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Disparition d’un enfant à Orodara : Les autorités locales appellent au calme

Publié le mercredi 11 août 2010 à 00h36min

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Il règne une atmosphère tendue, ces derniers temps à Orodara, suite à la disparition d’un enfant de 2 ans. Les chasseurs dozos sollicités par la famille de l’enfant ont identifié une vieille dame qui, selon eux, serait à l’origine de cette disparition. Les autorités locales, ayant décrié cette pratique illégale, ont retiré la vieille femme des mains des dozos. C’est ce qui a provoqué la colère de la population qui a pris d’assaut le commissariat central de police de Orodara dans la soirée du mercredi 4 août 2010 afin de manifester son mécontentement.

Lundi 2 août 2010, dans l’après-midi, aux environs de 16 heures, une grosse pluie tombait dans la cité de Orodara Siriki. Dans la cour de la Croix-Rouge sise au secteur n°6, les femmes d’une association de la place vaquaient à leurs occupations quotidiennes basées principalement sur la transformation du manioc en « attiéké ».

Patricia Traoré, une des membres de cette association, avait couché son enfant de 2 ans (Saïbou Ouattara) dans une maison appartenant à la Croix-Rouge. Après la pluie, plus d’enfant dans la maison. Où est-il passé ? Mystère ! Et chacun y est allé de son commentaire. A en croire certains, l’enfant aurait été emporté par l’eau.

D’autres par contre, ont parlé d’enlèvement. Les recherches ont duré trois jours sans résultat. C’est pourquoi le mercredi 4 août 2010, les parents de l’enfant ont fait appel aux chasseurs dozos pour le rechercher. Ceux-ci, censés détenir des pouvoirs surnaturels, ont identifié une vieille dame d’environ 70 ans comme étant à l’origine de la disparition de l’enfant.

Cette pratique des dozos a été fortement déplorée par les autorités locales qui estiment qu’elle est illégale. Elles ont dépêché la police qui a intercepté la vieille femme des mains des dozos. Ce qui n’a pas été du goût de la population qui a pris d’assaut la cour de la direction provinciale de la police nationale du Kénédougou pour manifester son mécontentement. Injures, cris et pleurs, telle était l’ambiance qui y régnait. La population en colère dénonçait la suspension des activités des chasseurs dozos par les autorités. Au regard de la situation, un comité de crise a été d’urgence mis en place.

Une réunion a été convoquée immédiatement la même nuit pour se pencher sur la question afin d’éviter le pire. Cette rencontre présidée par le haut-commissaire de la province du Kénédougou, Allahidi Diallo a connu la présence effective du procureur du Faso près le Tribunal de grande instance de Orodara, du maire, du préfet, des responsables des forces de sécurité, des autorités coutumières et religieuses, des parents à plaisanterie (Rameau Lobi-Dagari) et des représentants de la famille de l’enfant disparu.

L’objectif recherché à travers cette rencontre était de trouver des voies et moyens pour gérer cette crise. Mais comment ? Les échanges ont été houleux. Et le point d’achoppement a porté sur l’intervention des dozos. De l’avis de la famille de l’enfant, l’action des dozos doit se poursuivre jusqu’au bout. Une proposition rejetée par les autorités locales qui estiment que les recherches doivent être faites par les services compétents (la sécurité) et non les dozos.

Le procureur du Faso a demandé aux notables et aux parents de l’enfant de faire confiance en la justice, car la lumière sera faite sur cette affaire. Et d’ajouter que tout sera mis en œuvre pour retrouver l’enfant, à travers des recherches, des enquêtes et des perquisitions à domicile. Dans le même ordre d’idée, le haut-commissaire de la province du Kénédougou dira que l’essentiel est de retrouver l’enfant surtout vivant, afin de calmer les esprits.

Il a donc demandé l’indulgence des uns et des autres, afin de permettre à la justice de mener à bien sa mission. Enfin, le haut-commissaire dira qu’il n’a rien contre les dozos car, selon lui, ceux-ci constituent « notre patrimoine culturel ». Et d’ajouter que c’est plutôt la pratique utilisée par ceux-ci qui est déplorable et illégale. La restitution des conclusions de cette rencontre à la population n’a pas du tout été facile pour les autorités, face à une foule hostile à toute autre solution que la poursuite de la démarche des dozos. Après d’âpres négociations, la foule a fini par se raviser et se disperser.

