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Coopération technique japonaise au Burkina : Des exploits et des difficultés

Publié le jeudi 26 juillet 2007 à 08h18min

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Des volontaires japonais œuvrent depuis sept ans, à l’amélioration des conditions de santé, à une agriculture performante, à un enseignement de base plus adapté et à un cadre de vie plus sain au profit des populations burkinabè. Mais les difficultés ne manquent pas.

C’est ce qu’a constaté de visu, la dizaine de points focaux basés dans différents ministères à la faveur de la visite de terrain organisée par l’Agence japonaise de coopération internationale au Burkina, à Bobo-Dioulasso, Bama et Banfora, du 11 au 13 juillet dernier.

"Notre objectif est atteint". C’est là le satisfecit du représentant de l’Agence internationale de la coopération Japonaise au Burkina, Horiuchi Yoshio, à l’issue de la visite marathon organisée au profit des points focaux de la Coopération japonaise au Burkina. Le Japon intervenant en effet, dans les domaines de l’agriculture, de l’environnement, de la santé et de l’enseignement de base.

Ce sont les représentants de ces ministères et ceux de l’Action sociale et des Affaires étrangères qui sont allés constater de visu les volontaires japonais à l’œuvre dans leurs sites de travail à Bobo-Dioulasso, Banfora et Bama. C’est avec beaucoup de détermination que le volontaire Tamoyuki Iwata s’échine à la tâche.

Sur le site maraîcher de 2ooha de Kwinima à Bobo-Dioulasso, l’expertise du jeune japonais est fort appréciée par les exploitants. "Il nous a appris l’assolement, l’espacement des plants, l’utilisation d’herbes adventistes qui permet de retenir l’eau", confient-ils volontiers. 750 ménages se partagent les parcelles du site de Kwimina sur lesquels tomates, choux, bananes, maïs, etc. sont produits et consommés ou écoulés sur le marché local. En plus d’accompagner les producteurs maraîchers, le volontaire iwata leur apprend la fabrication de la fumure organique.

La vulgarisation de toutes les techniques développées par le volontaire japonais a été évoquée par les bénéficiaires de la sortie de la JICA. A ce sujet, la direction provinciale de l’Agriculture du Houet (dont le volontaire est sous la tutelle) s’est attelé à la production d’un document qui reprend les techniques de production sans les pesticides, et à la formation des producteurs. Dans le domaine des ressources halieutiques, le volontaire Ouchi Seüchi est en train de mener une expérience intéressante avec la coopérative de pêcheurs de Bama, à une vingtaine de kilomètres de Bobo-Dioulasso : la pisciculture.

Dans cette activité nouvelle, il s’agit de contrôler le niveau de l’eau, de nourrir et d’observer la fertilisation des alevins. Leur alimention, selon la vision du volontaire, Seüchi, se compose de son de maïs, de poudre de poisson, d’azola et de sang séché de mouton. Les expériences anciennes d’élevage de poissons ayant toutes échouées, les pêcheurs de Bama se dont laissés séduire par la "nouvelle façon de faire" du jeune volontaire.

L’activité est certes à ses débuts mais les pêcheurs voient déjà grand. "Nous pourrons même produire 10 tonnes de poissons par jour et les commercialiser sans difficultés", promet audacieusement le président du groupement des pêcheurs, Emmanuel Sanou. En attendant, que ce rêve soit réalité, la valorisation et la consommation des coquillages, encouragées par le volontaire Seüchi, connaissent déjà un franc succès dans la zone de Bama et ne devraient pas tarder à conquérir les consommateurs de Bobo-Dioulasso qui constituent un marché plus grand, en terme de commercialisation.

A travers la pratique de karaté que leur dispense le volontaire Fujiwara Kinya, des enfants de la rue de Bobo-Dioulasso ont trouvé là le moyen de s’évader, d’oublier un temps soit peu enviable, et de se sentir comme les autres enfants. Au siège de l’action éducative en milieu ouvert (AEMO) à Bobo-Dioulasso, une dizaine de gamins enthousiastes enchaînent des gestes de karaté à la suite du très concentré Fujiwara Kinyé, chaque soir. C’est que derrière cette image de rigueur se cache plutôt un garçon fort sympathique.

