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Serveuses de bars et maquis : Vendeuses de charme ou femmes battantes ?

Publié le lundi 7 juin 2010 à 01h01min

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Il n’y a pas de sot métier dit-on. Et pourtant, il est des métiers dont l’exercice vaut à leurs tenants médisances et inconsidération. Est de ceux-ci, le métier de serveuse de bars et maquis. Les femmes ou filles qui l’exercent sont traitées de tous les noms d’oiseaux et travaillent dans des conditions pas toujours agréables. Nous avons rendu visites à ces femmes et à leurs responsables immédiats, des gérants, qui ont bien voulu se prononcer sur les difficultés et les préjugés qui entourent le métier, sur le comportement de certains clients et les solutions d’urgence prises lorsqu’il y a des bagarres entre ces serveuses et les clients.

Elles travaillent chaque jour sans relâche pour améliorer leur quotidien. Beaucoup sont analphabètes ou ont eu un cursus scolaire des plus chaotiques et éphémères. Elles n’ont trouvé à s’employer que dans ce métier de serveuses pour ne pas tendre continuellement la main à tout venant afin de subvenir à leurs besoins. Et il n’est pas facile ce métier de serveuse du fait des horaires contraignants de travail et des efforts physiques qu’il faut déployer pour satisfaire les innombrables clients qui prennent d’assaut les bars. Si certains d’eux sont compréhensifs d’autres par contre, sans le moindre scrupule, font voir de toutes les couleurs à ces filles et femmes qui ont pourtant pour seule ambition l’atteinte d’un mieux-être qui passe par la satisfaction du client.

Pélagie, Mimine, Solange, Gaëlle, Aïcha, Assana, Maman... Des prénoms courants chez les serveuses de bars et maquis de Ouagadougou mais généralement des pseudonymes car malin qui saura trouver le nom de baptême de ces femmes et filles qui ne sont pratiquement jamais originaires du milieu immédiat. Il n’y a pas longtemps, elles n’étaient essentiellement que des expatriées venues de pays voisins notamment le Ghana et le Togo ; puis du Nigeria, du Mali, du Bénin, de la Côte d’Ivoire… ; mais de nos jours, les Burkinabè sont de plus en plus en train de s’intéresser au métier. A Ouaga, ce sont surtout les Bobolaises et leurs sœurs de l’Ouest et du Sud-Ouest du pays, des filles du Centre-Sud et du grand Nord qui ont pris d’assaut les bars et maquis de la ville pour y travailler.

Les souffre-douleurs d’un monde phalocrate

Elles sont des milliers qui, pour diverses raisons dont l’absence de soutien familial, la pauvreté des parents ou un cursus scolaire non achevé pour ne pas dire des plus courts, trouvent leur salut dans les maquis, bars et restaurants où elles offrent leurs services. Mais elles n’y sont pas du tout choyées, le milieu n’étant pas toujours fréquenté par des enfants de chœur ; aussi entend-on souvent les appeler "bordelles" parce qu’elles seraient à la disposition de tous les mâles en rut. Pourtant, beaucoup n’entendent que faire leur travail et avec prévenance, elle se démènent comme de beaux diables pour assurer un service qu’elles veulent irréprochable. Mais hélas ! La mauvaise réputation leur colle à la peau. Ainsi, pour nombre de clients, en tout cas pour une grande partie d’entre eux, ces filles ne sont rien d’autres que des prostituées qu’il faut traiter comme telles. C’est-à-dire sans respect et sans ménagement.

Dès lors, ils oublient que les serveuses sont avant tout des femmes, leurs sœurs qu’il faut traiter avec tout le respect dû à la femme en général. Mais pour une histoire de monnaie qui tarde à venir, de boisson qui ne serait pas assez fraîche au goût du client ou pour tout autre fait et geste, vite mal interprétés par le client, la serveuse en prend pour son grade et est traitée de tous les noms d’oiseaux. Elles sont souvent les souffre-douleur de certains clients qui arrivent au maquis déjà très énervés pour une raison ou une autre et sont alors prêts à leur faire des misères, histoire de se défouler. Elles sont aussi la plupart du temps victimes de petits copains qui font dans la jalousie lorsqu’ils les voient en compagnie d’une autre personne ou de personnes qui ont des visées amoureuses sur elles. Et comme on les pense prostituées, certains mâles prennent très mal leur refus des avances à elles faites et n’hésitent pas à les violenter dans le bar ou à aller même les agresser chez elles.

