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Crise en Côte d’Ivoire : Un Sommet pour rien

Publié le vendredi 6 octobre 2006 à 08h29min

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Oh, que c’est dur de suivre la longue et tortueuse voie de la paix en Côte d’Ivoire ! En quatre ans de crise, que de rencontres, de Sommets, de conciliabules et de gorges chaudes pour ramener la paix dans cette ex-perle agricole ouest-africaine qu’est le pays de feu Félix Houphouet-Boigny.

Bien enthousiastes au début sur une rapide normalisation de la situation dans ce pays, bien d’observateurs avertis de la scène politique internationale en sont venus à sombrer progressivement dans un pessimisme tout à fait justifié, tant la paix semble y être un serpent de mer.

Plus on l’aperçoit et on s’y approche, plus les protagonistes de la crise, par leurs déclarations et faits irresponsables, raidissent les différentes positions en ajoutant du combustible pour mieux chauffer la marmite sociale. La dernière sortie inopportune, malheureuse et franchement irresponsable en date, est celle de Pascal Affi N’Guessan, le président du FPI, le parti présidentiel.

En effet, cet ancien Premier ministre de Gbagbo que l’on avait eu la faiblesse de prendre pour un doux agneau s’est révélé dans toute sa laideur un va-t-en-guerre hors gabarit. Lundi 2 octobre dernier à Abidjan, on se souvient que le N° 1 du FPI a proféré d’un ton martial des menaces à l’endroit des ressortissants des Etats membres de la CEDEAO vivant en Côte d’Ivoire qui, selon lui, pourraient faire les frais de la colère des populations si d’aventure les dirigeants de leurs pays respectifs ne vont pas "dans la voie que propose le régime de Laurent Gbagbo".

En clair, si d’aventure la CEDEAO, qui doit ce réunir en ce jour du vendredi 6 octobre 2006 à Abuja pour plancher sur la Côte d’Ivoire, ne prend pas des décisions conformes aux desiderata de Gbagbo et son clan, la foudre tombera sur ses ressortissants résidant au bord de la lagune Ebrié. Et si on sait qu’en Côte d’Ivoire un résident sur cinq est étranger et probablement ressortissant de la zone CEDEAO qui compte quatorze pays (hormis la Côte d’Ivoire), on comprend bien l’étendue du désastre que préparent les dinosaures politiques du parti présidentiel.

Avec donc ces va-t-en-guerre du FPI, si les pays membres de la CEDEAO ne font pas montre "de muscle", il n’est vraiment pas exclu que, de nouveau, on vole, viole, expulse ou fasse passer de vie à trépas ses ressortissants en Côte d’Ivoire. Et là, au lieu de prendre leur temps pour épiloguer sur la paix en Côte d’Ivoire, nos dirigeants seront occupés à éteindre cet incendie qui consume leur case.

On sait que Mamadou Coulibaly, le très bouillant président de l’Assemblée qui s’est maintenu en fonction en dépit de l’expiration de son mandat depuis le 16 novembre 2005, tout comme le peu catholique Pascal Affi N’Guessan ont failli tâter du couperet de la communauté internationale, n’eût été le veto de la Chine et de la Russie. Cette fois au moins, si les menaces de terroriser les ressortissants de la CEDEAO en Côte d’Ivoire sont mises en exécution, on peut penser qu’ils auront moins de chance de s’y soustraire !

Mais Gbagbo, dans ses envolées lyriques, avait une fois au moins prononcé une phrase qui n’a pas la couleur de la roublardise. Parlant de la crise dans son pays, il avait eu ces mots justes : "Nous sommes fatigués". C’est vrai que depuis septembre 2002 les journalistes écrivent, les diplomates se concertent, les chefs d’Etats courent de Sommet en Sommet pour un retour de paix dans ce pays sans que rien de tangible ne pointe à l’horizon jusqu’à ce jour.

Et pour ce faire, tout le monde semble fatigué des effets collatéraux de cette crise qui ne finit pas de laminer nos économies et fragiliser durablement la sous-région. Mis en scelle par la communauté internationale pour une année "sabbatique" qui devait prendre fin le 31 octobre, Gbagbo, qui ne s’embarrasse pas de circonlocutions, nargue ses bienfaiteurs en faisant du surplace. Il n’entend aucunement être rappelé sur la légitimité de son régime qui reste, quoi qu’on dise, la question centrale des deux dernières années.

Qui pis est, l’homme d’Etat ivoirien qui manie à la perfection la langue de bois n’a pas hésité à récuser dorénavant toute médiation ou négociation d’où qu’elle vienne (UA, CEDEAO, ONU...). Pour lui, il faut des solutions endogènes à la crise qui secoue son pays. Et là on peut dire que Gbagbo est en train de couper la branche sur laquelle il a pris place. Et c’est tout à fait sérieux. Mais ce Sommet d’Abuja apportera-t-il du nouveau dans la résolution de cette crise endémique ?

Le doute est permis quand on sait que Gbagbo, qui y sera royalement absent, ne se sentira nullement comptable (comme il l’a dit) des décisions qui y seront prises. Pire, quand bien même de bonnes résolutions y seront prises, comment la CEDEAO pourra-t-elle les mettre en pratique au bord de la lagune Ebrié afin de mieux coincer Gbagbo et ses hommes ?

Comme on le voit, Abuja ne peut être qu’un Sommet de trop. Et il est temps d’arrêter ces sempiternelles rencontres qui grèvent dangereusement nos maigres finances publiques Et si depuis ces temps les négociations, les rencontres et autres Sommets n’ont pas eu raison de cette crise, il vaut mieux réfléchir à une autre solution. Surtout que Gbagbo a pris la résolution unilatérale de ne plus négocier. C’est peut-être ainsi que la Côte d’Ivoire pourrait recouvrer la paix tant recherchée.

Boureima Diallo
L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 10 octobre 2006 à 12:20, par Nick En réponse à : > Crise en Côte d’Ivoire : Un Sommet pour rien

    Vous n’êtes pas serieux.
    Que dites vous à ceux qui ont pris les armes pour destabiliser un pouvoir africain.
    Même si vous n’aimez pas le regime ivoirien, ayez au moins l’honnetété de reconnaitre qu’il a été ataqué et c’est lui qu’il faut defendre au lieu de vous embourber dans la vase du coup d’etat que vous condamnez du bout des levres. Qu’a fait Laurent GBAGBO pour meriter cela. est-il celui qui a attaaqué ou celui qui est attaqué ? Repondez.
    lavrhy@yahoo.fr

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