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Côte d’Ivoire : Silence, on continue de tuer !

Publié le mardi 30 mars 2004 à 16h24min

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Lorsqu’au plus fort de la crise ivoiro-ivoirienne (novembre-décembre 2002), le président du Faso, Blaise Compaoré avait laissé entendre que "Gbagbo comme Milosevic finira devant le tribunal pénal international" un grand émoi s’était saisi du landerneau politico-diplomatique sous-régional. Beaucoup avaient stigmatisé une "volonté manifeste", d’alimenter la crise. Au regard des événements qui viennent de se passer en Côte d’Ivoire, cette "prophétie" révèle toute sa justesse.

Pour qui connaît l’opinion du pouvoir ivoirien sur l’application des Accords de Marcoussis, les tueries de la semaine dernière n’ont rien de surprenant. Persuadé que la Côte d’Ivoire est "attaquée depuis septembre 2002 par des assaillants, rebelles et autres mercenaires", Gbagbo entend se "battre" pour le "respect de la légalité constitutionnelle", de "concert" avec la communauté internationale. Et pour montrer sa "bonne foi", le président a décidé de la création d’une "cellule de solidarité et d’action humanitaire" chargée d’apporter des "réponses" aux préoccupations des personnes en détresse.

Et le camp présidentiel d’égrener les "sacrifices" consentis par le président Gbagbo pour résorber la crise. Parmi ceux-ci, la nomination de Seydou Diarra comme Premier ministre du gouvernement de réconciliation nationale, la formation dudit gouvernement avec "sept portefeuilles pour la rébellion" (sic), le vote de la loi d’amnistie "malgré l’opposition de la grande majorité des Ivoiriens", la réintégration des militaires déserteurs dans l’armée nationale... Dans sa dernière adresse à la Nation, Gbagbo, se taisant sur les nombreux cadavres, a réaffirmé que son pays était victime d’une "insurrection armée".

La rupture politique

Dès lors, il ne pouvait tolérer, lui le "garant de l’ordre et de la sécurité", que ces "assaillants" viennent le défier. Que les victimes soient au nombre de 30 ou de 500, ce n’est pas le plus important, car Gbagbo "liquide" ses opposants, lui l’opposant qui a bénéficié de la mansuétude de Houphouët-Boigny pour être ce qu’il est.

L’opposition par la voix du porte-parole du RDR, Cissé Bakongo, invoque de son côté une "imposture" et la nature "liberticide et sanguinaire" du régime. "Nous continuerons nos manifestations", a-t-il ajouté. Les positions sont plus que jamais tranchées en Côte d’Ivoire et, le plus important est de mettre fin à un état d’esprit qui ne cesse "d’enfoncer" le pays. C’est de l’ivoirité dont il s’agit et le camp présidentiel en est actuellement l’incarnation.

En demandant la création d’une "Commission d’enquête internationale" pour investiguer sur les récents événements, le Comité de suivi des Accords de Marcoussis se chatouille pour rire. Chaque fois qu’il a été question de vider le contentieux des droits humains en Côte d’Ivoire, le camp présidentiel a louvoyé avant de noyer le poisson. On est mémoratif qu’en décembre 2000 déjà, le Forum de réconciliation nationale, prévu pour régler la question du charnier de Yopougon avait "capoté".

Face à la tournure prise par les révélations (beaucoup de témoignages accablaient le pouvoir), le Forum avait été suspendu sine die. Aussitôt après (en janvier 2001), Gbagbo sortait de ses placards un "faux-vrai" coup d’Etat dans le but de se victimiser. Pas de justice donc pour les morts de Yopougon, tout comme il n’y en aura pas pour ceux qui viennent de mourir, tant que Gbagbo sera au pouvoir. Ses jeunes patriotes (?) clament partout que les "assaillants ont été vaincus". Leur mentor de son côté a déclaré la manifestation d’aujourd’hui "illégale", promettant une réplique "vigoureuse" des forces de l’ordre.

Le caractère dictatorial d’un régime de plus en plus acculé apparaît dans toute sa laideur. Le rapport de force politique n’étant plus en sa faveur, Gbagbo s’appuie sur les armes pour régner. Et comme son passif en matière de droits humains est lourd, il compte sur un long règne et l’oubli du temps, pour échapper au tribunal de l’histoire. L’ordre martial et sanglant règne donc en Côte d’Ivoire. Jusqu’à quand, a-t-on envie de dire au vu de l’immense "gâchis" social, politique et économique qui en résulte.

Boubakar SY


Abibata Rouamba : Victime d’une "balle perdue"

Secrétaire de direction à la FONCIAS Ouagadougou, Abibata Rouamba était allée à Abidjan prendre part à un mariage. Comme si son destin l’appelait dans ce pays, le jeudi 25 mars 2004, au moment des manifestations, elle recevra une balle alors qu’elle se trouvait dans une cour en famille au quartier Agnama.

Transportée d’urgence à l’hôpital, elle succombera aussitôt.

C’est avec beaucoup de stupeur que sa maman qui était au chevet d’un de ses frères malade à Ouagadougou, apprendra la triste nouvelle.

Nombreux sont ceux comme Abibata Rouamba ont été victimes de cette tuerie en Côte d’Ivoire.

Sidwaya

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