Des actes posés souvent dans l’indifférence générale des autres clients, des autres serveuses et même parfois des gérants censés les protéger. Ne travaillent-elles pas pourtant pour le compte de ces gérants et par extension des propriétaires de ces bars et autres maquis ? Si les gérants reconnaissent que ce ne sont pas les bagarres qui manquent entre serveuses et clients, ils reconnaissent volontiers que le plus souvent les clients n’ont pas raison mais comme leur commerce vit du fait de l’existence de cette clientèle, ils s’arrangent pour donner raison aux clients afin de pouvoir toujours compter sur eux pour fréquenter leur espace. Ne dit-on pas que le client est roi ? En tout cas la pauvre serveuse doit ravaler sa fierté si elle tient à garder son emploi dans le bar.

Autre tourment pour ces femmes, il y a de ces clients qui leur tapotent les parties intimes sans aucune pudeur avec à la clé un langage des plus orduriers à leur égard. On en vient alors à se demander si c’est seulement au maquis qu’ils se comportent de la sorte ou si dans leur foyer ils ont ce type de comportement avec leur épouse pour ceux-là qui sont mariés ou pour ceux qui ont en général de petites amies. En plus de supporter les humeurs pas toujours agréables de leurs hommes, les serveuses doivent essuyer les foudres de certaines femmes. En effet, il arrive qu’une femme mariée "se pointe" dans le maquis pour en découdre avec une serveuse au motif qu’elle veut lui prendre son mari. Ce genre de situation est devenue monnaie courante. Quelle que soit la bonne foi et les explications de la serveuse, elle pourra dans le meilleur des cas s’en tirer avec des injures suite aux interventions de bonnes volontés. Sinon, elle recevra une correction exemplaire et autres tortures physiques seulement connues des femmes. Le spectacle est en pareil cas garanti ; les pagnes volent dans tous les sens à la grande joie de clients et autres serveuses qui se rincent les yeux.

Des conditions de vie incitant à la débrouille

Qu’ont-elles fait donc ces braves serveuses pour mériter ce sort ? C’est vrai que toutes ne sont pas exemptes de reproches, mais elles sont aussi loin d’être toutes des "chercheuses de problèmes". En effet, si la plupart de celles rencontrées rejettent en bloc les accusations de "voleuses de maris" portées contre elles, d’autres par contre ont assuré de la véracité du phénomène. De même si toutes ne sont pas des prostituées, il y en a dont les comportements avec les clients ne prêtent pas à équivoque et révèlent leur désir de s’offrir moyennant espèces sonnantes et trébuchantes ; il n’y a parfois qu’à voir comment elles s’habillent pour s’en rendre compte. Ce genre de comportements n’est pas pour redorer l’image de la serveuse déjà ternie. Même si l’on dit souvent que "c’est un seul singe qui gâte le nom de tous les singes", est-ce pour autant que l’on doit tout se permettre avec ces filles, parfois venues de loin, qui travaillent dans des conditions harassantes sans souvent être bien rémunérées ?

