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Jean-Baptiste Compaoré : « 6% de croissance depuis dix ans »

Publié le lundi 16 juillet 2007 à 07h57min

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Jean Baptiste Compaoré, ministre des Finances et de l’Economie

« Aidez-nous à devenir autonomes », lance Jean-Baptiste Compaoré, ministre de l’Economie du Burkina, aux pays occidentaux.

Le Temps : Quelle est la dépendance du Burkina Faso vis-à-vis de l’aide internationale ?

Jean-Baptiste Compaoré : Le Burkina est un pays enclavé et qui ne dispose pas de ressources, en dehors de quelques gisements de manganèse au nord. Ce qui est loin de suffire pour décoller au plan économique. L’aide publique internationale nous est indispensable.

Comment se situe le Burkina dans la réalisation des Objectifs du Millénaire (OMD) de l’ONU ?

- Il y a cinq ans, plus de 46% de la population vivait au-dessous du seuil de pauvreté. Aujourd’hui, ce taux a reculé de 5 points. Depuis dix ans, notre taux de croissance se situe autour de 6%. Avant il était à peine de 1%. Si nous continuons sur cette voie, nous serons parmi les pays qui marquent un certain dynamisme. De 46% en 2001, le taux d’alphabétisation est passé à plus de 66% en 2006. En 2001, le taux de scolarisation des femmes était de 38%. Il est aujourd’hui de 77%. Le taux d’accès aux hôpitaux est aussi en hausse. Nous avons beaucoup de volonté et de détermination.

Le bilan sera-t-il positif en 2015 ?

- La tendance est bonne dans certains domaines, mais il reste encore beaucoup à faire pour sensibiliser les populations. Ce qui demande beaucoup de temps. Pour le taux de scolarisation, nous pouvons essayer d’atteindre l’un des buts fixés par les OMD. Il faudrait pour cela augmenter les moyens de 10% [l’éducation représente 14% du budget de l’Etat, ndlr]. Cela nous est impossible pour le moment. Et, à part la scolarisation, nous aurons des difficultés à atteindre les OMD.

Quelles sont les conséquences de la crise ivoirienne sur votre pays ?

- Les 3 millions et demi d’expatriés en Côte d’Ivoire généraient 40 milliards de francs CFA de revenus [environ 100 millions de fr., ndlr]. C’est 41% de notre PIB. Cette manne a chuté avec le conflit. L’Etat a été obligé de reprendre des sociétés de coton dont les perspectives étaient brutalement coupées. Jusqu’à la crise ivoirienne, 60% de notre trafic passait par le train entre Ouagadougou et Abidjan. Ce taux a chuté à 20%. Les routes sont devenues prioritaires pour nos échanges commerciaux. Conséquence : surchargées, elles n’ont pas résisté au trafic. Elles n’étaient pas prévues pour des trafics lourds. Nous les reconstruisons.

Qu’attendez-vous des pays occidentaux ?

- Qu’ils ne nous lâchent pas en si bon chemin. Nous avons le souci du respect des standards internationaux. Nous acceptons que l’on ne nous caresse pas dans le sens du poil. Mais le meilleur cadeau qu’on puisse nous faire est de nous aider à devenir autonomes. Nous savons que l’aide ne sera pas infinie. Aidez-nous à structurer nos économies. Nous avons déjà besoin de soutien à court terme, d’ici à 2010, avant les OMD.

Pierre Chambonnet
Le Temps (http://www.letemps.ch)

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