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L’ambassadeur de France face aux étudiants de l’IDRI : Un échange interactif sans tabou

Publié le vendredi 9 février 2007 à 07h38min

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François Goldblatt et Mouhoussine Nacro

Dans le cadre de ses activités académiques, l’Institut diplomatique et des relations internationales, (IDRI) a entamé, le mercredi 24 janvier 2007 une série de conférences animées par des diplomates en poste à Ouagadougou.

Les échanges visent à approfondir les connaissances des étudiants, à les enrichir de l’expérience de diplomates chevronnés et aguerris et à établir des discussions directes avec des professionnels afin de leur permettre de s’imprégner de la nature des relations de coopération entre le Burkina et leurs pays respectif.

C’est ainsi que Son Excellence Monsieur François Goldblatt, ambassadeur de France au Burkina Faso, qui avait déjà effectué une visite de courtoisie au siège et au bâtiment pédagogique de l’IDRI le 14 décembre 2006, a été le premier à se prêter à cet exercice. Il importe de souligner que la France représente un partenaire de premier plan pour le Burkina Faso. La coopération franco-burkinabé qui intéresse des domaines très variés est fondée sur les liens historiques et le positionnement actuel du pays des Hommes intègres dans la politique étrangère française.

C’est dans une ambiance conviviale mais très académique que l’invité du jour, en présence du directeur général de l’Institut, M. Mouhoussine Nacro, entouré de certains de ses collaborateurs, s’est lancé dans cet échange. C’est un diplomate très au fait des rouages de son métier et de la politique extérieure de son pays qui a tenu son auditoire en haleine pendant plus d’une heure d’horloge.

En effet, diplomate de carrière issu de la prestigieuse Ecole nationale d’administration (ENA) de France et titulaire d’un DEA en économie appliquée, son Excellence François Goldblatt a occupé diverses fonctions entre 1988 et 2006, successivement à Vienne, à Moscou, à Hong Kong, à New Delhi, avant de déposer ses valises à Ouagadougou en octobre 2006. Il a en outre servi à l’administration centrale au Quai d’Orsay.

Il a fait un exposé articulé autour de trois axes majeurs : les relations entre la France et le Burkina, son expérience de diplomate et le cas spécifique de son expérience asiatique. En ce qui concerne la coopération entre son pays et le Burkina, il la qualifie de bonne, au regard d’un héritage historique favorable associé à une forte communalité de valeurs entre les deux Etats.
Il en veut pour preuve l’absence de contentieux entre les deux pays, la proximité des valeurs culturelles et intellectuelles, la forte présence de la France au Burkina, la consistance de l’aide apportée au Burkina...

En effet, la France injecte, bon an mal an, entre cinquante (50) et soixante (60) millions d’euros au Burkina. Enfin, la venue à Ouagadougou de M. Bonnecorse, Chef de la cellule Afrique à l’Elysée, au début du mois de janvier 2007, l’accréditation de l’ambassadeur de France au Burkina auprès de l’Union économique et monétaire Ouest-africaine (UEMOA) dont le siège se trouve dans la capitale burkinabè viennent achever de convaincre de l’excellence des relations entre la France et le Burkina.

Mais qu’à cela ne tienne, l’assistance, très intéressée par le sujet, a interpellé l’ambassadeur sur de nombreuses questions qui concernent les relations entre la France et l’Afrique en général. C’est notamment la crise ivoirienne et la décision du récent sommet de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) tenu à Ouagadougou le 19 janvier 2007, invitant le Président en exercice, en la personne du Président Blaise Compaoré, à faciliter le dialogue entre les parties prenantes ivoiriennes, en vue de permettre l’aboutissement du processus de paix.

A ce propos, l’ambassadeur a fait remarquer que la France est favorable au dialogue direct entre le président Laurent Gbagbo et monsieur Guillaume Soro, leader des Forces nouvelles, ce qui, du reste, est conforme à l’esprit des accords de Linas Marcoussis.
Ensuite, parlant de l’immigration et de la délivrance de visas, il a justifié le durcissement de la politique française par le souci d’éviter que ces immigrés, une fois en France, ne se retrouvent dans des conditions d’extrême précarité.

Répondant à une question sur l’avenir des relations entre la France et l’Afrique au lendemain des élections présidentielles en France qui se dérouleront en avril 2007, l’ambassadeur Goldblatt a seulement rassuré son auditoire que, quel que soit le vainqueur, la France accordera toujours une importance particulière à ses relations avec l’Afrique.

Il s’est enfin prononcé sur d’autres sujets comme le problème des pensions des anciens combattants, l’appréciation de la colonisation, l’aide au développement et les relations entre la France et l’Afrique. On retiendra de cette dernière question que, selon l’ambassadeur, les relations entre la France et l’Afrique sont complexes et que, de part et d’autre, il importe d’avoir une vision claire du type de relations qui devrait exister entre la France et le continent africain.

En plus des points évoqués plus haut, M. Goldblatt, prodiguant des conseils aux étudiants, est d’avis que la mission du diplomate est complexe et que les plus petites actions aussi bien que les plus grandes, peuvent permettre d’atteindre les objectifs visés. Au sujet de son expérience en Asie, il a fait état des performances économiques de l’Asie en comparaison avec la situation de l’Afrique tout en relevant les différences de contexte.

Il a pris congé de son auditoire, après avoir signé le livre d’or de l’Institut, dans lequel il a inscrit ces mots aimables et empreints de sincérité : « J’ai été très heureux de pouvoir m’entretenir de manière libre et ouverte avec un panel d’étudiants, qui ont su me poser les questions les plus difficiles... Je leur souhaite succès dans leurs études et une carrière diplomatique aussi fertile pour eux que productive pour le développement et la prospérité du Burkina ».

Rendez-vous a été pris pour le mercredi 31 janvier 2007 pour écouter Son Excellence Madame Jeanine Jackson, ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique au Burkina Faso.

Appolinaire OUEDRAOGO
Hamadé BAMBARA, Etudiants à l’IDRI

Sidwaya

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