Avec un salaire moyen compris entre 15 000F et 40 000F CFA le mois, ce ne sont pas les problèmes existentiels du genre : comment se loger, se nourrir, se vêtir, se soigner, aider sa famille qui manqueront. En effet, pour qui connaît la cherté de la vie dans nos villes, cette rémunération est bien dérisoire et les équations pour résoudre les problèmes de la vie sont le lot quotidien de ces braves femmes issues souvent de familles pauvres. Les plus chanceuses d’entre elles arrivent par la générosité de certains clients sensibles qui leur laissent quelques menues monnaies qu’elles appellent "ça va-ça va" à arrondir leur fin du mois. D’autres par contre, mêmes si elles le nient, font carrément dans une forme de prostitution et couchent avec des clients dans le même objectif d’arrondir leur fin du mois. Ce sont là des réalités connues du milieu et la municipalité de la ville en sait quelque chose, elle qui a initié des campagnes de sensibilisations en direction de ces filles pour les inciter à l’usage des préservatifs féminins en cas de rapports intimes et pour les encourager à se soumettre au dépistage du VIH/Sida.

Des expériences émouvantes

Notre rencontre avec ces femmes, il faut le dire, a été très instructive. Vous l’aurez remarqué, certaines d’entre elles, comme Gaëlle, vivent dans le désespoir. Elle a commencé dans un français approximatif à nous conter ses misères pour finir en mooré dans un langage qu’elle a estimé le meilleur pour nous faire bien prendre la mesure de ses propos. Elle aurait été contrainte à ce travail pour ne pas échouer dans la rue à Ouagadougou, elle qui n’y est pas originaire. Et des déboires, elle en a connus. Son avenir dans ce métier, elle le pense hypothétique et serait disposée à en changer si l’opportunité lui en était donnée car elle voudrait un jour avoir un homme et fonder un foyer. Quant à l’histoire de cette autre fille, elle ne laisse pas indifférentes les âmes sensibles. Assana, qu’elle s’appellerait, est venu d’un pays voisin pour échapper à un mariage forcé avec un homme ayant déjà deux épouses. Accueillie à son arrivée par des compatriotes, elle finira dans les bars comme serveuse.

Analphabète mais d’une certaine beauté, elle sera constamment harcelée et insultée. Un soir qu’elle allait au travail, dans les environs de 18 heures, un motocycliste sur une grosse cylindrée la renversera sur le bitume qu’elle devait traverser pour rejoindre le bar. L’homme, semble-t-il, était dans le tort et roulait à très grande vitesse sur la voie réservée aux automobilistes pour brûler un feu tricolore qui était déjà au rouge. Assana se réveillera à l’hôpital pour apprendre la mort sur le coup de celui qui l’avait renversée. Remise de ses blessures, elle reprendra service quelques jours plus tard pour se voir agresser par un client pour une affaire de verre qui tardait à venir. Alors, comme une furie, elle se saisit machinalement d’une de ses chaussures haut talon et assena un coup bien ajusté sur la tête de l’impertinent qui, il faut le dire, ne recommencera plus jamais ce qu’il a fait ce jour-là. A la grande surprise, tous les autres clients lui donnèrent raison et condamnèrent l’homme dont le visage était maculé de sang. Depuis, Asana préféra repartir chez elle car elle aurait le soutien de sa mère qui se débrouille bien dans un petit commerce.

Voilà deux situations qui montrent que les "femmes de bars" ne sont pas toujours ces vicelardes que l’on prétend. Comme tout métier, le leur est aussi traversé par des travers et est investi par des "brebis galeuses" qui apportent de l’eau au moulin de ceux qui les voient d’un mauvais œil. Certes, quelques-unes se comportent comme ces femmes qu’on appelle prostituées ou putes, mais la plupart d’entre elles sont des femmes très respectables qui, à défaut de mieux, ont choisi de travailler dans les maquis pour un tant soit peu se prendre en charge au lieu de toujours tendre la main.

