OPPOSITION TOGOLAISE : La drôle de campagne
La campagne pour la présidentielle au Togo est ouverte. Face à face, un pouvoir suffisamment préparé pour être serein et assuré, et une opposition à la monture trop mal ménagée pour aller loin et tourmenter Faure Gnassingbé. En clair, c’est mal parti pour cette opposition qui aborde la campagne présidentielle dans la mésentente, l’incohérence et la confusion générale. En ce qui la concerne, on a envie de dire : "quelle drôle de campagne !" A l’image d’une opposition à un moment soudé, parlant d’une même voix et défendant une cause commune, a peu à peu succédé celle d’une opposition déchirée, brouillonne, manquant de stratégie, de lisibilité et de visibilité.
Disant tantôt noir, tantôt blanc, cette opposition achève de donner l’impression qu’elle navigue sans cesse à vue, comme si elle n’avait pas assez de se livrer au jeu dangereux de l’embrouillamini politique sans fin et de nature à déboussoler ses propres militants. Assurément, sa démarche ne l’honore ni ne la rend crédible. Bien entendu, le parti au pouvoir ne lèvera pas le petit doigt pour la stopper dans son élan aventureux et hautement contre-productif. Bien au contraire, le RPT continuera de la regarder et de la laisser faire. Il ne fera tout de même pas la fine bouche face à ce pain bénit !
Faure Gnassingbé hérite d’un parti puissant, dont les assises auront solidement été implantées sur l’ensemble du territoire togolais. Un demi–siècle ou presque d’exercice du pouvoir, ce n’est pas rien. Une grosse machine s’il en est donc, dont on ne saurait à l’évidence venir à bout qu’après un travail minutieux et de longue haleine. Hélas, plutôt que d’en prendre conscience et de travailler sérieusement à l’avènement du changement, l’opposition donne l’air d’ouvrir au candidat Faure Gnassinbgé, un deuxième et large boulevard vers la présidence. Et après cela, elle se dépêchera de crier à l’irrégularité du scrutin au soir du vote !
Certes, pour la présidentielle du 4 mars prochain, on a envie de dire qu’elle aura pratiquement grillé toutes ses chances de succès. Mais il n’est pas encore tard pour se ressaisir, en l’occurrence dans la perspective des autres échéances à venir. Mais pour cela, les partis d’opposition devraient avoir le courage de faire leur autocritique, toute chose qui leur éviterait de se livrer à des agissements que leurs propres électeurs ont parfois du mal à comprendre.
On retiendra du présent processus électoral, que l’opposition togolaise n’a pas été du tout tendre envers le pouvoir qu’elle accuse de vouloir préparer la fraude. Si l’on ne peut confirmer ni infirmer de telles accusations, on sait cependant que le régime de Faure Gnassingbé aura fait des concessions énormes pour assurer un minimum de consensus avant la tenue du scrutin. Les concessions du pouvoir n’étaient-elles pas déjà bonnes à prendre, en attendant mieux ? Et les gesticulations de l’opposition sur fond d’accusations ne sont-elles pas une façon, pour elle, de prendre les devants, pour ne pas avoir à ruminer une défaite qui s’annonce des plus certaines ? Allez-y savoir !
Par Cheick Beldh’or SIGUE
Le Pays
Vos commentaires
1. Le 19 février 2010 à 06:58, par Jojo En réponse à : OPPOSITION TOGOLAISE : La drôle de campagne
Hey Monsieur le journaliste ! pensez-vous qu’apres plus de 40 du regne de ce regime dictatorial RPT, ce sont les campagnes qui changeront l’avis des Togolais appauvris, demunis ? vous roulez pour qui ? combien avez vous recu de Faure Gnassingbe pour publie ce genre d’article ? Ne te meles plus de nos affaires, journaliste corrompu.