Les autorités locales déterminées à gérer£ la crise

Pour le Haut-Commissaire de la province du Kénédougou, Allahidi Diallo, il faut vite trouver une solution à cette situation. Après la chaude soirée du mercredi 4 août 2010, une autre rencontre a eu lieu le lendemain au haut-commissariat de Orodara. Il était question pour les différents acteurs intervenant dans la gestion de la crise, de développer des stratégies de recherche.

Mais à cette concertation, les notabilités coutumières et religieuses, ainsi que la famille de l’enfant ont opté pour la piste des dozos qui serait meilleure dans la recherche de solution à cette crise. Une proposition qui a été rejetée par le procureur du Faso qui l’a qualifiée de manque de confiance en la justice. En sa qualité de garant des lois dans la province, il dira ne pas pouvoir autoriser les dozos à poursuivre leurs recherches.

Quand les femmes s’en mêlent !

Après les différentes initiatives développées par les autorités locales pour apaiser les esprits, une accalmie semblait régner dans la commune. Mais hélas ! Dans l’après-midi du vendredi 6 août 2010, un groupe de femmes surgit et reprend d’assaut la cour de la direction provinciale de la police du Kénédougou. Cette fois-ci, la tension est très vive.

Les femmes ne cherchent plus rien à comprendre. Elles réclament seulement aux forces de sécurité de leur livrer la vieille dame suspectée, afin qu’elle aille leur montrer là où se trouve l’enfant. Certaines d’entre elles avaient en main une spatule, signe de malédiction en pays Siamou. Il a fallu encore faire recours aux autorités locales pour que les choses rentrent dans l’ordre.

Les notables plaident pour la paix

Après le refus des autorités de laisser faire les dozos, les notables de Orodara ont décidé de prendre le problème à bras le corps. C’est ainsi qu’ils se sont retrouvés dans la matinée du samedi 7 août 2010 au domicile du chef de canton, Tiéfing Jean Martin Traoré. A l’ordre du jour était inscrit un seul point, à savoir la gestion de la crise née de la disparition de l’enfant. Les anciens ont préféré laisser l’affaire entre les mains de la justice.

Ensuite, ils ont plaidé pour la paix à tous les niveaux. La restitution des conclusions de cette rencontre a été faite dans l’après-midi à la famille de l’enfant, tant au niveau des hommes que des femmes. Le même compte-rendu a été fait aux autorités dans la soirée au haut-commissariat de Orodara. La délégation des notables a tenu à féliciter le haut-commissaire et ses plus proches collaborateurs pour les efforts consentis depuis le début de la crise.

En outre, elle a présenté ses excuses aux autorités pour les désagréments causés par l’opération menée par les dozos. Les notables, reconnaissent même que ceux-ci ont un peu débordé dans l’exécution de leur mission. Enfin, ils diront s’en tenir aux décisions des autorités judiciaires pour la poursuite des recherches.

Mais leur souhait le plus ardent est de retrouver l’enfant vivant. Le haut-commissaire de la province du Kénédougou a, pour sa part, salué cette démarche des notables de Orodara qui vient à point nommé dans la recherche d’une solution à la crise.

Appolinaire KAM

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 11 août 2010 à 08:28 En réponse à : Disparition d’un enfant à Orodara : Les autorités locales appellent au calme

    Quelque part c’est le manque de confiance en la justice qui amène les gens à adopter d’autres pratiques.

  • Le 11 août 2010 à 08:40 En réponse à : Disparition d’un enfant à Orodara : Les autorités locales appellent au calme

    Quand en ce siecle, nous comptons sur l’irrationnel, le resultat ne peut qu’être irrationnel. Et dire que les Dozos sont ou devaient etre associés à la sécurité de proximité

  • Le 11 août 2010 à 10:48, par Tiramagan En réponse à : Disparition d’un enfant à Orodara : Les autorités locales appellent au calme

    Pourquoi ne pas garder la vieille en residence surveillee et permettre aux dozos de continuer leurs recherches pendant que la police fait aussi son travail ? Pourquoi bloquer les dozos ? Ils connaissent le terrain plus que quiconque.