Serveuse, travailleuse de bar ou "bar kono mousso" comme dit la chanson des années 70 de l’artiste musicien Amadou BALAKE, est-ce vraiment un métier dévalorisant ? En tout cas, nombre de femmes leaders ou élites d’aujourd’hui apprécieraient autrement ce métier qu’elles n’ont pas manqué d’exercer à temps perdu en Europe ou aux Amériques, pendant qu’elles y étaient comme étudiantes, pour compenser le manque à gagner d’une bourse "tropicale" qui donne du mal à vivre au bord de la Seine, de la Tamise ou au pays d’Abraham LINCOLN. Métier jusqu’à présent considéré comme de femme, encore que le chômage y draine de jeunes gens, le service de bar, maquis ou restaurant est un métier comme tout autre. Les femmes qui l’exercent sont loin d’être toutes de mœurs légères. Si l’on ne peut les aider à améliorer leur quotidien, ne peut-on pas éviter de tracasser ces femmes, nos sœurs ?o

Angelin DABIRE


Les serveuses s’expriment

Solange TAPSOBA (Serveuse maquis « La Léraba »)

Je travaille ici dans ce bar et j’ai commencé, il y a près de cinq ans. Ce n’est pas facile, mais on se débrouille. Avec ce qu’on a, on aide nos familles. Il y a des clients qui te parlent comme ils veulent mais comme c’est l’argent que tu cherches tu ne peux rien dire. C’est parce qu’on n’a pas le choix qu’on est là, sinon ce n’est pas facile. Le salaire entre 17 500 et 20 000F CFA que je gagne ne me permet pas de subvenir à mes besoins.
Il y a des clients qui sont gentils et qui te donnent 100F, 200F quand tu sers. On se débrouille avec tout ça pour payer notre loyer et donner quelque chose à la famille, mais ça ne suffit pas. Tu paies la maison à au moins 10 000F CFA, tu dois manger, payer du savon, etc.
Ça ne peut pas suffire, surtout que des fois, les caissiers disent que nos factures ne sont pas payées. Il y a aussi des clients qui boivent et se lèvent partir sans payer et l’on coupe dans ton argent 2 500 à 3 000F CFA ; ce n’est pas facile. Quand nous, on sert un homme, on ne peut pas savoir s’il est marié ou pas et il ne dit pas non plus qu’il est marié. On peut s’asseoir avec les clients, mais il n’y a rien. D’ailleurs, si tu te donnes n’importe comment à tout le monde tu n’as pas longue vie.

Hélène ZOUGA Serveuse maquis « Le Tambour »

C’est parce que je n’ai pas un autre emploi que moi je travaille ici. Le travail de maquis n’est pas bien parce que si tu travailles dans un maquis il n’y a pas de respect. Si tu veux gagner un homme pour marier, il va dire que c’est une bordelle qui travaille dans le maquis et l’on ne peut pas gagner mari. Souvent, si les clients t’appellent et tu envoies la boisson, ils disent que ce n’est pas frais et te demandent d’aller changer. Souvent ils paient une bière avec 5 000F CFA ou 10 000F CFA et il n’y a pas la monnaie. S’il y a un problème, c’est la serveuse qui a toujours tort. Le salaire ne suffit pas. Si tu paies une maison à 10 000F CFA ou 15 000F CFA, tu paies le courant et tout, c’est clair que 25 000F CFA ne peuvent pas t’arranger. On se débrouille seulement. Les femmes nous accusent de retirer leur mari parce qu’elles ne savent pas « travailler bien » leur type à la maison. Si un homme vient nous chercher devons-nous refuser s’il nous convient ? Nous-mêmes on cherche des maris non ?

Gaëlle SOMDA (Serveuse « Le Tambour »)

Nous autres nous sommes ici pour travailler. Je suis venue avec mon oncle à Ouaga et ce n’était pas pour travailler dans un bar. Je ne me suis pas entendu avec lui et je suis là dans ce maquis pour travailler. En tout cas, je gagne de l’argent, mais ce n’est pas facile. Des clients viennent faire parfois la bagarre avec nous et l’on ne comprend rien. Ici au maquis, c’est chacun avec ses problèmes. Mon père est décédé et ma mère n’a pas les moyens. Ce n’est vraiment pas facile. Un client peut faire la bagarre avec sa femme à la maison et venir déverser sa colère sur toi. Moi-même, assise là, j’ai eu des problèmes. Quelqu’un m’avait engrossée et ne s’occupait pas de la grossesse. C’est avec l’aide de mes camarades que j’ai pu avorter et reprendre le travail. Quand je regarde ma vie, je me dis que je n’ai pas d’avenir si je continue dans ce métier. J’espère que je vais gagner mieux dans l’avenir. L’argent que tu gagnes dans le travail de maquis ne te suffit pas. Il faut éviter de se donner aux clients pour de l’argent sinon, on finit mal.

