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Paul Kaboré : « Tous les employés de Air Afrique au Burkina ont été dédommagés »

Publié le jeudi 29 octobre 2009 à 02h24min

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Ancien employé de la compagnie « Naganagani », puis de la représentation nationale de la multinationale Air Afrique, Paul Kaboré est aujourd’hui secrétaire général de l’Organisation nationale des syndicats libres (ONSL). Fasozine.com l’a rencontré en tant qu’ancien travailleur de la multinationale afin d’échanger avec lui sur des questions liées à la vie des ex-travailleurs de cette compagnie, qui était au centre d’une question orale de l’Assemblée nationale le 23 octobre dernier.

Fasozine.com : L’Assemblée nationale a récemment évoqué le cas de burkinabè qui travaillaient dans les agences Air Afrique d’autres pays et qui n’ont pas été indemnisés…

Paul Kaboré : Nous avons voulu, au départ, lutter ensemble pour recouvrir nos droits. Mais les pays ayant décidé du règlement séparé, les travailleurs de chaque pays ont dû lutter chacun à leur niveau. Nous avions cru qu’un pays comme le Sénégal, qui détenait la plus grande partie des actifs, allait éponger sa dette vis-à-vis de ses travailleurs, mais cela n’a pas été le cas. C’est dommage. Nous aurions souhaité avoir une lutte unitaire et solidaire. Nos camarades ayant servi dans les autres pays attendent toujours. Peut-être faut-il évoquer la question au niveau des plus hautes instances, comme la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest ou le parlement africain, sur le continent pour avoir une réponse adéquate.

Quelle est la situation de ceux qui travaillaient au Burkina ?

C’est en fin 2001 que la compagnie a été fermée. Avec les collègues, nous nous sommes organisés pour recouvrer nos droits. A l’époque, à la représentation de la multinationale au Burkina Faso, nous avons écrit au ministère des Transports pour voir dans quelles mesures nous pouvons entrer en possession de nos droits. Abidjan abritant le siège, nous avons estimé que c’était de là-bas que nos indemnités seront reversées. Il était prévu qu’un cabinet se penche sur le cas de l’ensemble des travailleurs et les indemnise.

Finalement, il a été décidé que chaque pays membre indemnise les travailleurs sur son territoire. Et cela que l’employé soit national ou non. Suite à cette décision, le ministère des Transports du Burkina a envoyé une lettre au cabinet pour l’informer qu’il va procéder aux indemnisations au niveau national. En retour, lorsque les biens de la compagnie vont être liquidés, le cabinet remboursera le ministère. Le gouvernement a alors pris un prêt au niveau d’une banque. Nous avons alors été payés en deux traites. Au niveau des ex- travailleurs de la multinationale, c’était une première. Aucun pays n’avait encore dédommagé ses travailleurs. Naturellement dans les autres pays, notre indemnisation a occasionné des levées de boucliers. A ce jour et à ma connaissance, tous les employés de la compagnie au Burkina ont été dédommagés. Nous ne parlons pas de burkinabè, mais d’agents qui travaillaient à la représentation au niveau du Burkina. Il y avait plusieurs nationalités qui travaillaient à la représentation ici.

Pouvez-vous revenir sur les vraies raisons de la fermeture de Air Afrique ?

La principale raison de la fermeture de Air Afrique est concurrentielle. Elle vient de la concurrence entre Air Afrique et Air France. Mais avant cela, nous avions des difficultés de gestion. Le Conseil des ministres chargés du Transport de Air Afrique a alors décidé d’envoyer un administrateur qui allait procéder à un redressement. Ainsi, en 1992, nous avons eu un nouveau directeur général de nationalité française du nom de Yves Rolland Billecart. C’est cet homme qui a tué la compagnie. Il a pris des décisions et opéré des changements qui l’ont précipité vers sa fin. Nous avions 14 avions à l’époque. Après quelques mois de gestion, il a distribué des bonus aux employés sous le prétexte que les comptes sont à nouveau au vert. Après trois ans, il a commencé à se plaindre du mauvais fonctionnement de la compagnie. Nous avons commencé à subir des chômages techniques. Les avions ont été par la suite vendus et nous avons fini par déposer le bilan.

Comme raison de la fermeture, certains échos ont évoqué les voyages gratuits dont bénéficiaient les employés et leurs proches…

Vous parlez de ces billets exonérés qui nous étaient accordés ainsi qu’à nos proches. Seules six personnes proches de l’employé pouvaient bénéficier de cette exonération. En fait, nous payions 10% du prix du voyage. Cette contribution correspondait à l’assurance. Nous pouvons vous affirmer que ce système n’entamait en rien la bonne marche de la multinationale. Du reste, nous n’abusions pas de cet avantage. C’est Yves Rolland Billecart qui a signé la mort de la compagnie avec sa mauvaise gestion.

Il y a aussi quelques tentatives pour créer des compagnies de la trempe de Air Afrique…

Une nouvelle compagnie semblable à Air Afrique serait la bienvenue. Mais il faut veiller à ne pas tomber dans les mêmes erreurs. Nous pensons que la jeune génération peut relever le défi.

Roger Niouga Sawadogo

Fasozine

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