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Banque mondiale : Les turpitudes d’un faucon

Publié le vendredi 18 mai 2007 à 07h00min

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Paul Wolfowitz

Paul Wolfowitz est au coeur d’une polémique sur son départ ou non de son fauteuil de président de la Banque mondiale. Pris en flagrant délit de népotisme en faveur de sa petite copine Shaha Riza. Une histoire de fesses au sommet de l’institution financière la plus célèbre de l’ONU, qui finit de convaincre que les fesses font l’histoire de l’humanité et celle des "grands" hommes.

Paul Wolfowitz est un faucon de l’administration Bush. C’est un des plus écoutés du président américain qui, pour ses bons et loyaux services sur le dossier irakien, l’a envoyé en retraite anticipée et dorée à la Banque mondiale. Un poste aussi stratégique que juteux.

Est-ce pour cette raison que Wolfowitz refuse de démissionner ? Personne n’a encore les motivations d’un tel entêtement. En jouant les prolongations, en tentant de négocier son maintien par tous les moyens, l’homme fait la preuve de ses propres contradictions, toutes choses qui entachent l’image de George Bush, celui-là même qui l’a nommé. Le pardon qu’il a demandé devant le conseil d’administration de la banque, le rend méconnaissable. Paul Wolfowitz qui a ainsi accepté de faire amende honorable, aurait tout aussi dû démissionner. L’acte l’aurait assurément grandi.

Toujours est-il que c’était la seule façon pour lui de sauver la face et le peu de dignité qu’il lui restait. Se faire montrer la porte de sortie par tout le monde est une honte qui ternit l’image que ses sympathisants avaient de lui. Ce dur, cet allié inconditionnel de Bush, n’a pas hésité à engager son pays dans une guerre désastreuse contre l’Irak sur la base d’accusations non fondées jusqu’aujourd’hui.

C’est dire que l’affaire éclabousse le président américain. Au plus bas dans les sondages, l’administration Bush n’avait pas besoin de ce gros fait divers qui ébranle les convictions de certains néo conservateurs

Non, personne ne peut encore faire confiance à M. Wolfowitz, même pas après son acte de contrition. Partir et vite est la seule sortie honorable dans ce feuilleton qui n’honore pas l’Amérique puritaine, accrochée aux valeurs de la famille et à la rigueur morale.

Tout le monde peut se tromper, soit. Mais ici l’absolution est difficilement concevabe. Le faucon américain ne l’a pas encore compris. Pourtant, un de ses collaborateurs lui a indiqué la voie en démissionnant. Persister à rester voudrait dire qu’il a le soutien de Bush et qu’il y a un intérêt aussi important qu’inavouable. Les administrateurs dans ce cas ont donc intérêt à ouvrir l’oeil sur les agissements de leur président. Le champion de la lutte contre la corruption, l’homme qui voulait nettoyer les écuries d’Augias en matière de corruption, n’aura donc pas tenu son pari. L’Afrique dont il voulait faire sa priorité en dressant une liste de pays à soutenir en urgence reste interloquée.

Un ministre allemand a eu le courage de déclarer que moralement, il est difficile pour le président de la Banque mondiale de demeurer à son poste. Si par extraordinaire, il sauvait sa tête, son autorité ainsi que celle de la Banque en prendraient un sacré coup.

Aujourd’hui, l’intérêt du débat, ce sont les conséquences de cette crise sur l’image de la Banque mondiale.

Le sérieux et la rigueur qui ont toujours caractérisé cette institution, malgré les conséquences désastreuses de ses stratégies de développement au profit des pays du Tiers-monde, volent en éclats.

La plus prestigieuse des institutions financières internationales n’avait vraiment pas besoin de ce mauvais coup de pub.

A un moment où la Banque mondiale reconnaît ses erreurs du passé et où elle tente de se refaire une virginité, l’affaire tombe mal. Pour cela, le départ de l’ancien faucon du Pentagone s’impose. Avec Paul Wolfowitz à sa tête, quelle leçon de morale et de gouvernance la Banque mondiale peut-elle donner aux décideurs du tiers-monde ? On croyait que ce genre de comportement dont vient de faire preuve Paul Wolfowitz était seulement l’apanage des gouvernants des républiques bananières !

Pour une fois, l’Administration Bush se retrouve presque seule empêtrée dans un guêpier. La plupart de ses alliés, en dehors du Japon, appellent à la démission de Wolfowitz pour sauver les meubles, malgré une offensive diplomatique de charme. C’est peut-être un autre chant du cygne pour une administration américaine dont les positions unilatérales sur les dossiers internationaux ont fait plus de mal que de bien.

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 18 mai 2007 à 14:03 En réponse à : > Banque mondiale : Les turpitudes d’un faucon

    JE NE PENSE PAS QU’L SOIT VRAIMENT NECESSAIRE QUE CE MONSIEUR DEMISSIONNE PARECE QUE C’EST AUCUN PAYS DE CE MONDE OU DU MOINS AUCUNE ENTREPRISE NE PEUT DIRE QUE CES GENRES DE PRATIQUES N’EXISTE PAS EN SON SEIN. IL A RECONNU ET A DEMANDE PARDON, QUE VOULEZ VOUS DE PLUS. TOUT LE MONDE FAIT DES ERREUR

    • Le 19 mai 2007 à 01:10, par Bouba bouda En réponse à : > Banque mondiale : Les turpitudes d’un faucon

      Je me demande ce que le premier intervenant veut dire. Suffit-il de reconnaître et de demander pardon ?
      Alors voleurs, corrupteurs, escrocs, criminels, etc. reconnaissez et demandez pardon et vous n’aurez pas à subir les consèquences de vos actes. Prisonniers demandez pardon et vous serez libérés...

  • Le 19 mai 2007 à 17:33, par Le paysan(qui ne semera jamais une graine de coton !!!) En réponse à : > Banque mondiale : Les turpitudes d’un faucon

    Ah ! Si cela pouvait se passer au pays "des hommes integres" !!!
    Il y a tellement de cas similaires que nous passerions tout le temps a en parler...mais tout se paye.
    A bon entendeur, salut.

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