2. Le 19 février 2010 à 11:13, par Kouassi KLOUSSE En réponse à : OPPOSITION TOGOLAISE : La drôle de campagne
La cacophonie qui regne actuellement au sein de l’opposition politique togolaise etait previsible, car les leaders politiques n’ont souvent pas tenu compte des besoins reels et autres reflexions provenant de leurs bases. Ils ont peut etre encore les moyens de se ressaisir mais c’est leur derniere chance. Une chose est sure : au lendemain de l’election presidentielle du 4 mars 2010, les partis de l’opposition au Togo auront a se restructurer, comme j’avais eu a le dire dans cette reflexion du 27 Octobre 2009 titree :"De la prochaine disparition des anciens partis politiques de l’opposition togolaise", ou j’ecrivais :
Il n’ya pas lieu d’être sorcier pour prévoir la disparition toute proche de l’ancienne classe politique dite de l’opposition au Togo. Je serais même tenté de prédire 2010 comme année probable de cette disparition. Pour ceux qui n’auraient aucune idée des partis appelés à s’éteindre, j’irais volontiers plus loin,
en donnant ici un début de liste que chacun de nous pourra s’amuser à compléter, pour peu que l’on fasse preuve d’impartialité, que l’on reste objectif, et que l’on s’intéresse vraiment à la vie politique de notre pays
. Il s’agit donc pour moi de l’UFC (Union des Forces du Changement), du CAR (Comité d’Action pour le Renouveau) et tenez vous bien : de la CDPA (Convention Démocratique des Peuples Africains) [à ne pas confondre bien sûr avec sa branche togolaise : CDPA-BT] et bien d’autres « parti -cules » qui se reconnaitrons facilement eux-mêmes à travers ma description de la situation politique au Togo.
Pourquoi une disparition ?
Parce que tous ces partis dans leur fonctionnement se résument aujourd’hui encore à leurs leaders, et que ces leaders seront bientôt tous frappés sinon par l’âge du moins par l’usure du système.
Pourquoi une disparition en 2010 ?
Parce que c’est l’année des prochaines élections présidentielles au Togo, et que ces partis, non seulement ne sont pas encore arrivés à nous montrer leur maturité en développant une stratégie cohérente de prise de pouvoir en vue d’abattre définitivement ou d’affaiblir considérablement le parti au pouvoir RPT (Rassemblement du Peuple Togolais), mais aussi que ces partis ont manqué jusqu’à ce jour de vraiment se rajeunir ou présenter un programme qui serait à la hauteur des ambitions de la jeunesse togolaise. Un programme qui sait anticiper les méthodes du RPT, ce dernier ayant toujours su utiliser la jeunesse de notre pays pour arriver à ses fins. Tenez : les milices du RPT, les professionnels des marches de soutien au gouvernement, les preneurs de sous, les liseurs, les délateurs, bref les animateurs du RPT ne sont-ils pas des jeunes, tandis que les têtes pensantes, les donneurs d’ordre, les décideurs, bref la vieille garde des vrais dirigeants de ce parti, continuent comme d’habitude de travailler dans l’ombre. Une méthode contraire à celle de l’opposition dont les leaders sont aux avant postes et se battent pour être plus visibles les uns que les autres au sommet d’une « pyramide » dont ils n’ont jamais renforcé les bases.
J’aimerais mieux m’expliquer ici sur le dynamisme qui guide les ambitions de cette jeunesse togolaise et qui ne sont plus les mêmes que dans les années 1990 par exemple, mais ont beaucoup changé avec les fuites des jeunes vers d’autres horizons, l’évolution du monde grâce à l’utilisation de l’internet, voire la globalisation du monde actuel.