  • Le 11 août 2010 à 12:30, par Bénéwindé En réponse à : Disparition d’un enfant à Orodara : Les autorités locales appellent au calme

    On ne peut pas se devolopper avec de telles pratiques et mentalités. Mais ces comportements se justifient par la perte de confiance de la population vis à vis des institutions de la république qui ne font diligence que pour le régime en place et ses protégés. C’est triste mais c’est la réalité.

  • Le 11 août 2010 à 18:17, par Dédé En réponse à : Disparition d’un enfant à Orodara : Les autorités locales appellent au calme

    Bravo aux autorités d’avoir empêché qu’à la disparition fort déplorable de l’enfant s’ajoute le meurtre d’une vieille femme ! Pourquoi donc faut-il toujours que les vieilles femmes soient suspectées d’être la cause de tels incidents ? Et généralement, ce sont les vieilles sans soutien ! La position des autorités est sage : dans une démocratie, on ne s’en prend pas à une personne sans preuves ! A titre personnel, il y a fort longtemps que je ne crois plus aux barbacoles des prétendus détenteurs de pouvoirs occultes ! Surtout lorsqu’ils entendent se substituer aux enquêtes policières et judiciaires pour susciter contre une pauvre vieille dame la rage moutonnière et délirante d’une foule en état de choc ! Je dis halte à la propagation de l’obscurantisme.

  • Le 11 août 2010 à 22:26 En réponse à : Disparition d’un enfant à Orodara : Les autorités locales appellent au calme

    voila que ce que je craignais se repete : l’instrumentalisation de plus en plus abusive des clans a plaisanterie. Des le depart s’il est indeniablement salutaire de former une association afin de perenniser cet aspect si important de notre culture africaine qui provient de notre histoire sacro sainte, j’avais craint son utilisation a des fins politiques et je l’avais dit. Malheureusement les choses se sont verifiees : a gaoua une delegation de gouins etc a fait partie des bagages du gouvernement. Voila rebelote ! avec une delegation de mes parents lobi dagara qui leur rendent la monnaie. Au nom de qui ces individus se presentent tant que groupe a orodara ? Que font-ils des circonstances douloureuses qui sont causes de ces troubles ? est ce des situations où la "plaisanterie" doit intervenir et a quel moment ? Cette pratique doit elle devenir le policier qui calme les troubles sociaux que le manque de politique sociale de nos dirigeants genere ? Personnellement en tant que lobi dagara je ne me reconnais aucemenement dans ces demarches ni dans cette delegation ; et j’ose m’aventurer et dire qu’aucun lobi dagara qui connait et surtout respecte sa culture, ne s’y reconnaitrait. Quelle est la position des vrais chefs traditionnels à ce propos ? c’est simplement pitoyable de voir des individus agir ainsi. Revenons a la raison et ne melangeons les choses

    SOME

  • Le 12 août 2010 à 08:25, par Bafana En réponse à : Disparition d’un enfant à Orodara : Les autorités locales appellent au calme

    Bonjour. La "justice" gagnerait à collaborrer avec les dozos. Quant à la confiance en cette même justice que les Autorités demandent,il faut qu’elles comprennent que la confiance se donne au départ mais que part la suite elle doit se mériter et c’est malheureusement là que que ça coince, car les exemples sont légion où cette meme justice a déçu. Tout mon souhait est qu’elle puisse démentir cette inefficacité dont l’accusent les populations surtout ici qu’il y a une vie humaine qui est en jeu et qui pourrait etre en danger.

  • Le 12 août 2010 à 20:17, par Rawa En réponse à : Disparition d’un enfant à Orodara : Les autorités locales appellent au calme

    Bonjour à tous et félicitation pour l’effort quotidien d’informer. Nous entendons en ville que la vieille dame dit avoir eu besoins seulement de la langue de l’enfant et cela après avoir dit au dozos que l’enfant ne vit plus. Je pense que c’est la raison qui révolte la population. Mais il est clair que nous devons tous faire confiance à notre justice car tout cela relève des rumeurs et j’invite le journaliste à investiguer dans ce sens aussi.

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