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Forum national des jeunes : Justin Koutaba, ministre de la Jeunesse et de l’Emploi : “L’agriculture est un bassin d’emplois et de création de revenus”

Publié le jeudi 4 février 2010 à 01h05min

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Le Ve Forum national des jeunes(FNJ) se tient du 4 au 7 février 2010 à Bagré dans la région du Centre-Est, localité située à environ 220 km de la capitale Ouagadougou . Près de trois mille jeunes issus de toutes les régions du Burkina Faso vont réfléchir sur le thème : “Jeunesse, entreprenariat et auto-emploi : un défi”. Le professeur Justin Koutaba, ministre de la Jeunesse et de l’Emploi explique dans cette interview, entre autres, l’importance du thème pour la jeunesse et le développement du Burkina Faso. Mais avant, il situe le contexte du FNJ.

Justin Koutaba (J.K.) : Le forum national des jeunes(FNJ) est une instance, une tribune libre, participative et démocratique. Il réunit, chaque année depuis 2005, le chef de l’Etat et l’ensemble des jeunes du Burkina Faso, urbains, ruraux, scolaires et étudiants. L’objectif visé par ce forum est de créer un cadre d’écoute, de dialogue.

Ceci par l’entremise des échanges directs entre le chef de l’Etat, l’ensemble du gouvernement et les jeunes. Le FNJ permet de prendre en compte les rêves, les aspirations et les préoccupations majeures des jeunes du Burkina Faso dans les prises de décisions.

S. : Le thème du Ve FNJ est “Jeunesse, entreprenariat agricole et auto-emploi : un défi”. Quelles sont les raisons qui ont prévalu au choix d’un tel thème ?

J.K. : L’économie des pays en voie de développement est basée principalement sur l’agriculture. En mettant en œuvre un certain nombre de projets dans les domaines de l’entreprenariat agricole, nous avons la possibilité de relever le défi de la sécurité alimentaire et de lutter contre la pauvreté par la création de richesses et de revenus.

Amener les jeunes à se pencher sur un thème que celui de l’entreprenariat agricole nous permet de provoquer des changements de mentalités. Nous voulons révéler aux jeunes que le potentiel agricole est porteur de beaucoup d’emplois ruraux, de création de richesses et de revenus.

S. : D’aucuns pensent que le forum est un lieu de rencontre des jeunes acquis au régime en place. Qu’en dites-vous ?

J.K. : Une jeunesse responsable, consciente n’a jamais été contre un régime. Etre contre un régime, c’est ne pas aimer son pays. La jeunesse burkinabè n’est pas une jeunesse négative, ni destructive comme certains voudraient le faire croire.

Pour moi, le forum national des jeunes est un cadre participatif, libre et démocratique où les jeunes de toutes les régions, à travers leurs organisations, viennent de façon libre, échanger et poser leurs problèmes. Les acquis du forum laissent croire qu’il faut s’attendre à des lendemains meilleurs.

S. : Qu’est-ce qui fera la particularité de la présente édition ?

J.K. : Le Ve FNJ va consister, pendant les échanges entre le chef de l’Etat et les jeunes, à établir un jugement, un bilan des 5 ans de travail et décider ainsi des perspectives.

Les jeunes vont reprendre point par point , année par année, les recommandations formulées à l’endroit du gouvernement, les problèmes qu’ils ont soulevés et souhaité voir solutionner par les autorités. Ainsi la particularité du forum de cette année est le fait de faire un recul et de prendre de nouvelles orientations. En matière de bilan, globalement, il ressort que malgré des insuffisances inhérentes à toute organisation, des acquis importants sont engrangés pour notre jeunesse.

Il va falloir les consolider notamment en travaillant à réduire le maximum possible les insuffisances structurelles, organisationnelles de gestion du forum et faire de telle sorte que les années à venir ouvrent de nouvelles perspectives pour les jeunes qui entendent s’engager résolument, de façon franche, au développement de notre pays. La jeunesse a un poids démographique énorme : 74% de la population. Il faut qu’elle puisse jouer son rôle majeur de locomotive du développement.

S. : Les jeunes sont-ils intéressés par le retour à la terre après l’expérience malheureuse du Sourou ?

J.K. : D’abord le choix de Bagré est un message, une symbolique très forte pour les jeunes. L’agriculture constitue la source principale de notre économie. Aujourd’hui, il y a des opportunités dans le potentiel agricole.

L’expérience du Sourou est une expérience positive dans la mesure où, avec du recul, nous avons la possibilité de connaître les insuffisances qui ont conduit à un échec de la tentative des autorités de l’époque d’amener les jeunes vers l’entreprenariat agricole.

Fort de cette expérience, nous pouvons prendre des initiatives heureuses permettant à notre jeunesse de s’investir dans l’agriculture, un bassin d’emplois, de création de revenus. La jeunesse peut constituer un crénau de nouveaux acteurs pétris de compétences, de qualifications, de savoir-faire pouvant augmenter la productivité. Ils peuvent s’engager dans l’agro-business.