Au moment de la Conférence Nationale du Togo et des "grandes péripéties" des années 1992-1993 dans notre pays, la plupart des jeunes n’avaient jamais rêvé quitter le Togo même pour aller étudier à l’extérieur. Aujourd’hui après toutes les violences électorales, l’insécurité et la misère dans le pays, la plupart de nos compatriotes ont dû partir et rentrer en contact avec non seulement l’extérieur, mais ont pu toucher du doigt les défis et ambitions qui animent les jeunes des autres pays. Les mentalités ont donc beaucoup changé tandis que le programme des partis politiques au Togo n’a pas bougé d’un iota. Il y a donc un grand décalage entre les manières de voir le futur, par la jeunesse actuelle de notre nation, et la vision que les anciens partis politiques continuent d’offrir à notre population. Nos partis politiques ne se sont jamais préoccupés par exemple de prendre en charge la jeunesse et l’occuper avec des activités autres que celles politiques et qui comme chacun le sait, ne sont pas lucratives. Personne ne s’est jamais inquiété de ce que les jeunes deviennent après avoir été mis dans la rue face aux militaires pour des revendications politiques devant lesquelles nos leaders politiques eux-mêmes ont toujours été les premier à fuir. Aucun parti au Togo n’organise les jeunes dans des mouvements ou activités qui leurs donneraient envie de rester dans le pays, parce que leur procurant du travail par exemple. Tous nos chefs de partis ne rêvent d’organiser les jeunes seulement que le jour où ils seront au pouvoir, faisant croire que l’organisation de la jeunesse ne saurait être qu’un problème d’Etat, un travail qui ne reviendrait qu’au seul gouvernement en place, ce qui est faux. Il n’y a donc pas de militants de l’UFC, du CAR, ou des autres partis politiques de l’opposition qui aide aujourd’hui les jeunes à trouver du travail, à organiser leurs quartiers, à rendre propre les rues où ils vivent, à se donner du plaisir à travers des activités culturelles, sportive ou même agricoles. Bref tout est laissé à la charge du pouvoir en place qui n’existe dans ce domaine que de nom, et n’offre aux jeunes que la délation, l’argent facile, la violence gratuite, et la corruption.
Les politiciens de notre pays aujourd’hui, quelqu’un vous le dira peut être mieux que moi : c’est « bonnet blanc et blanc bonnet ».
Qu’ils soient de l’opposition ou du parti au pouvoir, tous ne pensent avant tout qu’à eux-mêmes et n’ont les yeux rivés que sur le pouvoir. La population quant-à elle est laissée de côté si elle n’est pas savamment utilisée à des fins propres aux différents partis politiques.
C’est dans cette confusion totale cependant, que les nouveaux partis politiques de l’opposition qui viennent d’arriver sur la scène et bientôt se présenteront aux présidentielles de 2010, sont perçus comme venant offrir un semblant d’alternance qui comblerait bientôt le vide. Il faudrait toutefois que ces nouveaux partis politiques fassent leurs preuves avant que la population n’adhère totalement à leurs idéologies, et c’est ce cadre que les prochaines élections présidentielles au Togo sont en train de leur offrir.
L’année 2010 est de ce point de vue l’année de toutes les vérités. C’est l’année où les nouveaux partis iront à la conquête des togolais, et que les anciens partis de l’opposition seront appelés à disparaitre faute d’apporter ou d’avoir apporté aux togolais une stratégie nouvelle pour la conquête de la démocratie dans notre pays, (ce qui à mon humble avis est déjà trop tard à réaliser). C’est aussi l’année où le parti au pouvoir devra se renforcer pour asseoir une nouvelle dynamique ou carrément perdre de ses " plumes" au détriment des nouveaux venus.
La lutte sera donc très âpre, mais quel que soit le scenario en 2010, l’horizon politique ne sera bientôt plus le même après les prochaines élections présidentielles au Togo. Il sera beaucoup plus clair pour les togolais, qui pourront alors voir au grand jour les défis réels que notre pays doit désormais relever. Des défis énormes mais qui se résument pour moi en deux mots : démocratie et indépendance.
