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Technologies de l’information et de la communication en Afrique : Ouagadougou fixe les conditions de vulgarisation

Publié le mardi 12 juin 2007 à 07h48min

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Ouagadougou, la capitale burkinabè a abrité du 7 au 9 juin 2007 le 1er forum sous régional africain sur les meilleures pratiques dans le domaine des Technologies de l’information et de la communication (TIC). Le forum a formulé des recommandations pour démystifier ces technologies en Afrique.

Le 1er forum sous régional africain sur les meilleures pratiques des TIC a clos ses portes à Ouagadougou au Burkina Faso sous le signe d’un afro-optimisme, soutenu par l’espoir de voir très prochainement ces technologies disséminées sur le continent.

Après trois jours d’échanges et de partage d’expériences, du 7 au 9 juin 2007, les participants (plus de 350) dont trois chefs d’Etat à l’ouverture des travaux, sont parvenus à la conclusion que « la clé du succès » dans les différents pays africains demeure la reproduction à l’échelle nationale des meilleures pratiques reconnues réussies en matière de TIC.

C’est pourquoi le forum a recommandé la promotion de la gouvernance électronique (e-gouvernance), c’est-à-dire l’ensemble des méthodes de gouvernance d’un pays, permettant d’améliorer et de faciliter le quotidien des citoyens. Pour y arriver, les participants proposent aux Etats l’adoption d’une législative relative à la e-gouvernance.

Toute chose qui implique aussi la prise en compte dans les stratégies de développement des pays, des plans nationaux de développement de l’infrastructure nationale de l’information et de la communication. En partenariat avec le secteur privé, les gouvernements africains ont été invités depuis Ouagadougou, à mettre en place des dispositifs de sécurité, permettant à la fois un facile accès aux TIC et une protection efficace contre l’usage de ces outils à des fins fâcheuses. La prise de mesures incitatives en vue des applications novatrices du TIC a par ailleurs été conseillée aux gouvernements par le forum.

Tous ces efforts au plan national, devraient être accompagnés par les organisations régionales et internationales de développement, a souhaité le 1er forum sous régional africain dans le domaine des TIC. Avant de juger de la nécessité de ces recommandations, les participants ont constaté la grandeur de la fracture numérique entre le Nord et le Sud. Une situation qui, à leur sens, explique le retard de développement des pays encore en marge des TIC, dont ceux du continent africain. La tendance doit être inversée, a appelé le Forum.

Message bien reçu par la société américaine Microsoft, représentée à ce 1er forum par son vice-président Orlando Ayala. Celui-ci a égrené à la cérémonie de clôture du forum des réalisations et des projets de Microsoft pour faciliter l’accès aux TIC en Afrique. Il sera soutenu par le Dr Cheikh Modibo Diarra, président de Microsoft Afrique qui a annoncé que d’ici à 2010 des ordinateurs pourront être accessibles à environ 25 000 F CFA sur le continent.

Ce « rêve » sera une réalité a-t-il poursuivi, grâce à un projet de reconditionnement d’ordinateur de seconde main. Une initiative qui, à terme, sera un pas de géant vers la concrétisation des recommandations des échanges de Ouagadougou, comme l’a appelée de tous ses vœux le président du Conseil supérieur de la communication (CSC), Luc Adolphe Tiao, ayant représenté le président du Faso Blaise Compaoré à la clôture des travaux.

Ces « recommandations pertinentes », a-t-il dit, sont à même de favoriser le partage d’expériences et une large dissémination des meilleures pratiques, pouvant faire des TIC un véritable levier de développement économique et social du continent. Après Ouagadougou, a estimé Luc Adolphe Tiao, d’autres forums méritent d’être organisés dans les autres sous-régions africaines, mais touchant également d’autres domaines d’importance vitale.

Koumia Alassane KARAMA


Des acteurs s’expriment sur leur participation au forum

M. Mohamed Diop, participant du Sénégal : « C’était une occasion unique... » : ce qu’on pourrait voir de positif et vraiment d’exceptionnel dans cette rencontre c’est qu’on a très rarement l’occasion d’avoir les politiques, les techniciens, la société privée et le secteur privé ensemble en train de parler de quelque chose qui, vraiment préoccupe l’Afrique.

Nous pensons que tout le secteur privé et la société civile intervenant dans le domaine des nouvelles technologies doivent avoir une écoute attentive de la part des hommes politiques, des décideurs. C’était une occasion unique. Nous pensons que ce sont des rencontres qu’il faut multiplier afin que les jeunes, qui actuellement ont des doutes sur l’avenir de l’Afrique et qui peuvent être répliquées.

M. Pierre Ouédraogo, représentant de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) : « Il reste beaucoup à faire... » L’idée même de ce forum est extrêmement intéressante et d’ailleurs elle rejoint une des recommandations du dernier CODIS (comité de l’information au service du développement de la Commission économique pour l’Afrique, ndlr), portant sur la création d’un portail sur les meilleures pratiques. Nous voyons qu’ici aussi l’assemblée va dans le même sens du partage des meilleures pratiques.

