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Cinéma : Bobo n’a plus de salle de projection

Publié le jeudi 24 août 2006 à 07h36min

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Depuis un certain temps, aucune salle de cinéma à Bobo-Dioulasso ne fonctionne. Comment une ville considérée comme culturelle a pu en arriver là ? Les cinés Sagnon, Houet, Sya et Guimbi sont tous fermés. C’est la question qu’on se pose dans la plupart des grins de la ville de Sya.

Le ciné Sya a été vendu à une famille COULIBALY qui a déjà utilisé une partie pour en faire un magasin de stockage d’engins à deux roues (les fameux Jakouta). Mais comment cela est arrivé ? Heureusement qu’au grin nous avons la chance d’avoir un ancien employé du ciné Sagnon avec nous. Il a essayé d’expliquer les raisons de ces fermetures de salles.

En fait cela concerne toutes les salles de la SONACIB à travers tout le pays. Le 15 janvier 2004, l’Etat a décidé de mettre la SONACIB en liquidation administrative. Tout le patrimoine est conservé et les employés ont été dédommagés comme il se doit en attendant de prendre une décision finale. Il a confié le patrimoine de la SONACIB à l’Association des réalisateurs et producteurs de l’audiovisuel (ARPA) pilotée par le cinéaste émérite Idrissa OUEDRAOGO pour une durée de deux ans, au terme de laquelle l’Etat devrait pouvoir se positionner pour trouver une solution. Pendant la période de gestion, ARPA était exonérée de toutes les taxes sauf le BBDA qui prélevait ses droits sur les films africains.

Après les deux ans d’expérience avec ARPA, l’Etat a récupéré les salles. Lors du conseil des ministres du 15 février dernier, quitus a été donné au cabinet SOFIDEC de passer à la liquidation judiciaire. C’est pourquoi le cabinet récupère les salles en vue de leurs ventes. Un avis d’offre a même été lancé dans la presse. Et depuis là, les critiques fusent de partout.

Des voix se sont élevées pour dire qu’il était anormal de vendre les salles de cinéma. Lors du passage de la caravane des femmes réalisatrices à Bamoko, le ministre malien de la Culture qui est un homme de cinéma s’est fait l’avocat défenseur des salles de cinéma du Burkina. En présence de son homologue Aline KOALA, M.Cheik Oumar SISSOKO a demandé aux autorités de notre pays de tout faire pour « résister » et de ne pas vendre les salles comme cela s’est passé dans les autres pays. « Tout le monde peut le faire sauf vous », a-t-il déclaré en substance.

A partir de toutes ces critiques les positions ont été révisées. L’Etat a instruit le cabinet SOFIDEC de ne pas ouvrir les plis de l’avis d’offre. Désormais l’Etat décide de garder le ciné Sagnon à Bobo-Dioulasso et le ciné Burkina à Ouagadougou. Quant aux autres, ils seront vendus si ce n’est pas déjà fait. Maintenant les deux salles conservées ont été rétrocédées à la Caisse nationale de Sécurité sociale (CNSS). C’est elle qui doit décider de leur sort. Jusqu’à présent, c’est le silence du côté de la CNSS où on doit certainement être en train de réfléchir sur la conduite à tenir pour rouvrir.

La balle est donc dans le camp de la CNSS.
Après cette longue explication, les débats ont chauffé au grin.

Comment un pays comme le nôtre, considéré comme le pays du cinéma en Afrique, peut-il sacrifier ses salles. Même si la rentabilité n’est pas suffisante il faut se rappeler que tout ne tient pas seulement à l’argent. Pour la ville de Bobo spécifiquement, la situation est très pénible à vivre. Une ville sans cinéma est vraiment impensable.
Au grin certains accusent les autorités locales de se taire sur cette situation. Même chose pour les réalisateurs qui continuent de produire sans se soucier de la nécessité de préserver les salles où seront projetées leurs œuvres.

Le manque de cinéma à Bobo-Dioulasso accentue la dépravation. Même en temps de guerre le cinéma est très important dans une ville à plus forte raison en temps de paix.

Cette situation laisse libre cours aux vidéo-clubs qui se multiplient sans réserve. En tout cas au grin, les gens sont unanimes à reconnaître que culturellement cela est grave pour leur ville. Sans oublier que le ciné Sagnon complétait des fois la Chambre de commerce dans l’organisation des différentes cérémonies telles que les colloques, séminaires et autres rencontres importantes. Vivement qu’on redonne de la vivacité à la ville de Bobo. Bobo a besoin du ciné Sagnon pour vivre. De grâce.

L’Opinion

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Vos commentaires

  • Le 24 août 2006 à 17:37 En réponse à : QUE CE PASSE T-IL AU FASO ?

    C’est avec une grande désolation que je viens lire cet article. Mais j’espère vivement que c’est une farce. Le Faso sans cinéma... c’est impensable. Le gouvernement doit revoir sa position car la capitale du cinéma africain sans salle de ciné public, c’est la mort des cinéastes Burkinabé et même d’afrique. De la france où je reside j’ai du mal à comprendre cette idée surtout à l’approche du FESPACO ! Que deviendra le FESPACO dans ce cas ? Il faut un soulèvement des cinéastes, des producteurs, des comediens, des cinephiles... pour un revirement de la situation. Bonne chance !

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