CONCOURS PROFESSIONNELS : Admis puis recalé, un agent interpelle le Président du Faso
L’auteur du texte ci-dessous a été admis premier à un concours professionnel et s’est ensuite vu recaler par l’administration à sa grande surprise. Il a fallu qu’il use de la voie judiciaire pour se faire rétablir dans ses droits. Mais il n’a pas voulu s’arrêter là. Il a estimé qu’il fallait interpeller le Président du Faso sur certaines choses qui se passent dans l’administration publique et dont il n’est pas forcément informé. D’où la lettre ouverte ci-dessous.
Excellence, Prendre la résolution de vous adresser une lettre par voie de presse n’est pas une chose aisée. L’importance de vos fonctions vous met au dessus des faits insolites de la société. Cependant certains évènements, je pense, méritent d’être portés à votre connaissance. Il faut se le dire. Excellence Monsieur le Président du Faso, votre programme de gouvernance à savoir "Le progrès continu pour une société d’espérance" ne pourrait se réaliser que dans une société reposant sur des règles qui régissent son fonctionnement. Autrement, il n’y a pas de progrès dans une société anomique.
Excellence Monsieur le Président, mon histoire est la suivante : suite à un dossier régulièrement déposé, j’ai été autorisé par l’Administration à composer au concours des attachés d’éducation spécialisée session de 2008. Je fus déclaré admis et classé 1er par le communiqué n°08-217/MFPRE/SG/AGRE/DDR en date du 19 juin 2008. A la rentrée, je me présentai à l’INFTS (Institut national de formation en travail social) le 15 octobre 2008 afin de suivre ma formation. Notons que ce jour, j’ai pu remplir les formalités administratives. Le lendemain, soit le 16 octobre 2008, l’Institut m’apprenait à ma grande surprise que mon admission était caduque car le communiqué n°08-312/ MFPRE/ SG/ AGRE/ DDR du 23 juillet 2008 m’avait retiré le bénéfice de l’admission. Le communiqué suivant, n°08-313/MFPRE/SG/AGRE/ DDR du 23 juillet 2008, avait procédé à mon remplacement par le premier de la liste d’attente. L’Administration, au mépris des textes en vigueur, avait délibérément opté de ne pas me notifier les décisions prises en mon encontre. Le 9 décembre 2008, j’ai déposé un recours en annulation avec l’appui d’un conseil de la place, au greffe du tribunal administratif de Gaoua, contre les décisions prises en mon encontre. Le recours en annulation était appuyé d’une demande de sursis à exécution déposé le même jour. Les mémoires en défense de la partie adverse - administration - furent successivement enregistrées à l’arrivée au tribunal administratif les 20 et 26 janvier 2009. Mon conseil, par une lettre adressée au tribunal le 22 février 2009, demandait de statuer sur le dossier car il n’avait plus rien à ajouter à ses conclusions.
Le tribunal administratif de Gaoua a procédé à la convocation des deux (02) parties pour l’audience fixée au 26 novembre 2009. Le 31 décembre 2009, le dossier a été mis en délibéré. Le tribunal ayant jugé de l’illégalité de l’acte a annulé le communiqué n°08-312/MFPRE/ SG/ AGRE/ DDR du 23 juillet 2008, en me déclarant admis audit concours avec toutes les conséquences de droit. Par ailleurs, le tribunal a condamné l’Etat aux entiers dépens.
Excellence Monsieur le Président du Faso, il ne me sied pas de vous dire que la partie perdante dispose d’un délai de deux (02) mois pour faire appel de cette décision, car vous êtes le premier magistrat de notre pays.
Avant l’échéance de cette date, des instructions ont été données à la direction de la solde et de l’ordonnancement afin que des coupures soient effectuées sur mon traitement salarial. Ce que j’ai constaté sur mon bulletin de paie du mois de janvier 2010 avec des motifs aussi flous que superflus. Pourquoi attendre une décision judiciaire avant de procéder à des retraits de salaire ?
Excellence Monsieur le Président du Faso, notre Etat qui se veut de droit et de démocratie, se doit de réparer les dommages ou préjudices commis par lui ou par ses agents. Certains agissements dans notre Administration sapent les bases de notre démocratie car les humeurs individuelles sont mises au dessus des fondements de notre nation. Nous assistons dans certaines administrations à l’émergence d’une forme de terrorisme administratif qui se traduit par un marketing de la peur comme dans mon cas présent. C’est dans ce sens que nous nous faisons le devoir de vous interpeller en vue de l’enracinement de la démocratie et de la justice sociale, que vous préconisiez dans votre discours de fin d’année.
Monsieur le Président du Faso, voici relatée mon histoire avec des non-dits, des sentiments non exprimés. Voici l’enfer qu’on voudrait me faire vivre car j’ai commis un crime : être admis premier (1er) à un concours professionnel. Avoir osé contester une décision administrative qui m’est préjudiciable. Pourtant le thème de la rentrée judiciaire ne s’intitule-t-il pas "Le juge administratif et le respect des droits des administrés" ? Veuillez recevoir, Excellence, Président du Faso, l’expression de notre haute considération.