Si tu atteins un certain âge et tu n’as pas de mari ni d’enfant, c’est vraiment difficile à supporter. Présentement même, je suis partagée entre l’envie de laisser tomber ce métier et celle de continuer. Je travaille ici, c’est vrai, mais je ne suis pas contente du métier. S’agissant des femmes qui nous reprochent de voler leur mari c’est vrai, il y a des cas.
Il y a des hommes qui n’aiment pas leur femme de foyer. Dès le mariage terminé c’est la course aux femmes de déhors et aux serveuses. Et lorsque la femme l’apprend c’est la bagarre. Ces cas arrivent beaucoup et c’est la vérité. J’ai déjà été témoin de ces bagarres et c’est triste.

Bertine SOME (Serveuse maquis « La Différence »)

Je travaille ici il y a au moins 6 mois. Le travail n’est pas facile mais on supporte. On a souvent des problèmes avec les clients pour la monnaie. D’autres viennent déverser aussi leurs problèmes sur nous. Il faut être patient avec les clients pour ne pas avoir des problèmes.
Je n’ai pas choisi de travailler dans un bar ; c’est parce qu’il n’y a rien d’autre à faire. Si Dieu nous aide demain à gagner autre chose ou à avoir un mari, on va quitter. Pour les femmes qui se plaignent qu’on retire leur mari, moi je dis que je suis ici et je fais mon travail. Si un homme vient vers moi, je ne peux pas savoir il est marié ou pas. Si un homme m’invite, je pars en signe de respect.

Stéphanie GUEGUE (Serveuse maquis « Le Choco »)

Je suis Ivoirienne et c’est quelqu’un qui nous a amenées ici à Ouagadougou des camarades et moi avec des promesses de nous payer 150 000F CFA chacune, logées et blanchies pendant 3 mois et demi. Arrivées, ça n’a pas été le cas donc on a cherché autre chose et nous sommes ici au « Choco ». Le travail de serveuse n’est pas facile, mais on n’a pas le choix. Quand tu quittes un pays pour un autre, tu pars à l’aventure il faut se chercher surtout que tu as laissé de la famille derrière toi qui pense que tu vas te faire beaucoup de sous. Au départ, c’est dans une boîte de nuit que je devais travailler. Pour le salaire, notre patron n’a pas menti, il a dit ce qu’il allait nous payer et c’est franc. Le plus petit salaire ici c’est 35 000F CFA. On a accepté pour l’aider aussi parce qu’il a ouvert le maquis il n’y a pas longtemps. Il y a des clients qui sont violents et d’autres pas. De nature, il y a en qui ne sont pas violents mais quand ils boivent un peu, ils deviennent un peu agressifs mais nous on est là pour travailler et l’on doit comprendre ça.

Il y en a qui s’excusent après de leur comportement. Le client qui vient boire a peut-être des problèmes ou vient fatigué du travail et veut changer un peu d’air. Il peut donc arriver qu’il prenne une femme sur ses genoux mais ce n’est pas forcément pour lui faire la cour. Il y a des personnes sérieuses qui ont leur foyer et ne draguent pas dans les bars. Nous aussi on n’est pas là pour tout le monde. Chacune d’entre nous a peut-être un enfant ou un petit copain, mais puisque le copain n’a pas de moyen, madame vient se débrouiller pour nourrir toute la famille. Dans le cadre de notre travail, si Dieu a voulu que quelqu’un tombe sur toi bon... Il y a toutes les catégories de filles qui travaillent dans les bars. Moi j’ai un niveau de CM2, mais il y a des étudiantes et tout ; et ce n’est pas une question le niveau d’étude. Le plus souvent c’est parce que les conditions familiales sont dures qu’on travaille pour venir en aide à la famille. J’invite les clients à venir au « Choco » car nous sommes là pour eux