S. : Quel est le budget alloué au Ve forum ?

J.K. : Le forum est budgetisé à 160 millions de F CFA. Avec la régulation, nous avons eu 92 millions. Pour le transport, la restauration, nous avons demandé un accompagnement. Car il faut amener près de 3000 jeunes sur le site de Bagré situé à environ 220 km de Ouagadougou. Des jeunes doivent venir en effet de toutes les régions. Cela a un coût. Mais l’enjeu du forum en tant que cadre d’écoute et de dialogue vaut la peine que ce coût soit supporté par le budget de l’Etat.

S. : Certains reprochent aux autorités de ne pas confier des responsabilités à la jeunesse. En quoi votre ministère donne t-il le bon exemple ?

J.K. : Le forum, un cadre d’écoute et de dialogue, a permis aux jeunes d’exprimer leurs préoccupations notamment leur participation au processus de développement. A travers les structures telles que le conseil national et régional de Jeunesse, les jeunes ont la possibilité d’être écoutés et entendus. Notre jeunesse peut avoir voix au chapitre, faire prendre ses préoccupations en compte.

Le ministère de la Jeunesse et de l’Emploi associe la jeunesse à travers ses associations, ses mouvements, ses réseaux à toutes les décisions relatives à son épanouissement et à sa promotion.

S. : En quatre ans d’existence, combien d’emplois le ministère en charge de la Jeunesse a pu créer pour les jeunes ?

J.K. : Nous avons créé des milliers d’emplois. En 2009, les efforts de financement des micro-projets , à travers les fonds, ont permis de financer au total 2142 promoteurs de micros moyennes et petites entreprises pour un coût total de 1 484 935 000 F CFA. Ces financements ont permis d’engendrer la création de 1776 emplois et la consolidation de 1478 autres.

Rien qu’en 2009, en matière d’employabilité des jeunes par la formation professionnelle aux métiers, à l’entreprenariat, nous avons formé en tout 23 504 jeunes à travers tout le territoire national. Si nous comptabilisons depuis 2006, nous pensons qu’il y a des acquis. Il faut continuer dans ce sens de façon à accroître l’employabilité de nos jeunes , les compétences et les opportunités de financement.

S. : Evoquez-nous en quelques lignes les perspectives de votre ministère.

J.K. : Nous allons continuer dans la consolidation de nos projets et programmes pour que les jeunes puissent avoir des opportunités de création des micro, moyennes et petites entreprises.

Nous allons aussi continuer les efforts de formation de notre jeunesse afin de l’amener à glisser de l’esprit fonctionnarial vers l’esprit entreprenarial. Des infrastructures de formation seront ainsi créées, réhabilitées et équipées. A partir de 2010, nous allons passer de 25 000 jeunes par an à plus de 35 000 formés.

Dans les deux villes à statut particulier, Ouagadougou et Bobo-Dioulasso, où le taux de chomage a atteint à peu près 18%, nous allons créer 75 323 emplois d’un coût global de plus de 3 milliards de FCFA. Une bonne partie de ce financement est déjà acquis. Au moins, nous comptons former 130 000 jeunes par an en milieu rural afin qu’ils puissent booster notre agriculture.

S. : Quel message avez-vous pour les différents acteurs ?

J.K. : Un ministre de la Jeunesse doit être à l’image de la jeunesse. Une jeunesse qui a des aspirations, des rêves, est parfois une jeunesse vindicative. Beaucoup d’efforts sont consentis par le gouvernement en matière de promotion de la jeunesse. De façon critique, nous disons aussi qu’il reste beaucoup à faire.

Les chantiers sont nombreux mais nous avons la conviction que les 74% de jeunes qui constituent notre population sont un atout favorable au développement. Les pays africains doivent prendre en compte l’enjeu de la jeunesse. Notre appel à l’endroit de celle-ci est qu’elle s’engage très fortement, consciemment à prendre ses responsabilités dans les sphères de décisions politiques et dans les tribunes de développement économique.

Au nom de la jeunesse, nous lançons un appel au Président du Faso, de continuer, à travers ses programmes quinquennaux, à inscrire cette frange de la société au premier plan. Qu’il sache qu’il peut compter sur les jeunes à tout moment. En valorisant comme il le fait, le capital humain notamment le capital juvénile, notre pays peut s’inscrire dans l’agenda des pays émergents.

Interview réalisée par Boureima SANGA (bsanga2003@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 4 février 2010 à 11:36, par un citoyen En réponse à : Forum national des jeunes : Justin Koutaba, ministre de la Jeunesse et de l’Emploi : “L’agriculture est un bassin d’emplois et de création de revenus”

    Vous avez la chance que plus de 95% de la jeunesse qui est très affamée trouve que aller à BAGRE avoir du riz gras manger ça fait au moins une journée de famine en moins.

    Si non si c’est ça la particularité de ce 5ème forum, c’est vraiment des foutaises.Vous étiez où pour ne pas faire le bilan du 1er, ni du 2ème, ni du 3èm c’est maintenant vous voulez tout cumuler ?

    Jeunes du BURKINA, avez-vous compris ? On vous demande de venir REPETER ce que vous avez dit lors des 4 derniers forum et le président va voir.... Donc si vous ne vous rappelez pas de ce que vous avez dit les 4 forums passés , ce n’est pas la peine d’y aller.

    Monsieur Le Ministre, vous avez dit que le taux de chômage au BURKINA est de 3,2%. Pour quoi faire d’un forum des jeunes avec LE MEILLEUR TAUX DE CHOMAGE AU MONDE ?

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