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Luc Adolphe Tiao, "L’homme de l’année" de L’Observateur Paalga : De la danse à la régulation, il n’y a eu qu’un pas

Publié le lundi 31 décembre 2007 à 12h11min

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Luc Adolphe Tiao

Il n’est pas un homme qui est au-devant de la scène. Il n’est pas connu dans le sérail de la politique, encore moins dans le milieu des hommes d’affaires. « Il », c’est Luc Adolphe Tiao, président du Conseil supérieur de la communication, que l’Observateur paalga a décidé de faire « Homme de l’année 2007 » pour s’être distingué à travers les nombreuses actions dans le domaine de la régulation de la communication.

En décidant en conférence de rédaction du vendredi 14 décembre 2007 de faire du président du Conseil supérieur de la communication (CSC), Luc Adolphe Tiao, notre homme de l’année, nous étions loin de penser que la même idée serait retenue par d’autres organes de presse. Pas plus d’ailleurs quand le mercredi 26 décembre 2007, nous avons rencontré Boureima Jérémie Sigué, Directeur général des Editions "Le Pays", pour requérir son avis, parmi d’autres personnalités que nous avons ciblées, sur l’action du président du CSC. Et voilà que dans l’édition du jeudi 27 de notre confrère, nous découvrons que notre élu a été également distingué par ce journal en même temps que Mme Simone Zoundi, cette dynamique dame du cercle des chefs d’entreprises.

Ne dit-on pas que les bons esprits se rencontrent ? Pour dire vrai, si la livraison du « Pays » nous a quelque peu refroidi parce que le sujet a été défloré, elle est en même temps la preuve de la pertinence et de la justesse, de notre choix, quand bien même élire un homme ou une femme de l’année aurait sa part de subjectivité. Nous avons donc maintenu notre dévolu initial sur le premier responsable de l’instance de régulation de la communication au Burkina Faso.

L’homme, le journalisme et la régulation

Rude tâche que de réguler la communication dans un pays qui est sorti de l’Etat d’exception il n’y a pas très longtemps. Et la mission confiée à Luc Adolphe Tiao, à sa date de nomination le 30 mai 2001, pour continuer l’œuvre d’Adama Fofana, dans un milieu (la presse) contestataire par excellence, était tout aussi délicate, pour ne pas dire périlleuse : concilier la liberté et la responsabilité. A l’évidence, il y a un difficile juste milieu à obtenir : la difficulté de manier la carotte de la liberté d’opinion et le bâton du rappel à l’ordre. Et la situation est d’autant plus délicate qu’il faut souvent sévir.

De sa création à nos jours, à tort ou à raison, plusieurs étiquettes ont été attribuées au CSC. D’abord considéré comme étant le parapluie de la Présidence, l’idée du gendarme lui est restée longtemps collée à la peau. Mais comme une entreprise n’est le plus souvent que le reflet de celui qui préside à ses destinées, celui qui est affectueusement appelé « L.A.T. » est arrivé à polir bien des aspérités de la structure, sise en face du ministère des Finances et du Budget et actuellement en reconstruction. En attestent le monitoring de plus en plus huilé pendant les grands événements politiques de la nation pour un plus grand pluralisme de l’information, les auditions dans la parfaite détente et presque dans un climat de confraternité des responsables de médias qui franchissent la ligne jaune, la carte de presse et la convention collective des journalistes en cours, etc.

Est-ce donc parce qu’il est sorti du même moule de la troupe dont il a la garde qu’il a des atomes crochus avec elle ? En effet, à l’image d’Astérix, ce personnage de bande dessinée, dans le chaudron magique, Luc Adolphe Tiao est tombé dans le journalisme tout petit. En effet, il explique que c’est en classe du CM2 à Koudougou (chef-lieu de la province du Boulkiemdé) qu’il a été piqué par le virus de ce métier. Dès la 5e, il créait au Petit séminaire dans la ville de Maurice Yaméogo le journal de l’établissement, dénommé « Trésor ». LAT a été également, avec quelques camarades, à la base de la création de l’Association des journalistes du Burkina (AJB) et ce, en plein régime d’exception. Le côté professionnel et chaleureux de l’homme a conquis bien des cœurs dans la nébuleuse communication, où l’on est surtout formé pour ne voir que les trains qui arrivent en retard. Quand LAT parle, pour beaucoup, ce n’est pas cet orateur obtus à la langue de bois et qui porte des œillères que l’on entend. Quand il s’exprime, les journalistes « le sentent » comme on dit.

L’homme tout court

Lorsque nous nous sommes rendu, le jeudi 27 décembre 2007, en face du monument de la Bataille du rail, où l’institution a installé provisoirement ses quartiers, c’est le même Luc Adolphe Tiao à la démarche rapide, aux poignées de main franches et au verbe facile que nous avons rencontré. Il a d’emblée reconnu que la presse burkinabè a évolué en qualité. Elle qui, a-t-il ajouté, s’est beaucoup atténuée et devient de plus en plus responsable. En disant cela, use-t-il de l’encensoir ? Visiblement pas, puisqu’il a assuré, la main sur le cœur, que ce n’est pas une appréciation de complaisance : « Il suffit d’aller ailleurs pour voir la différence ». Et il a vite précisé qu’il ne veut pas dire par là que notre presse est la meilleure du monde. S’il a un seul reproche à faire aux journalistes du Pays des hommes intègres, c’est de ne pas faire un grand effort de recoupement des faits. « On a toujours tendance à écouter le premier venu », a-t-il regretté. Celui qui est parti de simple scribouillard dans l’ancien hebdomadaire d’Etat, Carrefour africain, nous a fait un cours sur le b.a.-ba de la profession en insistant sur la nécessité de faire des recoupements, d’écouter les différentes parties et de mesurer l’impact que l’information peut avoir sur la société.

Mais savez-vous qu’au lieu d’exceller dans le journalisme et dans la régulation de la communication, l’actuel président du Conseil supérieur de la communication, s’il avait voulu, aurait pu être chorégraphe ou danseur professionnel ? Si ! Ne rions pas. Il nous a assuré aimer la danse, notamment la danse traditionnelle gourounsi, celle de son ethnie, et ne pas résister pas à « monter sur la piste » quand il y a une occasion de s’exprimer. Et si l’on se fie à un de ses souvenirs de l’école primaire qu’il aime à raconter avec nostalgie, on se convainc qu’il n’y a pas que dans la régulation que l’on peut obtenir des lauriers. Il raconte : « Récemment, nous avons organisé un arbre de Noël pour les enfants dans lequel il y avait un concours de danse. Cela m’a rappelé mon CE1 (Ndlr : Cours élémentaire première année) à l’école primaire publique de Sapouy (Ndlr : chef-lieu de la province du Ziro).

On avait organisé le bal de fin d’année et j’ai obtenu le 1er prix du meilleur danseur de l’école. C’était avec une jeune demoiselle et je me souviens très bien de son nom, Blandine qu’elle s’appelait. Et pour nous récompenser, on nous avait donné des bouteilles de Soda ». A son sujet, et pour parodier la réflexion d’Hubert Beuve-Merry, le fondateur du journal Le Monde, à propos du métier de journaliste, nous pouvons, en ce qui concerne le président du Conseil supérieur de la communication, conclure que la danse mène à tout, à condition d’en sortir.

L’Observateur Paalga

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