 à 23:39, par Kladjou En réponse à : COTE D’IVOIRE : La guerre économique se poursuit

    Mon Frère,
    Il ne faut rien attendre d’une Organisation Africaine allant dans le sens de consolider la démocratie. Qu’est ce que les dirigeants qui s’y rencontrent ont en commun si ce n’est la corruption, la mal gouvernance, l’hypocrisie et le mensonge. la SADEC ou le Magrheb qui s’y pavanent ou s’érigent en connaisseur n’ont aucune leçon d’intégration a donner aux pays de la CEDEAO. On se demande alors pourquoi la CEDEAO après le message de fermeté envoyé à Bagbgo s’est subitement ravisé et se refère à l’UA, connu pour son incapacité notoire et son inaction congénitale ? La vraie raison n’est-elle pas que les membres de la CEDEAO cherchent des arguties pour justifier leur fuite en avant au lieu de passer directement à l’option militaire ? Combien de centaines ou de milliers de morts ivoiriens dont le seul tord est d’être Dioula, baoulé, ...faudra-t-il pour que nos princes réagissent ? Pourtant la CEDEAO n’avaient pas attendu l’avis de l’OUA versus UA pour intervenir militairement au Liberia !
    Les pays de la CEDEAO ou si l’on veut de l’UEMOA doivent prendre leur destin en main. Rappelez vous que Paul Kagamé rentre en RDC pour traquer les ex FAR quand bon lui semble et ya foï. Pourquoi attendre l’autorisation de quelqu’un avant d’empêcher votre voisin qui allume le feu sur sa case lorsque votre case a en partage des poutres avec la sienne ? N’est-il pas temps de suprimer cette UA, un vrai gouffre financier, qui ne sert à rien, qui n’a jamais rendu un seul service aux populations en détresse, juste préoccuper par sa seul existence ! Quelle honte PRPRPRPRPR !!!

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