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NOEL CHEZ LES SINISTRES DE L’INJEPS : Rien au programme, sauf la prière

Publié le jeudi 24 décembre 2009 à 01h05min

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Demain, c’est Noël. Un peu partout, on se prépare à vivre cette fête selon ses moyens. Comment les sinistrés du 1er septembre 2009 comptent-ils s’y prendre ? Nous nous sommes déplacés sur le site de l’INJEPS le mardi 22 décembre dernier, où vivent encore quelque 1 500 personnes. Les chrétiens que nous avons rencontrés n’ont rien prévu et rien ne pointe à l’horizon pour Noël. Ce sera un jour comme les autres avec comme seule différence, la messe que personne ne compte rater...

"Les anges dans nos campagnes ont entonné l’hymne des cieux". A partir d’aujourd’hui et pendant plusieurs jours, les beaux cantiques résonneront dans les églises, les enfants construiront des crèches pour accueillir le petit Jésus et recevront certainement de nombreux cadeaux de leurs parents. Au-delà des chrétiens, Noël apporte la joie un peu partout dans les familles, surtout avec la fin de l’année. C’est l’occasion aussi pour les commerçants de faire de bonnes affaires. Cette ambiance sera-t-elle la même partout ? Sur le site de l’INJEPS, les sinistrés qui sont chrétiens n’ont pas les angoisses des autres, c’est-à-dire acheter des cadeaux pour leurs enfants, se préparer à accueillir des invités le jour de la fête, etc. "L’année dernière, en tout cas, j’ai fait le nécessaire pour ma famille : des habits et des chaussures pour les enfants, de la boisson et des poulets pour la fête", se rappelle Lucien Ouédraogo, délégué des sinistrés presque la cinquantaine et qui a vu sa maison tomber à Dapoya.

Ce sinistré qui faisait du collage à chaud n’a plus d’économies à cause des événements. Comment peut-il penser à faire la fête puisqu’il dit éprouver des difficultés à nourrir sa famille ? "Peut-être que les femmes iront à la messe de minuit et nous allons surveiller les tentes", affirme-t-il sans grande conviction. Pascal Ouédraogo, lui aussi père de famille était un libraire. Aujourd’hui, pour occuper ses journées sur le site, il s’est lancé dans le volontariat pour sensibiliser les autres sur l’hygiène et l’assainissement, avec l’appui de l’ONG Action contre la faim et de l’ONEA. Lui est sûr d’une chose : "Je vais aller à la messe de minuit à l’église Saint Pierre de Gounghin". Quant à la restauration, c’est le strict minimum. "Nous allons faire le plat le plus simple, de la salade et du pain", avoue-t-il. Autant dire que Noël sera un jour comme les autres ...

"Nous attendons les condiments pour préparer..."

Quelque chose se profile à l’horizon ? C’est la question que nous avons posée au délégué des sinistrés. Rien, nous a répondu Lucien Ouédraogo. "La mairie a amené du riz le lundi. Nous attendons des condiments pour préparer", a-t-il ajouté en précisant qu’aucune institution ne s’était manifestée afin de changer le visage de leur fête. C’est pourquoi il vaut mieux compter sur ses propres forces, selon Jacqueline Koara, une veuve qui est mère de 7 garçons. Cette dolotière, qui officiait à Dapoya, a choisi de reprendre son activité sur le site de l’INJEPS. "Pour le moment, ça va un peu. Je n’ai pas eu d’habits ni de chaussures pour mes enfants" nous confie-t-elle avec amertume. Mais elle voudrait avoir juste quelque argent pour préparer de la nourriture pour eux. Un seul défi sera donc à relever le jour de Noël, selon les mères, trouver de quoi remplir le ventre de leurs rejetons. "Pour le reste, nous rendons grâce à Dieu pour la santé que nous avons", nous fait savoir Mme Léa Somé, même si la situation semble intenable parfois.

"Franchement, ce n’est pas la joie"

"L’autre jour, ma fille m’a demandé ce que j’allais faire pour eux cette année. Je lui ai dit que je n’avais rien", avoue toute triste cette dolotière qui dans le temps arrivait à subvenir aux besoins de sa famille. Les habits et les bijoux ne sont pas la priorité cette année, ajoute dans le même sens, Stella Sawadogo, une jeune fille qui accepte de nous parler de sa vie sous les tentes. "Franchement ce n’est pas la joie et c’est difficile d’avoir même le coeur à la fête dans cette situation", raconte-t-elle. Elle dit avoir passé toute la journée à dormir le jour de la Tabaski. Elle compte aller à la messe de minuit pour rendre grâce à Dieu. Et demain, elle devrait être sollicitée au glacier où elle travaille à la Patte d’Oie. Mais à entendre Stella, ce n’est pas cela qui les empêchera de saluer les voisins et de se souhaiter les meilleurs voeux...

Par Dayang-ne-Wendé P. SILGA

Le Pays

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