Jeanine Jackson ne s’est pas embarrassée de circonlocutions diplomatiques quand il s’est agit pour elle d’aller à l’atelier de Jean-Luc Bambara sis à la Zone I de Ouagadougou. Ni la fumée, ni le soleil, ni les coups de marteaux n’ont pu ébranler sa détermination. Elle voulait absolument percer les mystères de la sculpture pour un jour apprécier de ses yeux une œuvre qu’elle aurait produite de ses propres mains. L’ambassadeur Jackson était convaincu que les grandes réalisations sont toujours le fruit d’un déclic. Fort donc de cette conviction, de mai 08 à février 09 elle fréquentera l’atelier de Jean-Luc Bambara quand son calendrier n’était pas surbooké. En fait la passion de Jeanine Jackson pour l’art date de longtemps. Elle aime bien la musique, la danse et joue aussi au piano. Elle voulait maintenant découvrir ce qu’est l’art physique en parvenant elle-même à donner forme à quelque chose qui était amorphe au départ. La rencontre avec le sculpteur Jean-Luc Bambara date de 2008.

Elle a eu lieu au cours d’une visite que l’ambassadeur a effectuée audit atelier en compagnie d’un sculpteur américain nommé Omar Shaheed. Jeanine Jackson a été fascinée par ce qu’elle y a vu et a donc décidé de s’intéresser davantage à la sculpture. La passion était tellement vive qu’elle prolongeait souvent ses séances de 2heures. Prévus pour durer 1 heure, les cours atteignaient donc 3 heures sans qu’elle ne trouve à en redire. Selon Jean-Luc Bambara, « L’ambassadeur était devenue une véritable adepte de l’art. Quand elle venait à l’atelier, elle oubliait sa veste de diplomate pour adopter la posture humble et modeste d’élève. Cette disposition d’esprit rendait le travail très fluide. Elle a donc assimilé beaucoup de choses en peu de temps ».

Assidue à toutes les étapes !

Jeannine Jackson a commencé par faire des esquisses, des dessins. C’est le point de départ pour toute personne qui veut apprendre la sculpture. Il faut d’abord représenter schématiquement ce que l’on veut réaliser. Des esquisses, elle a appris les notions de proportion, d’équilibre et d’anatomie. La proportion permet de donner des dimensions humaines à une œuvre. C’est grâce à cette technique que les artistes arrivent à faire en sorte que leur œuvre, même en miniature, ressemble le plus possible à une personne humaine. L’anatomie permet de donner les formes humaines (muscles, rondeurs…) à l’œuvre. C’est elle qui confère le mouvement à l’œuvre d’art. L’équilibre est la synthèse de toutes les notions (vestimentaire, mouvements, proportion…).

C’est le creuset de l’harmonie. Tout doit être équilibré pour que le produit puisse véritablement être qualifié d’œuvre d’art ! Après toutes ces étapes Jeanine Jackson est passée au modelage de ce qui commençait à être son œuvre, avec de la cire d’abeille. Tout au long du processus, Jean-Luc Bambara a insisté sur le mouvement de la main dans la création artistique. Pour lui, la création est une vraie fête de la vie. L’artiste ne se contente pas simplement de reproduire mais il ajoute un rayonnement de plénitude, de quiétude à ses œuvres. C’est cette touche qui amène ceux qui les contemplent à s’évader dans le rêve. La main est à la fois forme, langage et outil. Du reste Aristote comparait la main de l’artiste à l’âme parce qu’elle est, comme elle, ordonnatrice. Il a donc fallu par moment faire des ajustements, par moment laisser libre cours au mouvement de la main. En liant la corde à la corde, l’ambassadeur a fini par réaliser son œuvre !

Il s’agit d’une statuette représentant une femme peuhle portant des calebasses sur la tête. Elle affirme que ce sont ses nombreux déplacements au Nord du pays qui lui ont inspirés cette œuvre. La diplomate américaine avoue avoir été séduite par la simplicité des femmes peuhle, la beauté de leur habillement, leur ardeur au travail. Elle a donc mis en évidence ce qu’elle a vu au Nord du Burkina Faso avec les techniques apprises à l’atelier. Pour Jeanine Jackson, l’art permet avec ses nombreuses possibilités, d’exprimer ce que l’on a au plus profond de son cœur. Elle entend donc s’intéresser davantage au mouvement, aux dimensions, à l’expression du corps à travers la sculpture. Jeanine Jackson considère son œuvre comme l’un de ses plus beaux souvenirs du Burkina Faso. Elle en est vraiment fière !

Jean-Luc Bambara confirme sa réputation

Jeanine Jackson a prêté serment comme ambassadeur des États-Unis d’Amérique au Burkina Faso le 15 mars 2006. Elle est un haut cadre du service étranger et un colonel à la retraite de l’armée de réserve des États-Unis. Elle a servi comme diplomate en Suisse, au Nigeria, en Arabie Saoudite, à Hong Kong, au Kenya en Afghanistan… Après le Burkina, le devoir l’appelle sous d’autres cieux. Jean-Luc Bambara se réjouit d’avoir pu accroître le goût de cette diplomate pour l’art. C’est un vrai mérite car les sculptures de cet artiste trônent dans plusieurs endroits du monde. Du 04 au 30 mai, il se rend à Valence en Espagne pour une exposition.

On le retrouvera du côté de la France, plus précisément à Champagnes Ardennes du 16 au 30 juin pour une formation de potières en modelage et fonderie en bronze. Cette formation sera associée à une exposition au crédit agricole. En Août 2009, Jean-Luc Bambara exposera dans l’Etat de l’Ohio aux Etats-Unis et présentera ses œuvres à Washington de concert avec Jeanine Jackson. Il bouclera sa série d’expositions à Castelleone en Espagne du 18 novembre au 02 décembre 2009. En plus de la création, Jean-Luc Bambara est un véritable formateur. Avis donc à tous ceux qui voudraient réveiller les talents d’artistes qui sommeillent en eux !

Arsène Flavien BATIONO (bationoflavien@yahoo.fr)

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