Karim OUEDRAOGO Service départemental de l’Action Sociale et de la Solidarité nationale de Pouytenga
Le Pays
Vos commentaires
1. Le 2 février 2010 à 05:04, par fayama9@hotmail.com En réponse à : CONCOURS PROFESSIONNELS : Admis puis recalé, un agent interpelle le Président du Faso
Toutes mes felicitaions á ce brave garcon. C<est fou comme le monde est inhumain, surtout les noirs. S<ils veulent de la place á leurs protegés, ils peuvent le faire dans leur royaume, pas dans ce qui est un pays. Il faut etudier et meriter sa place dans ce monde si competitif. Ne lache pas, des gens brimés suivent aussi la situation et vont surement saisir la justice
2. Le 2 février 2010 à 05:31, par Beauregard En réponse à : CONCOURS PROFESSIONNELS : Admis puis recalé, un agent interpelle le Président du Faso
Bon courage mon frere.On se croirait dans un autre monde.Il est ausii judicieux de soumettre ce genre de problemes aux Droits de l’Homme cela n’enleve rien a` votre volonte’ d’etre reetabli proprement dans vos droits.Plus l’opinion pubique est saisie moins le risque de passer dans les oubliettes meme si des situations similaires n’ont pas trouve’ solutions.Mon frere, dans notre pays c’est quelquefois a`chacun sa chance ou pourquoi pas mort aux non-magouilleurs. Dommage.
3. Le 2 février 2010 à 07:43 En réponse à : CONCOURS PROFESSIONNELS : Admis puis recalé, un agent interpelle le Président du Faso
Témoignage émouvant. Parcours courageux et audacieux.
4. Le 2 février 2010 à 09:08, par Le sage En réponse à : CONCOURS PROFESSIONNELS : Admis puis recalé, un agent interpelle le Président du Faso
Seule la lutte paie. Lorsqu’on s’estime léser il faut aller en justice. Bonne suite à toi
5. Le 2 février 2010 à 09:33, par héra En réponse à : CONCOURS PROFESSIONNELS : Admis puis recalé, un agent interpelle le Président du Faso
j’apprécie et loue le courage de mr Ouédraogo ! D’autres auraient baissé les bras au lieu de se battre comme il l’a fait. Encore une fois mr Ouédraodo : je vous tire mon chapeau ! Quant à une quelconque réaction du président , je reste sceptique car ne dit on pas que le poisson pourrit par la tête ! L’administration est un noyau gangrénée par la corruption, le laxisme et la dictature comme l’a bien souligné mr Ouédraogo.Bref c’est une machine improductive ! Je souhaite vivement qu’ à l’exemple de mr Ouédraogo, de nombreux burkinabè médiatisent leurs drames, réclament leur droit. vivement que votre affaire se dénoue mr Ouédraogo !
6. Le 2 février 2010 à 09:48, par MCSya En réponse à : CONCOURS PROFESSIONNELS : Admis puis recalé, un agent interpelle le Président du Faso
Félicitations à Karim Ouedraogo pour oser porter haut le flambeau et l’ambition pour ce pays qui doit continuer à respecter l’image d’intégrité et de courage dans un monde turbulent et injuste.
Bon courage Karim et heureuse issue pour une reconnaissance bien méritée de ton mérite !!
M.C. Sya
7. Le 2 février 2010 à 11:10 En réponse à : CONCOURS PROFESSIONNELS : Admis puis recalé, un agent interpelle le Président du Faso
ce pays là est foutu, allez y comprendre, si l’histoire est vraie c’est grave pour le burkina.
8. Le 2 février 2010 à 11:14 En réponse à : CONCOURS PROFESSIONNELS : Admis puis recalé, un agent interpelle le Président du Faso
C’est pathétique, c’est choquant, c’est frustrant le tt à la fois.
Je félicite cet auteur pour cette initiative salutaire prise pour informer le sommet car effectivement car il Ya des cas quem le Ministre, le Premierinistre et le Président du Faso ignorent dans l’administration.c’est la vraie mafia, un terrorisme comme il le dit.
Je préconise avant de nommer certaines personnes à des postes de responsabilité, un contrôle de moralité.il y a dans notre administration des sadiques, je dis bien sadiques, égoïstes à l’extrême, des jaloux de surcroît qui prennent des décisions suicidaires à l’encontre de leurs collaborateurs.tout cela parce qu’on ne veut pas l’autre émerge un temps soit peu.
Il ya sincèrement des cas dans l’administration qui pensent que la Fonction publique, c’est sa propriété privée qui prennent des décisions contre et malgré tout, peu importe les conséquences pourvu qu’ils atteignent leurs objectifs.
Le cri de coeur de cet agent ns interpelle tous, les supérieurs hiérarchiques, les ministres, le PM et le Président car avec des gens immoraux l’administration sera grippée et une frange des agents dans la frustration.
