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Immigration clandestine : L’Europe, même au prix de la mort

Publié le mardi 19 décembre 2006 à 08h44min

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Décidément, par ces temps qui courent, il n’est pas facile de lutter contre l’immigration clandestine qui continue d’endeuiller des familles. On a beau convoquer des sommets pour essayer de trouver des voies et moyens de résoudre ce problème de société, les candidats à l’immigration n’en ont cure.

On n’hésite pas à braver tous les obstacles pour aller jusqu’au bout. Ce qui vient de se passer au pays du président Abdoulaye Wade est la preuve que pour beaucoup de jeunes, l’Europe est la seule alternative pour réussir dans la vie. Mais la désillusion est souvent cruelle puisque le voyage peut tourner mal.

Après le naufrage il y a quelques jours à Yoff d’un bateau avec 29 passagers clandestins à bord, une autre embarcation vient d’échouer au large des côtes sénégalaises, faisant 105 victimes. Ces victimes qui tentaient de rallier les îles Canaries ont été contraintes de rebrousser chemin à partir des côtes marocaines à cause des intempéries et d’un épuisement de leurs provisions les ayant obligées à boire l’eau de mer.

L’embarcation, apprend-t-on, a été jetée à la côte par le mauvais temps le samedi 16 décembre dernier près de Saint-Louis. Mais le sort a voulu qu’il y ait 25 survivants grâce à des pêcheurs qui leur ont porté secours. Agés pour la plupart d’environ 30 ans, ces jeunes, en provenance de toutes les régions du Sénégal, souffrent de traumatismes divers et sont atteints de troubles psychiques.

La question qu’on se pose après un tel drame est de savoir comment ces candidats à l’émigration ont pu éviter la surveillance renforcée des patrouilles des marines sénégalaises et européennes mise en place depuis septembre 2006 en vue d’intercepter les immigrants.

Le moins que l’on puisse dire est que les voyages clandestins d’Africains vers l’Espagne défient tout simplement les récents accords signés entre les principaux pays de départ et d’arrivée.

On l’a vu, les jeunes sont attirés par l’Europe et croient dur comme fer que c’est là-bas que se trouve le vrai bonheur. Ils sont prêts à débourser des millions voire à risquer sciemment leur vie pour atteindre leur but. Certains économisent en faisant du petit commerce quand d’autres sollicitent des parents ou des connaissances pour pouvoir tenter l’aventure en promettant bien sûr, dès leur retour, de rembourser.

Pour eux, c’est dur de vivre dans leur pays parce qu’il n’y a pas de perspective et le travail se fait de plus en plus rare. Les jeunes diplômés se cherchent et ils ne voient rien venir à l’horizon. Les secteurs d’activités tournent au ralenti par manque de volonté politique alors que ceux qui nous gouvernent roulent carrosse. On ne pense qu’aux jeunes quand il y a des scrutins à venir, mais une fois qu’on est élu, les promesses peuvent attendre.

La politique de l’emploi n’existe pratiquement pas et le népotisme a droit de cité. La vie n’ayant plus de sens dans tel ou tel pays où les dirigeants ne pensent qu’à eux, l’envie de partir voir sous d’autres cieux trotte dans l’esprit. Mais force est de reconnaître que ce n’est pas la solution, parce qu’on dépense pour prendre les risques dans les mers, on peut l’utiliser à bon escient sur place.

Avec de bonnes économies, on peut monter une petite affaire pour s’occuper de soi et si on est patient, on peut en vivre à l’aise. L’Europe ne fait pas forcément le bonheur et il est temps que les jeunes le comprennent. Combien sont-ils partis qui mènent aujourd’hui une vie de patachon ? On parle de l’aide au développement pour freiner les clandestins, mais Dieu seul sait à quoi elle est destinée.

L’Afrique est un continent riche, mais malheureusement, ses richesses ne profitent pas à tout le monde. Et tant que les choses ne changeront pas, la honte rejaillira toujours sur l’Afrique. La bonne gouvernance est une utopie quand on regarde autour de nous et les pays occidentaux devraient le savoir à moins qu’ils préfèrent fermer les yeux. Le silence et la complicité dans la gestion d’un pays mènent forcément à la fuite et s’ils sont envahis, ils l’auront voulu.

Justin Daboné

L’Observateur

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Vos commentaires

  • Le 19 décembre 2006 à 11:53, par RS En réponse à : > Immigration clandestine : L’Europe, même au prix de la mort

    Mon cher frere Daboné,
    Tel que je te connais, je suis sùr que tu as versé des larmes en écrivant cet article. Je souhaite vivement que tu sois lu et surtout compris. Pendant que des africains font dormir des milliards de dollars dans des comptes en Europe ou aux Etats-Unis, d’autres sont obligés de fuir leur propre pays avec l’espoir de realiser leurs reves ailleurs. Voilà ce que nous sommes. Nous ne sommes que ça, rien que ça. Pitié ....

  • Le 27 décembre 2006 à 16:33, par SERGE En réponse à : > Immigration clandestine : L’Europe, même au prix de la mort

    Je suis européen et je pense également ce que dit votre article.
    L’Afrique a des richesses humaines et naturelles aussi bien pour l’agriculture que pour l’industrie qui ne sont pas exploitées.
    Je suis attristé quand j’apprends les malheurs qui arrivent aux candidats clandestins qui mettent leur vie en péril pour un eldorado qui n’existe pas.
    A quand des hommes politiques africains soucieux de l’avenir de leurs peuples et non uniquement soucieux de s’enrichir personnellement de façon si honteuse ? On peut toujours l’espérer.
    SERGE

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