Les conseillers municipaux de Bobo-Dioulasso étaient au nombre de 133 à cette session ordinaire, la toute première de l’année 2009. Le conseil municipal qui totalisait 152 élus en compte aujourd’hui 151 à cause du décès, le 12 janvier 2009, de Issa Moukoro, doyen des conseillers municipaux de Bobo-Dioulasso. Ces derniers lui ont rendu hommage avant d’examiner les cinq projets de délibérations inscrits à l’ordre du jour de la rencontre. Le premier a porté sur les cahiers de charges pour la réalisation et l’occupation des boutiques de rue. Le deuxième, lié au premier, était relatif aux barèmes des redevances et droits applicables aux boutiques de rue. L’adhésion de la commune à l’Agence régionale de développement des Hauts-Bassins (ARD/HBS), la contribution de la commune au projet de renforcement du système d’alimentation en eau potable, d’hygiène et d’assainissement dans les 35 villages rattachés de la commune de Bobo-Dioulasso et enfin, la location du théâtre de l’Amitié ont été les trois autres projets de délibérations soumis à l’appréciation de l’instance communale.

Si l’adoption des quatre dernières délibérations s’est faite sans grande difficulté, celle relatives aux boutiques de rue a par contre, suscité de vifs débats. Célestin Koussoubé, ancien maire de Bobo-Dioulasso et aujourd’hui député à l’Assemblée nationale, a tenu à assister au conseil pour justifier la construction des boutiques de rue. C’est sous son mandat qu’ont été en effet construites les boutiques de rue. Fatou Ziba, première adjointe au maire de Dafra lui a, en tout cas, attribué la plupart des difficultés rencontrées dans la gestion de ces infrastructures marchandes. Et c’est dans ce climat de suspicion que Lacina Sanou, un conseiller de l’ADF-RDA, a abondé dans le même sens que Fatou Ziba et a soufflé à son voisin, Boureïma Sanou, que c’est le quartier Koko qui a “mélangé les choses”.

Cette remarque n’a pas plu à Boureïma Sanou qui a vigoureusement réagi. N’eût été la prompte intervention de certains conseillers, ces deux élus en seraient venus aux mains. Les nombreux appels au calme et à la retenue du maire Salia Sanou ont permis de baisser la tension dans la salle. Et pendant que le conseil se poursuivait, Lacina Sanou et Missiri Toé, un inconditionnel de Célestin Koussoubé qui n’a pas aussi apprécié les accusations dirigées contre l’ancien maire sortaient de temps en temps pour s’expliquer à ceux qui voulaient les entendre. Lacina Sanou et Boureïma Sanou ont cependant présenté aux autres leurs excuses, vers la fin du conseil.

5 880 boutiques sans autorisation

Les boutiques de rue ont toujours alimenté les conversations à Bobo-Dioulasso. Un comité ad hoc mis en place a recensé 6 000 boutiques parmi lesquelles 120 ont été autorisées. Si elles étaient mieux gérées, ces boutiques auraient rapporté à la commune 100 000 000 F CFA par an. Pour le moment, sur 13 millions prévus dans le budget 2007, ce ne sont que 5 millions qui ont été recouvrés. Une mission de l’Agence française de développement (AFD) a d’ailleurs relevé “la gestion opaque” de ces boutiques lors d’une rencontre avec les autorités communales en octobre 2008.

Ces boutiques qui continuent d’être construites, même aux abords des établissements scolaires et des formations sanitaires, causent d’énormes désagréments dans la ville. C’est en vue de mieux les réglementer et permettre à la commune d’en tirer profit que les autorités ont présenté ces projets de délibérations. Les taxes ont été déterminées en fonction de trois zones. La première concerne le centre-ville et la deuxième, les sorties de la ville. Dans ces deux zones, les droits d’occupation varient de 4 000 à 8 000 francs le m2. Dans la troisième zone, c’est-à-dire les périphéries, ils oscillent entre 3 000 F et 6 000 F CFA le m2. Les conseillers municipaux ont adopté cette délibération, tout en suggérant aux autorités communales de prendre des dispositions afin de limiter la construction des boutiques, surtout devant les écoles et les hôpitaux et aussi, pour ne pas perturber la circulation et les activités des commerçants des marchés formels qui existent.

Un demi-milliard pour les villages rattachés

Les conseillers municipaux de Bobo-Dioulasso ont également autorisé la commune à adhérer à l’Agence régionale de développement des Hauts-Bassins (ARD/HBS). C’est une structure créée par le Conseil régional des Hauts-Bassins en collaboration avec la région de Rhône- Alpes pour financer les projets des communes de la région. Le conseil a aussi approuvé les nouveaux tarifs de location du théâtre de l’Amitié. Pour leur manifestation, les artistes nationaux doivent maintenant débourser 50 000 F CFA. Lorsqu’il s’agit d’artistes nationaux et étrangers, il faudra débourser 100 000 F CFA. Quant aux artistes étrangers qui veulent se produire seuls, ils doivent débourser 125 000 F CFA.

Ces tarifs étaient respectivement de 30 000 F CFA, 70 000 F CFA et 90 000 F CFA. Les conseillers municipaux ont également donné leur “feu vert” à la commune pour qu’elle apporte sa contribution au projet de renforcement du système d’alimentation en eau potable, d’hygiène et d’assainissement dans les 35 villages de la commune de Bobo-Dioulasso. Ce projet est co-financé à hauteur de 532 845 120 F CFA par l’Agence de l’eau sur Seine, Châlons-en-Champagne en France, la “Fondation ensemble” et l’Association internationale des maires francophones (AIMF). Il est prévu dans le cadre de ce projet, la réalisation de 32 nouveaux forages, la réhabilitation de 50 forages, la construction de 1 140 latrines. La contribution financière de la commune s’élève à 86 millions de francs CFA. Elle prend en charge les frais de conception, de suivi et de contrôle du projet, qui démarre en avril 2009 pour prendre fin en avril 2011.

Adaman DRABO

Sidwaya