Il a appris à connaître et à vivre la réalité des enfants de la rue. Conséquence, ceux-ci ont trouvé en Fujiwara un confident précieux au détriment des encadreurs burkinabè de l’AEMO. Et cela, malgré la difficulté de communiquer (les enfants ne sont pas allés à l’école et le volontaire parle passablement français).

En dehors du karaté, ces gamins de la rue pratiquent aussi le foot-ball et le volley-ball. L’équipe de l’AEMO, épaulée par les volontaires japonais (Fujiwara est le 3e depuis 2001), a souvent réussi à réintégrer certains enfants de la rue, dans leurs familles. A la différence de son compatriote Fujiwara, Yamaguchi Kimiko ne s’illustre pas par des démonstrations de combat spectaculaires devant ses élèves de Banfora. Dans une approche plus douce, la volontaire japonaise apprends des dessins, des chants et des activités manuelles (fabrication de boîtes et de jouets) aux enfants. Et les responsables de l’enseignement de base de la zone, ne tarissent pas d’éloges à l’endroit de Kimiki. "Ses activités ont fortement intéressé les enfants", confie l’inspecteur de l’Enseignement primaire de Banfora, Idrissa Touré.

Et pour le directeur provincial de l’Enseignement de base de la Comoé, Ouindicouni Ouédraogo "Kimiko a apporté des procédés et techniques nouvelles en matière de discipline d’éveil". Cette institutrice au Japon ayant mis ses congés au profit des enfants burkinabè en leur apprenant des "choses nouvelles" déplore les effectifs pléthoriques, l’emploi du temps trop chargé des élèves et le manque de matériel pour la fabrication de objets. L’autre compatriote de Kimiko, Unno Junko a enseigné l’éducation environnementale à des élèves et formé des cadres du ministère de l’Environnement et du Cadre de vie. Mais telle n’était pas la vocation de UNNO, lorqu’elle est arrivée au Burkina.

En effet, le domaine de prédilection de la volontaire japonaise est l’horticulture et faute d’espace dans la ville de Sya pour mettre en valeur son savoir-faire, la jeune japonaise a dû changer d’objectif. Elle mène actuellement une expérience intéressante dans le domaine de l’assainissement et de l’écocitoyenneté, avec un collectif d’associations de femmes de Bobo-Dioulasso, dénommé Fidélité.

Dans la même lancée, Hitomi Yamazaki appuie des associations et groupements de Banfora dans la collecte et la transformation en compost de déchets urbains. A 17 km de Banfora dans le village de Bounouna, la jeune volontaire intervient aussi dans la gestion de la forêt classée de cette localité à travers la sensibilisation des comités de gestion. Mais Yamazaki a "failli se décourager au début ne sentant pas l’adhésion de ses interlocuteurs à son action, ceux-ci attendant des "mesures d’accompagnements" de la coopération japonaise.

De petits "Bobos" que n’ont pas connu Endo Kofi et Tsuboi Yasunori respectivement affectés au district sanitaire et au centre hospitalier régional de Banfora. Intervenant dans le domaine de l’hygiène le premier cité a procédé à l’inspection des restaurants et débits de boissons de la cité du Paysan noir et proposé des recommandations (qui ne sont pas toujours respectées) pour plus de propreté. Depuis l’arrivée de Tsuboi Yasunori au CHR de Banfora, les problèmes de maintenances et les pannes récurrentes d’appareils indispensables au fonctionnement de l’hôpital sont désormais un vieux souvenir pour le bonheur du personnel de santé et des patients. Hormis des problèmes gastriques rencontrés en début de séjour, la santé même des volontaires japonais (déjà bien intégrés dans la société burkinabè) est généralement bonne. Ils en ont bien besoin pour mettre leur expertise au profit des populations qu’ils ont librement choisies de servir pendant deux ans.

Gabriel SAMA

Sidwaya

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