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Sénégal : Wade au forceps ?

Publié le mardi 27 février 2007 à 08h37min

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Wade

Au moment où nous traçions ses lignes, les résultats du scrutin présidentiel sénégalais n’étaient pas connus, même si tout indique que l’on se dirigeait vers une victoire dès le premier tour du sortant Abdoulaye Wade, les partisans de celui-ci clamant « urbi et orbi » que leur champion a recueilli 57% des suffrages exprimées.

Si l’unanimité est faite sur le fait qu’Abdoulaye Wade est arrivé premier lors de ce premier tour, les observateurs s’accordent cependant à dire que « Blaye » ne peut pas gagner dès le premier tour. Principale raison de ce scepticisme, la carrure de certains de ses adversaires, (Ousmane Tanor Dieng et Idrissa Seck surtout) et l’assise supposée ou réelle des forces politiques qui les soutiennent. Dans le cas de Tanor Dieng par exemple et nonobstant, « la phobie » que nombre de Sénégalais semblent avoir vis-à-vis du parti socialiste (PS)

sénégalais, quelque peu discrédité par quarante ans de pouvoir, force est de reconnaître que le Parti n’a pas pu s’effriter en si peu de temps au point de peser moins du quart de l’électorat sénégalais. Or c’est l’hypothèse qu’une victoire dès le premier tour de Wade accréditerait, Idrissa Seck et les autres candidats, comptant, toujours dans cette hypothèse pour de la mie de pain.

Il y a donc de quoi rester circonspect et de prêter une oreille attentive aux propos de Dieng qui a annoncé qu’il en « appellerait » à la rue au cas où ce « hold up » électoral s’avérait. Même son de cloche dans le camp d’Idrissa Seck, toute chose qui a le don de laisser les partisans de maître Wade de marbre. L’avocat lui-même avait déclaré avant le scrutin qu’il « connaissait » ses adversaires et qu’il n’hésiterait pas à les « embastiller » si d’aventure ils venaient à troubler l’ordre public à l’annonce des résultats. Dakar bruite donc des rumeurs les plus folles, même si certaines raisons confortent Wade dans sa tentative de passage en force.

Première de celle-ci, la querelle de chiffonniers apposant Tanor Dieng et Idrissa Seck sur le fait de savoir lequel d’entre eux est arrivé second lors de ce scrutin. Cette place de dauphin, les partisans de Seck l’ont revendiquée par la voix de Pape Diouf qui a indiqué, sans ambages qu’Idrissa Seck est « deuxième ». « Faux », ont rétorqué les socialistes qui pensent, que ce rang leur est dévolu.

Du pain béni pour maître Wade et c’est maintenant que les vrais marchandages vont commencer. Idrissa Seck serait-il prêt à lâcher la proie pour l’ombre en se ralliant au panache blanc de Wade contre un poste de Premier ministre ? Ce ne serait pas « trop bête » de sa part, car il n’a pas suffisamment de troupes pour « chauffer » la rue à blanc. Mais, en se « rabibochant » avec Tanor Dieng malgré leur querelle du moment, ils pourraient « enquiquiner » Wade. Avec le risque que, fait inédit dans l’histoire du Sénégal, l’armée ne vienne arbitrer le conflit social qui naîtrait.

Quel rôle jouera la société civile ?

Mais, Tanor Dieng n’ayant pas les moyens de sa politique à la tête du PS (il ne faut pas oublier qu’il n’a joué jusqu’au départ de Diouf que les seconds couteaux et n’a pas, de ce fait, un trésor de guerre) il pourrait mettre un Bémal à ses ambitions présidentielles contre quelque « compensation » (honni soit qui mal y pense).
A 67 ans, il pourrait revenir en 2014 avec plus de force, après avoir « discipliné » le parti. Le départ de Robert Sagna, un des « éléphants » du PS l’arrange, tout comme le ralliement il y a un lustre d’un autre baron du PS, Djibo Ka au PDS de Wade.

Seul maître à bord, il n’aurait plus que Idrissa Seck comme Challenger lors de la présidentielle à venir, avec la retraite de Moustapha Niasse. Landing Savané, Abdoulaye Bathily et Amath Dansokho n’ont jamais rien été d’autres que des « trouble-fête ». Ousmane Tanor Dieng et Idrissa Seck le savent tous les deux et c’est pour cela qu’une alliance des deux apparaît plus qu’hypothétique, chacun des deux ne sachant pas qui retirerait les marrons du feu après une éventuelle transition militaire.

Et puis, l’armée étant bien tenue par Wade et « corsetée » par la légion étrangère, l’hypothèse d’un coup d’Etat apparaît surréaliste au Sénégal. Il pourrait s’ensuivre un désordre aux effets incalculables, ainsi que l’exemple ivoirien vient nous le rappeler quotidiennement. Il reste à savoir comment la société civile sénégalaise appréhendera ce passage en force de Wade.

Profondément attachée aux vertus de la démocratie et dirigée par de redoutables bretteurs d’idées (Laatif Coulibaly, Johnson Traoré, Alioune Tine...) elle pourrait prendre le relais de la contestation en « association » avec les étudiants et les scolaires, toujours partant pour les « causes justes ». Mais, Wade qui a été, dans le temps, un « manipulateur » de foules pourrait étouffer cette contestation dans l’œuf par la tactique bien connue de « l’infiltration ».

On le voit, le vieil avocat a de nombreux atouts en main pour rebeloter, d’où la confiance inébranlable qui l’habite. « Je gagnerai », avait-il martelé à trois reprises devant un parterre de journalistes.
« Pas de cette manière excellente » même si en politique, tous les coups sont permis. On attend confirmation.

Boubakar SY

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 27 février 2007 à 14:24, par BUGS En réponse à : > Sénégal : Wade au forceps ?

    Bonjour,
    Désolé, mais les résultats prouvent que Wade a gagné. De plus, aucun cas de fraude n’a été signalé ni par les observateurs (CEDEAO, Union Africaine, Société Civile, Union européenne), ni par les partis politiques.
    C’est vrai que le score peut surprendre, mais comme le dit l’adage "un tiens, vaux mieux que deux tu l’auras", donc les sénégalais ont choisi les résultats de Wade aux promesses de l’opposition. De plus, la corruption, c’est le combat des intellectuels qui ne représente pas 10% de la population. Les autres ne posent pas la question à savoir combien à couté le nouvel hopital de Pikine, ils se disent tout simplement, ils ont maintenant un hopital fonctionnel très proche. Ils ne posent la question à savoir combien coute les travaux de l’autoroute, ils savent par contre c’esr Wade qui l’a fait ;

  • Le 27 février 2007 à 14:35 En réponse à : > Sénégal : Wade au forceps ?

    Oui il faut attendre confirmation. D’abord les prochaines élections au Sénégal c’est en 2012 et non en 2014. Je suis Burkinabé et je vis à Dakar au Sénégal. J’ai suivi la campagne présidentielle Sénégalaise. Les résultats des différents bureaux de vote étaient diffusés au fur et à mesure par les radios privées de la place. On remarquait une nette avance du candidat Wade par rapport aux autres candidats. Quand Wade gagnait 250 voix, Idrissa Seck suivait avec 13 voix et Tanor avec 7 voix. En tout cas tout laisse à croire que Wade a été élu au premier tour. Je pense qu’il n’y aura pas de manifestation de rue car même les partisans du PS s’accordent à dire que "le vieux" a gagné. Personne ne suivra un candidat dans la rue pour contester que Wade soit élu dès le premier tour. Déjà à mon lieu de travail, tout le monde félicite les partisans de Wade, alors qu’il n’ya pas encore de résultat officiel.

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