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Dialogue inter-togolais : Pouvoir et opposition chez le président Compaoré

Publié le vendredi 7 août 2009 à 01h07min

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Le chef de l’Etat burkinabè, Blaise Compaoré, a reçu, jeudi 6 août 2009 dans son palais à Kosyam à Ouaga 2000, des délégués du Rassemblement du peuple togolais (RPT), le parti au pouvoir et ceux de l’opposition parlementaire. Les discussions ont porté sur les dissensions liées au processus électoral au Togo.

C’est lundi dernier que la délégation du Rassemblement du peuple togolais (RPT), le parti du président Faure Gnassingbé a déposé ses pénates à Ouagadougou. Conduite par le ministre de l’Administration territoriale Pascal Bodjona, les missionnaires du parti fondé par le général Gnassingbé Eyadema ont été longuement reçus le 4 août par le chef de l’Etat burkinabè qui était assisté de son ministre des Affaires étrangères, Alain Bédouma Yoda. Outre M. Bodjona, cette délégation comprend les ministres de la Coopération Gilbert Bawara, de la Justice Kokou Tozoun, le secrétaire général du parti Solitoki Esso et le vice-président de l’Assemblée nationale et membre du bureau exécutif du RPT Sélom Komi Klassou. La délégation de l’opposition parlementaire a pris le train en marche hier jeudi 6 août. Elle a eu des discussions avec M. Compaoré pendant toute la matinée.

Conduite par l’opposant historique Gilchrist Olympio, président de l’Union des forces de changement (UFC) et son allié, le président du Comité d’action pour le renouveau (CAR) Me Dodji Apevon, elle comprend également le vice-président de l’UFC, Patrick Lawson et le secrétaire général Jean-Pierre Fabre. Les deux parties qui se sont entretenues séparément avec M. Compaoré, afin que chacune exprime ses griefs, ont ensuite été reçues “ensemble” à 18 heures par le facilitateur. “Nous avons des divergences sur un certain nombre de points, c’est pourquoi nous sommes venus voir le facilitateur”, a déclaré un membre de la délégation du RPT. Au fait, l’opposition et le pouvoir ne parlent plus le même langage depuis qu’un décret pris par le président Faure Gnassingbé le 11 juin dernier élargit le “Cadre permanent de dialogue et de concertation” (CPDC) aux partis extraparlementaires et à la société civile. L’opposition estime que ce décret n’a pas lieu d’être car selon elle, le CPDC est réservé aux partis ayant obtenu des députés au Parlement ou obtenu au moins 5% des voies aux législatives d’octobre 2007.

En l’espèce, c’est l’UFC et le CAR qui, disposant respectivement de 27 et de 4 députés à l’Assemblée, bénéficiaient des clauses de l’ancienne disposition. Pour le RPT par contre, le CPDC doit être élargi aux parties signataires de l’Accord politique global (APG) signé le 20 août à Lomé après deux semaines d’âpres négociations à Ouagadougou sous l’égide du Président du Faso. Par ailleurs, M. Olympio et ses camarades reprochent au RPT d’avoir modifié la composition de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) chargée d’organiser et de superviser l’élection présidentielle prévue en 2010 au Togo. Cette nouvelle modification du code électoral a été introduite le 30 juin lors d’un vote boycotté par l’UFC et le CAR. Elle ramène à dix-sept le nombre de personnes composant la CENI contre dix-neuf auparavant. Les dix-sept membres ont été répartis entre cinq composantes à raison de cinq sièges pour la majorité parlementaire, cinq pour l’opposition parlementaire, trois pour l’opposition extraparlementaire, trois pour la société civile et un pour le gouvernement. L’opposition traditionnelle incarnée par M. Olympio soupçonne la société civile et certains partis extraparlementaires d’être trop proches du parti présidentiel.

Par conséquent, M. Olympio ne veut pas d’une telle composition. “La CENI est une structure qui joue un rôle-clé dans l’organisation des élections. Elle doit être équilibrée sur le plan arithmétique et sur le plan politique”, avait relevé M. Olympio lors de la visite du président Compaoré il y a une dizaine de jours à Lomé.
Le président Compaoré, mandaté par ses pairs de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) lors du sommet d’Abuja le 20 juin dernier, doit tenter d’arracher un consensus face à ces divergences. “Nous les avons entendus un à un. Maintenant, chacune des parties va dire lors de cette rencontre avec l’ensemble des délégations les points de divergence. Après le président Compaoré dira ce qu’il en pense”, a indiqué une source proche des discussions.

D’après cette source, à l’issue de cette “plénière”, le président Compaoré devrait remettre à chaque partie ses “propositions que chacun ira étudier avant de revenir avec ses avis et contre-propositions”. Visiblement, les choses ne font que commencer car l’UFC ne cache pas ses griefs sur le code électoral. Il souhaiterait biffer certaines dispositions relatives notamment aux conditions d’éligibilité à la présidence de la République togolaise qui indiquent que le candidat doit résider pendant plusieurs mois au pays, ne pas se prévaloir d’une autre nationalité, payer ses impôts, etc. Par ailleurs, l’opposition souhaiterait que soit instauré un scrutin à deux tours au lieu du seul tour prescrit actuellement par la Constitution votée en 2002.

Romaric Ollo HIEN

Sidwaya

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