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Déluge du 1er-Septembre : Regard critique des professionnels en génie civil

Publié le mardi 6 octobre 2009 à 05h06min

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L’Association des ingénieurs et techniciens en génie civil, à travers la déclaration qui suit, jette un regard critique sur certaines politiques d’aménagement de notre pays. Et ce, à la lumière des dégâts causés par le déluge du 1er septembre.

Le 1er septembre 2009, une pluie diluvienne exceptionnelle, qui a atteint 263 mm de hauteur, a provoqué une grosse inondation dont les conséquences ont été particulièrement dramatiques dans la ville de Ouagadougou et ses environs.

Le bilan provisoire établi par le gouvernement fait état de 9 décès, de 25 000 logements effondrés, de 150 000 sans-abri pour la seule ville de Ouaga. Au cours de la même période, plusieurs autres localités, dans différentes provinces du pays, ont enregistré des cas de décès et des logements effondrés suite à d’autres pluies diluviennes.

Cet état des lieux ne prend pas en compte les pertes matérielles énormes pour les personnes physiques et morales, les dégradations voire les ruines totales de nombreux ouvrages hydrauliques et d’infrastructures de base.

Le comité exécutif national (CEN) de l’Association des ingénieurs et techniciens en génie civil du Burkina (AITB), au nom de tous ses membres et de tous ses sympathisants, présente ses sincères condoléances aux familles éplorées et exprime à l’endroit de toutes les personnes et familles affectées par cette situation, sa compassion et sa solidarité.

Il en appelle à tous ses membres et sympathisants à être sensibles à la détresse des populations et à leur apporter aide et réconfort dans la mesure de leurs moyens.

Si la ville de Ouagadougou, par l’importance de sa population et des infrastructures endommagées, a retenu l’attention et marqué les esprits, il convient de noter que d’autres localités plus petites ont aussi connu un taux similaire (10%) de populations sinistrées pour fait de pluie au cours de cette période.

Il nous revient aussi à l’esprit qu’en 1992, des pluies diluviennes avaient provoqué la rupture de plusieurs barrages collinaires et occasionné des inondations et des dégâts importants dans de nombreux villages dont la coupure de la route Kaya-Dori sur près de 4 km à Yalgo.

Cette situation avait nécessité que le CONASUR (Conseil national de secours d’urgence et de réhabilitation) mette sur pied une équipe pluridisciplinaire pour parcourir le pays et procéder à l’évaluation des dégâts afin de venir en aide de façon conséquente aux populations sinistrées.

Mais au-delà des fortes émotions ressenties par tous et des nécessaires secours d’urgence à apporter aux populations éprouvées, des enseignements devront être tirés à tous les niveaux en ce qui concerne ces tristes événements, et ce, dans l’espoir que, faute de pouvoir empêcher les phénomènes naturels exceptionnels du genre, des dispositions minimales soient prises pour en limiter les impacts négatifs.

De mauvais choix

En effet, la pluie exceptionnelle du 1er septembre n’a pas seulement révélé la faiblesse, la fragilité et la précarité de certaines réalisations (réseaux d’assainissement pluvial engorgés, maisons effondrées, ponts hors service, etc.), elle a également mis à nu les mauvais choix dans certaines politiques d’aménagements ainsi que les pratiques urbanistiques malheureuses (lotissements hâtifs sans viabilisation préalable, attributions et occupations de parcelles dans les lits de rivières, édifications de bâtiments dans des zones non constructibles, etc.).

L’AITB, qui est une association à caractère scientifique et professionnel du génie civil et dont l’un des objectifs majeurs est de contribuer à la promotion de l’expertise nationale et de participer aux études et aux réflexions sur des problèmes qui affectent la vie économique et sociale de la nation en rapport avec la profession, réaffirme sa disponibilité à apporter sa contribution aux indispensables réflexions qui s’imposent dans le domaine des normes d’aménagement urbain, des normes d’assainissement pluvial ainsi que dans le domaine de la conception des ouvrages s’y rapportant.

A ce propos, il a déjà donné de voir concrètement le Comité national des barrages du Burkina (CNBB), structure affiliée à l’AITB et spécialisée dans le secteur des barrages, s’investir déjà aux côtés des pouvoirs publics pour apporter son expertise en vue de la consolidation de la digue nord du barrage n°3 de Ouaga qui, sous la pression des eaux après la pluie du 1er septembre, menaçait de rompre du côté de l’hôtel Silmandé.

Enfin, l’AITB saisit l’occasion de ces douloureux événements pour rappeler, une fois de plus, que les ouvrages de génie civil représentent des investissements importants et sont des réalisations structurantes aussi bien pour les villes que pour l’ensemble du territoire national.

Et on ne saurait par conséquent, en ce qui concerne leur édification, faire l’économie de réflexion et d’études approfondies multidirectionnelles ; elles exigent la bonne conception technique, la mise en œuvre conforme aux règles de l’art, la maintenance et l’exploitation rationnelles.

Ouagadougou, le 17 septembre 2009

Pour le CEN, le président Bakary Héma

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 6 octobre 2009 à 20:01, par Maman de l’ingénieur En réponse à : Déluge du 1er-Septembre : Regard critique des professionnels en génie civil

    Je ne suis pas ingénieur mais je suis d’avis avec vous. Aussi, il y a tellement d’ingénieurs dans ce pays qu’on ne sait plus qui est qui. Il suffit de faire un CAP quelque part et on se dit ingénieur pour exécuter des gros travaux. J’en veux aux entrepreneurs qui souvent ne sont pas compétants dans certains domaines mais qui prennent quand même les marchés pour les sous-traiter avec ces faux ingénieurs. J’espère bien que vous avez un odre des ingénieurs et que vous allez vous battre pour que cela cesse.

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