Nous espérons que par la suite les Africains vont s’approprier ces technologies de manière à ce que, contrairement peut-être aux autres révolutions industrielles qui sont passées, nous puissions devenir des acteurs nous-mêmes c’est-à-dire que des Africains réalisent et tirent aussi profit de cette révolution numérique et que nous ne soyons pas réduits à l’état de consommateurs. Mais il ne s’agit pas seulement d’accéder aux TIC, mais de mettre ces outils au service du développement.

Dr Cheick Modibo Diarra, président de Microsoft Afrique, l’initiateur du forum « des ordinateurs à 25 000 F CFA... » : L’idée même de ce forum est de passer de la communication d’informations et d’échanges directement à l’action. Il va falloir attendre, avant de voir les résultats. C’est lorsque nous aurons atteint le niveau de croisière dans l’application ou la réplication des meilleures pratiques que nous pourrons dire que nos attentes sont satisfaites. Microsoft, bien que n’étant pas un fabricant d’ordinateurs, nous avons eu l’occasion au cours de ce forum de dire aux gens, ce que nous comptons faire.

Nous avons constaté statistiquement que d’ici à l’année 2010 il va y avoir un milliard d’ordinateurs de seconde main qui seront disponibles de part le monde. Nous allons appliquer immédiatement une petite expérience qui consiste à ouvrir déjà un petit centre en Ouganda qui va récupérer des ordinateurs de seconde main, de les reconditionner, d’y mettre des logiciels et de voir comment les vendre, à un prix raisonnable, peut-être l’équivalent de 25 000 à 30 000FCFA.

On pourra mettre ces appareils à la disposition des écoles, des institutions qui en ont besoin. Nous allons mettre à côté un autre centre qui sera équipé pour pouvoir démanteler et détruire tout ordinateur qui aurait atteint la fin de son cycle de vie parce qu’il est très important pour ma génération d’Africains de faire en sorte que tout ce qui concerne notre environnement reste intact et que l’Afrique conserve sa beauté. Nous allons faire une approche qui va du berceau jusqu’à la tombe.

Une fois que cette approche sera validée nous allons très rapidement commencer à multiplier de tels centres un peu partout et faire en sorte que des dizaine sinon des millions d’ordinateurs puissent atteindre le continent pour en mettre à la disposition du plus grand nombre. Le e-gouvernement a plusieurs volets. Il y a le e-gouvernement qui permet à un gouvernement de fonctionner de façon efficace.

Tout ce qui peut permettre au gouvernement de rendre des services aux citoyens fait partie du e-gouvernement. Par exemple, selon ma vision du e-gouvernement, pour faire une carte d’identité, j’imagine un jour dans nos zones rurales des kiosques où n’importe quel citoyen pourrait venir, prendre sa photo sur son téléphone cellulaire et la transférer sur un site web qui est installé au ministère de la sécurité nationale. Il peut faire une demande et en même temps prendre une fiche remplir dans ce même kiosque dans son village, scanner et envoyer à la même destination avec la photo. Au lieu de devoir venir jusqu’en ville, importuner des parents pendant deux à trois jours, de faire la queue ou de cesser de travailler dans son champ pendant la saison des pluies.

Et lorsque la carte d’identité est prête, on peut imaginer le e-gouvernement comme une suite un services de livraison qui ferait le circuit deux fois par semaine pour distribuer au niveau de chaque village les cartes d’identité déjà prêtes. Ceux qui ont fait la demande de ces cartes, en plus du tarif normal de cette carte d’identité vont remettre par exemple 200 FCFA pour le carburant de livraison. Ceci est le genre de concept qui peut permettre de rendre des services à nos citoyens dans les zones les plus reculées. Au niveau du gouvernement lui-même combien de revenus ?

Lorsqu’il s’agit des impôts, est-ce que tout le monde paie ? Lorsqu’il s’agit de la douane, est-ce que toutes les sommes qui y sortent vont directement dans les caisses du trésor ? Est-ce qu’il n’y a pas des fuites quelque part ?

Lorsqu’on arrive à informatiser les bureaux des douanes, le trésor public, le ministère des Finances et de l’Economie, les services qui s’occupent de prélever les impôts, on va voir tout de suite que nos Etats ont un peu plus de marge de manœuvre pour pouvoir mettre en place des infrastructures, etc. Il s’agit de faire en sorte aussi, qu’à travers ces nouvelles technologies, les différents services et institutions de l’Etat puissent communiquer plus efficacement entre eux, partager l’information et assurer ces informations. Au niveau de l’état civil mettre en place des systèmes permettant d’identifier les enfants et les enregistrer dès la naissance.

Au niveau des hôpitaux, il s’agit de cataloguer les malades qui viennent, de gérer leurs soins et leurs traitements de façon à ce que lorsqu’ils déménagent dans une autre ville, à la poussée d’un bouton qu’on puisse avoir accès à leur histoire médicale. Tout cela fait partie du e-gouvernement, c’est-à-dire tout ce qui permet aux institutions du gouvernement de fonctionner.

Propos recueillis par Alassane Neya

Sidwaya

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