La parole aux gérant

Albert COMPAORE (gérant maquis Le Tambour)

Il y a souvent des clients, quand ils viennent, c’est la provocation qu’ils font pour aboutir à la bagarre. D’autres consommateurs ne paient pas et foutent le camp. Je dis toujours aux serveuses de respecter les clients pour éviter des problèmes. On fait chaque fois des réunions pour ça. On n’attend pas qu’il y ait la bagarre pour intervenir. Il faut dire que s’il y a aussi des bagarres entre clients et serveuses c’est parce que certains veulent entretenir des relations amoureuses avec elles. Ainsi, ils peuvent venir draguer les serveuses et si elles n’acceptent pas ça devient la bagarre. Alors ils disent que la fille ne les a pas respectés. Mais quand la bagarre arrive on essaie de gérer ça rapidement. Je parle au client et à la serveuse pour qu’ils se comprennent. Les filles travaillent par équipe ici. Le matin, il y a un groupe qui est là de 10h à 17h. Un autre groupe le remplace jusqu’à l’heure où il n’y a plus de clients c’est-à-dire vers 1h où 2h du matin. Je demande aux clients de bien se comporter avec les filles. C’est à cause d’eux que nous sommes-là. Moi je sensibilise toujours les filles pour qu’elles respectent les clients.

Sam KERE (gérant maquis La différence 306)

Je suis le gérant du maquis La différence 306 situé à la Patte d’oie à 300m du jardin Ouaga 2000 à gauche en allant vers Ouaga 2000.
Les serveuses de bar ont effectivement des problèmes avec les clients. Parfois elles n’arrivent pas à satisfaire aux exigences des clients et ceux-ci s’énervent. Il y a aussi des moments où, malgré tout ce que fait la serveuse, le client s’énerve. Tout dépend en fait. Si le client est content, il n’y a pas de problème. Dans le cas contraire, une bagarre est vite arrivée. C’est à nous de tout supporter parce que ce sont nos clients. Quel que soit ce qui arrive, on doit accepter les conditions du client parce que le client est roi.

Quand le problème arrive, moi-même je viens en tant que gérant pour calmer la situation, je parle au client mais surtout à la serveuse. Je donne toujours raison au client, mais s’il ne veut pas comprendre et fait le dur, j’appelle la sécurité qui le fait sortir discrètement. Nous sommes là pour les clients. D’ailleurs, le cadre leur appartient et ils peuvent y organiser des cérémonies d’anniversaires, de mariage, etc. En tout cas il faut reconnaître que le travail de ces filles est très dur.

Cheik Tidiane OUEDRAOGO (gérant maquis Le choco)

Je suis déclarant en douane en même temps gérant d’un maquis-bar resto Le Choco, situé à côté de l’échangeur de Ouaga 2000. On a présentement trois filles dans le staff du maquis. J’ai plusieurs fois été témoin de scènes entre les serveuses et les clients. Dans ce genre de métier, ça ne peut jamais manquer. Dans un débit de boisson quand le client "atteint une certaine dose", la raison commence à disparaître et on commet souvent des choses qu’on regrette le lendemain quand on devient lucide. Les raisons des bagarres sont souvent liées à des problèmes de monnaie qui tarde à venir ou alors ce sont les clients qui se plaignent de manque de considération. Il y a aussi parfois que de client arrive et la serveuse assise avec quelqu’un ne se lève pas aussitôt pour le servir. Dans ce cas, le client ne se sent pas valoriser et ça crée des frustrations. Le fait aussi de faire la cour à une serveuse qui refuse peut être un problème.