"Certains agissements dans notre Administration sapent les
bases de notre démocratie car les humeurs individuelles sont mises au dessus des fondements de notre nation. Nous assistons dans certaines administrations à l’émergence d’une forme de terrorisme administratif qui se traduit par un marketing de la peur comme dans mon cas présent. C’est dans ce sens que nous nous faisons le devoir de vous interpeller en vue de l’enracinement de la démocratie et de la justice sociale, que vous préconisiez dans votre discours de fin d’année".
9. Le 2 février 2010 à 12:49 En réponse à : CONCOURS PROFESSIONNELS : Admis puis recalé, un agent interpelle le Président du Faso
Exellence Monsieur le président, veuillez faire quelque chose selon la conviction d’un état démocratique. Nous tous, nous attendons votre mot de correction pour laver la rouille qui est entrain de ronger notre nation démocratique pouvant la réduire à la loi du PLUS FORT !
Un étudiant burkinabé de philosophie depuis l’Italie !
10. Le 2 février 2010 à 13:05, par soulama En réponse à : CONCOURS PROFESSIONNELS : Admis puis recalé, un agent interpelle le Président du Faso
Tout d’abord, je tiens à féliciter le compatriote pour le courage qu’il a eu d’intenter son procès contre l’Administration ! Et il convient également de saluer le Juge Administratif pour avoir dit le droit dans cette affaire ! Car, sous nos cieux en Afrique, une telle démarche de la part de l’Administration est rarissime ! Parce que tout simplement, pour reprendre un passage célèbre d’une chanson d’un grand groupe afro-américain, "...il n’y a pas de Justice pour le Pauvre..." ! Et surtout, en Afrique !
Mieux encore, il s’impose que soient identifiés les Auteurs de ce forfait, pour qu’ils soient châtiés conséquemment ! Car leur acte ternit l’image de l’Administration Publique Burkinabé ! Puisse notre Président faire tout pour régler ce problème de cette façon ! Cela rendra un bien grand service à notre Justice qui est communément taxée de partialité, à la solde du Riche !
11. Le 2 février 2010 à 13:49 En réponse à : CONCOURS PROFESSIONNELS : Admis puis recalé, un agent interpelle le Président du Faso
cher monsieur,
je voudrais compatir à votre situation.Elle est anormale,injuste,inique et par dessus tout non-démocratique.Cependant,pensez-vous que la personne interpellée s’en fasse une préoccupation ? Souvenons-nous,pour ne citer que ce cas,de la situation des agents du ministère des affaires étrangères qui ont été sanctionnés illégalement. Eux aussi ont obtenu un sursis-à-exécution du tribunal mais rien n’y fit. Ils viennent il me semblerait,d’avoir gagné leur procès tout récemment et attendent éventuellement appel de la décision par l’administration. C’est dire que leur situation à peu de chose près,ressemble à la votre.Mais en outre, ces pauvres bougres sont 105 personnes. Cela a-t-il ému Monsieur le Président ? J’ai de forts doutes la-dessus. Je vous félicite et vous encourage à dénoncer les injustices qui vous sont faites par l’administration car c’est aussi par la dénonciation tous azimuts que les citoyens parviendront à mettre la démocratie sur la bonne voie
Courage le bout du tunnel est proche. CITOYEN
12. Le 2 février 2010 à 15:28, par yacba En réponse à : CONCOURS PROFESSIONNELS : Admis puis recalé, un agent interpelle le Président du Faso
Vraiment quelqu’un d’intègre,et je pus le dire c’est avec cette façon d’agir que nous pourront lutter centre l’injustice.
Félicitation
13. Le 2 février 2010 à 17:01, par Safi En réponse à : CONCOURS PROFESSIONNELS : Admis puis recalé, un agent interpelle le Président du Faso
Bravo Karim !
si je me suis pas présentée au tribunal en 2005-2006 à Gaoua, c’est parce que je manquais de preuves. Il faut le dire aussi, qu’il y avait un responsable de direction à l’INFTS qui abusait des filles, même pour avoir un matelas pour dormir.Mais je l’ai crié très fort lors d’une grève. Beaucoup sont au courant de cette histoire.C’est vraiment dommage !!
14. Le 2 février 2010 à 18:16 En réponse à : CONCOURS PROFESSIONNELS : Admis puis recalé, un agent interpelle le Président du Faso
Salut Karim. J’admire ton courage à aller jusqu’au bout afin d’être rétabli dans tes droits.
Cela dit, je pense que nos politiciens dits de l’opposition devraient bouger leurs fesses et saisir cette balle au bond et l’envoyer telle une reprise de volée de Zidane au fond des buts de la majorité.
Surtout que 2010 est une année d’élection...
15. Le 2 février 2010 à 18:42 En réponse à : CONCOURS PROFESSIONNELS : Admis puis recalé, un agent interpelle le Président du Faso
Toutes mes félicitations Mr OUEDRAOGO et Bon courage pour la suite
16. Le 2 février 2010 à 20:49, par LE NABE En réponse à : CONCOURS PROFESSIONNELS : Admis puis recalé, un agent interpelle le Président du Faso
Félicitations et n’oublies surtout pas de divulguer la procédure judiciaire car trop nombreux sont ceux qui subissent
ce genre de traitement sans réaction car ignorant les démarches à entreprendre.