En 2010, même si le RPT venait à gagner (comme cela est à prévoir), plusieurs questions resteront encore sans réponses véritables selon moi, à savoir :
comment nos prochains dirigeants comptent à l’avenir développer le Togo sans avoir recours aux aides de l’extérieur ? (D’aucuns nous disent déjà qu’ils reconstruiront les routes, les ponts, les écoles, sans nous dire où ils trouveront l’argent pour le faire.).
comment comptent-ils rembourser les dettes actuelles contractées par notre pays sans pour autant avoir à sacrifier l’avenir de nos enfants ?
Reste ensuite ce qui distinguera désormais un parti politique de l’autre dans notre pays : les programmes et les vraies actions sur le terrain.
Allons nous toujours continuer par assister à des débats creux et stérile entre " politicards" tandis que nos ponts s’écroulent, que nos maisons sont inondées d’eau de pluie, que des déchets s’entassent à chaque coins de nos rues, et que la population affamée et sans travail reste sans espoir dans l’avenir ?…
Face à toutes ces incertitudes, il y a encore à mon avis une petite et dernière chance pour l’ancienne opposition de refaire surface et même de survivre à ses vieilles blessures, mais elle se trouve comme je l’avais dis plus haut, dans un changement total de sa stratégie actuelle. Pour l’heure je ne vois qu’une alliance sacrée de cette opposition togolaise avant la grande chute. Cette alliance passera selon moi par l’organisation des élections primaires entre rien que les partis politiques, ou mieux rien qu’entre leurs leaders. Ces primaires consisteraient à organiser des campagnes à l’américaine, mais que je qualifierais ici de fictives car il ne s’agirait pas de parcourir tout le pays, puisqu’ils n’en auront jamais les moyens, ni le temps, mais d’utiliser les medias privés pour présenter et expliquer à la population leurs programmes. La population serait ensuite appelée à voter (toujours de manière fictive [je pourrai fournir les détails de ce genre de vote et en expliquer les contours, si jamais le principe est retenue]), afin de choisir le meilleur candidat qui représenterait tout simplement toute l’opposition politique au régime RPT aux prochaines élections présidentielles. Notons ici qu’ils pourront se faire aider par les textes de la Constitution de notre pays, qui ne prévoient aucune ligne contre la présente stratégie, et obliger toujours avec l’aide de cette même Constitution le gouvernement actuelle à financer leurs campagnes pour ces primaires. Le candidat arrivé en tête sera alors le candidat désigné en quelque sorte par le peuple, le second sur la liste étant celui qui pourra remplacer l’élu si jamais ce premier éventuellement venait à se faire assassiné (n’ayons pas peur des mots), et ainsi de suite.
Le candidat en tête de l’opposition sera donc le seul et unique candidat qui représentera toute l’"alliance sacrée" contre le R.P.T aux présidentielles de 2010, histoire de mettre définitivement à genou ce parti, et obtenir un véritable soutien de la population pour résister aux violences post électorales, ou aux prochaines fraudes auxquelles le RPT nous a maintenant habitué (inutile ici de revenir sur l’histoire des urnes portées sur la tête en 2005, et dont les images avaient fait le tour du monde.).
Cette stratégie de l’opposition reste donc selon moi, la seule qui donnerait encore de la crédibilité à l’ensemble de la classe politique togolaise. Malheureusement comme je l’avais dis plus haut, nos leaders sont en perte de vitesse et manquent d’humilité, de maturation et d’assez de nationalisme pour se rendre à cette évidence. Voilà pourquoi en 2010, certains de nos anciens partis seront appelés à disparaitre avec leurs leaders et que la population togolaise déçue n’ira plus dans la rue pour les soutenir, mais préférera attendre patiemment de voir un nouveau parti politique émerger pour notre pays, un parti politique avec un chef politique assez moderne, dynamique, anticipateur et déterminé, capable de comprendre et de se faire comprendre de la jeunesse togolaise et capable d’amener à la conquête du monde.
Vivement que vienne 2010, pour que mon analyse me donne raison ou tort.
Fait à Washington D.C ce 27 Octobre 2009
Kouassi KLOUSSE
Artiste peintre et activiste des droits humains
Contacts : - e-mail : tousfree@yahoo.com