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Yayi Boni, président du Bénin : « Nous voulons être un espace d’avenir... »

Publié le lundi 21 janvier 2008 à 11h50min

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Boni Yayi

Au sortir d’une audience qu’il a eue avec le président du Faso juste avant l’ouverture du sommet de la CEDEAO, le président du Bénin, Yayi Boni a accordé un entretien à Sidwaya. Il se prononce sur la nomination de son compatriote à la tête de la BOAD et sur les grands défis de l’intégration régionale.

Sidwaya (S.) : Vous venez de sortir d’une audience avec le président en exercice de la CEDEAO. De quoi avez-vous discuté ?

Yayi Boni (Y.B.) : J’ai exprimé toute ma joie au président Compaoré pour la sagesse avec laquelle il préside nos deux institutions (UEMOA et CEDEAO) qui, aujourd’hui, sont appelées à jouer mieux que de par le passé leur rôle pour assurer la cohésion, la paix, la stabilité. Seuls gages pour le développement de notre région.

J’ai saisi cette occasion donc pour traduire à son Excellence Blaise Compaoré, la reconnaissance de la nation béninoise.

S. : Le candidat du Bénin a été choisi pour présider la BOAD. Quels sont vos sentiments suite à cela ?

Y.B. : Le candidat du Bénin demeure naturellement un serviteur de toute la sous-région. Aujourd’hui l’éradication de la pauvreté est telle que nous sommes condamnés à aller vers les investissements, la mobilisation des ressources. Autant d’attributions qui reviennent à la BOAD. Lorsque le sommet m’a demandé de proposer quelqu’un je me suis dit que Pierre Abdoulaye Bio-Tchané est une personne indiquée pour ce poste. Son cursus est suffisamment éloquent. Il a roulé sa bosse à la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) en tant que directeur. M. Bio-Tchané fait partie des meilleurs cadres de cette institution.

Ensuite, il a été promu ministre des Finances avant de rejoindre le poste de directeur du département Afrique au Fonds monétaire international (FMI). Vous comprenez très bien qu’il me revenait de remercier les chefs d’Etat qui ont accepté cette proposition en donnant des instructions au Conseil des ministres pour sa nomination. Je suis convaincu que Pierre A. Bio-Tchané, à ce nouveau poste, va continuer de mettre son talent, son professionnalisme au service de la sous-région.

S. : Pourquoi ne participez-vous pas au sommet de la CEDEAO ?

Y.B. : Mon cœur y est. C’est le corps qui n’est peut-être pas là. Le Bénin est qualifié aux phases finales de la 26e Coupe d’Afrique des nations (CAN). J’ai appris que les joueurs insistent pour que je vienne leur remettre le drapeau national et recevoir de moi les dernières bénédictions. Pour des questions nationales d’une telle importance, j’ai demandé l’indulgence du président du sommet, son Excellence Blaise Compaoré.

Je demeure persuadé que de ce sommet sortiront des conclusions salutaires pour notre région. D’ores et déjà, nous marquons notre totale adhésion aux conclusions des travaux. Malgré mon absence, je suis de cœur avec mes pairs. Nous voulons être un espace d’avenir, capable de nourrir ses peuples, d’assurer leur éducation, leur accès à l’eau, aux routes, aux soins de santé... Après la modernisation de la CEDEAO qui est passée d’une communauté des Etats à celles des peuples, les chefs d’Etat se retrouvent pour aborder, discuter de l’avenir économique et politique de la région. Autant d’éléments qui rassurent aujourd’hui et qui font que le président du Bénin peut obtenir cette permission de se retirer sans remettre en cause l’enjeu du sommet.

S. : La libre circulation des personnes et des biens demeure une épine au processus d’intégration et les APE aussi ...

Y.B. : (Insistance : authentique, authentique, authentique) Les APE (Accords de partenariat économique), je crois qu’on prône le développement dans toutes les actions.
Nous sommes d’accord pour renforcer le partenariat avec l’Union européenne, personne n’a jamais remis en cause ce fondement. Mais, nous disons qu’il faut un partenariat gagnant-gagnant, c’est-à-dire qui assure pour notre part le développement économique et social de notre région. Deux pays (Côte d’Ivoire et Ghana) ont paraphé un accord intérimaire. Nous les avons bien compris et sommes de cœur avec eux, nous voulons être un ensemble communautaire équilibré. S’ils doivent signer un APE au cours des prochains mois, les chefs d’Etat verront dans quelle mesure privilégier la solidarité, le renforcement du processus d’intégration. Nous avons compris que si la Côte d’Ivoire et le Ghana ne le faisaient pas, ils perdraient beaucoup. Du fait qu’elle soit productrice et exportatrice de bananes, ananas..., la Côte d’Ivoire, en tant que pays à revenu intermédiaire, perdrait les six mois à venir 700 milliards de FCFA. Idem pour le Ghana.

Il faut les comprendre. A la communauté de faire en sorte que nous puissions maintenir la solidarité, qu’on soit toujours ensemble. Parce que si ces pays partent, cela signifiera que notre union douanière que nous voulons construire n’a plus de raison d’être. Elle l’est déjà au sein de l’UEMOA et est en voie de l’être pour la CEDEAO. Nous avons la même discipline, la même contrainte, les mêmes règles et procédures au niveau du cordon douanier. Si un pays sortait, ça porterait un coup à notre destin communautaire. C’est la raison pour laquelle je crois qu’au sein de l’UEMOA, les ministres ont proposé que nous puissions les épauler sans remettre en cause notre souci d’aller ensemble et vers le développement de nos peuples. Je suis certain que le sommet de la CEDEAO, à l’issue des échanges, va aboutir à des conclusions responsables prenant en compte la volonté de tous d’aller vers la prospérité partagée de nos peuples.

Interview réalisée par
S. Nadoun COULIBALY

Sidwaya

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