Quand le problème arrive, on essaie dans l’immédiat de calmer la situation. On essaie de gérer le problème pour que le client qui, lui, n’est pas de la maison, reparte avec de la positivité dans sa tête et après on voit comment régler le problème avec l’employée en lui donnant des conseils pour éviter ce genre de désagrément. Je demande aux clients d’apprendre à respecter les serveuses. Elles ne sont pas toutes des prostituées. Elles sont là pour gagner leur pain. C’est un emploi comme les autres. Souvent les clients ne laissent même pas le temps aux femmes de s’expliquer et c’est vite parti avec les menaces, les insultes et les dénigrements des serveuses mais en réalité, le dénigrement de la femme en général. Côté traitement salarial, elles sont bien payées. En tout cas beaucoup sont payées plus que le SMIG au Burkina. Ça dépend des endroits. Le salaire moyen ici c’est 35 000F CFA voire 45 000F CFA.

L’Opinion

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Vos commentaires

  • Le 7 juin 2010 à 08:16, par albert En réponse à : Serveuses de bars et maquis : Vendeuses de charme ou femmes battantes ?

    Pet être qu’il faut aussi aller parler aux clients de maquis : Ces pères de famille, mari, fonctionnaires, responsables de services, commerçants etc. qui pensent que parce qu’ils ont payé une bière à une serveuse, ils ont le droit d’en faire ce qu’ils veulent.

    Il fallait les rencontrer tout ces porcs, qui crient qu’il n’y a pas l’argent, mais des qu’ils en ont un peu vont au maquis pour "attraper" des togolaises.

    Qui n’a pas vu un type faire la bagarre dans un maquis parce qu’une serveuse refuse de partir avec lui, sous prétexte qu’il a payé une bière ?

    • Le 9 octobre 2010 à 12:54 En réponse à : Serveuses de bars et maquis : Vendeuses de charme ou femmes battantes ?

      Oui mais il ne faut pas oublier que certaines serveuses prennent un malin plaisir à séduire les hommes même mariés et finissent dans leur lit. Elles ne sont pas toutes les innocentes que l’on veut faire croire.
      je suis bien placé pour en parler j’ai moi même été séduit par l’une d’elles et me retrouve avec des maladies malgré les préservatifs. Je n’aurai pas du, je suis coupable mais elle, je ne l’ai pas forcée non plus, c"est elle qui m’a cherché.

  • Le 7 juin 2010 à 11:39, par Dabisson En réponse à : Serveuses de bars et maquis : Vendeuses de charme ou femmes battantes ?

    Bel article !
    Ce sont les conséquences directes de la mal gouvernance, de l’explosion démographique et j’en passe.
    - Selon le dernier rapport de l’INSD, 28 millions d’habitants en 2030. Il ne faut pas s’en réjouir. Imaginer les conséquences, si la politique actuelle de l’Etat reste inchangée :
    - l’insécurité sera au cœur des préoccupations du gouvernement et on recrutera des milliers de policiers et gendarmes au détriment des autres fonctionnaires
    - La prostitution se fera de porte en porte comme les médicaments de la rue et concernera plus les filles burkinabè
    - Nos dirigeants seront soumis perpétuellement soumis à des pressions sociales
    Ayons donc une vision lointaines au lieu de se faire toujours surprendre.

    • Le 26 septembre 2011 à 22:28 En réponse à : Serveuses de bars et maquis : Vendeuses de charme ou femmes battantes ?

      {{}}pas pour rien que beaucoup d’entres vous emmenages au canada,flexibilite d’accessibilite,et tout le tra la la et que l on rapatrie par la suite une grande majorite d entre vous car vous battez vos femmes .cesser d e vous en prendre a vos femmes et regardez vous.vos femmes se prostituront pas ici et aurons droit a une belle et legitime vie.Nous avons des lois et nos femmes ne sont pas des animaux.

  • Le 7 juin 2010 à 13:27, par Alexio En réponse à : Serveuses de bars et maquis : Vendeuses de charme ou femmes battantes ?

    Prene Lexemple des pays developpes.Le klients paient avant detre servis.Creer une Ecole des serviteurs por Lintegration radicale de ce metier qui en europe er tres respecter.

