Se mettre à l’écoute de la frange majoritaire du peuple burkinabè en lui donnant l’occasion de partager ses sentiments, ses avis, ses préoccupations majeures du moment, et surtout de dégager des pistes d’actions communes et consensuelles pour leur prise en compte dans le processus de construction de notre pays, c’est la justification du forum national des jeunes rappelée d’entrée de jeu par le Président du Faso pour introduire les échanges avec les jeunes. Ces échanges selon Blaise Compaoré ne sont pas l’occasion pour lui d’offrir des formules magiques ou de donner des solutions miracles aux préoccupations des jeunes. C’est plutôt un cadre de concertation pour inviter chacun à jouer sa partition dans l’édification d’un Burkina prospère. « Ma conviction est que chaque génération a la responsabilité de créer les richesses qui lui sont nécessaires pour son épanouissement. Cette responsabilité est aujourd’hui la vôtre », a dit le président aux jeunes.

Les jeunes ont réitéré leur reconnaissance au Président du Faso qui a décidé de marquer avec eux une halte pour porter un regard critique sur cet événement national afin d’apprécier les objectivités, les acquis et les insuffisances dans la perspective de faire de nouvelles propositions susceptibles de renforcer ce dispositif d’écoute et de dialogue permanent. De ces échanges depuis maintenant cinq ans, il y a eu à en croire aux jeunes, des acquis importants. Sur le plan institutionnel les jeunes apprécient la prise en compte de leurs points de vue dans la gestion du pays. La création du ministère plein chargé de la jeunesse, la création du FAIJ, l’adoption d’une politique nationale de la jeunesse, la mise en place du conseil national de la jeunesse, la célébration régulière de la journée internationale de la jeunesse et la création d’un corps de volontaires du développement sont autant d’acquis issus des forums.

Autres acquis importants, de 2005 à 2009 les jeunes ont bénéficié de divers types de formation. La formation professionnelle duale à l’ANPE a concerné en cinq ans, 6 203 jeunes ; l’opérationnalisation de la formation de 10 000 jeunes par an aux métiers a permis en trois ans d’accroître l’employabilité de 23 184 jeunes de divers types de métiers. La mise en œuvre effective de la formation en entreprenariat a permis de renforcer les compétences entreprenariales de 8 515 jeunes sur le territoire national, et la formation en conduite et en entretien de véhicules, la mise en œuvre de l’opération permis de conduire en 2008 et 2009 a donné l’occasion à 2 775 jeunes d’accroître non seulement leurs opportunités d’occuper un emploi, mais aussi d’améliorer leur sens du civisme en matière de sécurité routière.

Le Fonds d’appui aux initiatives des jeunes en deux ans a financé 814 jeunes pour un montant cumulé de 820 millions.
Malgré ces résultats engrangés, les jeunes ont relevé des insuffisances au triple plan de l’organisation, du contenu du forum et de la mise en œuvre des recommandations. Sur le plan organisationnel notamment, les jeunes déplorent la transmission tardive des documents préparatoires ; l’insuffisance du temps de déroulement des forums de zone qui est d’une journée, et l’insuffisance des moyens pour l’organisation pratique du forum. Sur le plan du contenu du forum les jeunes relèvent comme insuffisances, l’absence d’activités relatives à la santé de la reproduction des adolescents et jeunes et à la lutte contre les IST/SIDA au cours du forum et la non définition du thème du forum à temps. Sur le plan de la mise en œuvre des recommandations les insuffisances notées par les jeunes sont relatives à l’insuffisante diffusion des conclusions du FNJ auprès des jeunes qui n’y ont pas pris part ; le manque de célérité dans la mise en œuvre de certaines recommandations et l’absence d’un mécanisme de suivi impliquant les jeunes.

L’institutionnalisation du Forum national des jeunes à n’en point douter est une belle initiative, démocratique (la loi du plus grand nombre) qui permet à l’écrasante majorité dynamique et pleine d’avenir de la population burkinabè de poser de vive voix ses préoccupations et proposer des pistes de solutions. Comme le conseillent les Saintes Ecritures, indique à l’enfant la voie qu’il doit suivre et quand il sera grand il ne s’en détournera pas. Ces forums permettent de rappeler aux jeunes leurs responsabilités historiques dans la construction de notre nation. Si l’on accepte objectivement l’émonder, le Forum national des jeunes produira plus de produits pour le bonheur individuel et collectif des Burkinabè.

Koundjoro Gabriel KAMBOU : Lefaso.net