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Blaise Compaoré à Bruxelles : Un séjour au pas de charge

Publié le mercredi 22 novembre 2006 à 07h42min

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Du 16 au 17 novembre dernier, le Président Blaise Compaoré (avant de s’envoler pour Taipei) a séjourné à Bruxelles, dans le cadre des Journées européennes du développement. Nous y étions. Reportage.

Le dimanche 12 novembre 2006, nous quittions, par la locomotive Talis, Paris pour Bruxelles, villes distantes de 200 km l’une de l’autre.

Ainsi, presque jour pour jour, nous redécouvrions Bruxelles, 10 ans après notre première visite. C’était en effet, pour autant que notre mémoire ne soit pas défaillante, en novembre 1996 qu’eut lieu notre première visite. Et ce, dans le même contexte : une visite présidentielle et à peu de choses près, avec les mêmes acteurs.

En novembre 1996, Blaise Compaoré était dans sa position actuelle de chef d’Etat. Mais Youssouf Ouédraogo, qui met en œuvre actuellement sa diplomatie, avait quitté son poste de chef de gouvernement pour représenter le Burkina à l’Union Europpéenne (U.E.) et à Bruxelles.

Et son remplaçant, Kadré Désiré Ouédraogo, lui, venait fraîchement de quitter la BCEAO pour la Primature. Et nous voilà à la descente de la locomotive. Le temps est maussade et la vie morose. Notre délégation, de huit personnes parties en précurseurs de Ouaga, sous une température d’environ 25° le samedi 11 novembre, grelottait bien qu’assez préparée d’avance.

Quoi qu’on dise, Bruxelles mérite son titre de capitale de l’Europe. Certes la vie y paraît chère pour nous autres qui parlons finances en termes de CFA et vivons dans des pays où le SMIG flirte autour de 28 000 F par mois. C’est à Bruxelles à peu près le prix d’un repas arrosé d’une limonade ou d’une bière, la Jupiter 66 cl, dans une des nombreuses gargotes africaines et le tour est joué. Quoi ? Autant d’argent pour un repas ? ne peut s’empêcher de s’écrier un client venu tout droit d’Afrique centrale.

Notre surprise fut très grande quand nous sommes arrivés à notre hôtel, Le Conrad. Un luxe, s’il en est.

Mais à côté du Conrad, où on paie plusieurs centaines de milliers de FCFA par chambre et par jour, on trouve des hôtels tout aussi sympa à 90 euros, soit 60 000 FCFA environ la nuitée. C’est cela aussi Bruxelles où se côtoient toutes les nationalités, avec des fortunes diverses.

C’est donc dans cette belle capitale où Louis Michel, le grand Belge de l’Union européenne, reste, quoi qu’on dise, bien soucieux du devenir du berceau de l’humanité, que se tenaient les premières Journées européennes. Une initiative louable de l’ex-ministre belge Louis Michel qui est depuis quelques années Commissaire européen au développement et à l’aide humanitaire. D’ailleurs, au dire de certaines voix autorisées, ces journées furent un succès total. En effet, pendant que les débats sur la gouvernance se menaient par-ci par-là, se tenait un Forum des affaires Europe-Afrique, au même lieu : au Palais des expositions du Heysel.

Et de Bozizé, à Kagamé, Tandja, et au Président Compaoré, dix-sept chefs d’Etat et de gouvernement africains avaient effectué le déplacement. Un véritable mini-sommet lorsqu’on sait qu’ils ne sont pas aussi nombreux à participer à la foire annuelle de l’Union africaine. Et ce n’est pas Paul Biya, le président du Cameroun, réputé abonné absent aux rencontres, qui nous démentira.

Sitôt après l’accueil à l’aéroport national Abelag de Bruxelles par Kadré Désiré Ouédraogo et sa suite, le séjour de Blaise Comparé se fit au pas de charge, ce fut un véritable sprint fait de visite à des autorités et de discours devant un auditoire d’environ 1300 personnes.

A chacun sa partition

En défenseur acharné de la cause de l’Afrique, le parrain desdites journées, Louis Michel, n’a aucunement fait dans la langue de bois. Pour ce commissaire européen, "L’Afrique est à la fois le continent des potentialités, de l’urgence, de l’indignation et reste, de nos jours, en retrait du monde, en marge de nos consciences, à l’écart des avantages de la mondialisation. Mais, c’est aussi le continent de l’espoir, qui n’est rien d’autre que le constat optimiste que l’écart entre la réalité actuelle et potentielle peut être comblé".

S’agissant de la gouvernance en Afrique, il a tenu à préciser, lors de la cérémonie, "qu’elle n’est ni bonne ni mauvaise ; et qu’elle doit être décidée par les Africains eux-mêmes".

De l’avis du locuteur, "Réduire la gouvernance à la lutte contre la corruption paraît dérisoire et inefficace. Certes, il nous faut faire preuve de fermeté en matière de corruption, car la corruption porte atteinte à la crédibilité du gouvernement et à la légitimité de la démocratie. Au sein du système judiciaire, elle est une négation de l’Etat de droit. Au sein des secteurs privé et public, elle implique une distribution inéquitable des ressources. Elle constitue une taxe sur les pauvres".

Et Louis Michel d’ajouter que la corruption est le résultat de la faillite d’un système et que la lutte ne constitue qu’un des volets de la gouvernance. Suite au commissaire européen, presque tous les chefs d’Etat présents à Bruxelles sont montés à la tribune pour faire partager l’expérience démocratique et de gouvernance qui a cours dans leur pays.

C’est ainsi que le Président Compaoré fera l’état des lieux de la gestion de la cité au Burkina depuis 1991 "où la Constitution de la IVe République a permis la mise en place d’institutions républicaines jouissant d’une stabilité sans précédent dans l’histoire politique du pays, avec l’organisation consécutive de trois élections présidentielles et de trois scrutins législatifs". Ça, c’est l’aspect politique.

Au plan de la gouvernance économique, dira le Président Compaoré, "Les acquis sont multiples et le pilotage stratégique du développement repose sur l’étude nationale "Burkina perspective 2005" qui a dégagé une vision d’avenir pour le développement économique du pays".

Quant à la gouvernance administrative, rassurera-t-il, un ambitieux programme de réformes et de modernisation de l’Etat a été entrepris depuis 1998. Il vise à faire de l’Etat un acteur performant et efficace par la modernisation et le renforcement des acquis.

Et la gouvernance ne sera pas en reste aux yeux du chef de l’Etat, pour qui cette approche permet l’enracinement de la démocratie à la base. Après son adresse et une série de visites et d’audiences accordées à quelques personnalités, Blaise Compaoré est parti pour Amsterdam, ville distante de Bruxelles de 320 km, d’où il a embarqué pour Taipei, la capitale taïwanaise. Ce fut un séjour court, mais fort mouvementé.

A Bruxelles, le Burkina aura incontestablement fait entendre sa voix. Pour un approfondissement de la démocratie et de la gouvernance. Ce qui n’est pas rien.

Boureima Diallo
Ouaga-Bruxelles-Ouaga

L’Observateur

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