  • Le 7 juin 2010 à 14:53, par LE NABA En réponse à : Serveuses de bars et maquis : Vendeuses de charme ou femmes battantes ?

    TRES BEL ARTICLE.C’EST LA PAUVRETE QUI EMMENE TOUS CELA.MAIS JE PENSE AUSSI SINCEREMENT QUE SI CES FILLES TROUVAIENT QUELQUE CHOSE DE MIEUX ELLES AURAIENT AIME RESSEMBLER A LEUR CAMARADES AU FOYER. MAIS HELAS !!!!!!!.
    JE DIT AUSSI AUX CLIENTS DE RESPECTER UN PEUT CES BRAVES FILLES QUI NE CHERCHENT QUE LEUR PAIN QUOTIDIEN.
    JE DIT AUSSI AUX FILLES DE CHANGER UN PEUT LEUR COMPORTEMENT, LEUR MANIERE DE S’HABILLER ET SURTOUT ARRETER L’ALCOOL ET LA CIGARETTE CAR CELA CONTRIBUT QU’A TERNIR LEUR IMAGE.
    A BON ATTENDEUR SALUT !!!!!!!!!

  • Le 8 juin 2010 à 11:08, par dizis En réponse à : Serveuses de bars et maquis : Vendeuses de charme ou femmes battantes ?

    bonjour je suis d’accord qu’on ai l’argent pour boire la bière mais qu’on soit responsable quand on rentre dans un debit de boissons ;il faut que le ministre de l’emploi oblige toute les emtreprises de ne pas payer en dessous du smig car la vie est vraiment dur

  • Le 8 juin 2010 à 11:43, par Lukas En réponse à : Serveuses de bars et maquis : Vendeuses de charme ou femmes battantes ?

    VoVous y allez un peu fort : "Solange Gaëlle... des nom courant dans ce milieu ??? Vous n y êtes pas du tout "une hirondelle ne fait pas le printemps" parce que ce sont les noms de vos interviewées, c’est tout . Sinon intelligemment elles se font appeler Maman, Comfort, pour ne pas "salir" leur vrai prénom.. ;Un reportage ça se prépare ça prend du temps pour un travail de fond...Ils sont où les clients de ces bars ??

  • Le 8 juin 2010 à 11:50, par reveil En réponse à : Serveuses de bars et maquis : Vendeuses de charme ou femmes battantes ?

    félicitation à toute cette game de fille qui se battent dans des conditions pas du tout faciles, pour gagner leur pitance quotidien malgré les himiliations.

  • Le 8 juin 2010 à 16:36, par patriote burkinabé En réponse à : Serveuses de bars et maquis : Vendeuses de charme ou femmes battantes ?

    C’est vrai que l’article est touchant mais j’ai personnellement fait des remarques qui n’honnore pas la personne humaine d’abord et ensuite le citoyen burkinabé.
    Primo je ne pense que ce soit bien de publier un aveu du genre "j’ai avorté" : si je ne me trompe l’avortement est un crime. Alors je demande à ce que cette personne ayant fait ce aveu soit puni conformément à la loi et avec toue la rigueure qu’il faut !
    Ensuite, peut être que je me trompe mais je ne pense pas que ce soit bien de dire "je vais chercher une togolaise au maquis" comme si togolaise est synonyme de femme au maquis. si nous voulons qu’on respecte notre nationalité et notre pays il faudra d’abord à respecter les autres. Savez-vous que chez l’un de nos voisin il serait mieux que vous disiez que vous être un idiot plutôt qu’un burkinabé ( Dieu me pardonne d’avoir dit ça !).
    Enfin je pense que les serveuses elle-même ne respectent pas leur métier. Sinon pourquoi disent-elles "s’il y’avait autre chose..." ; il y’a autre chose mes chères soeurs et je crains malheureusement que c’est vous qui ne pouvez rien faire d’autre. Si vous serveuses, denigrez votre occupation, qui va la respecter ? Pas moi en tout cas !
    A bon entendeur, salut !

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